Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
721 380
Membres
1 043 646

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Commentaires de livres faits par LightAndSmell

Extraits de livres par LightAndSmell

Commentaires de livres appréciés par LightAndSmell

Extraits de livres appréciés par LightAndSmell

Un roman ! Un seul roman, Rouge, a suffi pour que Pascaline Nolot devienne l’une de ces autrices dont je suis prête à lire toutes les nouvelles parutions. Alors quand Babelio m’a proposé de découvrir Gris comme le coeur des indifférents, je n’ai pas hésité un instant d’autant que son thème de fond, les violences faites aux femmes, est important.

« Hier, Papa a frappé maman. » Un début et une fin en soi, car on le sait, la société ferme bien souvent les yeux devant ces violences domestiques qui brisent des foyers, si ce ne sont pas littéralement des vies. Celles de femmes qui subissent le joug d’un homme tyrannique et violent, que ce soit verbalement et/ou physiquement. Alors ce court, mais percutant roman, leur offre un moyen d’exister, nous dévoilant, à travers le regard d’une adolescente, le calvaire d’une femme faisant écho à celui de bien d’autres

Lyra, quinze ans, attend dans le couloir dépersonnalisé d’un hôpital avec sa mère, cette mère dont l’affection se ressent dans chaque geste délicat et mesuré. Son père a frappé sa mère, mais elle ne veut pas de la pitié des uns, quand il aurait plutôt fallu la (ré)action des autres. Au fil des minutes, qui s’égrènent dans une temporalité propre à ceux qui ont vécu des drames, Lyra se souvient. Elle se souvient des quelques jours heureux vécus avec son père, mais principalement de la souffrance insufflée par ce bourreau, qui s’est constitué un double aux yeux de la société. Héros pour ceux qui ne le connaissent pas vraiment, monstre pour les siens. Un monstre dont les accès et les excès de colère dictent la conduite de toute la famille, et brisent jour après jour sa femme qui tient debout malgré tout.

D’une plume subtile, l’autrice déconstruit toutes ces petites phrases assassines que l’on entend dans les conversations, et qui sont tout autant de coups portés à des femmes qui en ont déjà beaucoup trop à encaisser. Non, une femme battue n’est pas une femme faible ; non, une femme battue ne le mérite pas même si elle reste avec son bourreau, d’autant qu’il n’est pas si simple de partir ; et non, une femme battue ne l’a pas cherché, jamais ! Des vérités assénées sans violence, la vie de Lyra en étant de toute manière déjà bien trop pourvue. Cette adolescente nous touche, nous heurte et nous émeut : alors qu’elle devrait être à l’âge de l’insouciance et de la construction de soi, elle nous apparaît d’une maturité incroyable.

De celle que l’on acquiert par instinct de survie et de protection… D’ailleurs, Lyra protège de son mieux ses deux petits frères, leur épargnant au maximum les scènes de violence devenues ordinaires chez eux. Et puis, elle soigne et panse les blessures physiques et morales d’une mère qui encaisse pour que ses enfants n’aient jamais à le faire. Il y a beaucoup d’amour chez Lyra pour sa mère, mais il y a aussi de la colère, avant que ne vienne la frapper une certaine prise de conscience sur cette mère d’une force incroyable, dernier rempart devant une mer déchainée.

À cet égard, la fin m’a retournée car je l’espérais autre, mais surtout parce qu’elle nous renvoie à une réalité teintée de gris. Teintée de gris comme le coeur de tous ces indifférents qui savent ou qui devinent, mais qui préfèrent se terrer dans une ignorance feinte ou pire, blâmer la victime au lieu de l’aider à fuir son bourreau. Une indifférence, qui devient une autre forme de violence, a fortiori quand elle émane de l’entourage, à l’instar de cette mère qui ne lèvera pas le moindre petit doigt pour sa fille ou ses petits-enfants… Heureusement, il y a parfois des mains tendues, permettant à Lyra d’espérer un jour apprendre à faire confiance au genre masculin, car si tous les hommes ne sont pas violents, difficile ne pas se méfier quand votre premier modèle est un puits sans fond de noirceur, de manipulation et de brutalité.

