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Commentaires de livres faits par Mellana

Extraits de livres par Mellana

Commentaires de livres appréciés par Mellana

Extraits de livres appréciés par Mellana

J'ai trouvé le livre ce livre très médiocre. Le style de l'auteur n'est pas terrible, et c'est rien de le dire, ses personnages ne sont pas réalistes, à part Ellen ils n'ont pas un caractère très marquant et les événements se succèdent au fil des années avec une impression d'éternel recommencement.
Pour conclure je ne regrette pas de l'avoir lu, ça reste assez divertissant, mais en le refermant j'ai eu le sentiment d'une tâche accomplie, et j'ai été très déçue en pensant à l'engouement qu'il suscite et les attentes que j'en avais.
Par contre l'adaptation est à voir, très sympa et très bons acteurs.
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date : 01-11-2020
Pour ma part, j'ai tout simplement adoré ce roman.
J'ai été très agréablement surprise de le trouver aussi bien écrit, je m'en suis d'ailleurs fait la réflexion à plusieurs reprises, et c'est un point d'autant plus fort que je n'en attendais pas énormément. Je pensais qu'il s'agirait d'une austenerie sympathique, que j'ai eu envie de découvrir en raison de mon amour pour la série "Downton Abbey" et la perspective des domestiques, mais au-delà de ça, ce roman est une oeuvre à part entière, qui peut plaire à d'autres lecteurs que les fans de P&P.
Le lien avec le roman original est la cerise sur la gâteau, qui offre un rappel et un suivi du scénario de Jane Austen par touches, ce qui a ajouté de l'intérêt à une lecture qui n'en manquait pas. D'ailleurs, l'autrice est particulièrement attentive à rendre son propre scénario crédible par-rapport au roman d'origine, qu'il s'agisse des domestiques déjà existants, des laps de temps, ou d'aspects moins glamours. Elle propose un éclairage nouveau mais plausible au vu des us et coutumes de l'époque (à mon goût), tant sur M.Bennet (ni mauvais ni parfait, seulement égoïste comme beaucoup d'hommes de sa classe), que sur Wickham (je ne trouve pas son goût pour les très jeunes filles improbables, même si cela noircit le personnage) ou sur M.Hill : personnellement j'ai été touchée par le traitement de sa problématique délicate à l'époque, et même émue par son personnage et sa fin.
Les personnages principaux de P&P gardent bien leur essence ici, que ce soit Darcy, qui garde son aspect hautain avec les domestiques (je ne pourrais l'imaginer autrement), la charmante Lizzie ou encore M.Collins, que j'ai eu la surprise de trouver plutôt attendrissant ici : l'autrice se permet d'apporter un contrepoids à la plume délicieuse mais féroce de Jane Austen.
La plongée dans les guerres napoléoniennes m'a beaucoup plu aussi. Même si elle vient interrompre de façon frustrante le cours du scénario, c'est un élément souvent évoqué dans les romans d'Austen mais seulement de façon lointaine, aseptisée et héroïque. Ce n'est pas étonnant pour une fille de pasteur et une sœur de marins, mais l'encensement de la Marine dans "Persuasion" peut sembler quelque peu naïf quand on pense à la citation attribuée à Churchill, selon laquelle la Marine "n'est que rhum, sodomie et fouet". Évidemment un roman de Jane Austen ne serait quoi qu'il en soit pas l'endroit idéal pour découvrir les coulisses de l'armée, ce que fait ce roman. Je ne suis pas assez versée en histoire pour déterminer la véracité des éléments rapportés, mais du peu que je connais des horreurs en temps de guerre, celles rapportées par le roman ne me paraissent pas exagérées et je trouve que cette image plus sombre des soldats s'insère bien dans l'ensemble qui décrit les dessous des romans austeniens.
Pour en revenir à des choses plus gaies, j'ai craqué pour James, le nouveau valet/cocher des Bennet. Le personnage est particulièrement touchant et attrayant, entre les mystères de son passé et ses qualités morales. Je ne sais pas pourquoi mais je l'ai imaginé sous les traits de l'acteur Grant Lawrens, peut-être parce que dans "La Petite Histoire de France" il interprète un jeune homme du XIXème siècle.
En tout cas j'ai fondu pour lui et j'étais bien prise par l'histoire d'amour, bien racontée et pas niaise pour un sou.

Le roman regorge de multiples détails et anecdotes sur la marche d'une maison à cette époque, et suit patiemment le fil des saisons comme le roman original. J'ai particulièrement apprécié que les domestiques aient leur propre vie et leurs propres soucis qui ne tournent pas seulement autour de leurs employeurs, voire même qui éclipsent complètement ces derniers, comme lorsque Sarah se soucie peu des fiançailles de Lizzie en comparaison de ses propres peines. C'est aussi ce qui fait que nous ne sommes pas du tout dans une redite de P&P : cette histoire a assez de valeur pour se suffire à elle-même car l'autrice a fourni un véritable effort et ne s'est pas contentée d'apposer une pastiller "austenerie" sur son oeuvre pour faire vendre.
Son travail est particulièrement bon, réaliste et très bien documenté, construit sur une intrigue captivante et j'ai personnellement eu du mal à lâcher le livre ; c'est un savant mélange entre pédagogie et scénario.
Le seul défaut que je lui vois est la présence de plusieurs coquilles, mais c'est un défaut qui incombe à l'éditeur.
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J'ai lu ce roman il y a peu et j'ai vraiment beaucoup aimé.
En temps normal je ne suis pas intéressée par les austeneries : en général elles me paraissent au mieux sans intérêt (quand l'auteur est de "bonne foi" dans son intérêt pour Jane Austen), au pire comme des moyens faciles de se faire de l'argent sur le dos de Jane Austen (ce n'est pas le cas de tous les auteurs bien sûr). Mais il y a une troisième catégorie, réduite, des austeneries dignes d'intérêt et celle-ci en fait partie.

L'autrice ne cherche ni à réécrire l'histoire, ni à inventer des péripéties rocambolesques.
Passionnée par la Régence et par miss Austen, elle a pris soin de rester dans ses traces pour écrire une suite à P&P plausible, intelligente et de plus nuancée.
Ainsi, si Wickham apparaît ici, il ne commet aucun délit ; Elizabeth tend la main vers Lady Catherine parce que c'est ce qu'on se devait de faire à l'époque ; Lizzie et Darcy apprennent à se connaître et à composer patiemment avec leurs différences ; Lizzie fait face aux commérages et aux affronts sans outrepasser les bonnes manières de l'époque.
En bref, le maître-mot ici est pondération. Le temps s'écoule paisiblement pendant que l'histoire se construit sans heurt et que les événements se suivent de manière logique : tout est à sa place, comme Jane le voulait.

Les personnages sont ici plus fidèles à ceux du film de 2005 qu'à ceux du roman original selon moi : Darcy plus timide que ténébreux, Mrs Bennet plus agaçante que vraiment ridicule... Ce n'est pas une surprise, l'autrice en est particulièrement fan. En tenant compte de ça, l'esprit des personnages est respecté. C'est en revanche dommage que la fin soit aussi abrupte : je n'ai rien contre les fins ouvertes, mais j'ai trouvé que celle-ci ressemblait davantage à une fin de chapitre que de roman. Un chapitre de plus ou au moins quelques pages auraient été nécessaires pour développer quelque peu le dernier rebondissement, qui est un véritable jalon dans la vie de Lizzie.

Le roman est de plus une mine d'or concernant le mode de vie sous la Régence. L'autrice profite de la durée que couvre son scénario pour aborder tous les aspects du quotidien, des plus formels aux plus informels. En cela le roman est une véritable extension de son (merveilleux) blog, que je recommande chaudement par ailleurs.

Le seul véritable reproche que j'ai à faire au roman, c'est son style. Je l'ai trouvé malheureusement un peu plat, plus informatif que narratif: il manquait un peu de piquant, même s'il de lit de façon fluide.

En un mot comme en cent, c'est un roman que je recommande à 100%.
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Un roman que j'ai lu il y a deux ans de cela.

J'en garde un souvenir plutôt bon dans l'ensemble, surtout avec le manuscrit qui respecte les codes de Jane Austen et qui présente des personnages et des relations très attachants.
Les rebondissements entraînent bien plus d'aventures que ceux de Jane Austen et sont variés ainsi que très divertissants. Le seul bémol provient de l'épisode de l'opéra, qui est beaucoup trop contraire aux règles de conduite de la gentry pour que la fille d'un pasteur puisse s'y prêter (le personnage principal) ou l'écrire (Jane Austen).
Syrie James a en revanche eu l'idée judicieuse et pertinente de dater le manuscrit secret avant les œuvres de Jane Austen, afin de justifier sa qualité moindre par-rapport à ses autres romans.
Le récit moderne , lui, n'est pas trop mal, assez bien pour garder le lecteur en haleine mais tout de même de moins bonne qualité ; il n'a rien d'exceptionnel.

Pour conclure, je dirais qu'ils s'agit d'une histoire sympathique et intéressante, que je suis contente d'avoir lue et que je recommande aux janeites, mais que je n'achèterai pas pour autant (vivent les bibliothèques !).
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J'ai lu cette biographie il y a quelques mois, et j'ai vraiment bien aimé. Je savais déjà la plupart des éléments qui y sont rapportés, d'autant que l'oeuvre est assez succincte, mais j'ai quand même lu des choses intéressantes.

Spoiler(cliquez pour révéler)
L'auteur appuie plus sur les origines irlandaises du père que ce que j'ai lu jusqu'à présent : même s'il ne s'attarde pas sur le sujet, il prend le temps de rappeler l'importance de la différence de religion entre Irlande et Angleterre, et le peu de considération des Anglais pour les Irlandais. Il aborde également le changement de nom de famille de Patrick : d'abord Brante à son inscription à l'université, puis Bronte, avant d'ajouter seulement plus tard le fameux tréma en hommage au duc de Wellington.
L'auteur renoue avec une vieille tradition de biographie des Brontë et le père est à nouveau décrit comme distant avec ses enfants, et la tante comme froide.

Il suggère que Charlotte serait entrée en compétition avec son frère pour l'affection de leur père. Étant donné que le révérend fondait beaucoup d'espoirs sur son héritier et faisait lui-même son éducation, c'est une hypothèse qui ne me paraît pas aberrante, et ce d'autant plus quand on connaît le caractère volontaire et ambitieux de Charlotte. D'ailleurs à propos de la relation de Charlotte et son frère, Stéphane Labbé met le doigt sur un détail qui ne m'avait pas frappée auparavant : c'est la sévérité dont elle fait preuve envers lui concernant son aventure avec une femme mariée, sachant qu'elle-même a plus qu'activement recherché l'amour de Constantin Héger, lors même qu'il ne lui donnait aucun encouragement. Il est vrai que ça ne manque pas de sel.
Pour en revenir à son ambition, c'est quelque chose qui m'a particulièrement marquée à ma lecture. Elle a donné l'impulsion à tous les projets communs : ouverture d'une école, séjour en Belgique pour parfaire le français, publication des poèmes puis publication des romans et ne s'est jamais découragée malgré les échecs successifs. Elle ne doute également pas de son talent pour l'écriture : elle a beau louer la qualité de la poésie d'Emily, elle réserve tout de même plus de la moitié du recueil commun à ses vers.
Toujours à propos de Charlotte, j'ai appris quelques anecdotes encore. Comme le fait qu'elle ait été démasquée en tant qu'auteur à cause de son vocabulaire et de ses expressions typiques de la région de Haworth : c'est un natif du lieu qui s'en est rendu compte et qui a déduit qu'elle était la seule personne là-bas susceptible d'avoir écrit un roman (du fait de son éducation). Elle a été également demandée en mariage par un vicaire irlandais du nom de David Bryce, doté du sens de l'humour et d'une conversation enjouée, dont je n'avais pas entendu parler auparavant. Finalement je me dis qu'elle a eu pas mal de succès Charlotte, malgré son physique qu'elle considérait elle-même comme ingrat.

L'auteur est de ceux qui rendent justice à Anne. Il milite en faveur de sa réhabilitation : il souligne la qualité de son oeuvre, bien que très différente de celles de ses sœurs, et il avance des hypothèses pour expliquer qu'elle ait été mise en arrière après sa mort. Il se demande en effet si sa proximité affective avec Emily n'aurait pas causé la jalousie de Charlotte.
Il fait également remarquer l'audace et la modernité de son intrigue lorsque dans son deuxième roman l'héroïne quitte son mari abusif. En cela elle s'est sûrement appuyée sur un épisode réel, lorsque l'épouse d'un recteur violent vient chercher conseil auprès de Patrick Brontë et que ce dernier, contre tout attente compte tenu des mœurs de l'époque, lui conseille de partir.

Enfin le biographe propose des anecdotes très intéressantes concernant Emily.
Le professeur Héger avait été frappé par son génie, sa raison puissante et sa volonté impérieuse. Selon lui, si elle avait écrit, sa narration aurait dominé le lecteur. On peut dire qu'il a été particulièrement clairvoyant au vu du futur d'Emily.
L'auteur aborde aussi les sources d'inspiration de l'autrice. Il y a eu par exemple le manoir de High Sunderland, qui a servi de modèle à Wuthering Heights, mais moins connu, Ponden House l'a inspirée pour la demeure des Linton. Le manoir datait du 17ème siècle et Emily et Anne avaient coutume de s'y rendre à la nuit tombée pour regarder par les fenêtres : la scène est exactement similaire à celle du roman dans laquelle Cathy et Heathcliff espionnent les Linton. Il insiste particulièrement sur le rapport d'Emily à la lande (j'ai beaucoup aimé ces passages Les Brontë à 20 ans de Stéphane Labbé 150390 ) et soulève d'ailleurs l'hypothèse que dans "Wuthering Heights", Cathy se condamne elle-même à un destin fatal en épousant Edgar ; non seulement parce qu'elle cause une rupture avec Heathcliff, mais surtout avec la lande : égarée par les séductions de la société, elle oublie l'essentiel et refoule ses aspirations les plus profondes.
En cela et en d'autres aspects, "Wuthering Heights" donne l'impression d'assister à une tragédie grecque : énigmatique et profond, condensé de bruit et de fureur. C'est une œuvre qui a la force des grandes tragédies antiques et des grands mythes fondateurs. C'est exactement mon ressenti et l'auteur met les mots juste dessus.

Charlotte en revanche ne saisit pas la dimension mystique et visionnaire de l'œuvre d'Emily, l'audace de l'intrigue de "Wuthering Heights" : malgré son admiration pour sa sœur et sont talent, elle ne parle que de la rusticité du roman et de son attachement aux terres du Yorkshire. Elle passe ainsi à côté de la majeure partie du roman et fait peut-être même fausse route : pour Virginia Woolf, il est clair que ce n'est pas une œuvre autobiographique, mais d'un ordre bien plus général.
Pour en finir à propos d'Emily, on peut s'interroger sur la légende bâtie à son sujet : cette dernière n'a-t-elle pas été construite ou du moins exagérée pour la glorifier ? Elle ressemble à un personnage de roman, sauvage, solitaire et dure au mal. Il y a sûrement une large part de vrai, mais certaines anecdotes lui prêtent une psychologie tellement conforme à celle qu'on attendrait de l'autrice de "Wuthering Heights" (en conformité avec l'univers dur et violent qui y est décrit), qu'on pourrait en douter.

La biographie se penche sur le rapport différent des sœurs à la moralité, c'était d'ailleurs une réflexion que je m'étais faite lorsque j'avais commencé à connaître leurs vies. Elles vivaient toutes dans une société extrêmement rigide, chrétienne et moraliste, élevées par un père pasteur et une tante méthodiste, mais cette moralité s'est exprimée en chacune de façon tellement différente et pourtant sincère que c'en est incroyable.
Charlotte par exemple reste enfermée dans le carcan moral et religieux de son époque : malgré quelques critiques sur les quelques libertés qu'elle a prises avec l'étiquette dans "Jane Eyre", globalement son roman a été plébiscité par toute la société anglaise de l’époque, qui n'y voyait pas de manquement aux convenances.
Anne a fait l'objet de nombreuses critiques avec "Wildfell Hall", où une épouse quitte son mari violent et alcoolique à une époque où elle n'en avait pas le droit.
Quant à Emily, nul besoin de rappeler le rejet et les diatribes enflammées qu'a entraînées son roman lors de sa parution.
Tout ceci fait dire à l'auteur que, peut-être, Charlotte était en quête de respectabilité car voulant être reconnue dans la bonne société, qu'Emily se montre indifférente aux futilités morales victoriennes comme une véritable païenne, et qu'Anne, plus proche de la charité chrétienne que du stoïcisme anglais, se soucie de faire ce qui est bien avant des convenances.

La biographie se termine sur une réflexion intéressante : Branwell avait a priori tous les talents pour réussir dans la société, mais il se serait dissipé en futilités sous l'effet de la pression que faisaient peser sur lui les espoirs de sa famille. A contrario, ses trois sœurs, libres de cette pression et personne n'attendant d'elles qu'elles réussissent, ont réussi.



En matière de défauts, la chronologie n'est ni linéaire ni claire : les retours en arrière ne sont pas toujours indiqués. C'est assez difficile à suivre pour un lecteur averti des Brontë, pour un néophyte ça doit être confus.
L'auteur hésite aussi trop entre la biographie "classique" et l'interprétation au travers de prismes, c'est dommage qu'il n'ait pas pris de parti.
En dehors de ça, c'était une bonne lecture, intéressante et concise.
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date : 27-10-2019
Depuis le temps que j'ai lu ce bouquin (fini le 2 juin), je me décide enfin à rédiger mon commentaire.
Je l'ai bien aimé tout compte fait, mais je dois avouer que j'ai été assez déçue pendant et après ma lecture, par-rapport à ce que j'en attendais. La faute aux excellents romans anglais qui me passionnent depuis quelques années et qui ont peut-être mis la barre un peu haut.

Spoiler(cliquez pour révéler)
Le principal reproche que je fais au roman, et duquel découlent quasiment tous les autres, c'est son format feuilleton. Je trouve qu'on le sent énormément dans l'oeuvre, trop.
L'histoire est donc assez longue à démarrer, et le récit me donne souvent une impression de remplissage : c'est dans ces moments que je ressens clairement le format original. L'ensemble a tendance à traîner en longueur pour peu de choses, et ce n'était pas compensé pour moi par le plaisir de lire la petite vie de province anglaise. Je m'aventure peut-être en disant cela mais je pense que l'autrice n'avait pas établi clairement de fil rouge dès le début de sa rédaction, et qu'elle-même erre un peu à son gré au fil des chapitres, chapitre eux-mêmes conçus pour créer du suspense et pousser le lecteur à acheter le numéro suivant. Mais ces mini rebondissements n'amènent pas grand-chose de consistant et ils se font trop au détriment de l'intrigue, qui pourrait avoir un approfondissement incroyable au vu de la durée. Je n'aurais d'ailleurs pas refusé une frise chronologique, car l'histoire se déroulant sur une assez longue période, et étant émaillée de quantité de petits événements sans pour autant qu'il y ait d'indicateurs de temps/date, j'étais quelque peu déroutée.

En ce qui concerne les personnages, ils sont plutôt variés et intéressants.
Le père en particulier, que j'ai pas moments détesté en tant que personne, n'est pas un personnage qui m'a laissée indifférente. Je l'ai trouvé plutôt crétin dans sa décision de se remarier. Il se décide vraiment sur un coup de tête et pour une raison qui ne dure que quelques mois, en comparaison avec l'engagement à vie qu'est un mariage dans cette société. De plus, il laisse faire sa nouvelle femme sans jamais s'opposer à elle et se laisse éloigner de sa fille comme un lâche parce qu'il ne veut pas de conflit.
Par contre s'il ne sait pas tenir tête à sa nouvelle épouse, il ne sait que trop bien être dur avec sa fille, particulièrement lorsqu'il exige d'elle qu'elle appelle sa belle-mère "maman", et de manière générale il la bat froid quand il n'a pas la réponse escomptée, alors que Molly est la plus douce et arrangeante des filles.

