Une histoire de meuf
Auteur
- Elina Gumbau (Écrivain)
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extrait
D’ailleurs en pensant à lui. Ça va faire deux ans, que je ne lui parle plus. Ce serait bien que je lui pardonne enfin pour de bon. (Madame Sérénité). Se cacher dans le silence n’a peut- être rien à voir avec le pardon, même si, j’ai la sensation de ne lui en vouloir de rien, maintenant (Madame Sagesse).
C’est vrai, mon mec a sûrement raison, il faut que je revois ma position. J’ai l’impression de tout avoir classé. Peut-être pas, en réalité. Je me suis plus murée qu’autre chose. (Madame Objectivité).
En même temps… (Madame Rancune).
Tiens, en parlant de mon mec ! Et si je me posais les bonnes questions, une fois pour toutes.
Hors de question de me vautrer en splendeur comme je l’ai fait avec le père des gamins. Je ne compte pas finir à 45 ans avec deux divorces à mon actif.
Alors ma chérie : T’es prête ou pas à te lancer enfin dans une grande histoire ?
T’es capable ? Tu l’aimes, ça c’est sûr mais est- ce que ça fait tout ? Et puis, t’es cap d’aimer comme il faut ou pas ?
Parce qu’il est clair que tu n’as jamais eu d’exemple d’un couple solide et durable. Et quand tu n’as pas de modèle à la maison, ben… (Madame
Amoureuse, Madame Incertitude et Madame Confiance en soi). Sachant qu’à
l’école, ils préfèrent enseigner le théorème de Pythagore au cas où l’un d’entre nous décide, en plus, de faire carrière dans la flute, de rédiger une thèse autour du théorème. Du coup, je me retrouve, à 37 ans, comme une c*****. (Madame
Sarcastique)
Là aussi, il faut que je me démerde toute seule, on dirait. (Madame
Pragmatique, le retour).
Au fait, en parlant d’école.
Il faut que je fasse attention en plus, Gabrielle et Marin sont déjà tellement attachés à lui. Eux, mes deux enfants zèbres déjà si forts et si fragiles.
Bref.
Si seulement, j’avais le temps de me poser. Je pourrai réfléchir. Mais bon, c’est tout juste si je le prends pour manger correctement, certains jours. Alors, me demander si je vais bien… (Madame Dubitative).
Je ne te parle même pas d’aller boire un verre avec mes copines pour papoter d’histoire de meufs. Non. Juste avoir le temps de me poser.
Ben oui, c’est bien ça, t’es solo. Comme une grande avec tes deux gosses à
gérer. Et puis ça, et le reste. (Madame Réaliste).
Pour le moment sois raisonnable ma belle, respire, garde le rythme, tu n’as pas le choix. Tu en as vu d’autres, c’est sûrement plus qu’une question de temps.
Et au fait le chèque pour les photos de classe. Je l’ai foutu où ce chéquier ?
Attends voir, la dernière fois que je l’ai vu, c’était pour régler la consultation de pédo psy. Ahah, je ne sais plus… (Oh salut ! Madame Organisation, ça faisait longtemps).
Et ainsi de suite, de 7h à 23h, 7 jours sur 7, 365 jours par an. Elles s’en donnent à cœur joie mes petites voix, mon conciliabule. Tant et si bien qu’à nous toutes, on a de quoi écrire, au moins un livre.
Alors, voilà…
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Résumé
Nous sommes le mardi 13 novembre 2018, logiquement je devais juste me lever à 7h, préparer les petits dej, me fumer une clope avec mon café, réveiller les gosses, #habiller #fairemanger #lacerchaussures #goûtercartable #boutonnerveste #fillegarçon #avendre # je rigole, je les aime #jeterdanslavoiture, pour les déposer à l’école.
Ensuite, comme d’habitude, je devais bosser.
Avoir au minima, ma mère, mon frère, mon oncle, mon boss et mon mec, au téléphone. Je devais vérifier mes comptes, pleurer.
Fumer des clopes, manger trois conneries, réseauter à coup de vignettes phrases philosophiques, articles, vannes à deux balles et danses de smiley.
Et surtout, bosser.
Oui, voilà c’était ça, le programme.
Pour finir, je n’avais qu’à #taguer, dans le sens inverse.
C’était simple.
Et c’est d’ailleurs, à peu près ce qu’il s’est passé. Autre fait marquant ou plutôt habituel, je me suis prie la tête pour la pension, et au lieu d’appeler une pote de plus, lors de ma pause, ce midi, je me suis mise à écrire un livre sur ça.
Quoi ça ? Bein, notre vie, à nous les meufs.
Oui, c’est bien ça, Le 13 novembre 2018, je me suis levée sans le savoir, pour changer de vie.
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