Commentaires de livres faits par Iscia
Extraits de livres par Iscia
Commentaires de livres appréciés par Iscia
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« Vous êtes belle », dit-il simplement.
Ces mots résonnaient autour de moi, quand j'étais dans l'entrepôt, entourée de tous côtés par les richesses qu'Achille avait dérobé dans les villes incendiées.
J'ai pensé : "Et moi, j'ai fais ce que d'innombrables femmes ont été forcées de faire avant moi. J'écarte les cuisses pour l'homme qui a tué mon mari et mes frères".
Je ne sais pas quoi répondre.
— Tu crois que tes actions ne comptent pas ? Que la gentillesse n’a pas de pouvoir ?
— Pas ici, dis-je.
— Surtout ici, au contraire. (Iel relâche mes épaules.) Ceux qui semblent y être le plus imperméables sont ceux qui en ont le plus besoin.
Je renifle et m’essuie les joues avec les paumes.
— Sauf que ça ne marche pas.
Iel sourit.
— Pardonne-moi cette comparaison, mais… la gentillesse, c’est comme un poison. Elle n’agit pas toujours tout de suite. (Iel croise les mains.) Ton pouvoir est de ceux qui accompagnent quelqu’un à vie. Les flammes magiques émerveillent, les épées magiques tranchent. Mais, sur leur lit de mort, ce n’est pas de ça dont les gens se souviennent. Et, crois-moi, j’en ai vu, des lits de mort. »
Septième carnet. L'hiver
23 janvier 1876
I glanced at Ivan and made a face. " Black ", I answered, but mouthed ' like your heart '.
He rolled his eyes.
" Is that true ? " the other woman asked, moving her gaze from the computer back to us.
" I don't have a favorite color ", Ivan answered.
" What is Jasmine's favorite ? " she asked.
He glanced at me at the same time the woman looked away, " Red ". Then added ' like the blood of the children you eat '.
I was not going to laugh.
I was not going to laugh.
Especially not when he looked so pleased with his fucking self. Idiot. Asshole.
Randall me regarda fixement pendant un moment.
Puis il se leva.
Et s’en alla.
Encore.
J’allais commencer à me vexer si cela continuait d’arriver.
— À votre avis, qu’est-ce que ça veut dire ? lui hurlai-je.
— Oh, c’est reparti, maugréa Pat en levant les yeux au ciel, exaspérée.
— Quoi ? dis-je.
Parce que quoi ?
— Leslie, tu ne peux pas devenir la mère de tout ce que tu trouves, expliqua Pat.
Apparemment, c’était une dispute de longue date.
— Je suis presque sûre que si, répondit Leslie. Et je suis presque sûre que je vais le faire.
— Ça n’a pas fonctionné jusqu’à maintenant.
— C’est parce qu’il ne s’agissait que d’enfants d’entraînement.
— Il y a eu les chauves-souris, énuméra Pat en levant une griffe.
— Croustillantes, concéda Leslie.
— Ensuite ces bébés vaches.
Elle leva une seconde griffe.
— Ou mes petits hamburgers comme j’aimais les appeler, déclara Leslie en claquant ses lèvres.
— La chèvre des montagnes.
Troisième griffe.
— Je me suis vraiment fait plaisir avec elle, répliqua joyeusement Leslie.
Puis elle fronça les sourcils.
— Surtout quand elle sortait de moi.
Je grimaçai.
— Je… n’avais pas besoin de savoir ça.
— C’est pour ça que nous avons des rochers, rétorqua Pat en baissant les griffes. Tu peux toujours les materner sans les manger sans faire exprès.
— Vous avez mangé vos pseudo-enfants ? m’écriai-je d’une voix stridente.
— Une horrible affaire, se lamenta Leslie. Je me sentais terriblement mal. C’était en fait une brûlure d’estomac et une indigestion, mais quand même. C’était terrible.
— Vous ne pouvez pas manger Kevin !
— Il dit salut, soupira Gary.
Il agita joliment sa crinière.
— Vous y croyez ? Vous élevez un enfant pendant presque toute sa vie, vous le voyez traverser les douloureuses années de la puberté pour devenir un homme raisonnablement beau, tout ça pour le retrouver en train de négocier un contrat coquin avec un dominant habillé en cuir, et il vous dit « salut ».
Il renifla.
— Je n’ai jamais été aussi fier de quoi que ce soit de toute ma vie.
— Ou il essaie de t’épouser, grommela Ryan derrière moi.