La nouvelle Mrs.Gibson a d'abord été difficile à cerner pour moi. Je n'arrivais pas à décider si c'était une marâtre sans nuance, ou si elle allait devenir bonne, ou si elle allait naviguer avec subtilité entre les deux, elle aurait pu par exemple être égoïste dans son quotidien mais en ayant bon fond.
Je l'ai d'abord trouvée vaniteuse, paresseuse et doucereuse, puis complètement pourrie jusqu'à la moelle, notamment lorsqu'elle rénove complètement la chambre de Molly qui contenait tous les effets de sa défunte mère, ou qu'elle ne cesse de s'interposer entre Molly et Lady Harriet, ou Molly et le squire... mais surtout quand elle s'immisce totalement dans la relation de Molly et de son père, même lorsqu'elle-même ne veut pas de cette intimité pour autant. Mais par la suite je l'ai trouvée moins mauvaise. Pas grâce à une évolution subtile et prévue du personnage, mais plutôt du fait d'un changement artificiel, j'ai eu l'impression de ne pas avoir affaire au même entre le début et la fin de l'histoire. C'est un défaut que j'attribue lui aussi à la publication en feuilletons du récit et l'absence d'un fil rouge bien établi du début à la fin. D'ailleurs une des premières conséquences de l'arrivée de la belle-mère est le départ de la vieille servante qui a élevé Molly comme sa fille, mais le lecteur n'entend plus un mot à son sujet par la suite, alors qu'une telle domestique devrait avoir occupé une place prépondérante dans la vie de la famille. Pour moi cela aussi est dû au fait qu'Elizabeth Gaskell ne savait pas vraiment où elle allait à ce stade de l'histoire.

En revanche j'ai adoré le personnage de Cynthia. Elle est vraiment piquante, parfaitement consciente de ses défauts, et même si elle ne cherche pas à s'en amender, elle essaie d'épargner ses proches et ne s'en sert pas comme d'une excuse. Elle n'est pas parfaite mais elle reste gentille, et dieu merci, elle ne se gêne pas pour remettre sa mère en place (au moins un personnage qui le fait !). C'est sa personnalité qui est la plus intéressante, et son passé est mystérieux, alors que la parfaite vertu et moralité victoriennes de Molly peuvent être un peu insipides. J'ai par contre trouvé dommage qu'on n'explicite pas un peu mieux l'amour de Roger Hamley pour elle, j'aurais aimé qu'on suive de plus près sa fascination pour une jeune fille qui ne lui correspond pas du tout, un peu comme ce qu'on voit dans "Mansfield Park".
En parlant de Roger, je suis au regret d'avouer que n'ai malheureusement pas trouvé le personnage séduisant, touchant oui, mais rien de plus (par ailleurs le spoil dans le résumé n'était vraiment pas nécessaire, il n'apportait rien).
Certains personnages auraient mérité qu'on s'attarde plus sur eux : je pense par exemple à Lady Harriet, jeune femme haute en couleur et au caractère bien trempé qui refuse de se marier, ou aux Miss Browning, sortes de Miss Bates très attachantes...
Détail amusant à propos des personnages, c'est la présence d'une Miss Eyre, préceptrice de Molly. Ce n'est évidemment pas une coïncidence et c'est un clin d’œil touchant quand on sait que Charlotte Brontë était morte depuis 10 ans quand l'autrice commence à publier "Femmes et Filles".

En conclusion, je n'ai pas eu de coup de cœur sur ce roman, mais malgré la déception que j'ai pu ressentir à sa lecture, il y a quelques mois je pensais déjà qu'il était possible qu'un jour je l'apprécie mieux, comme ce qu'il s'est passé avec "Nord et Sud". J'étais plutôt clairvoyante car mon sentiment négatif s'est déjà adouci depuis et je prends plaisir à relire des passages du livres, même s'il ne fera jamais partie de mes préférés. J'ai hâte de voir l'adaptation et d'avoir droit à une vraie fin cette fois-ci.
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Dans l'ensemble je l'ai plutôt bien aimé mais ça n'a pas été un coup de cœur.

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Pour commencer, j'ai été déçue par le style. Je ne sais pas si la traduction est fautive dans mon cas (j'ai lu l'édition Archipoche), mais je l'ai trouvé maladroit et simpliste. Je dois avouer que j'ai été très étonnée, car j'avais adoré son style dans "Agnes Grey", que je trouvais léger et plein de finesse, or il s'agissait de son roman précédent, elle aurait donc dû s'améliorer entre-temps ou du moins rester au même niveau. Il y a par exemple pas mal de répétitions et de maladresses dans le choix des termes, ainsi que des coquilles (pour cela seul l'éditeur est fautif évidemment). Ce n'est pas non plus quelque chose de très choquant mais compte tenu de ce que j'en attendais, je n'ai pas pu m'empêcher d'être désappointée. De manière plus générale, je n'ai pas eu l'impression de lire un roman victorien, mais plutôt un roman historique contemporain et ce que je reproche à ces derniers c'est de manquer la plupart du temps de ce charme suranné qui me plaît tant dans la littérature victorienne.

L'autre point noir du roman ce sont les défauts des personnages. Et je parle des défauts d'un point de vue extérieur à l'histoire.
Tout d'abord, j'ai trouvé que les deux narrateurs n'étaient pas assez caractérisés dans leurs pensées et leurs tournures de phrases, les lettres de Gilbert et le journal d'Helen ne se différencient pas assez à mon goût. Le roman y perd beaucoup à mon sens, car le récit seul ne suffit pas à faire d'un roman un chef-d'œuvre, et c'est ce qui me pousse personnellement vers les classiques de cette société : ceux que j'ai lus jusqu'à maintenant sont des bijoux de finesse psychologique et de caractérisation des personnages. Ce n'était pas assez marqué ici.

Ensuite, j'ai à plusieurs reprises été interloquée par les actions et les libertés que prenaient certains personnages. Je n'ai pas pris de notes mais je me souviens de plusieurs situations où ils agissaient de façon ridicule et exagérée, particulièrement en prenant en compte le contexte social rigide de bonnes manières et de stoïcisme. Ils avaient tendance à crier, à s'énerver dans des discussions alors que rien ne justifiait une telle perte de contrôle, à jouer les "drama queens" comme j'appelle ça, et dans un tel récit je trouvais que ça sonnait extrêmement faux. Dans les "Hauts de Hurlevent", dont je ne suis pas une très grande fan, de tels comportements viennent de façon naturelle, logique presque, car le récit n'est pas du tout terre-à-terre, mais ici ce n'est pas le cas et ça retombe à plat ou pire, ça me choque. Alors oui, en tant que lectrice du XXIème siècle ça peut sembler étrange étant donné que "j'en ai vu d'autres" mais étant plongée dans ce genre de littérature où certaines choses ne se disent pas et ne se font pas, j'ai justement été d'autant plus choquée par la violence gratuite que contenaient certains actes, de manière directe ou indirecte.
Je veux parler du personnage de Gilbert, que je n'ai pas du tout apprécié. C'est un homme incroyablement puéril, vaniteux et lourd, insatisfait dès qu'on ne lui accorde pas ce qu'il veut, poursuivant Helen de ses assiduités alors qu'elle se montre froide, et lui reprochant son attitude distante envers lui. Pire que ça même, son comportement envers Lawrence m'a outrée : je n'ai pas compris comment il a pu penser que c'était normal de l'agresser, sous le prétexte qu'il le soupçonnait d'avoir une liaison avec Helen... J'étais soufflée à ce moment de ma lecture, d'autant qu'il l'abandonne sur la route déserte et n'éprouve aucun remords, à part lorsqu'il apprend la nature exacte des relations entre lui et Helen. Pour être sincère ce n'est pas du tout le genre d'homme que j'aurais destiné à Helen ; en ce qui me concerne il me répugne et il devrait encore plus la répugner étant donné son passé conjugal.

Ce qui m'amène finalement à l'histoire d'amour du roman. Autant le dire, je n'y crois pas une seconde. Je ne vois pas du tout ce qu'ils peuvent avoir en commun, tant sur le plan intellectuel, que sur un plan personnel.
Helen est une femme de bonne naissance, cultivée et raffinée, et si Gilbert n'est pas un paysan illettré, ils sont loin d'être au même niveau. Je me rappelle d'Emma, où Robert Martin, s'il bénéficie du respect de M.Knightley, est clairement dans une classe sociale, et l'écart entre la sienne et la gentry me paraît être un écart assez grand, même sans parler purement de conventions sociales. C'est d'ailleurs la première fois dans un roman que je vois une différence de rang social où la femme est plus élevée que l'homme.
Sur le plan personnel, Helen a déjà été mariée et été douloureusement désabusée. Elle est meurtrie et particulièrement méfiante sur le sujet. J'aurais donc souhaité la voir rencontrer un homme très doux, patient et même peu séduisant. Un homme qui aurait attaché plus d'importance à lui faire du bien en tant qu'ami plutôt que de vouloir à tout prix la séduire. Peut-être un homme qui n'aurait pas été vu comme un prince charmant, quelqu'un comme Roger Hamley de "Femmes et filles", ou le colonel Brandon de "Raison et Sentiments", ou M.Weston d'"Agnes Grey" tiens. Certainement pas un "gentleman farmer" immature, fougueux et possessif.
Je trouve donc leur histoire d'amour peu crédible, très fade, et malheureusement elle occupe la majeure partie de l'intrigue (sauf le journal d'Helen). En fait sur ce sujet, j'ai à faire au roman le reproche inverse que j'ai pu faire à "Nord et Sud" : dans celui-ci je regrettais que l'intrigue laisse si peu de place à la romance comparativement aux problèmes sociaux, et ici je regrette que la romance soit aussi centrale.
D'ailleurs, M.Hargrave est insupportable à l'héroïne mais quant à moi je ne le trouve pas pire que le héros qu'elle choisit pourtant. En tout cas il n'est pas plus violent.

Le roman comporte néanmoins de très bons aspects, à commencer par le thème des maltraitances conjugales. En cela, comme avec son roman précédent, Anne Brontë ne recule pas devant les difficultés qu'il y a à aborder un tel sujet. Toujours décrite comme la plus douce et la plus conciliante des enfants Brontë, il faut toutefois reconnaître que cette description s'accorde peu avec l'audace dont elle a fait preuve dans ses romans, et en particulier celui-ci. Elle n'hésite pas à démasquer une société idéalisée et bien nette pour en montrer les dessous.
Ainsi nous assistons aux ébats de la jeunesse de gentry qui n'a aucun scrupule à s'enivrer, faire preuve de violence et qui est pourtant intouchable. La déchéance d'Arthur est extrêmement crédible, particulièrement bien décrite, effrayante et déprimante sans tomber jamais dans la démesure ou le ridicule. Je n'ai pu m'empêcher de penser qu'Anne connaissait très bien son sujet, quant à savoir si elle s'est seulement inspirée de son frère ou si elle a pu assister à certaines choses en tant que gouvernante dans plusieurs familles, c'est une autre question.
Pour ces raisons j'ai préféré la partie du récit consacrée au journal intime d'Helen, d'une très grande modernité, plutôt que celle où l'on suit Gilbert.
Je n'ai malheureusement pas eu le plaisir du suspense de l'intrigue, car m'étant intéressée il y a un moment déjà aux sœurs Brontë, ce "détail" m'avait déjà été révélé.

Il est également beaucoup question de rédemption, à la fois pour le mari d'Helen, mais aussi pour ses amis (Hattersley...).
Lors de la lecture on peut penser qu'Helen pousse le sens du dévouement un peu loin, mais au vu des valeurs de l'époque, dont en particulier l'importance de la religion, et le fait que cette dernière faisait partie intégrante de la vie des femmes, ça ne paraît pas aberrant, bien au contraire.



Pour conclure, c'est un livre qui comporte plusieurs qualités, qui se lit plutôt avec plaisir, sans s'ennuyer, mais à qui il manque cette touche qui me fait vibrer au cours de certaines lectures. Je lui préfère "Agnes Grey", moins puissant certes, mais beaucoup plus fin, délicat et charmant.
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date : 25-05-2019
C'est un très bon ouvrage et l'essentiel est bien là.

Le style est plus concis que la précédente biographie que j'avais lue ("Le Secret des Brontë"), absolument pas romanesque, et c'est le seul petit défaut que j'ai trouvé à l'ouvrage. Je n'ai donc pas été envoûtée car la biographie poursuit un but purement informatif, mais le ton n'est pas pour autant aride.
Au vu de la taille du livre, l'auteur doit évidemment faire des choix et ne peut pas trop s'attarder sur ce qui n'est pas essentiel, mais ces choix sont judicieux et justifiés. Par exemple, s'il aborde bien les "Juvenilia" et les jeux des enfants Brontë avec des soldats de bois, ainsi que leur influence sur leurs œuvres et leurs vies, il ne peut se permettre d'entrer en détail dans le contenu de ces jeux et chroniques, mais ce n'est pas du tout gênant et c'est même mieux pour un lecteur néophyte dans cet univers.

Le travail de l'auteur est admirable, et moi qui pensais ne pas trouver grand-chose de neuf sur les Brontë ai été bien détrompée. La petite taille du livre ne l'empêche pas d'être fort instructif, même pour qui connaît déjà le sujet.

Spoiler(cliquez pour révéler)
J'ai aimé avoir plus de détails sur Ellen Nussey, la grande amie de Charlotte. On apprend qu'elle venait d'une famille très aisée, riche même, avec un domaine, respectable et pieuse. Une véritable bonne famille anglaise de notables. La foi et le respect des convenances irréprochables dont elle fait preuve poussent Charlotte à la considérer comme un vrai modèle inaccessible sur ces sujets-là, et elles seront en compétition le restant de leur vie. D'ailleurs, lorsque Charlotte accepte d'entretenir une correspondance avec Nicholls alors qu'ils ne sont même pas fiancés, Ellen se brouille avec son amie en lui recommandant d'accepter sa situation de vieille fille. Or c'est plutôt la jalousie que la morale qui parle ici, car la même Ellen espérait encore quelques mois plus tôt recevoir elle-même une demande en mariage. C'est un aspect de leurs relations dont je n'avais aucune conscience jusque-là, mais qui me semble parfaitement crédible, plus qu'une amitié pure et sans tache qui les aurait unies sans désaccord toute leur vie durant. Et je trouve que c'est un aspect des plus intéressants et vivants dans la vie des grands auteurs : savoir que malgré leur génie, ils restent humains avec tout ce que cela suppose de trivial et de moins noble. On évite le côté inaccessible et figé de leurs représentations.
Ellen était également riche, contrairement à Charlotte, et la perspective de rester vieille fille n'était donc pas aussi pénible pour elle.

Pour en revenir aux relations amicales de Charlotte, j'aime beaucoup la réflexion qu'a l'auteur à propos d'Ellen et Martha. Ellen était calme, responsable, sûre d'elle et de sa place dans la société et sûre de sa respectabilité, tout ce que Charlotte aurait voulu être. Martha, elle, était plus passionnée et intelligente, mais plus désordonnée et parfois trop sincère, elle aurait plus ressemblé à Charlotte. Les deux amies ont donc joué un rôle différent auprès de l'autrice, et j'ai le sentiment qu'on retrouve cette dualité au cœur du personnage de Jane Eyre : ce mélange si particulier entre sa piété, sa sévérité et son strict respect des conventions, et son ardente passion pour la vie, sa soif de découvertes.

À propos des parallèles avec l'œuvre majeure de Charlotte qu'est "Jane Eyre", le biographe appuie sur quelques éléments de son livre, notamment la première demande en mariage que reçoit Charlotte de la part du frère d'Ellen, pasteur. Ce dernier lui fait une demande qui ressemble plus à une offre de partenariat, car il lui propose d'ouvrir une école dans leur future maison. Un lien peut être fait avec la demande de Saint-John Rivers, qui ne veut épouser Jane que parce qu'elle lui semble la partenaire idéale pour accomplir une mission.
Lors de l'avant-propos aussi, l'auteur compare une scène de Jane Eyre avec la vie des Brontë : c'est celle où Jane errant dans la lande agonisante, elle regarde par la fenêtre d'une maison pour y voir ses cousines en train de lire pendant qu'une vieille servante leur tient compagnie. Ces deux sœurs peuvent être interprétées comme étant les siennes, occupant leurs soirée avec un livre, tandis que la vieille Tabitha veille sur elle. L'horloge même évoque celle qui se trouve dans l'escalier du presbytère à Haworth, et en parlant de Haworth, le lieu semble également y ressembler, ainsi entouré de landes. Jane elle-même se trouve donc être le double fictionnel de Charlotte. Je dois avouer que ce parallèle m'a paru convaincant et m'a séduite.

L'auteur ne s'attarde pas énormément sur les relations entre les sœurs, mais ce qu'il en dit est intéressant et résume assez bien la situation, d'après tout ce que j'ai pu lire sur le sujet. Les trois forment un triangle dans lequel Charlotte admire Emily, laquelle aime Anne, qui elle-même admire Charlotte. C'est bien sûr grossièrement résumé, mais il est vrai que Charlotte semblait ne pas éprouver d'admiration excessive (pour ne pas dire pas du tout) pour Anne, alors que cette dernière était très proche d'Emily avec qui elle formait un duo depuis qu'elles avaient fait sécession de Glass Town pour fonder leur propre univers.
Ohl évoque également la scission progressive qui se fait entre Charlotte et son frère alors qu'ils chroniquaient un univers imaginaire ensemble. Si cela commence par un léger rafraîchissement de leurs relations, ça ne fait qu'empirer au fur et à mesure du délabrement, du laisser-aller et de l'égoïsme qu'affiche Branwell en ne se souciant pas des ennuis qu'il cause à sa famille entière lorsqu'il se plonge totalement dans l'alcool et la drogue. Charlotte le désapprouve à tel point qu'elle ne se soucie que peu de lui et compatit peu à sa situation.

En ce qui concerne ce dernier, il y a là aussi des choses très intéressantes à étudier. Il est ici présenté sous un jour différent de sa légende si sombre et sulfureuse. Pas que l'auteur réfute totalement cela, mais il tient à relativiser les choses : Branwell aurait été cyclothymique, nerveux et sensible, mais il n'aurait pas été cet artiste inexorablement torturé comme on l'a représenté tant de fois. Il n'a pas été envoyé en pension à cause de la trop dure discipline qui y régnait mais Ohl estime qu'il s'agit de la pire erreur de son père : il lui aurait trop épargné le contact rugueux avec le réel, et l'aurait bien trop gâté et conforté dans son sentiment qu'il était destiné à devenir un grand artiste.
Pour ce qui est de son voyage à Londres, lorsque Branwell était censé intégrer l'Académie royale de peinture, la tradition veut qu'il ait sombré dans la débauche à ce moment mais rien n'est certain, car aucune trace sérieuse d'une intention d'entrer dans cette académie n'a été retrouvée, seulement un brouillon de lettre. Il se peut donc qu'il n'y ait en réalité jamais eu d'affaire. D'ailleurs Branwell ne s'est jamais torturé à propos de la peinture, il a certes tenté d'en vivre mais il était loin de s'y être investi autant que dans Angria. Chose assez pitoyable, il se projette totalement dans un avatar sulfureux, irrésistible et provocateur, tout ce que lui-même n'est pas ou n'ose pas être.
Son premier poste de précepteur (avant les Robinson) se termine de manière assez abrupte, il a probablement été renvoyé mais il n'existe aucune raison certaine à ce départ. Il pourrait s'agir de l'existence d'un enfant naturel, mort en bas âge, mais cela pourrait aussi bien n'être qu'une rodomontade.
L'auteur reproche à Daphne du Maurier, dans sa célèbre biographie sur Branwell, de retenir tout ce qui va dans son sens (la déchéance inéluctable de ce dernier) et d'écarter le reste. Elle aurait écrit sa biographie comme un roman, en préparant le terrain pour la déchéance en appuyant un peu trop sur des détails pas si importants.

