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Un arrogant milliardaire



Description ajoutée par joviale57 2015-01-21T20:06:17+01:00

Résumé

En voyant arriver Louis Longchamp à Crossfeld House, Rose a immédiatement un frisson d'appréhension. Car si le petit hôtel des Highlands qu'elle et ses parents dirigent intéresse l'homme d'affaires depuis un certain temps, elle ne s'attendait pas à ce qu'il se dérange en personne pour visiter les lieux. Très vite, les doutes et les questions assaillent Rose. L'achat de l'établissement est-il la seule raison de la venue de Louis Longchamp ? Et s'il en devient le nouveau propriétaire, quel sort réservera-t-il à Rose et à sa famille ?

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Classement en biblio - 20 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Underworld 2019-10-11T01:56:27+02:00

** Extrait offert par Cathy Williams **

1.

Louis Christophe Longchamp claqua violemment la portière du Range Rover qui venait de le lâcher en pleine campagne écossaise, au beau milieu des Highlands. Il regrettait amèrement d’avoir accordé sa confiance à cette agence de location, qui se vantait d’être la seule dans un rayon de quatre-vingts kilomètres. Pas étonnant qu’ils offrent un service déplorable s’ils n’avaient pas de concurrents. Au lieu d’utiliser son hélicoptère privé et de prévoir un véhicule avec chauffeur à l’arrivée, il avait choisi de voyager en train puis de louer une voiture. Voilà comment il se retrouvait en panne au milieu de nulle part.

Exaspéré, il sortit son téléphone de sa poche mais, comble de malchance, celui-ci ne recevait aucun signal. Jurant intérieurement, il regarda autour de lui. La luminosité de cette maussade journée hivernale commençait à baisser et la neige menaçait de tomber sur les montagnes écossaises. Sans s’attarder davantage, Louis récupéra son pardessus dans le coffre du vieux Range Rover. Une longue route l’attendait jusqu’à Crossfeld House, le manoir transformé en hôtel qu’il envisageait d’acheter. Une belle opportunité apparemment, en raison de sa situation privilégiée en bordure d’un golf.

Louis était déjà propriétaire de plusieurs chaînes d’hôtels dans le monde entier; pour lui, cette nouvelle acquisition n’était qu’un caprice de plus. En temps normal, il n’aurait jamais fait le déplacement mais une autre affaire le préoccupait, qu’il espérait régler dans le même temps. Nicolas, son meilleur ami, était tombé follement amoureux de Rose Sharp, une jeune femme du village, alors qu’il expertisait Crossfeld House pour lui. Sans l’avoir rencontrée, Louis l’avait déjà cataloguée, d’après les descriptions que Nicolas en avait faites : très jolie, très pauvre et affligée de parents bien trop pressés de se débarrasser de leur progéniture au plus offrant.

Un sourire sardonique joua sur ses lèvres à l’idée de déjouer les plans de cette famille Sharp qui en avait après la fortune de Nicolas. Celui-ci avait beau être riche et intelligent, il était d’une naïveté qui en faisait une proie aisée; il avait tendance à accorder sa confiance avec beaucoup trop de facilité. Sous le prétexte d’inspecter l’établissement, il avait multiplié ses visites dans la région. Louis n’avait jamais été dupe : il savait qu’à chaque déplacement Nicolas rencontrait Rose. Le filet se resserrait; bientôt, son ami mordrait à l’hameçon si Louis n’intervenait pas.

Absorbé par ses pensées, c’est à peine s’il se préoccupa du vrombissement qui enflait dans son dos. Il n’en eut réellement conscience qu’au moment où une moto le dépassa à grande vitesse en faisant voler les graviers.

Il s’immobilisa et, les poings sur les hanches, observa la manœuvre du motard, qui avait ralenti et faisait demi-tour pour le rejoindre. Lorsque l’engin stoppa à sa hauteur, Louis considéra le conducteur avec dédain.

—Ça vous amuse de conduire comme un malade? jeta-t-il avec colère. Peut-être avez-vous le sentiment que cette route vous appartient?