— Tu sais que tu es mon seul et unique, chéri.
— Je ne me sens pas menacé par un homme nu d’une quinzaine de centimètres avec des ailes.
— Il se sent tellement menacé, chuchota fortement Gary à Tiggy. Je suis embarrassé pour lui.
— Chevalier au Visage Exquis avoir problèmes, murmura Tiggy en retour.
— Le problème vient de Dimitri, qui m’a demandé de l’épouser avant que Ryan le fasse, déclarai-je sans réfléchir.
Puis je trébuchai tout seul et m’étouffai avec ma langue.
— Non pas que tu vas me demander de t’épouser ni rien. C’est… ce n’est pas ce que je voulais dire. Je me fiche carrément de ce genre de choses !
— C’est mon aventure préférée, s’extasia Gary. Je passe un si bon moment.
— HaveHeart pour toujours, bordel, s’exclama joyeusement Tiggy. Eux se marier.
— Quoi ? leur sifflai-je. Les gars. Fermez-la. Il va vous entendre.
Gary n’était pas impressionné.
— J’espère bien. Il est juste là.
J’observai Ryan, qui me regardait bouche bée.
Je grognai.
Ryan bredouilla.
Je suppliai les Dieux de m’abattre.
— Ça n’est pas la raison pour laquelle j’ai des problèmes ! Et pour information, quand nous nous marierons, ça sera mieux que ce que n’importe quel roi des fées pourrait faire pour toi.
— Oh mes Dieux, marmonna Justin. C’est comme regarder une calèche se renverser au ralenti.
Ce fut à mon tour de bredouiller en réponse à Ryan.
— Comment ça quand ?
— Un mariage royal ! s’écria Gary. Je n’ai rien à me mettre. Tiggy. Tiggy. Tu te rends compte de ce que ça veut dire ?
— Virée shopping ?
— Virée shopping. Il y aura des écharpes et des chapeaux à fanfreluches. On rira, on secouera nos têtes avec un dédain évident quand les autres porteront des tenues scandaleuses. Ça va être glorieux.
— Moi aimer chapeaux à fanfreluches, dit Tiggy. Et poulets.
En tournant la tête pour regarder par-dessus son épaule, Kevin demanda :
— Mais que diable se passe-t-il ici ? Est-ce qu’on s’arrête pour une pause sexy ?
— Sam et Ryan vont se marier, annonça Gary.
Kevin écarquilla les yeux.
— Mon garçon ? souffla-t-il. Mon garçon va se marier ?
— Pourquoi j’ai voulu participer à ce voyage ? demanda Justin à personne en particulier. Je pourrais être de retour au château à faire n’importe quoi d’autre qu’être avec ces gens.
Il y eut un bruit tonitruant lorsque Kevin se retourna, sa queue et ses ailes abattant plus d’arbres.
— Mon fils, déclara-t-il en posant les yeux sur moi. Je suis tellement heureux pour toi. Bon sang, je me souviens quand tu étais un petit garçon…
— C’est faux, rétorquai-je. Je ne te connaissais même pas quand j’étais un petit garçon.
— … et je me suis promis que lorsque tu trouverais ton véritable amour et que tu me demanderais de t’accompagner jusqu’à l’autel, je ne pleurerais pas. Devine quoi ? Je m’apprête à rompre cette promesse.
— Je transpire énormément, marmonna Ryan d’un air vaguement malade.
— Tu ne m’accompagneras pas jusqu’à l’autel, affirmai-je en le fusillant du regard. Tu n’es même pas mon véritable père !
— Oh, Gary, renifla Kevin.
De grandes larmes globuleuses glissèrent sur ses joues squameuses.
— Notre fils va se marier.
Gary sanglotait en trottinant vers son… mari ? Ex-mari ? Sex-friend immonde ? Je n’arrivais plus à suivre. Il gémit en appuyant sa tête contre le pied de Kevin.
— Je n-n-ne suis pas prêt !
— Nous pleurer maintenant ? demanda Tiggy, sa lèvre inférieure tremblotante.
— Non ! criai-je. Pas de pleurs ! On ne pleure pas.
— Si, Tiggy ! sanglota Gary. Sam va se marier.
— Ah oui ? hésita Tiggy en commençant à pleurer. Ah oui ?
— Tu ferais mieux de prendre soin de lui, gronda Kevin à Ryan au travers de ses larmes. Tu sais que Sam est mon fils sexy. Je ne vais pas donner sa main au premier venu.
