La vie des morts est épuisante

Résumé

"La vie des morts est épuisante: elle va d effort en effort, à sa part d éternité." Témoignage d une vie et d une mort du sida. Rien de nouveau, et pourtant, page après page, l'auteur nous entraîne par-delà les mots dans une réalité plus vraie que vraie. Authentique, sans fioritures, sans fausse pudeur. "Depuis que j'ai compris qu on n'atteignait jamais ses rêves, j'ai pris le Père Noël en grippe." Deux grands moments dans ce livre, un hiver, avec la mort et trois ans plus tard un été, avec la vie qui voudrait surgir. Dans l hiver, tout y est, les espoirs, les désespoirs, les acceptations. La vie devient l'obstacle à la mort souhaitée. La mort pue dit l'auteur et c'est vrai. On est loin des images "papier glacé". Rien ne peut changer, tout est dit. Quand arrive l'été trois ans plus tard, c est tout la difficulté de la vie qui est présente. "J ai compris que l'on érige rien autour de la souffrance et que la mort empoisonne tout ce qu elle touche." "Pour t'oublier, aurais-je pas mérité que tu vives?" Peut-être qu en définitive, l'histoire qui est racontée est celle de l'épidémie du sida et de la difficulté pour en survivre. "Mon passé servira de miroir à l'avenir." Difficile de parler de ce livre, il est à lire. "Entre ces pages, tu respires. Si je les range, si je les enferme, c est toi que je range et que j'enferme ... Dans mon territoire de mots et de phrases, j'ai rangé le partage de nos heures. Ici, nous continuerons d'exister, même quand j'aurai cessé d' avoir de la mémoire pour deux, même lorsque je ne serai plus en mesure d avoir peur de l'oubli." Dominique Roulin (mai 1998).