Lizzie, qui s’apprêtait à relever sa visière, suspendit son geste. L’arrogance de cet inconnu la stupéfiait.

—J’aurais pu continuer sans m’arrêter! répliqua-t-elle.

—Pourriez-vous retirer ce casque afin que je voie à qui j’ai affaire? demanda l’homme avec impatience.

Visiblement, il ne s’était pas rendu compte qu’il s’adressait à une femme. Le casque assourdissait probablement sa voix au point de la rendre méconnaissable.

—C’est votre voiture, là-bas? demanda-t-elle sans obéir à la requête.

—Bravo Sherlock!

—Je n’ai pas à subir vos sarcasmes, grinça Lizzie.

Si l’homme qui continuait à la toiser dédaigneusement ne lui présentait pas d’excuses, elle l’abandonnerait à son sort. Persuadée qu’il allait s’exécuter, elle attendit.

En vain.

Sidérée, elle le contempla tandis qu’il croisait les bras, silencieux. A la faible clarté du jour finissant, elle l’étudia de près. Malgré son arrogance et son air antipathique, il était d’une beauté à couper le souffle. Il avait des traits ciselés, une bouche sensuelle, et l’intensité de son regard était troublante.

—Quel âge avez-vous? demanda-t-il soudain, la prenant au dépourvu.

—En quoi cela vous regarde-t-il?

—Vous êtes un ado, n’est-ce pas? C’est pour cette raison que vous ne voulez pas retirer votre casque. Vos parents savent-ils que vous conduisez comme un dingue, que vous êtes un vrai danger public?

—Mais… il n’y a personne sur cette route, à part vous! D’ailleurs, si vous voulez explorer cette région isolée, vous feriez mieux de vous équiper d’un véhicule fiable!

—Dites-le à l’escroc qui tient l’agence de location à côté de la gare!

—Ah! Fergus McGinty…

Lizzie savait que le loueur avait tendance à ne pas donner ses meilleures voitures aux gens de passage. Souvent, il leur fourguait même des épaves.

—Un ami à vous, je parie? jeta l’homme d’un air soupçonneux. Très bien : il sait donc que vous conduisez une grosse cylindrée et pourra témoigner si je décide d’alerter vos parents.

Il marqua un court silence avant d’ajouter :

—Si vous voulez éviter une confrontation avec la police, vous n’avez pas d’autre choix que de m’emmener là où je dois me rendre!

Lizzie faillit éclater de rire, mais elle se retint à temps, pour éviter que le timbre de sa voix ne révèle qu’elle était une femme et non un jeune garçon. Par ailleurs, elle doutait que cet homme ait le sens de l’humour : il n’apprécierait probablement pas qu’on se moque de lui.

—Vous ne pouvez pas abandonner la voiture, répliqua-t-elle pour le contrer.

Il écarta les bras en grand, tout en pivotant sur lui-même.

—Je ne vois pas qui elle dérange! Croyez-vous que des voleurs se cachent dans la bruyère? Si quelqu’un est capable de démarrer ce tas de ferraille, qu’il parte avec et bon débarras!

—Où devez-vous aller?

—Descendez de cet engin et vous verrez bien!

—Descendre? Que voulez-vous dire? C’est moi qui vous emmène, pas l’inverse!

—Vous rigolez, j’espère? Je ne vais pas risquer ma vie derrière un gosse qui, à cette heure-ci, devrait être chez lui occupé à faire ses devoirs!

—Je pourrais vous laisser ici.

—A votre place, je n’y songerais pas une seconde.

Lizzie tiqua : pas de doute, le ton était menaçant.

—Dites-moi où vous devez vous rendre, fit-elle calmement. Si ce n’est pas sur mon chemin, je vous enverrai quelqu’un.

Louis faillit s’étrangler à cette idée. Il n’était pas question qu’il s’attarde une minute de plus dans cette campagne inhospitalière, ni de faire confiance à un gamin qui pourrait disparaître dans la nature en le laissant en plan.