Les yeux de Ryan sortaient de leurs orbites.
— Je crois que j’ai de la fièvre.
— Si quelqu’un s’y intéresse, je continue d’avancer pour ne plus avoir à écouter ça, annonça Justin. Parce que je vous déteste tous, là.
— Combien va-t-on toucher pour la dot de Sam ? demanda Kevin à Gary. Je n’ai jamais été obligé de vendre un de mes enfants auparavant.
— Je ne sais pas, répondit Gary au travers de ses larmes. Il est un peu déficient, alors nous devrons nous assurer que toute vente soit définitive.
— Vous ne pouvez pas me vendre ! protestai-je. Et je ne suis pas déficient.
— J’essayais juste de marcher dans la forêt, se défendit Ryan. C’est tout.
— Tiggy pouvoir participer mariage ? demanda Tiggy en s’essuyant le nez.
— Bien sûr que oui, répondis-je.
Puis :
— Attends, je ne voulais pas dire ça.
— Tiggy pas pouvoir participer mariage ?
Il me regarda avec des yeux écarquillés et mouillés.
— Aaah. Ton visage. Je voulais juste dire que je ne me mariais pas ! Mais maintenant, tu me fais cette tête. Ryan, on se passe la bague au doigt ! Regarde Tiggy. Regarde-le.
— Tu viens juste de me demander de t’épouser ? couina Ryan.
— Eh, les gars, appela Justin.
— Euh, répondis-je. Je crois que oui.
— Waouh, souffla Kevin. C’est Sam qui demande à Ryan. Comme c’est moderne.
— Comment ça, c’est moderne ? demandai-je. Nous sommes tous les deux des hommes.
— C’est vrai. Mais tu es… plus délicat.
— Les gars, répéta Justin.
— Plus délicat, grognai-je. Et qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ?
— Tu veux m’épouser ? insista Ryan.
— Tu seras la plus belle fleur demi-géante, sanglota Gary à Tiggy. Personne ne sera aussi beau que toi.
— Moi être beau, pleura Tiggy.
— C’est juste que… expliqua Kevin. Tu sais. Tu es… délicat.
— Je vais t’en montrer de la délicatesse, grondai-je.
— Ooh. Répète ça. Cette phrase a fait des choses à mon pénis, tu n’imagines même pas. Et tu peux m’appeler Capitaine quand tu le feras ? Ne demande pas. C’est juste un truc.
— LES GARS ! hurla Justin.
— QUOI ! criâmes-nous en retour.
— Un peu de putain d’aide de votre part, abrutis de trous du cul !
J’avançai sur le chemin, sentant ma magie commencer à ramper sur ma peau. Les autres me suivirent, et alors que nous jaillissions dans une clairière, je m’étais préparé à tout : des manticores, des geckos de feu ou une bande d’Obscurs errants qui devaient être éradiqués.
Au lieu de ça, je me cognai contre le dos de Justin et les autres s’écrasèrent contre moi. Nous tombâmes tous, atterrissant sur le Prince, par terre.
— Aïe, réussis-je à siffler. Gary, ton sabot… est sur… mes boules.
— Oh, s’il te plaît, dit-il au-dessus de moi. Tu fais comme si c’était la première fois que je te touchais les boules.
— Il les a touchées ? grogna Ryan près de mon épaule. Mais pourquoi il te les a touchées ? C’était avant ou après que tu lui as tripoté le trou de balle ?
— Peux pas… respirer, gémit Justin sous moi.
— Moi aimer vous, déclara Tiggy, presque en haut de la pile.
— Euh, ajouta Kevin en nous jetant un coup d’œil. On dirait que ce serait plus confortable si vous étiez tous nus. Je peux vous aider, si vous voulez. Je suis partant pour une Orgie Fêtant Sam Qui Se Fiance.
— Oh non, gémis-je. Il a mis les majuscules et tout.
— Sam s’est fiancé ? bourdonna une voix aiguë au-dessus de nous. Avec qui ?
Nous levâmes tous lentement la tête.
Là, flottant dans les airs devant nous, se trouvaient des centaines de minuscules hommes avec des ailes.
Devant eux, volait le roi des fées des Bois Obscurs.
Dimitri.
Avec sa minuscule moustache.
Et son minuscule pénis.
— Salut, Dimitri, soupirai-je.
Ryan faillit tomber. Sans aucune raison. Il ne marchait même pas.
Je haussai les sourcils.
— Tu vas bien ?
