Si le soleil s'en souvient
Auteur
- Jean-Paul Enthoven (Écrivain)
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extrait
Je crois me souvenir que, pour la circonstance, on m’avait habillé en petit maître. J’étais hautain, déjà juché, probablement arrogant et pénétré de ma future importance. Étais-je vraiment heureux, ce soir-là, d’appartenir à une société dont j’ignorais qu’elle en était alors à son épilogue ? Avais-je une claire conscience des événements tragiques qui faisaient l’ordinaire de ce temps-là ? Impossible de m’en souvenir exactement tant les malheurs du monde et du pays ne me parvenaient qu’assourdis, comme les vaguelettes d’une fatalité que ma jeunesse tenait à distance. Cette inauguration et son tralala me paraissaient intéressants, sans plus. J’observais les uns et les autres. Je sentais confusément que quelque chose d’encore inconnu devait ponctuer ce moment particulier de ma vie.
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Sortie récente
"Si le soleil s'en souvient" est sorti 2024-03-06T15:03:10+01:00
Date de sortie
Si le soleil s'en souvient
- France : 2024-03-06 (Français)
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Résumé
Le livre s’ouvre en 1960, à Mascara, petite ville des hauts-plateaux de l’Algérie française, avec l’inauguration d’un cinéma trop luxueux pour ce monde en sursis. Ce cinéma, le Vox, c’est le père du narrateur, Edmond, qui l’a bâti à grands renforts d’enthousiasme, de naïveté et d’illusion. On doit y projeter « Moby Dick », le film de John Huston – mais comment montrer la beauté sous un ciel voluptueux, quand la violence, la haine et la folie des hommes se déchaînent ? Ce soir de juin, qui devait être joyeux, a lieu un affreux massacre…
À partir de cette scène primitive, tout se tisse dans ces pages d’allers-retours entre hier et aujourd’hui. Le narrateur nous guide dans son adolescence éperdue, dans un enfer ensoleillé, concentré d’aveuglements, d’injustice, de fausses allégresses et d’exil. Le père, magnifique et désespéré. La mère, silencieuse et protectrice. Le grand-père, légendaire légionnaire d’origine hollandaise. Tous prêts au départ vers la métropole. On croise aussi Camus, un certain Omar-Le-Fou, un pêcheur anti-franquiste. Sans oublier les photos du studio Harcourt, le bordel caché, et la guerre, toujours, partout….
Si le soleil s’en souvient n’est pas l’évocation du « paradis perdu », mais le roman de la jeunesse et de la nostalgie, entre bonheurs défunts, jouissances sensuelles, et découverte de la vie tragique. Jean-Paul Enthoven nous offre l’éducation sentimentale, érotique, littéraire, politique, d’un adolescent qui s’égare et se retrouve en parcourant le chemin qui le sépare de l’âge adulte..
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