—Certainement pas! protesta-t-il. Je vais à Crossfeld House et vous venez avec moi.

Lizzie sentit son sang se glacer à la mention du manoir.

—Vous savez où se trouve cet établissement, n’est-ce pas? reprit le voyageur, agacé. J’imagine que les hôtels ne sont pas très nombreux par ici.

—Je sais où il se trouve. Pourquoi y allez-vous?

—En quoi cela vous intéresse-t-il?

—Je vous pose cette question parce que… vous ne pouvez pas y séjourner. L’hôtel est en vente. Je ne pense pas qu’ils louent encore des chambres. Et si vous voulez jouer au golf, je vous le déconseille : le terrain est en friche.

Louis observa la frêle silhouette du motard qui descendait de sa machine.

—Mieux vaut que je laisse mes clubs dans la voiture, dans ce cas? demanda-t-il.

—Absolument. Au fait, vous savez piloter ce genre d’engin?

—Vous verrez bien. Et puis, je préfère risquer ma peau en conduisant plutôt que d’être assis derrière un fou du volant de votre espèce!

A ces mots, il enfourcha la moto et invita l’adolescent à grimper à l’arrière. En démarrant le moteur, il se sentit grisé à l’idée de piloter une grosse cylindrée, ce qu’il n’avait pas fait depuis longtemps. Voilà qui apportait une touche de fantaisie à son voyage. Sans compter qu’il en profiterait pour obtenir le maximum d’informations de la bouche de son passager.

Dernièrement, lorsqu’il parlait avec Nicolas, ce dernier, au lieu de s’intéresser à l’hôtel, ne cachait pas l’intérêt grandissant qu’il éprouvait pour son flirt écossais. Louis était bien déterminé à interroger son passager, qui connaissait probablement la plupart des habitants de la région.

—Dites-moi, cria-t-il pour couvrir le bruit du moteur, si vous connaissez Crossfeld House, vous devez avoir rencontré l’expert mandaté à l’hôtel, Nicolas Talbot?

—J’en ai entendu parler, oui…, répondit prudemment Lizzie. Pourquoi?

Serrée contre Louis, elle était étonnée de découvrir qu’il maniait la moto avec une grande aisance.

—Je suis ici pour vérifier certaines choses. Il aurait dû m’envoyer un rapport chaque jour, mais il ne l’a pas fait.

—Vous êtes son patron?

—D’une certaine manière, oui.

—Vous venez vérifier son travail? s’exclama Lizzie avec colère. C’est affreux… Nicolas s’est donné beaucoup de mal.

—Donc, vous le connaissez!

—Pas personnellement, mais il… Nous sommes dans une petite ville, et Nicolas est devenu une personne très populaire au sein de la communauté.

—S’est-il… fait des amis?

—Je crois qu’il s’intéresse à l’une des filles, là-bas, répondit-elle prudemment.

—Oui… il m’en a vaguement parlé.

—Que vous a-t-il dit? demanda Lizzie, sa curiosité piquée.

Comme la route devenait glissante, Louis avait ralenti; ils n’avaient plus besoin de hurler pour s’entendre.

—Il se croit amoureux, jeta-t-il avec un petit rire cynique.

Subitement, la colère envahit Lizzie. De quel droit cet homme maniait-il l’ironie au sujet d’une histoire d’amour qui ne le concernait pas?

Une histoire entre sa sœur et Nicolas…

* * *

—Oui, reprit Louis, il se croit amoureux d’une opportuniste qui ne s’intéresse qu’à son argent!

Il espérait que son jeune passager ferait passer le message au village. Ainsi, chacun saurait que quelqu’un veillait sur Nicolas, que ce dernier ne serait pas une proie facile.

Louis n’était pas né de la dernière pluie. A dix-neuf ans, il avait connu la pire des aventurières, en la personne d’une jeune femme de vingt-cinq ans dont il s’était cru profondément épris.