Ce thème des violences faites aux femmes est difficile, certes, mais il est important d’en parler surtout quand c’est fait avec une telle dose d’humanité. L’écriture de Pascaline Nolot exprime beaucoup mais avec pudeur à l’image de sa narratrice, une jeune fille qui s’interroge, se souvient et raconte avant d’apprendre à se raconter. Alors que l’autrice s’efface au profit de Lyra, on ressent pourtant sa grande empathie, ce qui apporte beaucoup de force à ce récit unique, mais encore trop courant par le drame qu’il dénonce…

En conclusion, Gris comme le coeur des indifférents de Pascaline Nolot évoque sans pathos, mais avec une force incroyable et beaucoup de réalisme, les violences faites aux femmes. Un thème difficile, mais hélas encore d’actualité, que l’on aborde à travers le regard d’une adolescente touchante, victime collatérale de la violence de son père envers sa mère. Court, mais percutant et émouvant, un récit qui rappelle l’importance de ne pas rester indifférent devant le pire, que la violence n’est jamais de la faute de la victime et que l’oublier, c’est doublement la condamner !

Avis sur https://lightandsmell.wordpress.com/2023/03/06/gris-comme-le-coeur-des-indifferents-pascaline-nolot/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 26-02-2023
Après quelques pages où la narration en je m’a un peu inquiétée, n’étant pas toujours fan, j’ai fini par me laisser emporter par cette belle romance qui se déroule dans un monde imaginaire qui ne sera pas sans rappeler la période médiévale, ce qui confère au roman un côté romance historique qui m’a plu. J’ai, en outre, apprécié que l’autrice prenne le temps de poser le décor et de bien présenter ses personnages grâce à une alternance de points de vue rythmée et efficace. On découvre ainsi en parallèle la princesse Annika et Lennox, deux personnes que rien ne destinait à se rencontrer sur le terrain de l’amour, mais que tout poussait à s’affronter sur le terrain de la guerre.

Du moins, du point de vue de Lennox, ce féroce guerrier qui ne désire qu’une chose : reconquérir ce qui vient de droit à son peuple, cette terre et ce royaume dont les ancêtres de la princesse l’ont privé. La princesse, quant à elle, ne connaît pas l’existence de ce septième clan dont se prévaut Lennox, l’Histoire telle qu’elle l’a apprise n’en faisant aucune mention. Alors quand les deux se rencontrent, pas dans des circonstances très agréables pour la princesse kidnappée et menacée, c’est la déflagration, d’autant qu’ils sont liés par le drame, la mort et d’étranges rêves.… Mais de si de tout ce chaos et de cette haine pouvait s’élever quelque chose de plus beau et de plus fort ?

J’ai beaucoup aimé les personnages, d’abord Annika, une jeune femme courageuse, intelligente et forte, mue par son sens du sacrifice et du devoir. Elle est ainsi prête à épouser un cousin froid et autoritaire pour le bien du royaume, quitte à sacrifier son bonheur et tout espoir de félicité conjugale. J’ai trouvé le personnage intéressant dans sa construction : soumise à son père d’un côté, mais toujours pour le bien de son peuple, et rebelle de l’autre, celle-ci n’hésitant pas à braver l’autorité paternelle, et donc royale, pour s’entraîner au maniement de l’épée. C’est le genre d’héroïne forte et déterminée que j’affectionne de suivre, d’autant que contrairement à son cousin, elle n’est pas obsédée par l’étiquette royale. Au contraire, elle traite tout le monde de la même manière, ancien garçon d’écurie comme camériste, la sienne étant d’ailleurs pour elle une vraie sœur de coeur.

J’ai également beaucoup apprécié sa relation avec son frère, héritier de la couronne, dont elle est très proche et avec lequel elle partage (presque) tout. Un jeune homme qui n’est néanmoins pas prêt aux mêmes sacrifices que sa sœur… Je n’ai pas pu m’empêcher de le trouver, bien qu’aimant, assez égoïste surtout au regard de sa sœur, bien plus altruiste et téméraire, qui a, contrairement à lui, l’étoffe d’une reine. Cette idée de sacrifice féminin est donc bien présente dans le roman, lui conférant une certaine portée historique réaliste. Mais les femmes ne sont pas les seules à devoir se sacrifier dans ces jeux de pouvoir, Lennox acceptant coups et brimades de la part du chef, plus ou moins autoproclamé de son clan, afin de pouvoir lui offrir un autre avenir.