Est abordée aussi la question de l'influence de Branwell sur les œuvres de ses sœurs. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet et si je peux voir une ressemblance avec Hindley Earnshaw et avec Arthur Huntington, je ne suis en revanche pas du tout de l'avis de l'auteur lorsqu'il évoque Rochester. Je ne vois absolument pas ce qui les rapproche, d'autant que ce qui est reproché à ce dernier à propos de sa vie de dissipations n'est pas un abus d'alcool et de drogue (comme aux deux précédents et à Branwell), mais plutôt ses conquêtes féminines et sa vie en concubinage avec ces dernières. Certains vont en revanche plus loin concernant cette influence, ainsi un ami de Branwell déclare que les Hauts de Hurlevent n'a pas pu être écrit par une jeune fille comme Emily (sous-entendu : qui n'a "rien" vécu). Il s'appuie pour cela sur les dires d'un compagnon de taverne, selon lequel le jeune homme lui aurait lu des fragments écrits de sa main qui se retrouvent dans le roman. Mais en supposant que cela soit vrai, il oublie de prendre un élément important en compte : c'est la dimension collective de l'œuvre des Brontë. Ils ont écrit ensemble et se sont inspirés les uns les autres depuis petits, s'empruntant un personnage, un incipit, un décor... En revanche ce qui est certain, c'est que Branwell n'aurait jamais pu composer un roman aussi abouti, complexe et mûri.
Un petit détail qui n'a rien à voir que m'a appris cette biographie, c'est que Branwell était franc-maçon. Il était entré dans cette confrérie dans le but de se faire des relations en vue d'un tour d'Europe, chose qu'il n'a finalement pas faite mais c'est une anecdote que je n'avais jamais entendue nulle part.

L'auteur apporte aussi quelques réflexions sur le lieu de vie de la fratrie. De manière pragmatique, Haworth n'était pas aussi isolé que le disait Elizabeth Gaskell dans sa biographie, la description est certes fidèle, mais le village abritait un certain nombre d'habitants, dont des médecins, des épiciers et des bouchers, et, de plus, il ne se trouvait qu'à une petite distance de villes plus importantes quant à elles reliées au réseau ferroviaire, ou abritant elles-mêmes des manufactures.
D'un point de vue plus symbolique, Ohl souligne le caractère frontalier du presbytère : d'un côté il donnait accès au village et à ses tâches quotidiennes, prosaïques, et de l'autre, il offrait un passage vers la lande, et donc l'évasion et le rêve. C'est une image très poétique et que je trouve parfaitement pertinente en ce qui concerne la vie et l'œuvre des Brontë.
Selon lui également, le drame de la première pension des filles Brontë aurait en quelque sorte sanctuarisé le presbytère : il aurait ainsi représenté un refuge contre l'extérieur, ce qui aurait expliqué les peines des enfants à le quitter, même une fois adultes.

La biographie appuie particulièrement sur la psyché de Charlotte, tant en ce qui concerne la religion, que la morale ou l'amour.
Charlotte réprouve particulièrement le calvinisme, cette doctrine religieuse selon laquelle chaque être est déjà prédestiné au moment de sa naissance à l'enfer ou au paradis. Cette croyance l'effraie particulièrement, et lorsqu'Anne tombe malade au pensionnat de Roe Head, elle recherche expressément un autre pasteur pour venir au chevet de sa sœur, et ce dernier a d'ailleurs l'impression de discerner chez elle une crise spirituelle. Par ailleurs tous les enfants Brontë ont un rapport particulier à la religion : Anne est particulièrement pieuse et Branwell et Charlotte sont terrifiés face à la mort, seule Emily garde une certaine impassibilité mais son rapport à la religion est un peu spécial.

À propos des questions morales, l'auteur fait bien de soulever un point qui m'a toujours interpellée, il s'agit, si je puis dire, de l'immoralité des "Juvenilia". Dans une société aussi rigide et corsetée, avec un père pasteur et une tante fervente méthodiste, j'ai toujours trouvé incroyable les amours byroniennes des chroniques qu'ils écrivaient. Violences, guerres, trahisons, adultères, maîtresses, concubinages... Tout cela forme un contraste frappant avec ce que devait être leur moralité. Il a été suggéré que cela pourrait justement être un antidote à la piété forcée et à la chaste normalité du presbytère, mais apparemment leur père et leur tante n'auraient pas été si rigoureux et dévots que cela. Avec le temps, Charlotte se torture à propos des contradictions entre son œuvre et les valeurs morales qu'on lui a inculquées, elle culpabilise et se flagelle dans des lettres adressées à Ellen où elle se traite elle-même de "vile créature", déprime. Ne pouvant plus continuer ainsi, elle prend une décision très difficile et tire un trait sur cet aspect de sa vie. Le sacrifice est considérable, d'autant que c'est ce qui l'aidait à tenir le coup lorsqu'elle se trouvait loin de son foyer, mais la morale victorienne est la plus forte. Néanmoins cet aspect presque érotique des chroniques Brontë est particulièrement intéressant à noter.
Charlotte semble une âme assez tourmentée de manière générale, et la mort de sa fratrie (et plus particulièrement de ses sœurs) a tendance à empirer les choses. J'en veux pour exemple son comportement après ces drames, lorsqu'elle déclare vivre au milieu de fantômes, et quand la nuit le vent souffle, elle croit entendre les voix de ses sœurs. Ou bien encore lorsqu'elle trouve des ressemblances entre Emily et trois personnes différentes, alors que ces ressemblances n'apparaissent à personne d'autre...

Pour ce qui est de ses amours, son sentiment pour le professeur Héger est bien connu, il est inutile de revenir dessus. En revanche, malgré cette première expérience malheureuse et sa lucidité sur ses chances (son âge, son peu d'attractivité...), elle ne peut s'empêcher de tomber amoureuse de son séduisant et jeune éditeur Smith, alors même qu'elle se disait trop consciente de la folie d'un tel sentiment. Mais elle espère tout de même jusqu'au bout, et quand celui-ci lui fait part de ses futures noces, elle répond par des félicitations glaciales tenant sur deux lignes : "dans les grandes joies comme dans les grandes afflictions - toute parole de sympathie se doit d'être brève. Veuillez agréer l'hommage de mes félicitations". Avec cette réaction, l'autrice donne à voir sa vulnérabilité et je la trouve particulièrement humaine et touchante.
Quant à son mariage, il est assez drôle de penser qu'il est en partie provoqué par ses disputes avec les personnes qui y sont opposées. Elle se dispute notamment avec Ellen et avec son père, vers qui peut-elle se tourner ? Arthur Bell Nichols. Ainsi son père qui voulait tant la dissuader de se marier avec cet homme l'y aura peut-être encouragée malgré lui en lui faisant craindre de vieillir seule avec lui. Mais il ne s'agit pas au début d'un mariage d'amour, Charlotte dit elle-même qu'elle a des attentes "minimes", elle prévoit d'aimer son mari par la suite, et c'est ce qui arrivera. Détail amusant, en épousant Arthur Bell Nicholls, elle prend enfin le nom de "Bell" qu'elle-même et ses sœurs avaient utilisé comme pseudonyme.
La brouille avec Patrick Brontë induira en erreur Elizabeth Gaskell lors de la rédaction de la biographie de son amie, et ce qui était une dispute inhabituelle deviendra sous sa plume un conflit perpétuel.

Ce que j'ai en revanche trouvé dommage, c'est que la biographie ne parle même pas des difficultés de Charlotte à se faire publier. Heureusement que j'en ai déjà lu une auparavant qui met bien cela en lumière, car ici j'aurais pu croire qu'elle n'avait pas eu de mal à trouver un éditeur. Je considère que c'est un vrai défaut de la biographie, car une simple ligne aurait suffi à préciser le nombre de refus auxquels l'autrice avait eu droit avant de trouver preneur.
En parlant littérature, la réponse de Southey m'a cette fois plus marquée, notamment lorsqu'il dit que la littérature n'est pas pour les femmes : ce monsieur semble avoir déjà oublié les succès de Jane Austen ou ceux d'Ann Radcliffe. Il est peut-être la raison qui a poussé les sœurs à adopter des pseudonymes ambigus, pour être jugées sur leur talent et non sur leur sexe.
Le biographe apporte quelques détails et remarques intéressants. Par exemple, Emily trouve l'idée du manoir des Hauts à Law Hill (High Sunderland) : elle mélange les griffons et les gargouilles de l'édifice avec la rustique ferme de Top Withens. Autre souvenir de pension : le nom d'Earnshaw, celui d'une servante. L'auteur remarque quelque chose qui fait totalement écho à mon ressenti sur ce roman : il affirme que ce dernier pourrait totalement prendre place dans un royaume imaginaire, au vu de la démesure et du mépris de la vraisemblance qui le caractérisent, et je ne pourrais être plus d'accord.
Concernant Anne, là encore je ne peux qu'être d'accord avec une description de son style : du Jane Austen dans le regard distancié, équanime sur la médiocrité humaine. Je suis particulièrement en accord car dans "Agnes Grey", je compare moi-même le style d'Anne Brontë à celui de Jane. On peut du coup se demander ce que pense Charlotte du "jardinet scrupuleusement enclos" de sa sœur, car ce sont les mots qu'elle avait utilisés à propos de Jane Austen.
En tout cas, lors d'une réédition après leur mort, elle se permet des altérations de poèmes inédits et elle les défend très maladroitement contre les critiques qui leur sont faites. Elle plaide les bonnes intentions de ses sœurs, qui n'auraient pas su ce qu'elles faisaient. Ainsi elle défend peut-être ses sœurs en tant que personnes, mais piétine totalement leurs accomplissements de romancières. Elle refuse par exemple l'idée qu'elles ont subi elles aussi des influences littéraires, arguant que le génie aurait frappé Emily comme la foudre. Gênée par les actes violents qui parsèment son roman, elle les qualifie de défauts alors qu'ils font partie d'un ensemble. D'Anne, elle garde le silence complet sur son deuxième roman, le plus polémique ; elle s'indignait lorsqu'on faisait des rapprochements entre celui-ci et "Jane Eyre". Elle pratique donc une censure "bienveillante", la question pourrait même se poser de savoir si elle n'aurait pas détruit des pages inédites de l'une ou l'autre de ses sœurs, car personne ne l'aurait jamais su.

Après la mort de ses sœurs, Charlotte goûte enfin à la gloire et à la vie publique. Mais même si son roman est extrêmement populaire et que le tout Londres souhaite la rencontrer, sa vie mondaine est loin d'être sans accroc. Elle n'est après tout qu'une vieille fille d'une province reculée, sans élégance, en décalage avec les traits d'esprit plus spirituels qu'élevés qui font un dîner mondain... Elle n'a de plus pas un goût parfait, comme en témoigne le port d'un postiche parfaitement distinguable de ses cheveux, dans une tentative d'en augmenter le volume, que tout le monde voit distinctement.
Pour ce qui est de la suite de sa carrière littéraire, celle-ci est beaucoup moins brillante que son lancement. Le biographe s'arrête notamment sur "Villette", qu'il affirme avoir beaucoup d'invraisemblances et de coïncidences. Charlotte est une romancière de l'intime, qui a besoin de s'appuyer sur sa vie et ses émotions pour écrire, mais depuis "Jane Eyre" il ne lui est rien arrivé d'autre que des drames familiaux qu'elle se refuse à relater. À Ellen qui lui demande de lui raconter les "mille petits riens" de sa vie, Charlotte ne peut répondre positivement. Elle n'est pas très prodigue. Ici je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec Jane Austen, qui elle justement, malgré les jardinets enclos de son style, n'éprouvait aucune difficulté à construire des intrigues et des romans à partir de ces petits riens. Je ferme la parenthèse ici, c'était simplement une petite pique sans méchanceté, mais de bonne guerre à l'encontre de Charlotte.
Enfin, un dernier point très intéressant est abordé dans la biographie. C'est, après la mort de Charlotte, la naissance d'une école biographique "misérabiliste" qui la présente comme un personnage de tragédie, démarrée par la biographie d'Elizabeth Gaskell. C'est une perception qui nous parvient encore de nos jours et qui a déjà fait l'objet de critiques, et l'auteur appuie dessus dans son livre. La biographie de Gaskell a certes atteint son but (réhabiliter l'image de Charlotte auprès du public), mais elle a transféré l'intérêt du public des œuvres à l'autrice.



Pour conclure, je recommande cette œuvre, l'auteur est extrêmement rigoureux et sérieux dans son travail, et ce d'autant plus qu'il s'appuie sur les travaux de ses prédécesseurs (et Dieu sait qu'il y en a eus !) afin de faire le tri et avoir l'approche la plus vraie possible ; sa biographie est donc ainsi comme la somme des biographies précédentes, en condensé. Il est vrai qu'une fois de plus l'ensemble concerne beaucoup Charlotte, elle est comme le personnage principal ; ce n'est pas clairement établi, et les autres personnes ne sont pas oubliées, mais c'est quelque chose qui apparaît tout de même.
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date : 04-04-2019
Avant cette biographie, je n'avais lu que celle de Claire Tomalin (Jane Austen, passions discrètes) et je pensais avoir une image très fidèle - du moins autant que faire se peut avec les sources restantes - mais je dois avouer que mes convictions ont été assez ébranlées à ma lecture...

La première chose qui m'a frappée est malheureusement un défaut : l'auteur est moins disert que Claire Tomalin sur l'entourage de Jane Austen, mais cite autant de noms qu'elle, voire plus. Le résultat c'est qu'on se retrouve vite perdu car le fait de s'attarder un peu sur la vie de ces proches permet de les visualiser et de s'en souvenir (c'est un aspect que j'avais beaucoup apprécié chez Claire Tomalin). Dommage car on en retient finalement assez peu alors que le biographe est visiblement particulièrement bien renseigné sur l'entourage des Austen et donne quantité de noms. Le même problème est présent pour les noms de lieux.
Il y a un autre défaut qui n'est pas sans rapport avec le premier : le peu de structure du récit. L'auteur ne saute certes pas du coq à l'âne, les changements de sujet restent cohérents mais j'ai eu la très forte impression de l'absence d'un plan. Alors je me doute que l'auteur n'a pas travaillé sans plan, mais à tout le moins c'est invisible au lecteur et accentue la confusion créée par l'accumulation de noms. Et ça, je trouve que c'est un gros défaut pour suivre, à plusieurs reprises j'étais parfaitement incapable, et de situer à quel moment de la vie de Jane je me trouvais, et de me remémorer le cheminement (à peu près) pour en arriver là.

En revanche, ce que j'ai trouvé très intéressant, c'est le jour très différent sous lequel apparaît Jane Austen. Résumé en une phrase, par-rapport à ce que j'avais déjà pu en lire, je dirais que l'ambiance générale de la vie de Jane laisse une impression plus sombre, que cette dernière a un caractère plus acide et est plus fréquemment de mauvaise humeur que ce que l'on pourrait croire, et que ses relations (familiales comme amicales) étaient plus tendues et moins courtoises.
Il y a effectivement beaucoup plus d'amertume dans ses lettres, qui donnent à penser qu'elle n'était pas si stoïque et patiente en réalité, moins adepte de la devise si britannique "never complain, never explain". L'auteur s'appuie sur beaucoup de lettres pour cela, autant dire que le doute n'est donc pas permis. D'ailleurs j'ai été surprise par la quantité de lettres citées ici dont je n'avais jamais rien lu auparavant. Jane était donc, lors des épreuves, assez acerbe et même aigrie. Pas que je porte un jugement de valeur sur ses réactions, mais je trouve important de descendre l'autrice de son piédestal et d'essayer de la démontrer telle qu'elle était sans l'enjoliver : humaine. Elle n'était pas infaillible et même si la société de son époque prêchait beaucoup la patience et la résignation pour les femmes, je trouve plus "réconfortant" d'une certaine manière de penser à elle comme une femme imparfaite, qui n'était pas continuellement capable d'affecter la bonne humeur malgré les difficultés.
Elle pouvait également se montrer mesquine et hypocrite, et pas seulement avec les personnes qu'elle n'aimait pas. En témoignent les lettres où elle critique durement sa nièce Anna pour les petits plaisirs que s'est offerts cette dernière. Et elle la critique dans une lettre adressée à Fanny Knight, que le biographe décrit comme sa nièce la plus "froide" et "calculatrice". Je trouve ces remarques intéressantes, et elles collent plutôt bien avec ce qui est assez notoirement su de Fanny, comme la description qu'elle fait de sa tante, "très en dessous du niveau requis par la bonne société et ses manières", et que seule leur société, celle des Austen Knight, a sauvée "de la médiocrité et d'un manque de raffinement".
Par contre John Halperin lui rend justice à propos d'une critique qui lui est souvent faite : il souligne et insiste sur les éléments qui démontrent que si Jane n'écrivait pas sur la politique ou la guerre, elle se tenait bien au courant, avait ses opinions là-dessus et en discutait avec ses proches. J'ai aussi trouvé une anecdote particulièrement savoureuse, à propos du "petit morceau d'ivoire" sur lequel elle travaille avec un "pinceau très fin". Il se pourrait que cette métaphore soit beaucoup plus proche de la réalité qu'il n'y paraît, car Jane possédait un calendrier en ivoire accroché à un mur à Chawton. On pouvait y noter à l'encre les engagements à venir, puis les effacer une fois les inscriptions devenues inutiles.
Pour ce qui est des éléments factuels, un résumé assez complet de sa vie est fait, et je conseillerais volontiers l'ouvrage à un néophyte, n'eussent été les défauts que j'ai déjà reprochés à l'œuvre.