Avec le recul, lorsqu’il repensait à Amber Newsome, à ses grands yeux bleus plein de larmes lorsqu’elle lui avait fait croire qu’elle était enceinte — comme par hasard juste au moment où il allait rompre —, il se sentait envahi de colère. A l’époque, il avait succombé au charme d’Amber parce qu’elle était différente des étudiantes qu’il fréquentait à l’université. Puis, il s’était rendu compte qu’il n’était pas amoureux, juste subjugué par l’intérêt que lui portait cette créature sublime. Paniquée à l’idée de perdre son riche prétendant, Amber avait joué sa dernière carte en se déclarant enceinte. Louis se rappelait les semaines d’angoisse qui avaient suivi. Les tourments qu’il avait endurés à l’idée d’épouser une femme qu’il n’aimait plus, simplement par devoir, parce qu’elle portait son enfant. Heureusement, il n’avait pas été dupe longtemps…

Plus tard, Gisèle, sa jeune sœur, avait à son tour failli épouser un coureur de dot, un proche de la famille prêt à tout pour faire fortune. Depuis, Louis manifestait un profond dégoût pour les romances. Il ne croyait pas à l’amour désintéressé dès lors que l’argent entrait en ligne de compte.

Mais comme Nicolas n’avait jamais rien vécu de tel, il avait foncé tête baissée dans le piège. Louis ne permettrait pas qu’il se referme sur son ami.

—Une opportuniste? Qu’est-ce qui vous fait dire cela? demanda Lizzie, le cœur battant plus vite qu’à l’accoutumée.

—Je sais lire entre les lignes! Une actrice vieillissante mère de cinq filles ne peut avoir qu’une idée en tête : les marier coûte que coûte, si possible à quelqu’un de riche.

Louis confiait rarement ses pensées, mais en l’occurrence, il savait que cela servirait ses intérêts. Le silence de son passager le renseignait plus que ne l’auraient fait des paroles.

—Vous devez avoir entendu parler d’eux, reprit-il pour encourager les confidences. Les Sharp?

—C’est une petite ville, répéta Lizzie sans se compromettre. Est-ce que Nicolas… M. Talbot a émis des doutes sur cette famille?

—Non, mais mon intuition me trompe rarement.

—Vraiment? En tout cas, vous êtes très fort en matière de préjugés. Sans avoir rencontré les Sharp, vous vous êtes déjà forgé une opinion sur eux.

Un coup d’œil sur la route permit à Lizzie de constater qu’ils approchaient de la ville. Quelques maisons apparaissaient au loin, dispersées dans la campagne. Dans cette région, la plupart des habitations étaient construites au milieu de grands terrains, mais tout le monde se connaissait. La ville, malgré sa petite taille, était animée, et il y faisait bon vivre. Elle était bordée par un loch au bout duquel, niché sur une colline, se dressait le manoir-hôtel de Crossfeld House.

Lizzie l’avait presque toujours connu décati, même si quelques travaux de rénovation avaient été entrepris de temps à autre pour tenter de redonner à la bâtisse son faste d’antan. Les propriétaires actuels étaient de riches hommes d’affaires de Glasgow, passionnés de golf, qui avaient acheté Crossfeld House sur un coup de tête pour ensuite le reléguer aux oubliettes. D’après la rumeur, ils ne s’étaient pas rendu compte des dépenses nécessaires à la remise en état des lieux. Depuis trois mois, plus personne ne s’occupait du manoir; puis, récemment, un acheteur s’était manifesté.

—Prenez la prochaine à gauche, dit-elle. Je vous conseille de rouler doucement, la route est en mauvais état.

—Le manoir est-il loin de chez vous?

—Ne vous inquiétez pas pour moi. Je saurai retrouver mon chemin.

Louis n’en doutait pas : ce jeune garçon lui paraissait particulièrement intrépide.

Jetant un coup d’œil alentour, il avisa la tranquillité de l’endroit, la sensation de solitude extrême qui s’en dégageait. Un lieu idéal pour se ressourcer, pour oublier la frénésie des grandes villes.