Si ce jeune homme torturé a du sang sur les mains, on ne peut s’empêcher d’éprouver rapidement pour lui de la compassion, à l’instar de l’une de ses victimes qui le hantera, métaphoriquement parlant. J’ai donc apprécié de voir ce jeune homme solitaire, sa seule amie étant une adorable renarde, s’ouvrir progressivement à l’amitié grâce à des personnes qui vont l’aider et le suivre dans ses périlleuses missions. J’ai regretté que les personnages secondaires ne soient pas plus développés, mais j’ai apprécié la dynamique de groupe qui se met doucement en place, effaçant les griefs, rancœurs et préjugés du passé. Bien plus humain qu’il ne veut l’admettre, Lennox m’a beaucoup touchée, a fortiori lorsque l’on découvre les épreuves qu’il a dû traverser depuis la mort de son père… On comprend alors aisément cette solitude dans laquelle il s’est réfugié et les remparts qu’il a construits tout autour de lui.

Lennox et Annika ont vécu des vies diamétralement opposées, et sont, à la manière d’un Roméo et d’une Juliette, destinés à se détester, mais leur rencontre va ouvrir de nouveaux horizons, même s’il faudra un peu de temps avant que leur histoire ne débute vraiment. On pourra regretter qu’après une longue mise en place, il y ait comme une sorte de fulgurance dans leurs sentiments, mais d’un autre côté, j’ai trouvé cela très bien amené. Un peu comme si, par un concours de circonstances, cette proximité qui leur est imposée n’était là que pour permettre à ce qui couvait d’éclater au grand jour. Je dois avouer que j’étais, au début, sceptique, le passif entre les deux étant très lourd, mais je me suis finalement laissée emporter par cette histoire d’amour qui m’a donné quelques frissons et fait battre mon coeur. J’ai ainsi trouvé leur histoire belle et dramatique à la fois, mais aussi pleine d’espoir et de lumière…

Quant à l’écriture de l’autrice, sans fioriture, mais rythmée et pleine d’humanité, elle s’est révélée plaisante. Les pages défilent, les rouages se mettent en branle, et la haine laisse progressivement place à l’espoir et au renouveau, sans pour autant occulter une certaine brutalité. Après tout, tout le monde n’a pas la grandeur d’âme et l’esprit de sacrifice de la princesse Annika ! Une jeune femme qui gagne, à coup d’épées et de décisions stratégiques, réfléchies et courageuses, notre respect, tout comme Lennox réussit, contre toute attente, à gagner notre coeur, ainsi que celui très pur d’une princesse pourtant destinée à le détester.

En conclusion, Mille battements de coeur nous offre une belle histoire à la Roméo et Juliette, la portée dramatique étant présente, sans être aussi pesante que dans l’œuvre de Shakespeare. Il faut dire que Kiera Cass s’oriente judicieusement vers un récit fort et pourtant facile à lire où la brutalité se brise devant la compassion, et l’amour se développe en dépit de la raison. Entre devoir et amour, raison et passion, rancœur et espoir, nos personnages vont devoir choisir, à moins qu’ils ne trouvent une autre voie… Prenant, porté par deux héros à la personnalité affirmée et aux convictions profondément enracinées, une histoire de pardon, d’amour et de rédemption qui devrait ravir les adolescent(e)s, mais également les adultes appréciant les romances entre deux êtres condamnés à se détester, mais prêts à s’aimer.

https://lightandsmell.wordpress.com/2023/02/13/mille-battements-de-coeur-kiera-cass/
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
Je connais peu l’œuvre de George Sand mais appréciant l’idée de voir cette grande autrice mise en scène dans une enquête, je me suis lancée avec plaisir dans ce cosy mystery qui ne m’a néanmoins pas complètement convaincue. Je n’ai aucun gros reproche à lui faire mais une petite succession de petites choses qui ont rendu la lecture bien moins captivante que je l’aurais souhaité.

J’aime quand les auteurs nous plongent au coeur de l’intrigue sans passer par mille détours, mais il y a quand même une différence entre rapidité et précipitation. Là, tout est posé trop rapidement au point qu’il m’a fallu un petit moment avant d’arriver à situer les personnages. Fort heureusement, au fil des pages, on réalise que chaque personnage possède une personnalité assez marquée pour le rendre facilement identifiable, mais pas forcément passionnant. Le roman souffre, en effet, de sa relative brièveté, ne permettant pas à l’autrice de développer la personnalité de chacun en profondeur, ce qui m’a donné le sentiment de survoler les choses. Sentiment confirmé par un contexte historique et socio-culturel à peine effleuré quand il aurait été intéressant de l’approfondir. Je pense plus particulièrement à la question des différences de classe, qui aura son importance pour saisir tous les tenants et aboutissants de l’histoire…