Les relations de la romancière avec son entourage présentent elles aussi un intérêt particulier dans cette biographie. L'auteur insiste plus dessus, et notamment sur les difficultés relationnelles au sein même de la famille, et la façon dont Jane était traitée : elle n'était après tout "qu'une vieille fille".
Elle n'était par exemple pas si proche de la plupart de ses frères (sauf Henry), qui lui préféraient Cassandra. Il suffit de regarder le prénom de leurs nombreuses nièces : une seule d'entre elles s'appelait Jane, mais plusieurs portaient le prénom de Cassandra. D'ailleurs Jane ne se rend jamais chez ses belles-sœurs pour les aider lors de leur accouchement, seule sa sœur le fait.
John Halperin fait une hypothèse intéressante en s'appuyant sur ce qui ressort des lettres survivantes : Jane et Henry auraient eu un caractère assez froid et détaché, au contraire de leurs frères et sœurs, plus chaleureux et impliqués. C'est une idée qui colle avec le comportement de Jane avec ses nièces : mis à part avec 2 ou 3 élues, elle se montrait assez froide et de manière générale il semblerait qu'elle n'ait pas aimé les enfants. C'est ce qui ressort de sa correspondance (par exemple elle écrit une fois à sa sœur qu'elle espère que sa nièce Cassy n'a pas laissé de puces dans son lit), mais aussi de ses romans : ils n'y sont jamais l'objet de son intérêt, et elle y fait mention plus souvent d'enfants intenables que d'enfants sages.
Elle avait une relation plutôt tendue avec sa mère, comme c'est déjà assez connu, et n'hésitait pas à glisser des piques à son propos dans sa correspondance, à se montrer sarcastique ou plus clairement agacée. En revanche là où le biographe surprend, c'est que les relations entre Jane et sa sœur adorée n'étaient pas forcément toujours au beau fixe. Rien de grave mais là aussi Jane pouvait faire preuve de sarcasme envers sa sœur, et ne pas hésiter à lui faire des reproches, alors qu'on présente souvent cette relation comme si les deux femmes s'entendaient parfaitement. Mais quoi de plus normal que des désaccords entre deux sœurs ? Celles-ci n'échappaient donc pas à la règle.
Par contre un aspect m'a encore plus étonnée que ce que je viens d'aborder, ce sont les multiples demandes en mariage dont le biographe fait ici état. Je n'ai pas compté mais l'auteur en dénombre quasiment 4 ou 5. Étant donné l'intérêt qu'éveille ce sujet chez tous ceux qui s'intéressent à Jane Austen, je suis assez dubitative en l'occurrence. John Halperin fait évidemment mention de la demande Harris Bigg Wither dont on ne peut douter, mais il évoque aussi, entre autres, un certain révérend Blackall et le frère de la femme d'Edward Austen, qui lui aurait fait sa proposition lors de son premier séjour à Godmersham, et qui après son refus se serait ensuite tourné vers Cassandra qui l'aurait également refusé. L'hypothèse est assez extravagante pour supposer que l'auteur s'appuie sur des bases solides, mais je ne puis m'empêcher de douter : c'est la première fois que j'en entends parler et l'histoire me paraît quelque peu saugrenue, compte tenue de l'estime relative dans laquelle était tenue Jane par sa belle-famille aristocratique.

Ce qui m'amène au doute que j'ai pu parfois éprouver au long de l'œuvre.
L'auteur présente un peu trop souvent des hypothèses (plus ou moins intéressantes) comme des vérités, et pour cela utilise un appui fragile sur de minces parallèles avec les œuvres de la romancière. Il a pourtant souvent été dit des mises en garde contre de tels procédés, et je m'étonne qu'un universitaire y ait autant recours.
Il a également un peu trop tendance à interpréter les textes de Jane pour aller dans le sens de ses hypothèses, même lorsque ces textes peuvent faire l'objet de différentes interprétations contradictoires. Et c'est une chose extrêmement courante avec l'usage très abondant de l'ironie que fait la romancière.
Plusieurs erreurs grossières parsèment aussi le récit (comme des confusions entre les romans, ou l'attribution d'une citation d'Edward Ferrars au colonel Brandon), bien sûr celles-ci pourraient n'être que des erreurs d'inattention mais jettent quelque peu le doute sur l'ensemble de l'ouvrage, surtout ajoutées aux points que j'ai précédemment soulevés.
En bref je suis partagée sur le crédit que je peux accorder à la biographie. D'un côté l'auteur est un universitaire sérieux, l'ensemble de la vie de Jane qu'il décrit est appuyé par d'autres sources, mais d'un autre côté j'ai été assez rebutée par les quelques fois où il faisait erreur ou imposait une idée comme certaine.

Un bon point pour la biographie, c'est l'analyse des romans. Cette analyse est peu technique, elle reste donc très accessible. J'aime bien par exemple l'avis de John Halperin selon lequel il n'y a pas d'héroïne plus austenienne que les autres : il réfute l'idée assez largement répandue selon laquelle Elizabeth Bennet est l'héroïne la plus caractéristique de sa créatrice, et déclare que Fanny Price (par exemple) l'est tout autant qu'elle. Je n'ai moi-même pas d'opinion assez arrêtée sur le sujet mais je trouve agréable de lire une opinion peu commune sur ce sujet.
Les 6 romans sont abordés ici, le problème c'est qu'il y a aussi peu de structure dans les analyses que dans la biographie à proprement parler. C'est dommage car l'auteur ne se contente pas de rédiger deux paragraphes sur chaque roman, mais l'étude part un peu dans tous les sens.
L'auteur propose des parallèles intéressants entre les romans et la vie de l'autrice, intéressants tant qu'ils ne font pas contre-sens avec ce qui est connu de Jane, et qu'ils ne viennent pas appuyer des théories incongrues.

Par exemple pour Orgueil et Préjugés, on peut souligner l'étude des caractères à laquelle se livre Lizzy : on peut dire sans craindre que Jane elle-même s'y livrait beaucoup, c'est ce qui fait l'essence de ses œuvres. M.Bennet y tient aussi un discours sur lequel il est intéressant de s'attarder : lorsqu'il s'inquiète de savoir si sa fille aime M.Darcy, il lui fait remarquer qu'au vu de son esprit brillant elle serait incapable d'être heureuse mariée si elle n'estime pas particulièrement son mari. Il n'y aucune possibilité de confirmer le caractère autobiographique de ces phrases, mais c'est une idée assez vraisemblable.

En revanche je n'ai pas pu m'empêcher de bondir à certaines de ces théories incongrues, voire déplacées au vu du caractère de Jane Austen.
C'est dans Northanger Abbey, la confusion que fait le biographe entre la déception de Catherine et celle de sa créatrice. En effet Catherine serait déçue de n'avoir à 17 ans pas rencontré un seul homme valable de son admiration, et brûlerait d'être populaire mais ne serait pas remarquée. D'une part, en ce qui concerne le roman, Catherine est une jeune fille très simple et modeste, peu coquette, qui ne s'indigne pas du manque d'admiration qu'on lui témoigne. D'autre part, lier ces prétendues déceptions de manière aussi péremptoire à la vie de Jane Austen me semble plus que douteux, car rien ne permet de les confirmer. Mais il y a pire : quand Jane Austen fait dire à Isabella Thorpe que ses affections sont toujours très violentes, John Halperin y décèle, dit-il, les "propres accents de la romancière". Non seulement ceci ne repose sur rien, mais en plus la romancière nous recommande clairement la tempérance et la raison en toute situation au travers de tous ses romans. Il fait ici selon moi un véritable contresens. Et encore dans le même roman, il prend un peu trop au sérieux le paragraphe satyrique de Jane Austen selon lequel une jeune fille devrait toujours montrer de l'ignorance pour charmer un homme. Il y a certainement un grain de vérité dans cette argumentation, mais peut-être pas au point de l'interpréter au sens littéral.

Enfin, c'est dans Mansfield Park une remarque de Mary Crawford qui est attribuée à l'autrice. La tirade porte sur le mariage et le "rôle de dupes" qu'on y fait jouer à tout un chacun. Selon l'auteur Jane aurait eu l'impression d'être dupée par Tom Lefroy dans sa jeunesse, par le mystérieux ecclésiastique qu'elle avait rencontré en vacances dans le Devonshire (celui dont la légende familiale veut qu'il ait disparu avant de la demander en mariage), et par le fait que mêmes les hommes qu'elle avait repoussés s'étaient vite consolés et avaient trouvé quelqu'un d'autre. Une telle supposition est totalement extrapolée, il n'y a absolument rien pour l'appuyer, et de plus Mary Crawford n'est pas une héroïne au travers de laquelle l'autrice parlerait.
D'ailleurs en ce qui concerne Tom Lefroy, l'auteur a émis plus tôt dans le récit l'idée que Jane n'aurait en réalité jamais été amoureuse, même pas de Tom dont il est fait pourtant si grand cas en règle générale. C'est une idée intrigante et originale, qui vaudrait la peine qu'on s'y attarde, mais l'auteur se tire lui-même une balle dans le pied par la suite en supputant que Jane s'est sentie dupée par lui particulièrement.

Pour finir, il y a quelques mots à dire sur les fins abruptes rédigées par Jane Austen. Elles ont déjà fait l'objet de beaucoup de discussions, donné lieu à des avis différents et enrichissants mais ici elles sont traitées sous un angle que je n'avais jamais envisagé. Apparemment, selon l'auteur, les fins heureuses ne seraient pas du goût de Jane mais elles seraient là pour faire plaisir au lecteur. Elle-même n'aurait pas vu la vie sous des couleurs heureuses et ne pensait pas qu'elle dût finir bien. Elle aurait peut-être même éprouvé de la jalousie devant la félicité qu'elle était obligée d'accorder à ses personnages.
Chacun a le droit d'avoir son avis sur la question mais pour ma part, je trouve cette supposition saugrenue pour être franche, et si je veux bien entendre qu'elle était peut-être pessimiste, pour le reste il me semble plus probable que Jane ait été mal-à-l'aise pour décrire le bonheur conjugal, plutôt qu'elle ait été jalouse et aigrie.



Pour conclure, mon avis sur la biographie est mitigé. D'une part j'ai envie de m'y fier au vu du parcours de l'auteur, et d'ailleurs la façon qu'il a de dépeindre Jane Austen dans son caractère et ses relations me semble vraisemblable même si nouvelle, mais d'autre part il y a un peu trop de théories, non seulement tirées par les cheveux mais surtout prises pour argent comptant. Je ne trouve pas que ce soit un travail sérieux.
Je tiens toutefois à préciser que ce que j'ai écrit est à titre de comparaison avec une biographie plus conventionnelle, c'est-à-dire que je n'ai pas précisé tout ce qui est déjà connu de la romancière et rapporté ici. En matière de quantité donc, les points prêtant à controverse de la biographie sont donc bien minoritaires par-rapport à son ensemble.
Je suppose que la romancière restera une énigme quelque soit son biographe, et sa vie sujette à de multiples interprétations, certaines plus probables que d'autres.
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J'avais repéré ce livre il y a un bon moment déjà, et j'avais hâte de voir comment l'auteur s'était débrouillé, comment il comptait trouver des trous dans le texte original pour les interpréter à sa guise, avec des hypothèses satisfaisantes. Je ne cache pas que j'ai été très déçue.

On ne suit pas l'intrigue originale ici, mais le script de l'adaptation (qui a été réalisée par l'auteur...). Il y a donc plusieurs infidélités au roman au niveau de la chronologie des événements, de certains dialogues qui n'auraient dû avoir lieu que par lettre, et même un personnage inventé de toutes pièces (Mrs. Cross, amie de Lady Susan). L'auteur fait justifier cette modification par le narrateur du fait que Jane Austen aurait transformé le récit initial en échange épistolaire, et qu'ici il ne s'agit que d'un retour à la source initiale. Je trouve l'argument un peu faible et facile, mais surtout il est très mal expliqué ! J'étais assez avancée dans le récit que je n'avais toujours pas compris la justification de l'auteur, et me demandais encore pourquoi le narrateur s'appuyait sur le script d'un film qui n'existait pas dans sa réalité (vous pouvez imaginer ma confusion).

Pour en venir à la tentative de réhabilitation de Lady Susan, je n'ai rien trouvé à sauver. L'auteur pouvait ici décider entre deux possibilités : tenter réellement de défendre Lady Susan, ou choisir de tourner la chose en dérision, pour arriver à un résultat drôle.
Pour ce qui est de la tentative sérieuse c'est raté. Je pensais déjà ne pas pouvoir être réellement convaincue, mais je m'attendais tout de même à lire des arguments piquants même si incohérents et qui offrent une perspective intéressante, une alternative qui fasse un peu sens. Cette alternative aurait pu ne pas résister à des comparaisons ou des raisonnements un peu minutieux, mais ça ne l'aurait pas empêchée de titiller l'intérêt du lecteur.
Hors, rien de tout cela. Le narrateur ne nous donne aucune argument véritable de tout le roman, et lorsqu'il est en présence d'une preuve de la perfidie de Lady Susan, il refuse de voir l'évidente réalité et se contente de geindre que sa tante n'avait pas été comprise et qu'elle aimait seulement plaisanter... Sa "critique" n'en est pas une, elle n'apporte strictement rien au récit initial, qui est ici le script de l'adaptation, je le répète.

En ce qui concerne la deuxième possibilité, celle qui était le but de l'auteur à mon avis, elle est aussi ratée. N'est pas Jane Austen qui veut, et il ne suffit pas d'inventer un narrateur fat et sot pour le rendre risible. D'ailleurs je trouve que la stupidité du narrateur n'est pas assez évidente au début : ça a été assez long pour moi d'en avoir la certitude, ce qui gâche totalement l'effet recherché et aurait empêché de toute manière de pouvoir vraiment rire de son argumentaire fallacieux. Pas qu'il y ait de quoi en rire de toute façon, j'ai eu l'impression d'un M. Collins sans envergure, ridicule, lourd et vaniteux, d'une incroyable mauvaise foi, qui accable ou loue la société en fonction de son intérêt et qui pinaille sur tout, jusqu'aux expressions populaires pour défendre son point de vue et accabler les De Courcy. Et sans une plume ironique de talent pour nous en faire rire, ce narrateur est une catastrophe.
Je pense ici en particulier à l'affaire des petits pois et à celle des 12 commandements (oui oui, 12, vous avez bien lu), que je ne me sens pas le cœur à détailler, mais la défense de sir James par le narrateur (car il s'agit de son oncle) est non seulement pitoyable, mais elle n'offre même pas l'occasion de s'en moquer avec amusement : c'est plat et fade.
Le but de l'auteur est donc, à mes yeux totalement manqué.

Concernant le style, je reconnais que des efforts ont été faits pour tenter de garder le lecteur en immersion dans le XIXème siècle anglais, mais le résultat final est quand même maladroit, ce n'est qu'une pâle copie de ce qu'il aurait été s'il avait été l'œuvre d'un (bon) écrivain de cette période.
Un peu dans le même thème, la traduction est différente de celle de mon exemplaire de Lady Susan, je me demande s'il s'agit d'une traduction inédite ; c'est dommage car je la trouve un peu moins soutenue et élégante.
Pour finir, au début j'étais assez contente de retrouver les lettres de l'œuvre originale car le narrateur laissait des commentaires à la fin de chacune d'elle, et si les commentaires n'étaient pas forcément satisfaisants en eux-mêmes, du moins les avais-je interprétés comme une preuve de la volonté de l'auteur de ne pas gonfler artificiellement les pages de son roman, et d'ajouter une plus-value plutôt que de se reposer sur un texte libre de droits. Sauf que... Au bout de 4 ou 5 lettres à peine, il a dû se trouver à court d'imagination car il a cessé de faire cet effort, prenant comme prétexte un caprice du narrateur. Autant dire que ça l'a encore enfoncé à mes yeux.

Pour conclure, j'ai été très déçue. Je m'attendais à voir quelque chose de vraiment sympa et original, contrairement à quantités d'austeneries qui surfent toujours sur les mêmes codes. Bien mené, le roman aurait pu nous offrir une ré-interprétation des faits originaux, ou profiter des "creux" dans la narration pour nous proposer un personnage ou des événements passés sous silence qui auraient justifié certaines décisions de Lady Susan. Hélas au lieu de cela, il faut nous contenter de ce travail bâclé et c'est ce qui me gêne le plus : j'ai la désagréable impression d'un projet marketing fait à la va-vite, qui comptait sur l'image de Jane Austen pour faire du bénéfice. D'ailleurs le narrateur dit s'appuyer sur le journal de Lady Susan pour réfuter les accusations qui pèsent sur elle, mais par un caprice bien pratique du scénario, ce journal est perdu et avec lui l'occasion pour l'auteur de se montrer vraiment créatif et ingénieux, quel dommage.

Bref, l'idée de départ est intéressante, mais elle est complètement gâchée par cet ersatz d'œuvre originale et pire, j'ai l'impression d'avoir été le pigeon d'une opération promo pour le film. Vous l'aurez compris, je ne conseille absolument pas ce roman, je n'ai retiré aucun plaisir de ma lecture, même pas un petit plaisir éphémère.
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J'ai eu la chance de trouver ce livre dans une bibliothèque de ma ville, au rayon jeunesse plus particulièrement. Ce qui m'a d'ailleurs quelque peu étonnée, et m'étonne toujours, car après l'avoir lu je pense qu'il s'adresse à un public déjà lecteur des œuvres de Jane Austen. Bref, revenons-en à nos moutons.

Je dois confesser que j'ai toujours eu du mal à tirer parti des "beaux livres", je n'arrive pas à être en contemplation devant des photos ou des dessins en règle générale. Je craignais donc d'être incapable d'apprécier cet album, mais à ma grande surprise ça n'a pas du tout été le cas.
J'ai pris beaucoup de plaisir à sa lecture et son admiration, j'avais même l'impression de déambuler dans un de ces fameux parcs "délicieux" et "charmants" qui parsèment les romans de Jane, j'étais clairement en terrain austenien.

Ce qui m'amène au point principal de ma critique : l'immersion. Dans les premières pages de l'album, l'écrivain nous annonce que nulle excursion ne serait pleinement réussie sans éprouver une sensation d'irréalité. J'étais assez dubitative à ce sujet, car cela fait malheureusement quelques mois que j'ai du mal à apprécier (adorer plutôt) Jane comme je le faisais avant. J'admire toujours son talent, mais je n'arrive plus à me plonger corps et âme dans ses histoires, à les placer aussi haut dans mes préférences littéraires. Je suis quand même redevable à cet album de m'avoir fait goûter ce sentiment d'irréalité qui m'était si familier.
Le pari est vraiment réussi à mes yeux, les auteurs ont réussi à recréer, par le biais de quelques textes, grâce au choix soigneux des tournures de phrases et à la minutie du vocabulaire, et de la délicatesse et de la douceur des peintures, l'atmosphère feutrée et pleine de quiétude d'un musée. C'est un apaisement de parcourir ces pages qui résument rapidement les intrigues des différents romans, mais qui offrent aussi plusieurs réflexions et points intéressants à méditer. S'ils ne sont pas neufs, ils ont du moins le mérite de donner envie de replonger dans les romans.

D'ailleurs l'auteur dit à un moment à propos du roman "Emma" (mais à mon avis ça s'applique à tous les romans de Jane Austen), que "d'aucuns, qui l'ont mal compris, estiment qu'il ne s'y passe rien, ou presque. Mais ce rien, c'est « tout », justement, c'est la vie - une profusion d'énigmes, de menues tricheries, de fantaisies sans conséquence". C'est exactement mon opinion (résumée, cela va sans dire) sur l'œuvre de Jane Austen, ce qui fait sa richesse et sa grandeur. Virginia Woolf en parlait très justement : "aucune histoire romanesque, aucune aventure, intrigue politique ou amoureuse n'était de taille à rivaliser avec la vie dans l'escalier d'une maison de campagne", ainsi que Walter Scott : "cette jeune femme a un talent pour décrire les relations et les sentiments de la vie ordinaire qui est à mes yeux le plus merveilleux que j'aie jamais rencontré. Le bruit et la fureur, je peux m'en charger, comme n'importe qui de nos jours, mais la touche exquise qui rend les choses et les gens intéressants dans leur banalité m'est refusée". Tout ceci résumé en une phrase de Fabrice Colin, chapeau.
Une autre réflexion de l'auteur qui m'a beaucoup plu, et qui devrait plaire à tout Janeite, c'est la réfutation du qualificatif d"auteur sentimental". En effet, "certains - ceux qui ne les ont pas lus - croient que les romans de Jane Austen ne sont que de jolies fables parfumées à la rose ou à la violette... [...] En vérité, elle est l'une des plus grandes créatrices que la littérature ait jamais enfantées. Elle a inventé un monde : le monde enchanteur de ses livres [...] où tout, toujours, est placé sous le signe du sens". Voilà, merci M. Fabrice Colin.

