Saccage
Auteur
- Eric Jourdan (Écrivain)
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Classement en biblio - 19 lecteurs
extrait
Penchée en avant, elle retenait son souffle, les oreilles bruissantes, honteuse de se conduire ainsi, sur les nerfs, tendus. La chambre était toujours éclairée, il ne dormait pas encore. Elle rapprocha l'oeil de la serrure et relevant sa robe se mit à genoux. Une colonne de chair lui apparut, vigoureuses, occupant tout l'espace. La femme se recula, il lui sembla que la chambre du garçon rayonnait et qu'une couleur de braise vivante rougeoyait sur les murs. Elle reprit sa place avec une attention plus vive. La colonne divisée, elle devina qu'elle le voyait nu et se rapprocha pour essayer de voir plus. L'oeil de la porte lui offrait le milieu du dos à l'endroit où les muscles s'évasent vers les flancs et s'arrêtaient, après la chute de reins, au premier renflement juste au-dessus de deux fossettes ou l'ombre appuyait ses pouces invisibles. Etrange émoi qui la prenait aux entailles, elle découvrait cette chair, devinant ce qui lui était encore caché, des fesses de garçon, et peut être la manière ou les circonstances qui avaient accompagné l'entrée imprévue de ce corps dans sa maison rendaient plus attirante une vision aussi soudaine, parce que cette femme connaissait d'un coup l'obsédante certitude qu'il existait autre chose qu'une vie dite heureuse, autre chose que des passions mouvantes de quelques jours, autre chose que Dampierre, Paris, Le monde, mais que tout ça existait à cause d'un corps épié à genoux. Elle prêtait à cette chair viril le mystérieux pouvoir de rajeunir.
Afficher en entierCommentaires récents
L’amour rend pas seulement aveugle mais aussi fait perdre la tête. Les sentiments sont souvent dépassés par les sensations physiques. Et si après tout le seul désir n’était que celui de rencontrer l’Amour? Un auteur que je lis dans retenue. Une plume que j’affectionne tout particulièrement.
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Ce n'est pas vraiment mon genre de livre, j'ai voulu essayer. Ça m'a changée de d'habitude. C'était agréable à lire, assez facile. Je ne me suis pas posé de questions. Mais j'aime bien réfléchir donc ce n'était pas top pour ça. L'histoire était pas mal, les relations unissant les personnages étaient assez intéressantes. Mais bon définitivement ce n'est pas mon genre. Heureusement c'est un petit livre qui se lit très vite.
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L'écriture très particulière m'a intriguée et finalement envoûtée. Le sentiment qu'elle laisse est le même que celui de son personnage.
Rien n'est défini, ni définitif dans ce roman. Ni les personnages, ni les scènes, ni les préférences de chacun. C'est un parcours initiatique d'un jeune homme qui n'a pas d'identité. Ni réelle, ni sexuelle. Qui se croit obligé d'accepter d'être le jouet de chacun parce qu'il est attirant. Et qu'après tout, c'est plutôt agréable...
La fin, simple, mais bouleversante, rattrape le malaise volontaire que nous a imposé l'auteur tout au long de ce roman. Etonnant.
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Date de sortie
Saccage
- France : 2005-08-25 - Poche (Français)
Activité récente
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Editeurs
Résumé
Lorsque paraît Saccage pour la première fois, à l’aube des années 60, il ne reste plus grand-chose du texte initial. Remanié, coupé, réécrit par l’éditeur, le roman peut affronter la cohorte des censeurs la tête haute, la morale est sauve. La littérature peut-être un peu moins. La Musardine nous offre aujourd’hui l’intégralité de cet incroyable texte, bouillonnant de la violence feutrée qui fait la puissance du désir.
Fraîcheur, c’est son nom, est un jeune garçon. Il trouve refuge un soir d’orage chez Clémence, une femme mûre, seule, qui voit dans ce corps exultant l’ombre d’une sensualité qu’elle croyait à jamais éteinte. Clémence va se consumer d’amour de désir et de pouvoir, tandis que Fraîcheur prendra peu à peu la mesure d’une sexualité qu’il peine à comprendre, à affirmer et à vivre.
Saccage, c’est l’histoire d’un doute. Celle d’un corps objet qui va devenir désirant. Celle d’un choix. Fraîcheur s’offre aux bras des femmes, prodigue, dans tout l’éclat de sa jeunesse, de sa force. Il n’est qu’un corps. On ne sait rien de lui, on ne veut rien savoir. Mais nul n’est sans passé, et celui de Fraîcheur finira bien par le rattraper. Un passé fait d’attirances honteuses, de désirs étouffés, de corps de garçons rayonnants d’une sensualité triomphante. On est chez Genet, dans cette glorification des corps qui s’offrent, cette sanctification du désir. Mais la langue est celle de Flaubert, dans son exactitude, sa rigueur, sa fougue mesurée, dans ces rapports entre les êtres, dans ces univers exigus qui ne demandent qu’à se gorger d’espace et de liberté, dans ces images qui en appellent d’autres, comme Clémence qui voit la silhouette de Fraîcheur remplacer les anges de l’église et fait étrangement écho à Félicité qui transfigure, dans Un cœur simple, l’image de son perroquet en Saint-Esprit.
Saccage, enfin, est un roman rare, d’une intensité à la fois sensuelle et littéraire, d’une exigence extrême, de cette perfection lumineuse qui fait, dit-on, la beauté du diable.
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