Malgré cette impression de trop peu et de confusion, l’autrice m’ayant parfois semée avant de me récupérer au détour d’informations me permettant de faire le lien entre présent et passé, j’ai apprécié de suivre nos trois alliés de circonstance dans leur ou plutôt leurs enquêtes. Si le titre se révèle trompeur, George Sand étant loin d’être l’élément moteur de l’intrigue, j’ai aimé découvrir Aurore Dupin, la femme derrière l’autrice. Une femme bienveillante, chaleureuse et observatrice qui va s’appuyer sur son travail d’écrivaine pour formuler des hypothèses et tirer des conclusions pertinentes. Bien que j’aurais aimé que son rôle soit plus flamboyant, j’ai apprécié que Delphine Bilien joue la carte du réalisme en ne la transformant pas d’un coup de baguette magique en enquêtrice surpuissante.

À ses côtés, nous suivons Benjamin, avocat et fils d’une amie de George Sand, et Jeanne, une domestique qui n’est pas vraiment ce qu’elle prétend être. L’autrice fait planer un certain mystère autour de cette femme, me poussant à m’interroger sur ce secret qu’elle semble cacher et sa volonté que sa véritable identité ne soit pas dévoilée. Néanmoins, j’ai été assez déçue de la révélation la concernant, que j’ai trouvée un tantinet mélodramatique, avec en prime la sensation d’un problème de temporalité entre sa situation actuelle et les événements qui l’ont conduite à changer de vie. On a l’impression qu’il s’est passé beaucoup de temps alors que ce n’est pas le cas…

Le personnage n’en demeure pas moins intéressant par sa complexité, Jeanne semblant à bien des égards fragile tout en nous prouvant lors de moments importants, qu’elle est bien plus forte, courageuse et déterminée qu’on ne pourrait le penser. Dommage que ses secrets et mensonges ne compliquent singulièrement la tâche de ses alliés… Quant à Benjamin, c’est peut-être le personnage que j’ai préféré, appréciant sa loyauté, son esprit d’analyse et son humanité. L’une de ses décisions m’a paru éthiquement contestable, mais finalement assez fidèle à sa volonté que justice soit faite. Ce trio d’enquêteurs improvisés pourrait sembler mal assorti, mais il fonctionne très bien, une fois les fils de leur coopération dénoués et que chacun trouve sa place. À cet égard, j’ai aimé la relation qui se noue entre les trois personnages, George Sand jouant un peu le rôle de coordinatrice bienveillante et très lucide notamment sur l’émergence de certains sentiments.

Quant à l’enquête sur la mort de l’éditeur d’un auteur à succès, en lice pour un prix littéraire, elle ne présente d’intérêt que parce qu’elle permet de faire ressusciter, à défaut des morts, les ombres du passé. Un passé avec lequel Jeanne aurait aimé prendre des distances, mais qui va inexorablement la rattraper… pour le pire, mais pas que. De fil en aiguille, des liens se forment entre présent et passé sans que cela ne m’ait jamais véritablement passionnée. Je ne dirai pas qu’il n’y a pas de suspense, mais il est trop tenu pour me tenir en haleine, d’autant qu’il y a une révélation tellement évidente que ça a fini par m’exaspérer qu’elle ne soit pas vite découverte par nos apprentis enquêteurs. Je pense sincèrement qu’avec un roman plus étoffé et des effets de manche moins appuyés, mon ressenti aurait été plus positif.

Je reconnais cependant que le roman se lit vite, l’autrice s’appuyant sur une plume tout en légèreté qui rend la lecture agréable, d’autant que certaines scènes m’ont semblé assez théâtrales dans leur déroulé, leur rythme et leur musicalité. Il s’établit une sorte de proximité avec les décors et les personnages qui fait que même si on ne trépigne pas d’impatience à l’idée de tourner les pages, on le fait naturellement comme on retrouverait le chemin de la maison. À cet égard, le côté cosy est parfaitement retranscrit malgré de vilains secrets, des sentiments bien laids, une symbolique forte autour des serpents et la mort qui frappe par deux fois, à des années d’intervalle.