Un dernier détail que j'ai beaucoup aimé, c'est que la "visite" du musée est guidée par Lizzie elle-même. Ce rôle important, ajouté à la ressemblance soulignée par les auteurs entre ce personnage et Jane Austen, me fait penser qu'Elizabeth sert ici d'avatar à Miss Austen, les auteurs n'ayant peut-être pas osé utiliser l'image de cette dernière. C'est peut-être idiot mais j'ai aimé retrouver une de mes opinions personnelles dans l'album : celle selon laquelle Elizabeth est le personnage de Jane qui lui ressemble le plus (en ce qui me concerne je vais même encore plus loin, car j'ai l'intime conviction que Lizzie ne se contente pas d'être, parmi ses créations, celle qui lui ressemble le plus, elle est Jane elle-même).
En revanche je n'ai pas compris le choix de la couverture. À la lecture de l'album on comprend qu'il s'agit de Marianne et Willoughby, lorsque ce dernier la sauve après qu'elle se soit tordu la cheville, mais ils sont loin d'être un couple emblématique (comme Elizabeth et M.Darcy ou Anne et le capitaine Wentworth),
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et d'ailleurs ils ne sont jamais un couple officiel puisque Willoughby tient lieu de "rascal" dans le roman
. Peut-être que cette illustration a été choisie car c'est la seule qui dépeint un couple dans une pose romantique "classique", étant donné qu'il s'agit de la seule situation qui justifie cette pose, mais je trouve ça dommage.

Pour conclure, j'ai eu presque autant de délectation (presque seulement, il ne faut pas exagérer) à parcourir les pages qui forment ce musée imaginaire, que j'en aurais eu à visiter un véritable musée consacré à Miss Austen.
Je ne vais pas mentir, pour un connaisseur il n'y a rien à apprendre dans ces pages, seulement le plaisir de lire un discours qui, s'il est déjà connu, n'en est pas moins toujours délicieux à relire et à trouver chez d'autres.
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J'ai adoré cette lecture. C'est la première biographie que je lis sur la famille, mais je connaissais déjà leurs vies dans les grandes lignes grâce à internet.
En comparant avec ce que je savais déjà, j'ai l'impression que cette biographie est très fiable, autant dans la description des faits que dans l'interprétation que l'autrice est parfois amenée à faire de l'état d'esprit de la fratrie (pour moi une biographie ne consiste pas qu'à relater des événements, il faut savoir "prendre des risques" et proposer sa compréhension des choses). Charlotte Maurat s'appuie en partie sur la biographie écrite par Mrs.Gaskell, mais elle prend en compte les reproches dont elle a fait l'objet et les a bien précisés ici afin de rectifier ces inexactitudes. Il y a également beaucoup de références à la correspondance de la famille et surtout de Charlotte avec Ellen Nussey, ce qui est encore la source la plus fiable pour une biographie.
J'ai beaucoup apprécié voir un détail de la vie de Charlotte être repris dans le film d'André Téchiné (Les Sœurs Brontë) : c'est lorsqu'une de ses camarades de pensionnat à Roe Head, Mary Taylor, lui dit "[qu'elle et sa famille] étaient comme des pommes de terre en train de germer dans une cave". Elle faisait par là référence à leur incroyable érudition dans un village perdu dans le nord de l'Angleterre. Dans le film c'est Branwell qui adresse ces paroles à sa sœur Anne, alors que cette dernière réprouve timidement sa liaison avec la femme de son employeur. Le contexte et le sens sont donc différents mais c'est un détail qui m'a amusée.
Bref, comme je le pressentais, la vie des Brontë m'a passionnée et j'ai été happée par ma lecture. Je ne regrette vraiment pas mon achat, d'autant que, même si c'est un peu futile, mon exemplaire est d'occasion et lire cette "histoire" si pittoresque dans un vieux livre aux pages jaunies et aux caractères d'imprimerie un peu anciens n'a fait qu'ajouter au charme suranné de ces vies si courtes et pitoyables.
En revanche le titre est un peu trompeur dans le sens où l'autrice s'attarde bien plus sur Charlotte que sur ses sœurs, mais celles-ci sont présentes dès le début, même si pas jusqu'à la fin hélas, puisque Charlotte leur a survécu.
Je recommande à tous les amateurs des Brontë, c'est un ouvrage très instructif et qui se lit tout seul.
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date : 10-10-2018
Attention je spoile tout !

Je vais commencer par un point négatif : j'ai trouvé la durée d'exposition extrêmement (excessivement même) longue. Le récit passe son temps sur le caractère des personnages et sur des descriptions de paysages mais sans le talent de Jane Austen (pour le premier aspect) ni celui de Charlotte Brontë (pour le deuxième aspect), et tout est sans cesse rabâché. J'ai tellement attendu un peu d'action que lorsqu'elle est arrivée, portée par des événements dramatiques pour l'héroïne, je n'ai même pas eu de sympathie pour cette dernière, j'étais juste contente que ça commence enfin. Tenez, à la page 100 on se trouve toujours dans les contemplations. En parlant de ces dernières, elles servent trop souvent de prétexte pour que les personnages soient en extase en évoquant Dieu à tout bout de champ...

L'intrigue est un bon point du roman : elle est captivante et contient beaucoup d'éléments mystérieux à expliquer. Ils s'expliquent d'ailleurs tous par la suite, leur explication consiste en beaucoup de coïncidences et d'improbabilités mais ça fait partie du jeu quand on lit ce genre de littérature donc le contrat est rempli. Aucun élément n'est surnaturel.
Le côté gothique est un peu cliché, il utilise des éléments classiques comme l'enterrement à minuit, le château en ruine, les chauve-souris... Mais l'ensemble forme un tableau très convaincant et instaure une bonne ambiance propice à ce genre littéraire.

Le gros défaut du livre est pour moi la surabondance de bons sentiments. C'en est à un tel point que j'en étais écœurée, vraiment, et je trouve que loin de faire sympathiser avec les personnages, ça ne fait que rendre ces derniers irréels mais surtout insupportables de pureté. L'adjectif de "doux" est utilisé absolument à toutes les sauces et pour tout décrire : traits comme expressions, voix comme émotions et même plus encore... En plus de ça c'est le genre de trait de caractère qui ne m'attire assez peu dans un personnage à la base, et ici l'héroïne est douce jusqu'à la faiblesse. Sans compter qu'assez de larmes sont versées dans ce roman (tous personnages confondus) pour remplir une piscine olympique. Et attention, les héros "versent" des larmes, ils ne se laissent pas aller à renifler, crier ou gémir, ou à se retrouver avec les yeux bouffis ! Non non, ils s'en sortent toujours très dignement.
Personnellement le traitement des personnages est tellement "gnangnan" que ça déteint sur le livre dans son entier.

Les paysans (et les pauvres de manière générale) sont énormément enjolivés. Ils ont la bonté et la noblesse d'âmes simples et pieuses qu'on retrouve souvent dans leur description par des auteurs qui ne connaissent pas grand-chose à leur vie. Ce ne sont que des images champêtres idéales, loin de la réalité (et loin de Maupassant). Il y a de joyeuses danses près de la Garonne après leur journée de travail, des danses pour les vendanges, ils jouent tous de la musique... Bref on croirait plus à de la propagande qu'à une véritable représentation de la vie à la campagne à l'époque.

En ce qui concerne Émilie, c'est une vraie Mary-Sue : elle a toutes les perfections physiques, toutes les qualités morales pour l'époque, elle est dénuée de défaut. Sainte Émilie plaide pour tous : sa tante qui l'a pourtant maltraitée et humiliée (d'ailleurs le personnage est épouvantable mais d'une façon parfaitement crédible), pour le comte qui a tenté de l'enlever (après de multiples refus de l'épouser de la part d'Émilie), elle réconcilie deux brigands entre eux... Elle pousse la vertu et les principes jusqu'à l'absurde : elle fait taire sa servante Annette par bienséance (discrétion) alors qu'elle détient des informations qui pourraient se révéler importantes dans sa situation critique, et se refuse à tirer les vers du nez à une petite paysanne qui pourrait la renseigner sur le sort qu'on lui réserve.
D'ailleurs c'est simple, tous les personnages masculins craquent pour elle d'une façon ou d'une autre : le paysan Voisin l'aime comme sa fille au bout de deux jours de fréquentation, l'abbesse du couvent la présente rapidement aux autres comme une personne très estimée et elle séduit tous les hommes sans rien faire, même des brigands endurcis par le vice (qui ont dû connaître quantité de femmes) qui l'acceptent en paiement d'une dette. Ils sont comme des mouches autour d'un pot de miel (et j'utilise la version gentille de l'expression). En bref, j'ai largement préféré le personnage de Blanche, beaucoup plus attachante.
Annette est vraiment sympathique, même si elle sert surtout à faire les questions et les réponses, elle est utile au récit pour montrer un personnage vraiment effrayé sans pour autant "diminuer" la dignité d'Émilie en la faisant croire à des superstitions. Le personnage est attendrissant, et son couple avec Ludovico est adorable, plus que le couple principal même. La pauvre est abandonnée sans un regard par Émilie lors du siège, j'étais un peu choquée du manque d'empathie de ce personnage supposé parfait : elle défend les plus indéfendables mais n'est pas plus émue que ça par le sort de sa suivante qui a tout fait pour l'aider.
Montoni est un véritable méchant de roman gothique, mais il n'est pas ridicule ; il est même crédible dans ses projets et son absence totale de remords ou d'empathie quant aux moyens qu'il met en œuvre pour parvenir à ses fins.
En revanche le personnage de Dupont est proprement insupportable. Il est extrêmement pénible de pitié et en même temps d'opportunisme. Oui il aime Émilie, oui c'est triste qu'elle ne réponde pas à son amour mais je n'en pouvais plus de le voir se traîner comme une âme en peine en espérant émouvoir Émilie. L'attitude du comte est plus qu'agaçante à son propos : Émilie doit oublier instantanément Valancourt pour tomber dans les bras de Dupont, mais celui-ci ne doit pas renoncer à son amour pour elle alors qu'il n'y a aucun absolument aucun espoir de ce côté (la principale intéressée est plus que claire à ce sujet). J'étais dans une colère face à ça, Émilie n'a pas vocation à se sacrifier pour le plaisir de monsieur ! Elle ne va pas se mettre à l'aimer par reconnaissance, elle n'est pas bénévole du cœur non plus ! Heureusement que tout ça ne dure au final pas trop longtemps.

Je comprends la volonté de Jane Austen de pasticher le genre, il y avait en effet de quoi faire, entre les pâmoisons innombrables (qui m'ont tantôt fait rire, tantôt fait lever les yeux au ciel), les passages secrets absolument omniprésents (à se demander comment les fondations du château n'étaient pas sapées ---> je plaisante) et les bandits (italiens !) qui grouillaient littéralement.
J'ai lu quelque part une chose dans laquelle je me retrouve totalement (et je ne suis pas la seule) : je n'ai absolument pas adhéré au siècle de l'histoire. Il n'y avait rien à faire, je n'avais en tête que des costumes et que l'environnement du 19ème siècle. Je ne sais pas à quoi c'est dû, mais c'était tellement ancré dans mon imaginaire que j'ai cessé de lutter au bout d'un moment.

Pour conclure, je pense que c'est un genre littéraire qui a beaucoup vieilli, c'est trop cousu de fils blancs et naïf (malgré les événements terribles qui se déroulent) pour des lecteurs de notre siècle je trouve. Bien sûr il est certainement possible d'apprécier ce genre de littérature même de nos jours, mais ce sera plus à titre de curiosité (AMHA). En tout cas je n'ai pas du tout été touchée par le style du récit ; c'est dommage car l'intrigue est captivante, mais je ne peux vraiment pas passer outre.
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date : 21-09-2018
J'ai enfin lu ce monument de la littérature anglaise. Ce qui est dommage, c'est que j'ai eu la bêtise il y a quelques années de parcourir une édition abrégée, ce qui fait que même si je ne connaissais (ou ne me rappelais) pas les détails, je me souvenais par contre bien du dénouement. Du coup ça gâche une partie du plaisir tout de même.

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J'ai adoré la romance. J'ai trouvé que l'histoire d'amour était très forte, elle imprègne véritablement le récit. De plus je l'ai trouvée particulièrement crédible, et je suis assez difficile sur ce point (je ne suis pas du tout adepte des histoires d'amour à la Twilight qui ne me paraissent reposer sur aucun fondement). Mais là, la relation dure un bon moment, les deux protagonistes se fréquentent quotidiennement, échangent beaucoup et partagent de véritables moments de complicité qui les rapprochent. Le désir entre eux aussi est très présent, même si, époque oblige, il est seulement sous-entendu. Il y a une excellente alchimie entre eux.
J'ai seulement trouvé dommage que la période de félicité amoureuse ne dure pas très longtemps avant le "drame". Tout de suite après les fiançailles, on assiste à une période un peu étrange où Jane cherche à tenir M.Rochester un peu éloigné, comme si elle le testait, mais j'ai surtout eu une désagréable impression de dissonance entre eux, alors qu'avant ça je les trouvais très complices.

M.Rochester est très très séduisant, je l'avoue, même s'il n'est pas beau : il a un charme fou. Et son caractère est très attirant par ses défauts aussi, il est rude mais pas cruel (selon moi), il est surtout complètement perdu et (il faut l'avouer) égoïste. Il est sombre (après les déceptions vécues c'est normal) mais ne tombe pas dans l'abus : pour moi ses menaces sont là pour la beauté du texte, dans la veine Romantique (au sens littéraire) du récit, elles ne sont pas réelles (autrement le personnage baisserait fortement dans mon estime...). C'est un misanthrope, un vrai, et un loup solitaire qui trouve enfin la compagne faite pour lui. La fin est un peu dure pour lui mais j'aime le fait que son caractère évolue sans se dénaturer (il ne serait plus M.Rochester s'il devenait un parfait gentleman).

L'histoire de la première épouse est une excellente idée. Malheureusement je m'étais fait spoiler cette partie de l'intrigue il y a très longtemps dans un autre livre (trahie par la littérature...) mais si ça n'avait pas été le cas, je pense que je n'aurais vraiment pas vu venir une chose pareille, ça aurait été impensable pour moi.

Le personnage de Jane est agréable, elle n'est pas parfaite mais elle a des qualités importantes. Avec le recul je me rends compte qu'elle présente des symptômes des enfants battus, ou du moins négligés. Elle a beau avoir un fort caractère et être capable d'être dans l'affrontement, lorsqu'on la prend par la douceur elle est aussi docile qu'un agneau. J'adore sa déclaration d'amour à M.Rochester, et que ce soit elle, la femme, qui se déclare. Physiquement, j'apprécie le fait qu'elle soit explicitement décrite comme sans beauté.

J'ai détesté St John, j'ai vu en lui tous ces fanatiques (de tous bords) intolérants et fous furieux. C'est un des défauts que je déteste le plus dans l'humanité, d'autant qu'ils ne doutent pas une seule seconde être dans le juste. Pour en revenir à St John, j'ai trouvé son harcèlement envers Jane révoltant et rageant. Je l'ai trouvé insupportable d'égoïsme, d'arrogance et de dureté, "qualités" a priori peu chrétiennes d'ailleurs. Il a tous les défauts du christianisme sans en avoir les qualités (humilité, bonté... Certes il sauve Jane de la mort mais autrement il est extrêmement dur), il est totalitaire. D'ailleurs sa mission en pays étranger (qu'il n'est pas le seul à vouloir accomplir, j'en suis consciente) n'est rien d'autre qu'un type de colonisation insupportablement condescendante et violente psychologiquement envers les locaux. Et la façon dont Jane relate sa fin montre bien qu'elle le respecte et l'admire, ce qui me gêne beaucoup étant donné le mal-être qu'il me procure.
Mais du coup je trouve qu'en tant que personnage, St John est extrêmement réussi et intéressant (un peu comme Rogue dans Harry Potter) : il me fait éprouver des émotions violentes, peu importe qu'elles soient négatives. Au début je ne comprenais pas la faiblesse de Jane à son égard, mais en y réfléchissant, c'est assez crédible : ça rejoint ce que je disais plus haut, le fait que Jane présente des symptômes d'enfant battu, tout ça trouve sa source dans son enfance malheureuse et dépourvue d'affection. C'est très fin et nuancé comme traitement de son personnage.
En revanche j'ai trouvé la partie où Jane part bien trop longue dans l'ensemble du récit. Question de goût j'imagine, mais j'ai l'impression d'avoir passé plus de temps à attendre après M.Rochester qu'à avoir savouré leur relation.

Sinon je n'ai pas été dérangée plus que ça par la télépathie ou les diverses coïncidences qui parsèment le récit. Oui c'est impossible ou invraisemblable, c'est un peu (beaucoup) gros à avaler, mais je trouve que ça se fond bien dans la veine du roman, dans son ambiance un peu exaltée voire mystique à certains moments. On n'est pas dans du réaliste à 100% ici, donc ça ne m'a pas du tout gênée.

La fin est expédiée un peu vite. On parle de Jane Austen qui épilogue rapidement sur le bonheur conjugal de ses héros, mais Charlotte Brontë se défend pas mal non dans cette catégorie, on ne peut pas dire que le mariage en lui-même et la description de la vie conjugale soient chargés d'émotion (ce que je lui reproche).

Parmi les points négatifs, c'est purement personnel mais la présence constante de la religion m'a saoulée. Je sais que c'est une autre époque, que Charlotte était fille de pasteur mais franchement, j'en pouvais plus de lire autant de rappels et références à la religion à toutes les pages. Jane Austen aussi était apparentée à des pasteurs, ainsi que pratiquante elle-même, pour autant on l'évoque à peine dans ses romans. Bref je sais que c'est très subjectif mais c'est quelque chose que j'ai trouvé pénible à la lecture.

J'ai eu un petit peu de mal avec le style à ma première lecture. Le roman se lit très bien et sans difficulté, mais j'avais trouvé le style un peu grandiloquent et lourd par moments. Peut-être est-ce une caractéristique du mouvement romantique ? Ce n'était pas entièrement négatif, mais c'était un peu "poussiéreux" si je puis dire. Après plusieurs relectures et l'apprivoisement du roman, ce n'est plus du tout le cas et je savoure la plume et les descriptions de Charlotte avec beaucoup de plaisir.

Et pourquoi le récit est-il autant parsemé de piques sur les Français ? Je sais qu'il y a une vieille rivalité entre les deux peuples, mais parmi les auteurs français que j'ai pu lire de la même époque, je ne me rappelle aucune remarque sur les Anglais. Quant à des "défauts français"... Je veux bien croire que les mentalités générales diffèrent quelque peu, mais je ne pense vraiment pas qu'il soit judicieux de critiquer la futilité et la coquetterie supposée des Française quand on a une Blanche Ingram dans le récit, qui cherche sans cesse à se faire admirer et qui ne poursuit M.Rochester que pour son argent.
Et pour ce qui est de la condescendance envers la religion catholique, c'est un peu culotté quand on met dans son livre un pasteur comme St John, et que le seul autre exemple que nous avons est Brocklehurst...

Mais globalement, le récit en lui-même se dévore (comme quoi le style n'est pas idéal à mes yeux mais il n'alourdit pas trop le propos), il est vraiment passionnant et regorge de rebondissements. Le suspens est intact car on a l'impression que tout peut arriver quand on voit ce que l'auteure ose : une femme folle dans le grenier, Jane qui manque mourir de faim dans la lande, l'incendie... D'ailleurs je n'ai pas pu lâcher le livre et je l'ai lu en deux jours !