— C’est juste… commença Ryan. Je ne… Sam.
— Ça résume assez bien ce que nous ressentons tous à propos de Sam, railla Gary. De l’affection avec un grand penchant vers l’horreur.
Je souris à Ryan.
— Tu as de l’affection pour moi.
Il commença à tousser violemment.
— De l’affection, dit Gary à Tiggy.
— De l’affection, répéta le demi-géant.
— Quoi ? demandai-je.
Ils soupirèrent tous les deux.
— Randall, appela Gary. N’est-ce pas un prérequis pour tous les sorciers d’avoir au moins légèrement conscience de ce qui les entoure ?
— On peut l’espérer, répondit Randall. Un sorcier doit tout le temps être familier avec son environnement et doit réussir à comprendre toutes les subtiles nuances des personnes et-ou des créatures qu’il fréquente.
— Les subtiles nuances, répéta Gary.
— Subtiles, insista Tiggy.
Je leur jetai un regard noir.
— Vous êtes ridicules.
— Vous n’êtes pas son mentor, rétorqua Ryan. C’est Morgan. Pourquoi vous devriez lui apprendre quelque chose ?
Randall inclina la tête vers Ryan.
Celui-ci blêmit.
— Euh. Pourquoi auriez-vous besoin de lui enseigner quoi que ce soit, mon seigneur puissant, monsieur le sorcier Randall. S’il vous plaît, ne faites pas fondre mon visage.
— Lèche-cul, marmonnai-je.
— Je t’aime bien, déclara Randall. Pour l’instant.
— Hiip, couina Ryan.
— Tu es un Chevalier Commandant, sifflai-je. Retrouve tes bijoux de famille, Foxheart !
Ryan redressa les épaules et posa la main sur la garde de son épée. Il semblait si fringant et impeccable que je songeai sérieusement à le prendre ici et maintenant, que le public aille se faire voir. Curieusement, je réussis à me retenir.
— Je vous fais savoir que je ne suis pas d’accord avec ce plan.
— C’est noté, répondit Randall. Je rejette ton avis.
J’attendis la prochaine attaque dévastatrice de Ryan, soit avec ses mots, soit avec son épée. Je me fichais de savoir quelle option il choisissait.
(Je préférais l’épée.)
Mais rien ne vint.
Le silence devint un peu gênant.
— C’est tout ? demandai-je enfin. Il essaie de m’emmener dans son palais du sexe et tu lui dis juste que tu n’es pas d’accord ?
Son palais du sexe, articula silencieusement Randall à Morgan.
— Qu’est-ce que tu veux que je fasse de plus ? demanda Ryan, les sourcils froncés.
— Transperce-le, bordel !
— Si tu fais ça, je fais fondre ton visage, lui assura Randall.
— Tu sais ce que je pense de mon visage, dit Ryan. Je l’utilise pour des choses.
— Salauds, grognai-je. Et pour ceux qui se posent la question, je parlais de vous trois.
ADRIEN.- C'est idiot. Il y a de plus en plus de gens extraordinaires. Au point que cela va devenir extraordinaire d'être une personne ordinaire. Alors, patiente un peu ; tu n'as rien à faire pour cela, rien.
D'un regard ou d'une parole bienveillante.
Je n'ai pas d'yeux, mais je vois une âme fière
La seule qui me complète aujourd'hui comme hier.
Je m'éveille sous la main d'une Rahtan,
Ses caresses sont mon souffle et mon sang.
Je suis totalement perdu mais complètement trouvé
Détenu, prisonnier... attaché à jamais.
— Nous nous en chargerons nous-mêmes, Kazi. Nous écrirons notre propre histoire, et elle occupera un millier de volumes. Nous avons toute la vie devant nous.
- '' Petit '' ?
- Il a 17 ans.
- Et vous le croyez ?
- Aussi tentante que soit l'idée, plaisanta Nathaniel, je ne tiens pas à ce que nous nous lancions dans un plan de domination du monde. Cela paraît amusant en théorie, mais en pratique c'est un vrai cauchemar logistique, ave tous ces assassinats à organiser, et le reste. (Elisabeth le dévisagea avec de grands yeux.) Eh bien, oui, Silas me racontait parfois des histoires pour m'endormir le soir.
—Qui sont tous ces gens ? demanda Elisabeth, mal à l’aise. On dirait qu’ils nous attendent.
Nathaniel glissa sur la banquette vers elle, regarda au-dehors, et jura entre ses dents.
