Psy malgré moi, Tome 8 : De la fille qui haïssait tendrement sa mère

4 février

— Qu’est-ce que vous faites ? demande mon petit frère.

Ça me fait ouvrir les yeux. Axel, lui, se redresse vite et sourit. Je suis soulagée que les choses entre nous restent au beau fixe. Soulagée de ne pas avoir à plonger tout de suite dans mon angoisse sans nom.

— Axel essayait juste de m’enlever une poussière dans l’œil.

— Je peux-tu jouer avec vous ?

Je regarde Axel, mal à l’aise.

— Axel, je pense qu’il faut que j’entre. Fred ne nous lâchera pas. On se voit demain à la poly. Ciao !

Je ferme rapidement la porte.

Mais qu’est-ce que j’ai tout à coup à avoir la trouille d’Axel ? Hier, je ne souhaitais qu’une chose : passer du temps avec lui et voilà qu’aujourd’hui je l’évite…

7 février

Aujourd’hui, j’ai fait exprès d’arriver en retard à la poly pour ne pas tomber sur lui. Mais, nounoune, j’avais oublié que mon premier cours du matin, c’était maths… avec lui !

Là, il est dans la rangée à côté de la mienne, son pupitre est de biais avec le mien. Je sens son regard braqué sur moi. Je le sens qui m’observe. J’ai l’impression que ses yeux s’infiltrent en moi, qu’ils creusent des tunnels dans ma peau, dans mes organes, se frayent un chemin dans mon cerveau, là où se cachent mes pensées les plus intimes. Ils ouvrent le petit bunker en moi, laissant s’échapper les douleurs qui y étaient tapies. Non, je ne veux pas avoir mal.

Je me retourne à toute vitesse et zyeute Axel. Il a l’air absorbé par un problème de trigo complexe. Je me faisais des idées, il ne me regardait même pas. Il est beau. C’est le meilleur garçon qui existe au monde. Je ne pense pas qu’il me ferait mal. Mais avec l’amour, on ne peut être certain de rien. C’est ça, aimer, c’est s’ouvrir à l’autre, le laisser entrer en soi au risque qu’il saccage tout.

Axel lève la tête et voit que je le regarde. Il me sourit.

Je me retourne. Que vais-je faire ? C’est quoi, cette foutue trouille ? J’ai hâte que la journée, la semaine, l’année soit terminée ! Pour l’instant, aussi bien tenter de résoudre ce fameux problème de trigo.