En conclusion, George Sand mène l’enquête de Delphine Bilien ne m’a pas convaincue autant que je l’aurais souhaité, la faute à une mise en place trop rapide rendant certaines choses confuses et à la psychologie des personnages que j’ai trouvée trop survolée. Ce cosy mystery devrait néanmoins plaire aux amateurs du genre notamment pour son ambiance au charme particulier, et ses personnages pour lesquels on développe un certain attachement. Et puis, bien qu’elle ne porte pas l’enquête sur ses seules épaules, il est agréable de voir un monument de la littérature telle que George Sand troquer sa casquette d’écrivaine pour celle d’enquêtrice. Entre secrets, mensonges et bassesse humaine, une enquête dans l’antre d’une sordide histoire qui réveillera les ombres du passé !

https://lightandsmell.wordpress.com/2023/02/15/george-sand-mene-lenquete-delphine-bilien/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 26-02-2023
Si je connaissais l’autrice de nom, je ne pense pas avoir déjà eu le plaisir de découvrir sa plume avant ce cosy mystery au charme certain. J’ai aimé la justesse des mots, les phrases qui font mouche, les réparties pleines d’humour, l’ambiance teintée de surnaturel à la manière de Arthur Conan Doyle et de son Chien des Baskerville, et le mystère avec une énigme qui ne sera pas sans rappeler celle dans La chambre jaune de Gaston Leroux.

Le charme de ce roman ne se limite néanmoins pas à ces savoureux clins d’œil littéraires, Malika Ferdjoukh nous proposant avant tout une enquête particulièrement bien menée aux multiples ramifications ! Dans une première partie, on découvre ainsi un étrange meurtre, pas par son procédé mais par la manière dont il est prédit par une voyante ayant fait un bien long voyage pour délivrer sa funeste vision. Une première couche de mystère teintée de mystique qui, pour ma part, m’a tout de suite captivée même si la résolution de ce meurtre est bien terrestre et se conclut par une pendaison. Mais si l’irascible et le vindicatif Horton Palance n’était pas le coupable ? Une question qui m’a taraudée, a fortiori quand quelques années après son exécution, le pas si paisible que cela village de Morgan’s Moore est de nouveau frappé du sceau du malheur…

L’enquête ou plutôt les enquêtes sont intéressantes, d’autant que l’autrice ne prend pas forcément les chemins que l’on peut attendre d’elle et qu’elle évite de distribuer par-ci, par-là, de trop gros indices. J’avais toutefois deviné certaines choses, dont l’une qui m’a sauté aux yeux mais que je soupçonne d’être offerte aux lecteurs afin de mieux détourner leur attention de la révélation. Une révélation qui permet de lier entre elles les différentes parties en plus de nous révéler la bassesse humaine, les réactions qu’elle peut engendrer et la dualité qui peut se cacher en chacun de nous. J’ai aimé qu’on ne tombe pas dans le manichéisme et que l’autrice arrive à susciter chez nous compassion et empathie envers un être capable du pire comme du meilleur.

Malika Ferdjoukh possède d’ailleurs un véritable talent pour créer et développer des personnages marquants et hauts en couleur ! J’ai, ainsi, adoré la jeune sœur de Flannery et encore plus cette jeune femme qui se rêve enquêtrice et dont le goût pour les sciences lui offrira de brillantes déductions. Impertinente, brillante, intuitive et taquine, elle est du genre à ne jamais s’arrêter avant d’avoir été entendue et d’avoir été au bout de ses idées, au plus grand dam de Pitchum. Dépêché de Scotland Yard aux côtés du superintendant Tanyblwch, cet apprenti enquêteur sera la cible préférée de Flannery, qui aimera à le taquiner sans méchanceté. Mais je vous rassure, ce dernier possède également, en plus d’une belle chevelure, une bonne répartie, nous offrant ainsi de savoureuses joutes verbales teintées de cet humour so british que j’aime tant.

Le superintendant Tanyblwch, caricature savoureuse de l’enquêteur anglais, m’a beaucoup plu et parfois fait rire par son sens des priorités discutable, mais le piquant de cette histoire revient à la relation entre Flannery et Pitchum. J’ai été un peu frustrée que les deux n’aient pas plus de scènes ensemble, mais je dois bien reconnaître que leurs rencontres et échanges sont tout bonnement truculents, mais pas que… Je n’en dirai pas plus si ce n’est que j’ai aimé l’évolution de leur relation et la manière dont Flannery va pousser Pitchum à sortir de sa coquille et à se montrer un peu moins guindé et plus libéré. Quant à ce dernier, je ne suis pas certaine qu’il ait eu une quelconque influence sur la jeune fille, mais il lui aura néanmoins parfois servi d’épaule sur laquelle se pencher pour surmonter de bien fortes émotions.