—Le Chancelier Ashcroft a invité la presse à venir chez lui. Impossible de leur échapper, j’en ai peur. Courage, Scrivener. Ce ne sera pas long.
Quand Silas ouvrit la portière, un puissant brouhaha déferla sur eux. Parmi les gens rassemblés, personne n’accorda un regard à Silas ; tous les yeux se tournèrent vers Elisabeth quand elle descendit de la voiture et les hommes jouèrent des coudes pour s’octroyer une meilleure place.
—Mademoiselle Scrivener ! Auriez-vous un moment…
—Je suis M. Feversham de L’Enquêteur de Pont-l’Airain…
—Par ici, mademoiselle Scrivener !
—Pouvez-vous nous donner votre taille exacte, mademoiselle Scrivener ?
—Bonjour, dit Elisabeth, un peu médusée par le spectacle de ces hommes qui se ressemblaient tous beaucoup. (Jamais encore elle n’avait vu autant de moustaches en un même lieu.) Je suis navrée, j’ignore ma taille exacte.
Elle avait encore grandi depuis la dernière fois que Katrien l’avait mesurée.
—Est-il vrai que vous avez vaincu un Maléfict de catégorie huit à Estive ? demanda un des hommes, tout en griffonnant frénétiquement sur son carnet.
—Oui, c’est vrai.
—À vous seule ?
Elisabeth hocha la tête. L’homme la dévisagea avec de grands yeux écarquillés, et elle ajouta gentiment :
—Enfin, j’avais une épée.
Un autre reporter en tweed se faufila au-devant de la foule.
—J’ai cru comprendre que vous avez passé beaucoup de temps en compagnie du magister Thorn. Vous a-t-il fait part de ses intentions ?
—J’aurais bien aimé, répondit Elisabeth. La moitié du temps, ce qu’il dit n’a pas le moindre sens. Cela m’aiderait de connaître ses intentions.
Nathaniel toussota.
—Elle ne l’entendait pas dans ce sens, assura-t-il à la cantonade, tout en prenant Elisabeth par le bras. C’est une bibliothécaire sauvage, vous savez ; élevée au milieu des poux de livre, une histoire tragique…
Il tira Elisabeth hors de l’attroupement et l’entraîna vers le perron.
Le temps passa. Je perdais l'espoir de revoir jamais mon compagnon, et de mornes jours s'écoulaient dans l'école paysanne, de tristes jours dans la maison déserte. Frantz ne vint pas au rendez-vous que je lui avais fixé, et d'ailleurs ma tante Moinel ne savait plus depuis longtemps où habitait Valentine.
La seule joie des Sablonnières, ce fut bientôt la petite fille qu'on avait pu sauver. A la fin de septembre, elle s'annonçait même comme une solide et jolie petite fille. Elle allait avoir un an. Cramponnée aux barreaux des chaises, elle les poussait toute seule, s'essayant à marcher sans prendre garde aux chutes, et faisait un tintamarre qui réveillait longuement les échos sourds de la demeure abandonnée. Lorsque je la tenais dans mes bras, elle ne souffrait jamais que je lui donne un baiser. Elle avait une façon sauvage et charmante en même temps de frétiller et de me repousser la figure avec sa petite main ouverte, en riant aux éclats. De toute sa gaieté, de toute sa violence enfantine, on eût dit qu'elle allait chasser le chagrin qui pesait sur la maison depuis sa naissance. Je me disais parfois : "Sans doute, malgré cette sauvagerie, sera-t-elle un peu mon enfant". Mais une fois encore la Providence en décida autrement.
Un dimanche matin de la fin de septembre, je m'étais levé de fort bonne heure, avant même la paysanne qui avait la garde de la petite fille. Je devais aller pêcher au Cher avec deux hommes de Saint-Benoist et Jasmin Delouche. Souvent ainsi les villageois d'alentour s'entendaient avec moi pour de grandes parties de braconnage : pêches à la main, la nuit, pêches aux éperviers prohibés... Tout le temps de l'été, nous partions les jours de congé, dès l'aube, et nous ne rentrions qu'à midi. C'était le gagne-pain de presque tous ces hommes. Quant à moi, c'était mon seul passe-temps ; les seules aventures qui me rappelassent les équipées de jadis. Et j'avais fini par prendre goût à ces randonnées, à ces longues pêches le long de la rivière ou dans les roseaux de l'étang.