J'ai vraiment aimé ce roman, il est vraiment riche et je le relirai avec plaisir dans le futur.
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date : 21-09-2018
Je dois dire que c'est un très joli roman qui m'a beaucoup plu globalement.
La description de la vie de gouvernante était extrêmement intéressante et pédagogique. Je comprends mieux ce que voulait dire Jane Fairfax dans Emma lorsqu'elle parle d'état d'esclavage, ça m'a un peu rappelé le livre d'Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements. C'était vraiment une situation horrible et dégradante, je n'imagine pas vivre une expérience pareille, c'est un coup à vaciller entre burn-out et dépression. Je ne pense pas que ce soit exagéré : ça existe parfaitement des enfants (et des familles !) aussi insupportables et manquant totalement de savoir-vivre. Et c'est normal qu'Anne Brontë ne montre que ce genre d'enfants, elle en fait un plaidoyer en faveur des gouvernantes, elle s'appuie donc sur ce qui le justifie.
J'ai eu la sensation de lire une autobiographie d'Anne, ce qui explique peut-être pourquoi le personnage d'Agnes est moins dur et plus timide que ceux des autres sœurs Brontë. Elle correspond bien à ce qu'on sait d'Anne, à savoir qu'elle est plus calme et douce, mais qu'elle n'est pas pour autant faible ou molle. Comme certains connaisseurs le savent, elle avait une certaine obstination et une force tranquille. Elle n'était pas violente ou vive mais capable de beaucoup quand elle prenait une décision. Il suffit de voir sa détermination à travailler en tant que gouvernante, même après son horrible première expérience.

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Pour ce qui est de la romance, je l'ai beaucoup appréciée. M.Weston m'a paru un prétendant tout-à-fait intéressant, intelligent, cultivé, avec une vraie force de caractère et une droiture morale qui ne le rend pas pour autant rigide ou fade : c'est ce qu'aurait dû être Edmund Bertram dans Mansfield Park pour être plus attrayant. Certes M.Weston n'est pas un boute-en-train mais personnellement je l'ai trouvé bien agréable et je comprends que la douce et pieuse Agnes Grey ait pu être bouleversée par lui, leur union était naturelle. Le seul souci, c'est le manque de développement de liens entre les protagonistes : la romance commence très bien, mais à peine les protagonistes ont-ils le temps de se rencontrer et d'échanger quelques paroles, un début de connaissance, que miss Murray tient Agnes à l'écart. D'ailleurs quel comportement de peste a celle-ci ! Qu'elle s'amuse à flirter avec différents hommes sans aller jusqu'au mariage, passe encore pour moi qui suis, en tant que lectrice du 21ème siècle, peu choquée par ceci (encore qu'elle joue avec les sentiments de ses prétendants), mais s'acharner à vouloir séduire le seul homme pour lequel la pauvre Agnes a montré un tant soi peu d'intérêt ! C'est très bas, d'autant plus que sa gouvernante est très bonne avec elle. J'en profite pour faire un petit aparté : j'aime beaucoup que la deuxième famille dans laquelle Agnes travaille soit désagréable, mais de manière plus nuancée (et peut-être plus courante aussi) que la première. Je trouve que ça apporte une belle nuance au récit.
Bref, j'espérais qu'après le mariage de la peste, Agnes aurait l'occasion de reprendre sa relation avec le pasteur, afin d'approfondir un peu leur histoire avant l'obstacle suivant qui ne manquerait pas de se présenter, mais hélas non : il éveille à peine l'intérêt qu'il disparaît... Mais l'idée de base de cette romance (et son aboutissement) m'a séduite. À titre personnel, j'ai aussi été séduite parce que l'image que j'avais de M.Weston était celle de l'acteur Sam Riley.

Un point très positif du roman : le style, je l'ai beaucoup aimé. Je l'ai trouvé bien plus digeste que celui de ses sœurs et moins grandiloquent, ce qui m'a rendu le livre très agréable à lire. Je le trouve plus réaliste que romantique, très sobre sans être aride. Je vous confesse qu'il m'évoque un peu celui de Jane Austen et a donc ma préférence. J'aime beaucoup les descriptions notamment, qui ne prennent pas beaucoup de place tout en permettant de planter le décor, mais surtout les pensées d'Agnes Grey. J'aime beaucoup sa délicatesse d'esprit, elle est très croyante mais de manière retenue, sans tout ramener à la religion ou prier de façon exaltée. Elle me plaît beaucoup cette jeune fille, je l'aurais bien suivie plus longtemps ; ce qui nous amène au point suivant.

Pour parler des points négatifs, je dirai que le récit était trop court à mon goût, j'ai trouvé ça vraiment dommage, d'autant que je prenais plaisir à lire la vie d'Agnes et à suivre les méandres de son esprit calme mais déterminé. Le dénouement m'a paru un peu rapide et improbable, ce qui m'a un peu gênée car le récit ici est plus réaliste et ne laisse pas place au surnaturel et à l'invraisemblable comme dans Jane Eyre. Bref, j'ai un sentiment d'inachevé à cause de la fin un peu "bâclée" du roman. Je veux dire, on attend longtemps qu'il se passe quelque chose, puis M.Weston arrive et en deux pages, Agnes nous apprend que sa mère l'adore et il la demande en mariage. Dans l'idée c'est parfait, mais j'ai l'impression d'un manque criant de romantisme (au sens commun du terme) et d'émotion lors de cette demande en mariage qu'on espère depuis si longtemps.
Ce qui m'amène au sentiment de compassion teinté de tristesse que j'éprouve pour l'auteure à la conclusion du récit (à partir du moment où le pasteur refait surface). Je ne sais pas à quel point je peux viser juste ou pas, mais ça me fait fortement l'impression d'un rêve, voire d'un fantasme, d'Anne. Il faut dire que l'héroïne, de par son caractère, et de par son métier, fait énormément penser à elle et ceci me fait donc soupçonner qu'elle a écrit sa propre fin heureuse rêvée, pressentant peut-être qu'elle n'en connaîtrait pas (et il y avait en effet peu de chance, étant donné sa situation financière).


Pour conclure, je finirai en disant que ce roman m'a beaucoup plu, plus que les Hauts de Hurlevent en tout cas, et peut-être même plus que Jane Eyre. Jane Eyre a pour lui un récit suffisamment long et construit pour satisfaire mon appétit de lectrice, mais le style est, pour moi, en faveur d'Anne. Son roman est fait d'une multitude de petites touches discrètes qui donnent un résultat très délicat.
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Enfin ! Il y avait longtemps que je voulais lire du Lovecraft et j'ai vraiment adoré !
L'auteur est extrêmement doué pour nous faire ressentir de l'horreur, surtout avec d'autres créatures que les "traditionnelles" (sorcières, vampires, loups-garous...).
Gros coup de cœur pour La Cité sans nom (horrible découverte archéologique), Le Cauchemar d'Innsmouth (le métissage contre-nature) et Celui qui hante les ténèbres (j'ai adoré la découverte de la vieille église).
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date : 04-08-2018
Quand j'ai lu ce roman pour la première fois, je me suis retrouvée démunie pour rédiger un commentaire, parce qu'il m'était passé complètement à côté. Ce n'est même pas que je l'avais pris à contre-sens, auquel cas j'aurais au moins été sur la bonne "route", non, moi j'avais pris une route complètement parallèle à la bonne. Le résultat c'était un détachement complet de l'intrigue et des personnages. Je suis restée complètement indifférente à cet ouvrage, mon cœur n'a été touché d'aucune manière. Je n'étais contente de l'avoir lu que parce que c'est un classique, que c'était de la culture littéraire.

Je ne l'ai bien sûr pas trouvé joyeux, mais je m'y attendais (vu sa réputation), et une sensation de noirceur ou de malaise comme beaucoup de lecteurs décrivent leur expérience ne m'aurait pas du tout gênée.
Par exemple, j'ai eu cette sensation de malaise en lisant [i]Le livre des choses perdues[/i] de John Connolly. Certains passages m'ont paru affreusement glauques et même malsains, sans recourir à des facilités. Mais quelque part "j'aime" cette sensation, je veux dire que ce n'est pas ce que je lis pour me remonter le moral, mais je trouve ça fascinant comme un auteur peut me faire éprouver ces émotions avec aussi "peu" si l'on veut. C'est facile d'écœurer un lecteur en décrivant avec quantité de détails gores une scène macabre comme un sacrifice humain ou un affreux fait divers inspiré de la réalité. Mais là on aurait dit que l'auteur allait rechercher dans nos peurs et notre imaginaire de l'enfance pour nous faire éprouver cette répulsion.
Bref, je m'égare mais c'est pour mieux souligner que j'aurais aimé avoir un ressenti semblable avec Emily Brontë.

Les personnages ne sont pas seulement désagréables, ils sont également bizarres et incompréhensibles. Je peux m'attacher à un personnage si j'arrive à comprendre sa psyché et trouve ses actions crédibles, même s'il est désagréable. Et même un personnage que je n'aime pas, peut tout de même me sembler fascinant sur le plan littéraire (St John dans [i]Jane Eyre[/i]). Mais ici c'est impossible car je trouve les principaux protagonistes (Heathcliff, Cathy mère et Hindley) complètement absurdes. Ils n'ont pas de corps en dehors de leurs actes négatifs. Ils ne peuvent pas me fasciner car je n'arrive pas à les suivre ni à les comprendre, et leurs actes me paraissent tellement sur-joués  :suspect: ... En fait ils me font l'effet de personnages de tragédies grecques, complètement dans l'excès et donc, dans ce contexte de roman anglais victorien, un peu grotesques.
Très clairement j'ai eu une impression de mélange entre romans anglais et tragédie grecque pour certains aspects (d'ailleurs Emily était une grande connaisseuse il me semble). Je dois avouer que le résultat ne m'a pas convaincue.

Le personnage d'Heathcliff est étrange, je sais qu'il est souvent excusé à cause de ce qu'il a vécu enfant mais même à cet âge, je trouve qu'il a quelque chose de tordu. Je ne le qualifierais peut-être pas de démon comme le fait Nelly, mais je pense qu'elle a mis le doigt sur quelque chose. Quand elle-même reconnaît qu'il la mettait mal à l'aise sans savoir pourquoi, ça m'évoque le personnage de Jean-Baptiste Grenouille dans [i]le Parfum[/i]. Bien sûr c'est une dynamique complètement différente qui est à l'œuvre mais ce personnage aussi met les autres mal à l'aise sans que ces derniers sachent pourquoi.
Cathy est certes égoïste mais Heathcliff a quelque chose d'inhumain. Il n'est pas une victime totalement innocente. Son amour pour Cathy est la seule chose positive du personnage, et c'est loin d'être suffisant ou assez bon pour une rédemption. Qu'il se venge sur ses ennemis, ceux qui lui ont fait du tort, je comprends. Mais qu'il s'en prenne à la génération suivante est absolument inexcusable. Je me fiche qu'il ait souffert, il ne mérite aucune pardon pour moi, son attitude a été incroyablement mesquine, lâche (il maltraite des enfants) et bien basse. Mais je peux comprendre que des lecteurs apprécient le personnage quand même, on n'est pas réduit à n'aimer que les personnages bons.

Cathy mère est, elle, capricieuse et infernale, vraiment pourrie gâtée. Mais je comprends son mariage. Je sais que le contexte du récit est tellement étrange qu'il apparaît déconnecté des réalités, mais les conventions ne disparaissent pas : Cathy est membre de la gentry locale, Heathcliff est un enfant trouvé dont le prénom lui sert également de nom de famille, je ne sais même pas s'il a une existence légale dans sa jeunesse. Si Cathy l'épousait il se passerait quoi ? Ils vivraient de quoi ? Et elle-même dégringolerait jusqu'au plus bas de l'échelle sociale. Franchement je ne lui en veux pas de son choix, il ne faut pas oublier que la société n'était vraiment pas la même à l'époque.

J'en arrive maintenant à l'amour qui unit les deux principaux protagonistes. Je trouve cet amour plus animal qu'humain, c'est quelque chose d'instinctif plutôt que réfléchi, qui les prend vraiment aux tripes. D'un point de vue humain, c'est une passion plutôt que de l'amour, il y a trop de dureté et d'égoïsme dans leurs sentiments pour être de l'amour. Quelqu'un a dit qu'il s'agissait du type même de l'amour passion : violent, stérile et fatal. Je suis entièrement d'accord et j'ajouterai que c'est un élément qui m'évoque encore les tragédies grecques.
Quelqu'un sur ce forum (un invité)
Quant au sentiment d'inceste qui plane sur tout le roman, j'avoue que je me suis moi-même posé la question de savoir si Heathcliff n'était pas le fils naturel du vieil Earnshaw. J'ai lu quelque chose à propos d'une impression d'ambiguïté voulue par l'auteure concernant les origines de Heathcliff et pour les éléments qui vont dans ce sens on peut relever que leur relation "n'aboutit pas à un mariage", que "leurs descendants ne pourront pas s'unir" (charnellement), et enfin le nom de Heathcliff qui "était à la base celui d'un fils mort en bas âge".

Pour le style, je dois avouer que je ne le trouve pas spécialement magnifique. Il y a quelques passages et scènes belles dans leur genre : comme le passage au début avec le fantôme de Cathy, et le rêve que fait cette dernière lorsqu'elle est rejetée du paradis sur la lande, magnifique car en résonance avec l'amour d'Emily pour sa lande chérie  :love1:. Mais à part ces exceptions, je trouve le style seulement travaillé. Ce qui n'est déjà pas mal, mais je n'ai pas été emportée dans le tourbillon d'Emily Brontë, notamment lors de dialogues ou longs monologues qui sonnaient faux à mon goût.

Au final, je me trouve bien plus émue par la chanson éponyme (de Kate Bush) que par le roman. Elle éveille un sentiment d'étrangeté et je la trouve hypnotisante : ce sont les sensations qu'aurait dû me procurer le roman  :P .
Je suis également plus intéressée par la fratrie Brontë et leurs histoires de famille que par les [i]Hauts de Hurlevent[/i]. Mais je suis très intriguée par tout ce qui entoure cette œuvre : son auteure, la façon dont le roman a été imaginé, conçu, les réactions des proches...

Toutefois j'ai depuis eu l'occasion de relire le roman, de m'en imprégner et de voir des adaptations. Si ce n'est toujours pas un coup de cœur, je l'apprécie aujourd'hui beaucoup plus.
Comme le disait un invité sur un forum, qui a mis le doigt sur ce que je ressens, c'est notamment son côté quasiment mythique qui me plaît, de réalité supérieure à la nôtre. De ce fait, la violence des personnages est [b]absolue[/b], peu humaine et donc ne pas m'y identifier me dérange moins, ils sont presque des figures de légende. Ce roman dépasse l'humain, ça vient sans doute de la personnalité si particulière et riche d'Emily, celle qui lui a permis de créer le monde de Gondal et son folklore.

Concernant Cathy et Heathcliff, quelqu'un a dit quelque chose de très intéressant à leur propos : "ils ont gardé la cruauté et la sauvagerie de l'enfance (renforcées par le fait qu'ils ont été complètement laissés à eux-mêmes). Je crois que l'auteur avait une part en elle de ce caractère sauvage et cruel de l'enfance, cette dimension gigantique dans les sentiments : l'amour et la haine portés aux points les plus extrêmes.
En grandissant, Catherine et Heathcliff finissent par singer les adultes (Catherine, surtout) et par adopter leurs conventions sociales, mais c'est au détriment de la sincérité de l'âme."
Je n'y avais jamais pensé mais maintenant que je lis ça, ça me semble extrêmement juste. D'ailleurs Cathy regrette profondément son enfance à la fin de sa vie, elle ne souhaite rien d'autre que redevenir une enfant pour être libre.
L'enfance qui est décrite n'a rien d'innocent ou de rose, mais elle est libre, sauvage et féerique au sens plus ombre et ancien du terme, je pense au côté inquiétant et même parfois dangereux qu'on assignait autrefois aux fées. Cathy et Heathcliff passaient autrefois tout leur temps dans la lande, évoquant pour moi en cela des sortes d'esprits de la nature, ni bons ni mauvais : amoraux.
Je ne peux m'empêcher de trouver que tout cela résonne avec l'amour passionnel (peut-être même sensuel) qui liait Emily à ses landes chéries, à sa légende si particulière. On pourrait presque en faire une fée Viviane...
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JANE EYRE :

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J'ai enfin lu ce monument de la littérature anglaise, qui semble tant adulé. Ce qui est dommage, c'est que j'ai eu la bêtise il y a quelques années de parcourir une édition abrégée, ce qui fait que même si je connaissais (ou me rappelais) pas les détails, je me souvenais par contre bien du dénouement. Du coup ça gâche une partie du plaisir tout de même.

J'ai adoré la romance. J'ai trouvé que l'histoire d'amour était très forte, elle imprègne véritablement le récit. De plus je l'ai trouvée particulièrement crédible, et je suis assez difficile sur ce point (je ne suis pas du tout adepte des histoires d'amour à la Twilight qui ne me paraissent reposer sur aucun fondement). Mais là, la relation dure un bon moment, les deux protagonistes se fréquentent quotidiennement, échangent beaucoup et partagent de véritables moments de complicité qui les rapprochent. Le désir entre eux aussi est très présent, même si, époque oblige, il est seulement sous-entendu. J'ai hâte de voir les adaptations, en espérant trouver la même alchimie à l'écran que dans le livre.
J'ai seulement trouvé dommage que la période de félicité amoureuse ne dure pas très longtemps avant le "drame". Tout de suite après les fiançailles, on assiste à une période un peu étrange où Jane cherche à tenir M.Rochester un peu éloigné, comme si elle le testait, mais j'ai surtout eu une désagréable impression de dissonance entre eux, alors qu'avant ça je les trouvais très complices.

M.Rochester est très très swoonant, je l'avoue, même s'il n'est pas beau : il a un charme fou. Et son caractère est très séduisant par ses défauts aussi, il est rude mais pas cruel selon moi, il est surtout complètement perdu et (il faut l'avouer) égoïste. Il est sombre (après les déceptions vécues c'est normal) mais ne tombe pas dans l'abus : pour moi ses menaces sont là pour la beauté du texte, dans la veine Romantique (au sens littéraire) du récit, elles ne sont pas réelles (autrement le personnage baisserait fortement dans mon estime...). C'est un misanthrope, un vrai, et un loup solitaire qui trouve enfin la compagne faite pour lui. La fin est un peu dure pour lui mais j'aime le fait que son caractère évolue sans se dénaturer (il ne serait plus M.Rochester s'il devenait un parfait gentleman).

L'histoire de la première épouse est une excellente idée. Malheureusement je m'étais fait spoiler cette partie de l'intrigue il y a très longtemps dans un autre livre (trahie par la littérature) mais si ça n'avait pas été le cas, je pense que je n'aurais vraiment pas vu venir une chose pareille, ça aurait été impensable pour moi.

Le personnage de Jane est agréable, elle n'est pas parfaite mais elle a des qualités importantes. Avec le recul je me rends compte qu'elle présente des symptômes des enfants battus, ou du moins négligés. Elle a beau avoir un fort caractère et être capable d'être dans l'affrontement, lorsqu'on la prend par la douceur elle est aussi docile qu'un agneau. J'adore sa déclaration d'amour à M.Rochester, et que ce soit elle, la femme, qui se déclare. Physiquement, j'apprécie le fait qu'elle soit explicitement décrite comme sans beauté.