Il faut dire que Malika Ferdjoukh n’épargne pas son public avec des meurtres plutôt sanguinolents, la présence d’une menace terrifiante d’autant que difficile à cerner, une ambiance teintée de mystère sur laquelle plane une aura presque surnaturelle, ou du moins, bien inhumaine au regard des crimes commis. Mais je vous rassure, nous restons dans un livre YA et si l’ambiance se veut parfois étouffante, l’autrice veille à apporter des moments de lumière, de beaux instants d’amitié, de l’amour et des scènes pleines d’humour !

Rythmé, captivant et écrit d’une plume aussi drôle que fine, Griffes est un savoureux roman qui permet de découvrir le charme particulier des cosy mysteries, ou de renouer avec le bonheur de se laisser immerger dans une enquête à l’humour so british bien plus complexe qu’il n’y paraît. Entre beaux moments et instants bien plus brutaux, une plongée remarquable dans une campagne anglaise qui se fait tour à tour enjôleuse et menaçante ! Un peu le reflet de la dualité humaine, capable de la plus pure des compassions en même temps que de la pire des abominations…

https://lightandsmell.wordpress.com/2023/02/20/griffes-malika-ferdjoukh/
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
Acheté pour le challenge Romantasy, j’ai fini par lire My Happy Marriage la veille du début du challenge. J’ai finalement bien fait parce que la fantasy n’est pas, dans ce tome introductif, au coeur de l’intrigue. Elle est tout juste évoquée à travers l’existence de familles possédant des pouvoirs surnaturels. Malheureusement pour elle, notre héroïne, Miyo Saimori n’en possède aucun, ce qui ne l’aide pas à être acceptée par son père qui lui préfère sa fille issue d’un deuxième mariage. Un mariage d’amour contrairement à celui contracté avec la mère de Miyo…

Maltraitée psychologiquement et réduite au rang de servante, Miyo ne connaît aucun amour ni réconfort, si ce n’est celui timide offert par son ami d’enfance toutefois bien incapable de la protéger. Habituée à subir sans se rebeller, notre héroïne va donc accepter la demande de son père : aller habiter chez le chef de la puissante famille Kudô avant de l’épouser. Le début d’une nouvelle vie de malheurs, ce fiancé tombé du ciel ayant une fort mauvaise réputation, à moins que ce ne soit celui d’une renaissance…

J’ai regretté qu’on tombe un peu trop dans le mélo, Miyo ayant tout d’une Cendrillon transportée dans un univers de fantasy japonais, mais j’ai été très touchée par notre héroïne et son histoire. Malmenée par sa belle-mère et sa demi-sœur, rejetée et ignorée par son père, Miyo est une héroïne qui a connu bien des épreuves au point d’avoir perdu totalement confiance en elle. Incapable de penser à elle, de demander la moindre chose et toujours en train de s’excuser, elle se révèle bien différente des autres prétendantes venues habiter chez Kiyoka en vue d’un éventuel mariage. De fil en aiguille, cet homme austère et froid, sauf avec sa gouvernante Yurie qui l’a élevé, va d’ailleurs se prendre d’affection pour cette jeune femme d’une grande modestie et gentillesse, toujours prête à aider.

J’ai apprécié qu’il essaie de prendre soin d’elle, tout en le faisant discrètement afin de ne pas la gêner, Miyo restant sur la réserve, et ayant du mal à évoquer son enfance difficile et sa vie passée dans une famille cruelle. Mais petit à petit, Miyo va s’ouvrir à cet homme qui pourrait devenir son mari. Dans ce premier tome, des bribes de sentiments commencent à éclore même si à ce stade, on ne peut pas encore parler d’amour. Kiyoka et Yurie offrent à la jeune femme ce dont elle est privée depuis le décès de sa mère : de l’attention, du respect, et des petites intentions lui prouvant son droit à exister. Tout autant de choses qui permettent, petit à petit, à la chenille de sortir de son cocon.