Ce matin-là, j'étais donc debout, à cinq heures et demie, devant la maison, sous un petit hangar adossé au mur qui séparait le jardin anglais des Sablonnières du jardin potager de la ferme. J'étais occupé à démêler mes filets que j'avais jetés en tas, le jeudi d'avant.
Il ne faisait pas jour tout à fait ; c'était le crépuscule d'un beau matin de septembre ; et le hangar où je démêlais à la hâte mes engins se trouvait à demi plongé dans la nuit.
J'étais là silencieux et affairé lorsque soudain j'entendis la grille s'ouvrir, un pas crier sur le gravier.
"Oh ! oh ! me dis-je, voici mes gens plus tôt que je n'aurais cru. Et moi qui ne suis pas prêt !..."
Mais l'homme qui entrait dans la cour m'était inconnu. C'était, autant que je pus distinguer, un grand gaillard barbu habillé comme un chasseur ou un braconnier. Au lieu de venir me trouver là où les autres savaient que j'étais toujours, à l'heure de nos rendez-vous, il gagna directement la porte d'entrée.
"Bon ! pensai-je ; c'est quelqu'un de leurs amis qu'ils auront convié sans me le dire et ils l'auront envoyé en éclaireur".
L'homme fit jouer doucement, sans bruit, le loquet de la porte. Mais je l'avais refermée, aussitôt sorti. Il fit de même à l'entrée de la cuisine. Puis, hésitant un instant, il tourna vers moi, éclairée par le demi-jour, sa figure inquiète. Et c'est alors seulement que je reconnus le grand Meaulnes.
Un long moment je restai là, effrayé, désespéré, repris soudain par toute la douleur qu'avait réveillée son retour. Il avait disparu derrière la maison, en avait fait le tour, et il revenait, hésitant.
Alors je m'avançai vers lui, et sans rien dire, je l'embrassai en sanglotant. Tout de suite, il comprit : "Ah ! dit-il d'une voix brève, elle est morte, n'est-ce pas ?"
Et il resta là, debout, sourd, immobile et terrible. Je le pris par le bras et doucement je l'entraînai vers la maison. Il faisait jour maintenant. Tout de suite, pour que le plus dur fût accompli, je lui fis monter l'escalier qui menait vers la chambre de la morte. Sitôt entré ; il tomba à deux genoux devant le lit et, longtemps, resta la tête enfouie dans ses deux bras.
Il se releva enfin, les yeux égarés, titubant, ne sachant où il était. Et, toujours le guidant par le bras, j'ouvris la porte qui faisait communiquer cette chambre avec celle de la petite fille. Elle s'était éveillée toute seule — pendant que sa nourrice était en bas — et, délibérément, s'était assise dans son berceau. On voyait tout juste sa tête étonnée, tournée vers nous.
"Voici ta fille", dis-je.
Il eut un sursaut et me regarda.
Puis il la saisit et l'enleva dans ses bras. Il ne put pas bien la voir d'abord, parce qu'il pleurait. Alors, pour détourner un peu ce grand attendrissement et ce flot de larmes, tout en la tenant très serrée contre lui, assise sur son bras droit, il tourna vers moi sa tête baissée et me dit :
"Je les ai ramenés, les deux autres... Tu iras les voir dans leur maison".
Et en effet, au début de la matinée, lorsque je m'en allai, tout pensif et presque heureux vers la maison de Frantz, qu'Yvonne de Galais m'avait jadis montrée déserte, j'aperçus de loin une manière de jeune ménagère en collerette, qui balayait le pas de sa porte, objet de curiosité et d'enthousiasme pour plusieurs petits vachers endimanchés qui s'en allaient à la messe...
Cependant la petite fille commençait à s'ennuyer d'être serrée ainsi, et comme Augustin, la tête penchée de côté pour cacher et arrêter ses larmes continuait à ne pas la regarder, elle lui flanqua une grande tape de sa petite main sur sa bouche barbue et mouillée.
Cette fois le père leva bien haut sa fille, la fit sauter au bout de ses bras et la regarda avec une espèce de rire. Satisfaite, elle battit des mains...
Je m'étais légèrement reculé pour mieux les voir. Un peu déçu et pourtant émerveillé, je comprenais que la petite fille avait enfin trouvé là le compagnon qu'elle attendait obscurément. La seule joie que m'eût laissée le grand Meaulnes, je sentais bien qu'il était revenu pour me la prendre. Et déjà je l'imaginais, la nuit, enveloppant sa fille dans un manteau, et partant avec elle pour de nouvelles aventures.