J'ai détesté St John, j'ai vu en lui tous ces fanatiques (de tous bords) intolérants et fous furieux. C'est un des défauts que je déteste le plus dans l'humanité, d'autant qu'ils ne doutent pas une seule seconde être dans le juste. Pour en revenir à St John, j'ai trouvé son harcèlement envers Jane révoltant et rageant. Je l'ai trouvé insupportable d'égoïsme, d'arrogance et de dureté, "qualités" a priori peu chrétiennes d'ailleurs. Il a tous les défauts du christianisme sans en avoir les qualités (humilité, bonté... Certes il sauve Jane de la mort mais autrement il est extrêmement dur), il est totalitaire. D'ailleurs sa mission en pays étranger (qu'il n'est pas le seul à vouloir accomplir, j'en suis consciente) n'est rien d'autre qu'un type de colonisation insupportablement condescendante et violente psychologiquement envers les locaux. D'ailleurs la façon dont Jane relate la fin de St John et relate sa fin montre bien qu'elle le respecte et l'admire, ce qui me gêne beaucoup étant donné le mal-être qu'il me procure. Mais du coup je trouve qu'en tant que personnage, St John est extrêmement réussi et intéressant (un peu comme Rogue dans Harry Potter) : il me fait éprouver des émotions violentes, peu importe qu'elles soient négatives. Au début je ne comprenais pas la faiblesse de Jane à son égard, mais en y réfléchissant, c'est assez crédible : ça rejoint ce que je disais plus haut, le fait que Jane présente des symptômes d'enfant battu, tout ça trouve sa source dans son enfance malheureuse et dépourvue d'affection. C'est très fin et nuancé comme traitement de son personnage.
En revanche j'ai trouvé la partie où Jane part bien trop longue dans l'ensemble du récit. Question de goût j'imagine, mais j'ai l'impression d'avoir passé plus de temps à attendre après M.Rochester qu'à avoir savouré leur relation.

Sinon je n'ai pas été dérangée plus que ça par la télépathie ou les diverses coïncidences qui parsèment le récit. Oui c'est impossible ou invraisemblable, c'est un peu (beaucoup) gros à avaler, mais je trouve que ça se fond bien dans la veine du roman, dans son ambiance un peu exaltée voire mystique à certains moments. On n'est pas dans du réaliste à 100% ici, donc ça ne m'a pas du tout gênée.

La fin est expédiée un peu vite. On parle de Jane Austen qui épilogue rapidement sur le bonheur conjugal de ses héros, mais Charlotte Brontë se défend pas mal non dans cette catégorie, on ne peut pas dire que le mariage en lui-même et la description de la vie conjugale soient chargés d'émotion (ce que je lui reproche).

Parmi les points négatifs, c'est purement personnel mais la présence constante de la religion m'a saoulée. Je sais que c'est une autre époque, que Charlotte était fille de pasteur mais franchement, j'en pouvais plus de lire autant de rappels et références à la religion à toutes les pages. J'en reviens toujours à la même chose mais c'est parce que je n'ai pas encore beaucoup de références en littérature anglaise du 19ème siècle ; Jane Austen aussi était apparentée à des pasteurs, ainsi que pratiquante elle-même, pour autant on l'évoque à peine dans ses romans. Bref je sais que c'est très subjectif mais c'est quelque chose que j'ai trouvé pénible à la lecture.

Ensuite j'ai un petit peu de mal avec le style. Le roman se lit très bien et sans difficulté, mais j'ai trouvé le style un peu grandiloquent et lourd par moments. Peut-être est-ce une caractéristique du mouvement romantique ? Si c'est le cas ça me confirme que ce n'est pas mon mouvement préféré. Disons que ça m'a un peu rappelé des souvenirs de lectures classiques scolaires : ce n'est pas entièrement négatif, mais c'est un peu "poussiéreux" si je puis dire (je ne suis pas une Marianne Dashwood, je l'avoue). Ça se ressent principalement dans la description des paysages, ainsi que dans certains passages que je qualifierais de "délires" spirituels voire surnaturels.

Pourquoi le récit est-il autant parsemé de piques sur les Français ? Je sais qu'il y a une vieille rivalité entre les deux peuples, mais parmi les auteurs français que j'ai pu lire de la même époque, je ne me rappelle aucune remarque sur les Anglais. Quant à des "défauts français"... Je veux bien croire que les mentalités générales diffèrent quelque peu, mais je ne pense vraiment pas qu'il soit judicieux de critiquer la futilité et la coquetterie supposée des Française quand on a une Blanche Ingram dans le récit, qui cherche sans cesse à se faire admirer et qui ne poursuit M.Rochester que pour son argent.
Et pour ce qui est de la condescendance envers la religion catholique, c'est un peu culotté quand on met dans son livre un pasteur comme St John et que le seul autre exemple que nous avons est Brocklehurst...

Mais globalement, le récit en lui-même se dévore (comme quoi le style n'est pas idéal à mes yeux mais il n'alourdit pas trop le propos), il est vraiment passionnant et regorge de rebondissements. Le suspens est intact car on a l'impression que tout peut arriver quand on voit ce que l'auteure ose : une femme folle dans le grenier, Jane qui manque mourir de faim dans la lande, l'incendie... D'ailleurs je n'ai pas pu lâcher le livre et je l'ai lu en deux jours !
J'ai vraiment bien aimé ce roman, il est vraiment riche et je le relirai avec plaisir dans le futur, mais je n'en ferai pas mon livre de chevet, il ne m'a pas marquée comme certaines personnes.[/spoiler]

LES HAUTS DE HURLEVENT :

[spoiler]Je me retrouve démunie pour critiquer ce livre, parce qu'il m'est passé complètement à côté. Ce n'est même pas que je l'ai pris à contre-sens, auquel cas j'aurais au moins été sur la bonne "route", non, moi j'ai pris une route complètement parallèle à la bonne. Le résultat c'est un détachement complet de l'intrigue et des personnages. Je suis restée complètement indifférente à cet ouvrage, mon cœur n'a été touché d'aucune manière. Je ne suis contente de l'avoir lu que parce que c'est un classique, que c'est de la culture littéraire.

Je ne l'ai bien sûr pas trouvé joyeux, mais je m'y attendais (vu sa réputation). Ce n'est pas ça qui m'a gênée, parce qu'une sensation de noirceur ou de malaise comme beaucoup de lecteurs décrivent leur expérience, ne m'aurait pas du tout gênée.

Par exemple, j'ai eu cette sensation de malaise en lisant Le livre des choses perdues de John Connolly. Certains passages m'ont paru affreusement glauques et même malsains, sans recourir à des facilités. Mais quelque part "j'aime" cette sensation, ce n'est pas ce que je lis pour me remonter le moral, mais je trouve ça fascinant comme un auteur peut me faire éprouver ces émotions avec aussi "peu" si l'on veut. C'est facile d'écœurer un lecteur en décrivant avec quantité de détails gores une scène macabre comme un sacrifice humain ou un affreux fait divers inspiré de la réalité. Mais là on aurait dit que l'auteur allait rechercher dans nos peurs et notre imaginaire de l'enfance pour nous faire éprouver cette répulsion.

Bref, je m'égare mais c'est pour mieux souligner que j'aurais aimé avoir un ressenti semblable avec Emily Brontë.

Les personnages ne sont pas seulement désagréables, ils sont également bizarres et incompréhensibles. Je peux m'attacher à un personnage si j'arrive à comprendre sa psyché et trouve ses actions crédibles, même s'il est désagréable. Et même un personnage que je n'aime pas peut tout de même me sembler fascinant sur le plan littéraire (St John dans Jane Eyre). Mais ici c'est impossible car je trouve les principaux protagonistes (Heathcliff, Cathy mère et Hindley) complètement absurdes. Ils n'ont pas de corps en dehors de leurs actes négatifs. Ils ne peuvent pas me fasciner car je n'arrive pas à les suivre ni à les comprendre, et leurs actes me paraissent tellement sur-joués... En fait ils me font l'effet de personnages de tragédies grecques, complètement dans l'excès et donc, dans ce contexte de roman anglais, un peu grotesques.

Très clairement j'ai eu une impression de mélange entre romans anglais et tragédie grecque pour certains aspects (d'ailleurs Emily était une grande connaissance il me semble). Je dois avouer que le résultat ne m'a pas convaincue.

Le personnage d'Heathcliff est étrange, je sais qu'il est souvent excusé à cause de ce qu'il a vécu enfant mais même à cet âge, je trouve qu'il a quelque chose de tordu. Je ne le qualifierais peut-être pas de démon comme le fait Nelly, mais je pense qu'elle a mis le doigt sur quelque chose. Quand elle-même reconnaît qu'il la mettait mal à l'aise sans savoir pourquoi, ça m'évoque le personnage de Jean-Baptiste Grenouille dans le Parfum. Bien sûr c'est une dynamique complètement différente qui est à l'œuvre mais ce personnage aussi met les autres mal à l'aise sans que ces derniers sachent pourquoi.

Cathy est certes égoïste mais Heathcliff a quelque chose d'inhumain. Il n'est pas une victime totalement innocente. Son amour pour Cathy est la seule chose positive du personnage, et c'est loin d'être suffisant ou assez bon pour une rédemption. Qu'il se venge sur ses ennemis, ceux qui lui ont fait du tort, je comprends. Mais qu'il s'en prenne à la génération suivante est absolument inexcusable. Je me fiche qu'il ait souffert, il ne mérite aucune pardon pour moi, son attitude a été incroyablement mesquine, lâche (des enfants) et bien basse. Mais je comprends que des personnes apprécient le personnage quand même, on n'est pas réduit à n'aimer que les personnages bons.

Cathy mère est, elle, capricieuse et infernale, vraiment pourrie gâtée. Mais je comprends son mariage. Je sais que le contexte du récit est tellement étrange qu'il apparaît déconnecté des réalités, mais les conventions ne disparaissent pas : Cathy est membre de la gentry locale, Heathcliff est un enfant trouvé dont le prénom lui sert également de nom de famille, je ne sais même pas s'il a une existence légale dans sa jeunesse. Si Cathy l'épousait il se passerait quoi ? Ils vivraient de quoi ? Et elle-même dégringolerait jusqu'au plus bas de l'échelle sociale. Franchement je ne lui en veux pas de son choix, il ne faut pas oublier que la société n'était vraiment pas la même à l'époque.

J'en arrive maintenant à l'amour qui unit les deux principaux protagonistes. Je trouve cet amour plus animal qu'humain, c'est quelque chose d'instinctif plutôt que réfléchi, qui les prend vraiment aux tripes. D'un point de vue humain, c'est une passion plutôt que de l'amour, il y a trop de dureté et d'égoïsme dans leurs sentiments pour être de l'amour. Il s'agit du type même de l'amour passion : violent, stérile et fatal. J'ajouterai que c'est un élément qui m'évoque encore les tragédies grecques.

Quant au sentiment d'inceste qui plane sur tout le roman, je me suis moi-même posé la question de savoir si Heathcliff n'était pas le fils naturel du vieil Earnshaw. J'ai lu quelque chose à propos d'une impression d'ambiguïté voulue par l'auteure concernant les origines de Heathcliff, avec des éléments qui vont dans ce sens : leur relation "n'aboutit pas à un mariage", "leurs descendants ne pourront pas s'unir" (charnellement bien sûr), et enfin le nom de Heathcliff qui "était à la base celui d'un fils mort en bas âge".

Pour le style, je dois avouer que je ne le trouve pas spécialement magnifique. Il y a quelques passages et scènes belles dans leur genre : comme le passage au début avec le fantôme de Cathy, et le rêve que fait cette dernière lorsqu'elle est rejetée du paradis sur la lande, magnifique car en résonance avec l'amour d'Emily pour sa lande chérie. Mais à part ces exceptions, je trouve le style seulement travaillé. Ce qui n'est déjà pas mal, mais je n'ai pas été emportée dans le tourbillon d'Emily Brontë, notamment lors de dialogues ou longs monologues qui sonnaient faux à mon goût.

Pour conclure, je me trouve bien plus émue par la chanson éponyme (de Kate Bush) que par le roman. Elle éveille un sentiment d'étrangeté et je la trouve hypnotisante : ce sont les sensations qu'aurait dû me procurer le roman.

Je suis également plus intéressée par la fratrie Brontë et leurs histoires de famille que par les Hauts de Hurlevent. Mais je suis très intriguée par tout ce qui entoure cette œuvre : son auteure, la façon dont le roman a été imaginé, conçu, les réactions des proches...

En fait je pense que cette œuvre servira de complément aux biographies des Brontë, plutôt que l'inverse, ce n'est pas banal mais ça me convient.[/spoiler]

AGNES GREY :

[spoiler]Je dois dire que c'est un très joli roman qui m'a beaucoup plu globalement.
La description de la vie de gouvernante était extrêmement intéressante et pédagogique. Je comprends mieux ce que voulait dire Jane Fairfax dans "Emma" lorsqu'elle parle d'état d'esclavage, ça m'a un peu rappelé le livre d'Amélie Nothomb, "Stupeur et tremblements". C'était vraiment une situation horrible et dégradante, je n'imagine pas vivre une expérience pareille, c'est un coup à vaciller entre burn-out et dépression. Je ne pense pas que ce soit exagéré, ça existe parfaitement des enfants (et des familles !) aussi insupportables et manquant totalement de savoir-vivre. Et c'est normal qu'Anne Brontë ne montre que ce genre d'enfants, elle en fait un plaidoyer en faveur des gouvernantes, elle s'appuie donc sur ce qui le justifie.
J'ai eu la sensation de lire une autobiographie d'Anne, ce qui explique peut-être pourquoi le personnage d'Agnes est moins dur et plus timide que ceux des autres sœurs Brontë. Elle correspond bien à ce qu'on sait d'Anne, à savoir qu'elle est plus calme et douce, mais qu'elle n'est pas pour autant faible ou molle. Comme certains connaisseurs le savent, elle avait une certaine obstination et une force tranquille. Elle n'était pas violente ou vive mais capable de beaucoup quand elle prenait une décision. Il suffit de voir sa détermination à travailler en tant que gouvernante, même après son horrible première expérience.

Pour ce qui est de la romance, je l'ai beaucoup appréciée. M.Weston m'a paru un prétendant tout-à-fait intéressant, intelligent, cultivé, avec une vraie force de caractère et une droiture morale qui ne le rend pas pour autant rigide ou fade. Certes M.Weston n'est pas un boute-en-train mais personnellement je l'ai trouvé bien agréable et je comprends que la douce et pieuse Agnes Grey ait pu être bouleversée par lui, leur union était naturelle. Le seul souci, c'est le manque de développement de liens entre les protagonistes : la romance commence très bien, mais à peine les protagonistes ont-ils le temps de se rencontrer et d'échanger quelques paroles, un début de connaissance, que miss Murray tient Agnes à l'écart. D'ailleurs quel comportement de peste a celle-ci ! Qu'elle s'amuse à flirter avec différents hommes sans aller jusqu'au bout (le mariage), passe encore pour moi qui suis, en tant que lectrice du 21ème siècle, peu choquée par ceci (encore qu'elle joue avec les sentiments de ses prétendants), mais s'acharner à vouloir séduire le seul homme pour lequel la pauvre Agnes a montré un tant soi peu d'intérêt ! C'est très bas, d'autant plus que sa gouvernante est très bonne avec elle. J'en profite pour faire un petit aparté : j'aime beaucoup que la deuxième famille dans laquelle Agnes travaille soit désagréable, mais de manière plus nuancée (et peut-être plus courante aussi) que la première. Je trouve que ça apporte une belle nuance au récit.
Bref, j'espérais qu'après le mariage de la peste, Agnes aurait l'occasion de reprendre sa relation avec le pasteur, afin d'approfondir un peu leur histoire avant l'obstacle suivant qui ne manquerait pas de se présenter, mais hélas non : il éveille à peine l'intérêt qu'il disparaît... Mais l'idée de base de cette romance (et son aboutissement) m'a séduite. À titre personnel, j'ai aussi été séduite parce que l'image que j'avais de M.Weston était celle de l'acteur Sam Riley : c'est l'acteur de Darcy dans P&P&Z et s'il n'est pas très beau, je lui trouve beaucoup de charme et un air sombre séduisant ;).

Un point très positif du roman : le style, je l'ai beaucoup aimé. Je l'ai trouvé bien plus digeste que celui de ses sœurs et moins grandiloquent, ce qui m'a rendu le livre très agréable à lire. Je le trouve plus réaliste que romantique, très sobre sans être aride. Je vous confesse qu'il m'évoque un peu celui de Jane Austen et a donc ma préférence. J'aime beaucoup les descriptions notamment, qui ne prennent pas beaucoup de place tout en permettant de planter le décor, mais surtout les pensées d'Agnes Grey. J'aime beaucoup sa délicatesse d'esprit, elle est très croyante mais de manière retenue, sans tout ramener à la religion ou prier de façon exaltée. Elle me plaît beaucoup cette jeune fille, je l'aurais bien suivie plus longtemps, ce qui nous amène au point suivant.

Pour parler des points négatifs, je dirai que le récit était trop court à mon goût, j'ai trouvé ça vraiment dommage, d'autant que je prenais plaisir à lire la vie d'Agnes et à suivre les méandres de son esprit calme mais déterminé. Le dénouement m'a paru un peu rapide et improbable, ce qui m'a un peu gênée car le récit ici est plus réaliste et ne laisse pas place au surnaturel et à l'invraisemblable comme dans "Jane Eyre". Bref, j'ai un sentiment d'inachevé à cause de la fin un peu "bâclée" du roman. Je veux dire, on attend longtemps qu'il se passe quelque chose, puis M.Weston arrive et en deux pages, Agnes nous apprend que sa mère l'adore et il la demande en mariage. Dans l'idée c'est parfait, mais j'ai l'impression d'un manque criant de romantisme (au sens commun du terme) et d'émotion lors de cette demande en mariage qu'on espère depuis si longtemps.
Ce qui m'amène au sentiment de compassion teinté de tristesse que j'éprouve pour l'auteure à la conclusion du récit (à partir du moment où le pasteur refait surface). Je ne sais pas à quel point je peux viser juste ou pas, mais ça me fait fortement l'impression d'un rêve, voire d'un fantasme, d'Anne. Il faut dire que l'héroïne, de par son caractère, et de par son métier, fait énormément penser à elle et ceci me fait donc soupçonner qu'elle a écrit sa propre fin heureuse rêvée, pressentant peut-être qu'elle n'en connaîtrait pas (et il y avait en effet peu de chance, étant donné sa situation financière).

Pour conclure, je finirai en disant que ce roman m'a beaucoup plu, plus que les "Hauts de Hurlevent" en tout cas, et peut-être autant que "Jane Eyre". "Jane Eyre" a pour lui un récit suffisamment long et construit pour satisfaire mon appétit de lectrice, mais le style est, pour moi, en faveur d'Anne. Son roman est fait d'une multitude de petites touches discrètes qui donnent un résultat très délicat.
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date : 03-07-2018
J'ai lu le livre il y a un moment déjà (un an je crois) donc excusez-moi si je ne peux pas être très précise (d'autant qu'il ne m'a franchement pas marquée).
Comme vous vous en doutez, je n'ai pas aimé. Je n'ai pas non plus détesté, parce que pour ça il aurait fallu qu'il me fasse une impression un minimum forte, et ce n'est pas le cas. Par contre je peux dire que j'ai été vraiment déçue. Le résumé me plaisait beaucoup et j'ai plongé dedans en étant sûre de lire un petit bijou.
Alors déjà, je dirai que le style de l'auteure est très très fade. Certes, je n'ai lu que la traduction, et apparemment en V.O c'est un peu meilleur (ou moins pire), mais je ne pense pas que la version anglaise soit de la grande littérature non plus.
Conséquence de ce style : des personnages mous et inconsistants. Je les ai trouvés particulièrement mal caractérisés, à tel point que je ne me suis attachée à aucun d'entre eux. C'est quand même un comble : étant donné qu'on a le point de vue interne de chacun d'eux, ça devrait être facile de nous embarquer dans leur esprit, de nous faire éprouver de la sympathie pour eux, ou au moins de l'empathie. Eh bien non, en tout cas pas en ce qui me concerne.
Je ne sais pas comment expliquer ça, mais le tout manque d'émotion, d'investissement. Même les histoires intimes des personnages ne m'ont pas touchée (et pourtant l'histoire de Jocelyn est de celles qui me font éprouver des émotions en temps normal), j'avais juste hâte qu'il se passe quelque chose.
L'aspect Jane Austen est assez sympathique, c'est le seul intérêt du roman à mes yeux, mais il n'est pas suffisant pour sauver le récit. Les annexes sont une très bonne idée, elles sont intéressantes et amusantes, mais là aussi le plaisir est gâché (par plusieurs fautes).
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date : 27-06-2018
J'ai lu ce roman en deux jours, il y a une semaine, et je dois dire qu'il m'a gardée accrochée jusqu'au bout. Dans l'ensemble je trouve que c'est un roman de très bonne qualité, et pourtant je n'ai pas eu de coup de cœur.
Pour remettre les choses en proportions, je précise que la petite déception globale que j'ai éprouvée est due à l'attente énorme que j'avais de ce livre. Parce que Jane Austen est un de mes auteurs préférés (je ne lui trouve aucun défaut) et que j'entends parler de Nord et Sud avec autant (quasiment) de déférence que de P&P. Or j'ai littéralement adoré P&P et j'ai "juste" aimé N&S. Je trouve qu'il manque un petit quelque chose à ce roman pour le rendre vraiment incroyable.