En outre, comme le pays comptait un grand nombre de golfeurs, Crossfeld House pourrait devenir très rentable une fois réhabilité. La fille Sharp s’était-elle intéressée à Nicolas pour cette raison? Elle devait ignorer qu’il n’était pas le futur propriétaire de l’hôtel… Louis décida de sonder son passager sur le sujet.

—Que disent les gens d’ici au sujet de la vente du manoir?

—Que Crossfeld House a bien besoin d’être rénové, répondit Lizzie avec froideur. Le manoir se dégrade de jour en jour. Mais bon, rien ne dit que les choses vont changer.

—Que voulez-vous dire?

—Que ce n’est pas parce qu’on a les moyens de l’acheter que l’on a forcément envie de le restaurer.

—Vous dites ça pour Nicolas?

—Non… Je pense aux précédents propriétaires, qui l’ont laissé à l’abandon.

—Sachez que Nicolas n’est pas l’acheteur, déclara Louis. Mais il est fortuné! C’est la raison pour laquelle Rose Sharp cherche à l’attirer dans ses filets. Il se trouve que Nicolas a été mandaté en qualité d’expert pour vérifier que le manoir ne va pas s’écrouler une fois la transaction effectuée.

—Mais… qui êtes-vous?

—Je m’étonne que vous ne m’ayez pas posé cette question avant!

Lizzie se mordit la lèvre en silence. Elle aurait aimé lui dire qu’elle ne l’avait pas fait pour la simple raison qu’il lui était profondément antipathique; de ce fait, elle ne voyait pas l’intérêt de connaître son identité.

—Je suis Louis Longchamp. C’est moi qui finance l’achat du manoir.

Toujours murée dans le silence, Lizzie serra les poings tandis que son cœur battait la chamade.

—Nicolas est un ami très cher, reprit Louis. Nous avons quasiment grandi ensemble. Je suis une sorte de grand frère pour lui, je le protège. Et je suis bien plus aguerri que lui pour ce qui concerne les intrigantes sans scrupules!

Au détour de la route, le manoir apparut enfin, perché sur la colline et dominant le terrain de golf. Le cadre était saisissant de beauté sous la pâle lumière de la lune. Décidément, il s’agissait d’un endroit de rêve.

Louis gérait l’immense fortune dont il avait hérité à l’âge de trente ans. Il s’était fait un nom dans le monde de la finance, transformant en or tout ce qu’il touchait. Jusqu’à ce jour, il avait toujours procédé à des investissements judicieux, en particulier dans l’immobilier.

—Cette bâtisse est impressionnante, murmura-t-il en garant la moto sous un porche.

—En effet, admit Lizzie à contrecœur.

Elle qui avait espéré ne plus jamais avoir affaire à cet homme arrogant devrait malheureusement se faire une raison. Pour encourager l’amour naissant entre Rose et Nicolas, sa mère avait organisé un bal dans la salle des fêtes du village. Toute la famille serait réunie, ainsi que les notables de la région. Nicolas avait pour sa part invité ses sœurs. Il semblait peu probable que ce Louis Longchamp ne soit pas de la partie. Maussade, elle se dit que cette soirée serait un vrai calvaire. D’autant qu’une fois informé de son identité, l’arrogant personnage lui mènerait une vie infernale…

Contrairement à ce qu’il pensait, Rose n’avait rien d’une aventurière, et Grace n’avait jamais cherché à caser ses filles coûte que coûte — même si elle souhaitait ardemment les voir à l’abri du besoin.

Seigneur! Elle avait pris une semaine de congé et fait un long voyage depuis Londres pour rencontrer Nicolas, l’homme dont sa sœur était tombée amoureuse. Et qui croisait-elle au milieu de nulle part? Le meilleur ami de Nicolas, qui avait la ferme intention d’arracher celui-ci des griffes d’une famille soi-disant intéressée par son argent! Pour une coïncidence…

Alors qu’elle se remettait en selle pour repartir, elle croisa le regard troublant de Louis Longchamp. Il la dévisageait avec insistance, comme s’il lui intimait de ne pas bouger. Avec un soupir résigné, elle leva les mains vers les attaches de son casque.

