Roxane et la fleur fanée de la pension Mio Sogno: Roman

J’avais découvert Véronique ATTINGER avec sa naïade caféinée et j’avais adoré. Ce récit relève d’un autre registre. Roman fleuve, il nous fait partager les émois et le passage à l’âge adulte de Roxane, jeune fille suisse hébergée dans une pension louche. Elle aimerait bien rencontrer le garçon idéal… et le rencontrer… idéalement. Mais ce n’est pas si simple. Elle apprend la vie.

Cela étant, à la lecture des pensées de Roxane, je me dis que, garçon ou fille, nous sommes, certes, dissemblables mais, finalement, aussi profondément les mêmes, dans nos rêves, nos aspirations, nos désirs… tous humains, quoi.

Il y a quelques longueurs, mais ce que j’aime chez Roxane, c’est qu’elle n’a absolument aucun préjugé ; homme tronc, prostituée défraîchie, laitier chanteur d’opéra à camionnette, vieux chien en manque de caresse, petite fille esseulée… chacun mérite la rencontre, chacun mérite le détour. Roxane sait trouver le bon, le pur en chacun. Elle sait aussi relier ces étoiles qu’on cache en soi, parce qu’on a peur du qu’en dira-t-on, du regard des autres, parce qu’on s’est résigné qu’on est fatigué… Roxane ne se pose pas de questions, elle va vers l’autre et cherche, en toute innocence, à le rendre heureux. Et elle y réussit.

Bon, en réalité Roxane se pose des tonnes de questions, sur elle, sur l’autre, sur son avenir… cela la ronge un peu. Quel est le bon chemin à prendre ? Dois-je faire le premier pas ? Heureusement, elle a son cahier magique.

Je dois dire que j’adore la manière dont Véronique ATTINGER introduit très subtilement, mine de rien, le fantastique. Ni trop, ni trop peu. Il est là, c’est tout. J’ai retrouvé des inspirations me faisant penser à Haruki Murakami dont je suis un grand fan. L’auteure a une très belle qualité d’écriture, sa capacité à parler de tout, y compris du sordide, avec grande poésie, est une merveille. Je lui souhaite sincèrement un bel avenir d’écrivain.

Que dire aussi de Florence, de ses places, de ses rues, de ses ponts, de ses palais, de sa foule… mais aussi de sa misère, de sa mafia… Entre rêves de jeune fille et découverte de l’ailleurs, difficile de ne pas penser que l’auteure ne nous a pas partagé une part de sa propre histoire. Mais nous ne lui demanderons pas laquelle.

Au fond, Roxane nous dit tout simplement que le bonheur est possible, à condition d’y mettre un peu, chacun d’entre nous, du sien. Il y a de la bonté dans ce livre et nous en avons terriblement besoin. Merci pour ce joli partage, Véronique ATTINGER. Surtout, continuez à écrire.