J'ai bien aimé le style d'Elizabeth Gaskell. Je n'ai lu le livre qu'en traduction mais c'est en tout cas parfaitement lisible et pas lourd du tout. J'ai juste trouvé le récit assez inégal dans son ensemble. C'est-à-dire que l'idée de base me plaît énormément, mais que si la narration est extrêmement haletante la plupart du temps (je dévorais les lignes à la recherche de la suite de l'histoire), j'étais aussi souvent coupée dans mon élan, soit par des débats assez longs (des pages entières de quasi monologues !), soit par des évènements supposés tenir lieu de rebondissements mais qui ne font que ralentir artificiellement la narration. Ce n'est que mon avis bien sûr, mais je trouve que le gros du roman est composé de beaucoup de rebondissements qui sont au final peu consistants. Certains sont importants (
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les différents drames/morts[/spoiler]) mais si j'essaie de me remémorer la structure même du récit, celle-ci me semble un peu confuse, et m'évoque un peu du remplissage. Il faut dire que le format roman feuilleton a pu influer dans ce sens, et je trouve ça dommage.
En bref, je trouve que le récit aurait gagné à trancher dans le vif pour aller vers l'efficacité.

Pour ce qui est de l'histoire d'amour, je ne demandais qu'à être convaincue et j'avoue ne pas l'avoir été à 100%. Ce que j'aime dans les relations amoureuses fictionnelles, c'est qu'elles soient bien crédibles. Et ici j'avoue que je n'y crois pas trop pendant une bonne partie du roman.
[spoiler]John et Margaret[/spoiler] ne passent pas tant de temps que ça ensemble, et ils le passent à être en désaccord, voire à se disputer. Je trouve l'amour de Thornton un peu rapide, et leur relation sans aucune complicité. Je vais faire un parallèle avec le couple de P&P, où même lorsque l'amour de Darcy n'est pas encore réciproque, je trouve leur relation bien plus drôle et même amicale. Elizabeth ne l'apprécie pas véritablement, il est beaucoup trop fier et guindé, mais elle ne s'oppose pas aussi frontalement à lui, elle préfère s'amuser de lui et parfois avec lui (le salon de lady Catherine). L'émergence de son amour me semble ainsi beaucoup plus naturelle que celui de [spoiler]Margaret et John[/spoiler]. Après c'est une affaire de goûts.
Ce que je trouve dommage dans leur histoire, c'est qu'on n'ait droit qu'à deux pages paisibles et agréables à la fin, pour tout un livre de malentendus, de colère, voire de mépris. Le mensonge de [spoiler]Margaret[/spoiler] et la distance qu'il ajoute entre eux prennent trop de place dans la durée du roman. Mais j'adore le fait que les [spoiler]deux arrivent à se trouver à la fin[/spoiler], je regrette seulement qu'on ne nous offre pas plus de moments de connivence tout au long du livre.

En parlant des personnages, j'ai adoré celui de Thornton. C'est un homme extrêmement intéressant, avec un passé dur et un historique passionnant. Il est dur mais j'adore la tendresse dont il fait preuve envers les gens qu'il aime, dont sa mère. J'ai l'impression qu'il y a un tout petit peu de Heathclif en lui, dans le fait qu'il se montre assez égoïstement jaloux envers [spoiler]Margaret[/spoiler]. Alors qu'elle l'a [spoiler]repoussé[/spoiler] (durement d'ailleurs), et qu'elle ne lui doit aucune fidélité, il ne peut s'empêcher de lui en vouloir à propos de rivaux hypothétiques (Fred, Lennox) ; et lorsqu'elle quitte Milton où elle a connu tant de malheurs, il trouve quand même le moyen d'être grognon, parce qu'après tout, pendant son séjour elle a fait sa connaissance. Il est bien gentil le John, mais si j'avais [spoiler]perdu mes deux parents[/spoiler] dans une ville, je me ficherais bien d'avoir rencontré même mon futur mari dans cette ville. Et d'ailleurs si lui-même avait [spoiler]perdu sa mère[/spoiler], j'aurais bien voulu voir sa réaction. En dehors de ça, je trouve que le personnage évolue bien, il devient beaucoup plus humain avec les ouvriers et n'a pas peur de se remettre en question. Par contre je dois avouer que ses débats à propos du patronnat et du travail m'ont paru bien longs et m'ont parfois ennuyée, étant donné que j'attendais la suite avec impatience.

En revanche j'ai eu beaucoup de mal avec Margaret. Pour parler clairement, je l'ai trouvée très pénible, elle a un ego sur dimensionné. Elle est hyper susceptible et s'offense pour rien. D'ailleurs je ne comprends toujours pas la scène [spoiler]de la demande en mariage. Pourquoi Margaret se montre-t-elle aussi froide et désagréable en répondant à la demande ? Après tout John ne lui manque pas de respect, sa demande est honorable et même si elle se retrouve démunie, elle pourrait répondre de manière un peu plus polie[/spoiler]. Non décidément je ne trouve pas d'excuse à sa conduite.
Son personnage est une sacrée "Mary Sue", qui est sensée avoir toutes les qualités sur le papier mais qui est en fait sacrément agaçante pour le lecteur. Le terme n'est pas parfait en l'occurrence mais il se rapproche le plus de ce que je pense. Par exemple la scène chez Boucher, quand elle prend les choses en main alors qu'elle est jeune, inexpérimentée de ce genre de choses, et qu'elle ne connaît pas spécialement la ville ni la famille. C'était un peu sainte Margaret en action à mes yeux. Ça plus toutes les fois où elle inspire de l'admiration aux autres du fait de son physique ou de son port de tête et autres choses dans le genre... Heureusement qu'elle se remet un peu en question et apprend l'humilité.

J'ai beaucoup apprécié Higgins, avec son franc-parler, ses défauts et son honnêteté. Sa relation avec Margaret est très belle, c'est très touchant de voir des personnages de milieux aussi différents apprendre à se connaître et se faire confiance.
La mère de Thornton est particulièrement impressionnante. Elle peut être agaçante car désagréable avec Margaret mais cette dernière peut être aussi très pénible donc on va dire qu'elle rééquilibre les scores.
M.Hale m'a énormément déplu. Le personnage n'a pas trouvé grâce à mes yeux, il est tellement mou et égoïste, à se reposer toujours sur sa fille pou prendre tout en main. Il a même eu le culot de lui demander d'annoncer la nouvelle de leur déménagement à Mrs.Hale. Il m'insupporte tellement que je n'arrive même pas à avoir de l'empathie pour lui, [spoiler]et sa mort m'a plus soulagée qu'autre chose.[/spoiler]

L'ambiance générale du roman est assez sombre. Certains l'ont comparé à Zola mais n'en ayant lu aucun je ne peux pas dire. En revanche c'est plus sombre que Mansfield Park, qui est pourtant notoirement connu pour être le plus sombre des romans de Jane Austen. Mais ce sont les thèmes abordés par Gaskell qui veulent ça, elle n'écrit pas un roman en légèreté et humour et c'est un style très différent. J'avoue que ce n'est pas mon style préféré. Il y a beaucoup de pathos dans ce récit mais je reconnais qu'on ne tombe pas dans le pathétique non plus. En fait, il me fait plus penser à une frise qui raconterait la vie des différents types d'habitants de Milton.

Il y a néanmoins un point qui m'a énormément gênée, c'est la place qu'occupe la religion dans ce livre. Je sais que je compare encore, mais chez Jane Austen elle n'est pas aussi omniprésente, pourtant Jane est fille et sœur de pasteurs. Si on est attentif, on peut y déceler des traces dans ses récits, mais c'est plus de l'ordre de petites touches et de détails que sous la forme de longs discours grandiloquents et, j'ose le dire, prosélytes. Je suis désolée mais étant moi-même athée, et de façon "politique" même si je puis dire, ainsi que laïque, je déteste voir autant de monologues à la gloire de Dieu et surtout cherchant à ramener à la raison Higgins qui est un pauvre "mécréant". Je trouve que ce dernier a toutes les raisons du monde d'être sceptique sur le sujet, et l'insistance de Margaret et de son père à vouloir lui faire avaler la bible m'est extrêmement pénible, même si je suis consciente qu'il s'agit d'un sujet très personnel.

Enfin j'ai trouvé [spoiler]l'accumulation de morts[/spoiler] un peu "too much", j'ai eu l'impression de deus ex machina pour faire avancer l'intrigue, surtout à partir de [spoiler]la mort de M.Hale[/spoiler]. Margaret devient [spoiler]l'héritière de M.Bell[/spoiler] (alors que ce sujet avait été peu abordé précédemment) et à peine cela est-t-il entré dans l'esprit du lecteur [spoiler]qu'on le fait aussitôt mourir, faisant de Margaret une jeune fille riche.[/spoiler]
Le dénouement manque un peu de longueur, mais d'après ce que j'ai compris c'est de la faute de M.Dickens et non pas de Mrs.Gaskell donc je ne ferai aucun reproche, c'est seulement dommage d'avoir une fin aussi abrupte, sans aucun épilogue ou ne serait-ce que quelques paragraphes pour s'étendre sur le [spoiler]futur du couple
(d'autant qu'il me paraît peu joyeux personnellement, dans une ville aussi sombre et avec une belle-mère assez hostile).

On pourrait croire que je n'ai pas apprécié ce livre en voyant tous les reproches que j'ai pu lui faire mais ce serait faux ! Malgré les apparences, j'ai vraiment savouré ma lecture. Mais quand je vois tout ce qui m'a ouvert l'appétit dans le roman, je me retrouve vraiment frustrée de ne pas avoir ce sur quoi je comptais. En gros le livre est victime de ses qualités avec moi, je suis plus exigeante parce que je vois le potentiel qu'il aurait pu avoir (je précise que c'est une affaire de goûts).
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J'ai juste A-DO-RÉ ce livre ! En plus je l'avais acheté juste comme ça, histoire d'enrichir ma culture littéraire mais voilà : ça a été le giga coup de cœur . L'histoire est bien sûr mythique, les personnages sont géniaux et l'écriture... L'écriture est nickel, soignée mais très facilement lisible (oui Balzac, tu peux te sentir concerné). Peut-être aussi grâce à l'abondance de dialogues. Qui sont aussi nombreux pour des raisons tout simplement financières : Dumas publiait son livre dans une revue et il était payé au mot ou à la ligne ;). Certes c'est un peu intéressé mais pour aboutir à une œuvre pareille, moi je pardonne .
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Il n'y a pas grand-chose à en dire, étant donné les 50 pages laissées par miss Austen mais contrairement à d'autres je ne l'ai pas trouvé aussi bien que ses romans majeurs :/. J'aurais lu avec plaisir la suite mais je trouve que la qualité du style est inférieure à ses autres romans. Après peut-être qu'il s'agissait d'un premier jet et que l'auteure l'aurait peaufiné et embelli par la suite, je ne sais plus qui disait qu'elle faisait partie de ces écrivains qui habillaient leur texte en revenant dessus par la suite.
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date : 25-06-2018
Je l'ai lu il y a quelques mois et j'ai été un peu déçue. Ce n'est pas la pire qualité que j'aie pu lire mais le style de Jane est inimitable et celui de l'auteure est assez... neutre. Ni mauvais ni bon .
Disons que par curiosité ça peut valoir le coup, mais je vous conseille de faire la même chose que moi si vous pouvez et de l'emprunter au lieu de l'acheter.

Concrètement, les deux personnages principaux de ce livre sont Georgiana Darcy et Kitty Bennet. On voit beaucoup d'autres personnages et on suit pas mal le colonel Fitzwilliam mais les jeunes filles sont les plus présentes.
Kitty cherche à se marier et rencontre William Price, qui semble sensible à ses charmes
Spoiler(cliquez pour révéler)
mais surprise surprise... ne l'est pas et demande la main de Georgiana ![/spoiler] Tout le livre tourne autour des histoires de cœur des deux demoiselles et du [spoiler]colonel qui tombe amoureux de Mary Crawford au début.

Au fil du récit (et des lieux), on a l'occasion de croiser beaucoup de personnages de Jane Austen, et pas seulement les personnages principaux, il faut le reconnaître. Mais l'ensemble laisse un goût très insipide, j'ai plus eu l'impression de lire une encyclopédie de ce qui se passe après qu'un véritable roman.
Clairement je ne le relirai pas, mais si une adaptation devait être faite, je pense que je la regarderais. Peut-être que le principal défaut que je reproche au livre (son style) serait atténué en passant dans une série/un film.
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date : 25-06-2018
Bon je dois être assez difficile mais je suis un peu déçue, je dois l'avouer. Pas sur les talents d'écrivaine de Jane, mais sur la brièveté des histoires. Je savais qu'il ne s'agissait pas de romans mais je ne m'attendais pas à trouver autant d'histoires non finies, ou sans aucun sens. Notamment les pièces de théâtre : autant l'une d'elle a une fin (même s'il n'y a pas vraiment d'histoire), autant les autres (ou l'autre, je me souviens plus) sont absolument sans queues ni têtes et ne présentent aucun intérêt (à mon goût bien sûr).
Je pense qu'il s'agit d'un problème de renseignement ou de publicité dans mon cas, puisque je ne m'attendais pas à trouver un tel assemblage d'œuvre de 2 ou 3 pages souvent (surtout dans la première partie). C'est vraiment un aspect qui m'a surprise et j'aurais peut-être évité une déception si j'avais été préparée à lire des "brouillons" (tout est relatif, même un brouillon de Jane est stylistiquement magnifique) plutôt que des œuvres inachevées comme les Watson ou Sanditon ^^.

Maintenant pour parler du positif, l'écriture est parfaite. Et c'est incroyable de penser qu'elle n'avait que 15 ans lorsqu'elle a écrit certains de ces textes. On remarque que sa plume ironique et satirique était plus qu'acérée, elle était même tranchante comme une lame de rasoir XD. Et tout ça sans lourdeur, même quand je n'appréciais pas l'histoire que racontaient les récits, j'arrivais sans mal à me contraindre à tout lire pour le plaisir des mots.
D'ailleurs, je me dis que Jane aurait fait une formidable journaliste ou chroniqueuse de nos jours. Imaginez une telle observatrice intelligente et sans pitié mais sans cruauté, les ravages qu'elle aurait pu faire ! L'ironie et même la moquerie dont elle fait preuve ici sont d'ailleurs beaucoup plus dosées dans ses romans majeurs et je pense que ça ne dessert pas son propos. J'aurais trouvé difficile de rentrer vraiment dans son récit et de m'attacher aux personnages si la satire y était aussi acide que dans ses Juvenilia.

En bref, je suis contente, en tant que fan de Miss Austen, d'avoir pu lire ses œuvres de jeunesse, mais je ne pense pas acheter le recueil. Je vous conseille d'emprunter le livre si vous en avez l'occasion (plutôt que de l'acheter directement).
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Personnellement je n'ai pas beaucoup apprécié. Je n'ai pas détesté non plus, mais j'ai trouvé le livre plus que moyen. Je trouve que le style de l'auteur n'est vraiment pas terrible et à part Ellen, ses personnages n'ont pas un caractère très marquant.
En fait dès le début j'ai trouvé l'histoire un peu abusée et très rapide.
Spoiler(cliquez pour révéler)
On rencontre à peine Tom qu'il se retrouve au chômage, sa famille manque de mourir de faim, sa femme meurt en couches et il abandonne le bébé. Il se remet très vite (trop vite) de son veuvage en couchant avec Ellen le jour même, tombe amoureux en 2 coups de cuillère à pot et là le roman commence vraiment.[/spoiler] Je pense que l'auteur avait besoin de poser sa base pour la suite mais j'ai trouvé ça mal amené et à tout le moins très maladroit.
C'est dès ce tome que ça a commencé à mal aller et que je me suis mise à lire en diagonale, par flemme de lire toutes les descriptions de l'auteur. Et il faut savoir que j'adore les pages de descriptions dans le Seigneur des Anneaux, qui ont pourtant écœuré un bon nombre de lecteurs, c'est pour dire ! Je ne trouve pas que les descriptions des Piliers de la Terre soient interminables mais je m'ennuyais. Les mots ne me faisaient ni chaud ni froid et je préférais sauter directement aux passages et dialogues qui faisaient avancer l'intrigue, parce que j'étais quand même curieuse de savoir la suite.
Pour ce qui est des événements, j'ai eu l'impression de les voir se succéder au fil des années avec une sensation d'éternel recommencement. Je pense que le livre de manière générale m'a paru très fade tout simplement. Pour conclure je ne regrette pas de l'avoir lu, ça reste assez divertissant, mais en le refermant j'ai eu le sentiment d'une tâche accomplie.

Par contre l'adaptation est à voir. Les acteurs sont parfaits (dont Eddie Redmayne), le rythme est bien soutenu, les images, les lieux, les costumes sont beaux, et mis à part quelques modifications inutiles et malvenues [spoiler](inceste mère fils)
, elle est respectueuse du livre.
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Le début d'une excellente trilogie (meilleure que la première), dans laquelle l'auteur progresse clairement et prend ses marques. Ce progrès se remarque, entre autres, par l'absence de nombreux clichés de la précédente saga (où la dernière survivante d'un peuple exterminé était l'objet d'une prophétie selon laquelle elle devait trouver le talisman et ses pierres de pouvoir, pour abattre le Tyran, ennemi n°1 du Monde Émergé).
Cet écueil est ici évité car l'héroïne est une jeune fille d'apparence normale ayant une énorme part de noirceur en elle mais luttant contre, et commettant des cambriolages pour survivre. Elle est tourmentée par le drame de son enfance et par ce dont elle est capable et paraît ne jamais plus pouvoir être heureuse.
Victime d'une malédiction, elle est contrainte de réintégrer la Guilde d'Assassins qu'elle avait fuie toute sa vie, et d'exécuter des ordres qui achèvent de la dégoûter d'elle-même. La Guilde est un lieu extrêmement sombre et représentatif de toute la détresse et tout le désespoir humains. Le lien avec une religion déformée et sanguinaire est une excellente idée.
Enfin, il semble que le Monde Émergé n'ait pas réussi à faire perdurer définitivement la paix que lui avait apportée Nihal et de nouveaux ennemis se dessinent.
On retrouvera Ido ainsi que d'anciens personnages des Chroniques.
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