A quoi bon continuer cette comédie? Il découvrirait vite qu’elle était une Sharp : nul besoin de garder le secret plus longtemps.

—Vous avez enfin décidé de me montrer votre visage! lâcha Louis, sarcastique. Voilà qui est mieux. Ne vous inquiétez pas, je ne vous dénoncerai pas à vos parents. Je ne leur dirai pas que vous conduisiez à toute allure sur une moto bien trop grosse pour…

Il s’interrompit, sous le choc. Une lourde cascade de cheveux noirs venait de s’échapper du casque. A la place de l’adolescent auquel il s’attendait, une fière jeune femme le défiait du regard, avec une hostilité manifeste. Sidéré, il détailla son visage au teint pur, aux traits ciselés, ses grands yeux ourlés de longs cils, sa bouche pulpeuse. Puis son regard glissa sur sa menue silhouette.

—Vous n’êtes pas un garçon, s’entendit-il murmurer.

—Bonne déduction, Sherlock! ironisa-t-elle, se moquant ouvertement de lui.

—Une fille qui conduit une moto, ajouta-t-il, toujours sous le coup de la surprise.

—Eh oui.

—Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit avant? demanda-t-il d’un ton accusateur.

Lizzie dut se maîtriser pour ne pas laisser libre cours à sa colère. Les propos qu’il avait tenus sur sa famille lui restaient en travers de la gorge.

—Pourquoi? Quelle différence cela aurait-il fait? Et puis… je tenais à entendre tout ce que vous aviez à dire sur votre ami.

Louis se demanda soudain s’il n’était pas en présence de la jeune femme dont Nicolas s’était entiché. Il balaya cette idée saugrenue de son esprit tandis qu’il se rappelait la description qu’il lui en avait faite : une blonde au tempérament doux et affable. Soit une personne en tout point opposée à celle qui se tenait devant lui.

—Vous connaissez sa fiancée, n’est-ce pas?

Préférant occulter le ton dédaigneux employé par Longchamp, Lizzie répliqua :

—Vous êtes vraiment le type le plus arrogant, le plus insupportable que j’aie jamais rencontré!

—C’est drôle, mais je ne trouve pas que ce portrait me ressemble.

—Vous n’avez pas rencontré la famille Sharp et vous vous permettez de proférer des jugements sur eux. Vous êtes un snob, monsieur Longchamp, et les snobs m’insupportent.

—Que diriez-vous de poursuivre cette conversation à l’intérieur du manoir? proposa-t-il d’un ton affable. Il fait horriblement froid ici.

Comme pour appuyer cette remarque, une bourrasque de vent les cueillit de plein fouet, les faisant presque chanceler. Louis attendait que Lizzie descende de son engin et le suive à l’intérieur du manoir, mais elle ne semblait pas décidée. Une lueur incendiaire brillait dans son regard. D’une certaine manière, elle n’avait pas tort de lui reprocher ses préjugés : ainsi, il n’aurait jamais cru possible qu’une femme conduise une moto aussi puissante.

—Je ne crois pas, non, répondit Lizzie.

—Comme vous voudrez, capitula Louis en haussant les épaules. Je peux comprendre que vous n’ayez pas envie de discuter plus avant avecun… snob!

—Pas de doute, vous en êtes un!

—Rien ne vous permet de l’affirmer. Vous ne me connaissez pas.

Jetant un regard sur la silhouette de Lizzie, il se demanda à quoi elle pouvait bien ressembler une fois débarrassée de sa tenue de moto, dont l’épais blouson masquait ses formes. Pas étonnant qu’il l’ait prise pour un garçon… Chassant cette pensée saugrenue, il se concentra de nouveau sur le double objectif de son déplacement : évaluer le potentiel de Crossfeld House et ramener Nicolas à la raison, lui ouvrir les yeux sur la famille Sharp. Que cette jeune inconnue qui le toisait sans aménité le prenne pour un snob ne revêtait pas la moindre importance.

Lizzie aurait aimé le défier davantage encore, lui cracher le mépris que les individus dans son genre lui inspiraient, mais quelque chose l’en empêcha. Elle était comme fascinée par les traits de cet homme, par la profondeur de son regard.

—Vos jugements à l’emporte-pièce me renseignent suffisamment sur votre personne, finit-elle par bougonner. Mais vous avez raison : il fait très froid, je ferais bien de rentrer chez moi. Vous trouverez le téléphone du garage local dans les pages jaunes de l’annuaire; appelez-les, ils viendront dépanner la voiture. Au fait, combien de temps avez-vous prévu de rester dans la région?

Lizzie espérait que son séjour serait de courte durée. De toute façon, il trouvait sûrement la région inhospitalière, et l’incident survenu avec la voiture de location devait l’avoir refroidi. Au lieu de la réponse espérée, Louis lui décocha un regard ironique. Pas de doute, il avait lu dans ses pensées.

—Aucune idée, répondit-il en se tournant vers le manoir. Qui sait de combien de temps j’aurai besoin pour inspecter ce vaste édifice?

—J’imagine que vous avez beaucoup à faire à Londres, non? Et puis… n’avez-vous pas confié cette inspection à Nicolas?

—On n’est jamais trop prudent! Pourquoi ce désir de me voir partir le plus vite possible? Craignez-vous de me revoir? Comme vous l’avez dit, nous sommes dans une petite ville, nous risquons de nous croiser de nouveau. A ce propos, je compte sur vous pour répandre la nouvelle de mon arrivée. Et puis, dites à tout le monde que j’ai bien l’intention de surveiller les Sharp! Ces sorcières cupides ne m’ensorcelleront pas, moi!

—Vous le leur direz vous-même! Ce soir, au bal organisé en l’honneur de Rose et Nicolas, par exemple, répliqua Lizzie d’un ton glacial. Quant aux « sorcières cupides », l’une d’entre elles sait déjà à quoi s’en tenir.

—Pardon?

—Je m’appelle Elizabeth Sharp. Rose est ma sœur.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par Vitany 2016-08-08T18:50:00+02:00
Lu aussi

Une petite relecture assez sympathique d'Orgueil et préjugés, très résumée (le livre original faisant plus de 350 pages et celui-ci à peine une centaine).

Tout va très vite mais ça reste agréable à lire et on retrouve avec plaisir certains passages cultes (à la sauce moderne).

Les deux personnages ressemblent pas mal à leurs modèles, même si, du fait de la durée moindre du bouquin, ils ne sont pas très approfondis et que leur relation s'établit un peu trop vite.

Un moment plaisant sans être exceptionnel. Ce n'est pas la meilleure relecture contemporaine que j'ai lue du roman de Jane Austen.

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Commentaire ajouté par divas 2015-12-27T17:16:04+01:00
Diamant

J'ai fort appréciée l'histoire et je trouve, personnellement, que la description du personnage principale différait beaucoup de l'habituelle, ce qui m'a beaucoup plus. De plus, sa description mentale me correspondait assez bien ce qui m'a permit de mieux m'intégrer dans l'histoire.

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Commentaire ajouté par smarttille 2015-01-28T10:03:44+01:00
Lu aussi

Lecture agréable même si l'histoire est une version moderne d'orgueil et préjugés: une famille avec des problèmes financiers, 5 filles à marier, un riche prétendant et un meilleur ami protecteur... donc pas de surprise.

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Dates de sortie

Un arrogant milliardaire

  • France : 2012-04-01 - Poche (Français)
  • USA : 2011-10-11 - Poche (English)

Activité récente

babylou l'ajoute dans sa biblio or
2019-01-12T19:55:06+01:00

Titres alternatifs

  • In Want Of A Wife? - Anglais
  • In Want Of A Wife? (The Powerful and the Pure #2) - Anglais
  • Na Alegria e Na Tristeza - Portugais
  • Na Alegria e Na Tristeza (O Poder e a Inocência #2) - Portugais
  • Ich leg dir die Welt zu Füßen - Allemand
  • Orgullo y tentación - Espagnol

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Note globale 8.5 / 10

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