La relation entre les deux protagonistes, bien que tout en pudeur et retenue et teintée du sceau des non-dits, est adorable et laisse entrevoir une belle romance. J’aurais toutefois apprécié que la partie fantasy soit un peu plus développée, même si j’ai l’espoir que ce soit le cas dans la suite de la série. Certains éléments nous laissent, en effet, espérer que notre héroïne pourrait nous surprendre et rabattre le caquet d’une demi-sœur horriblement agaçante et des plus caricaturales. On tombe dans le cliché de la garce sans coeur fière et sûre d’elle qui vit à travers le plaisir qu’elle prend à maltraiter plus faible qu’elle, et plus particulièrement sa docile aînée. J’aurais aimé un peu plus de nuance mais le personnage a le mérite de nous faire réaliser la force intérieure de Miyo pour avoir su la supporter durant toutes ces années !

Au-delà de l’animosité de cette famille toxique avec laquelle Miyo a du mal à prendre totalement ses distances, celle-ci s’étant gravée dans sa chair et un coeur asphyxié par des années de maltraitance, d’autres menaces semblent émerger. Après tout, si la famille de la jeune fille n’est pas consciente de sa valeur, d’autres le sont pour elle… Ces menaces, dont personne n’a conscience si ce n’est le lecteur, apportent une certaine tension à l’histoire, tout en éveillant notre curiosité sur les réelles capacités de Miyo. Est-elle vraiment dépourvue de pouvoirs ou au contraire, comme sa mère issue d’une puissante lignée, est-elle dotée d’une capacité à la valeur inestimable ? Une question qui me donne très envie de lire le deuxième tome !

Portée par de belles illustrations, My happy marriage ! pose les jalons d’une belle histoire entre deux personnages aux antipodes l’un de l’autre, l’un respecté et craint, l’autre maltraitée et effacée. Une romance dans un univers de fantasy japonais que j’ai hâte de découvrir un peu plus en profondeur, ce premier tome restant très introductif sur ce point, mais laissant entrevoir un certain potentiel. Entre dureté d’une vie sans amour et espoir d’une vie nouvelle empreinte de tendresse, voici un manga qui devrait ravir les amateurs de romances surnaturelles empreintes de mystère et de douceur. Pour ma part, je serai curieuse de découvrir le light novel duquel le manga a été adapté, et le film et l’animé qui devraient bientôt sortir.

https://lightandsmell.wordpress.com/2023/02/22/my-happy-marriage-tome-1-de-akumi-agitogi-kosaka-rito-et-tsukioka-tsukiho/
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
date : 22-01-2023
Je ne sais plus trop comment ce roman a atterri dans ma PAL mais ce que je sais, c’est que je suis ressortie de ma lecture perturbée avec le sentiment d’avoir lu un très bon roman, mais un roman étrange soulevant plus de thématiques que mon cerveau embrumé par les émotions n’a réussi à entrevoir lors de ma lecture.

Il faut dire que Megan Lindholm ne ménage pas son héroïne, Evelyn, nous narrant son passé tout en nous mettant face à un présent pas forcément des plus joyeux. Coincée dans sa belle-famille, soit-disant de manière temporaire, Evelyn va vite réaliser que son mari n’est pas pressé de quitter les siens, dont l’emprise se fait de plus en plus pesante. Les jours, les semaines puis les mois s’écoulent et Evelyn se sent de plus en plus piégée, seule et incomprise, son mari se préoccupant bien plus de ce que pensent ses parents que de ce que vivent sa femme et son propre fils. Fils qui d’ailleurs s’éloigne de plus en plus d’elle, victime à son tour de l’emprise tentaculaire de ses beaux-parents, qui se montrent ouvertement critiques à son égard. Pire, ils bafouent sans vergogne son autorité devant son fils sous l’indifférence horripilante de son mari !

Que je me suis insurgée devant cette situation et toutes ces remarques blessantes et profondément injustes que ne cesse de recevoir Evelyn ! Alors même qu’elle vit un véritable drame, sa belle-famille arrive à la déposséder de son fils et la reléguer au rang des indésirables et des nuisibles. Bien que nos vies n’aient rien à voir, j’ai développé une très grande empathie et affection pour cette femme, dont on découvre petit à petit le manque de confiance en soi et les blessures du passé. Des blessures qui expliquent d’ailleurs son besoin d’être aimée qui l’empêche de se révolter quand la situation devient intolérable et insupportable. J‘ai eu bien souvent envie de ruer dans les brancards à sa place, le sentiment d’injustice ne cessant de monter en moi devant cette violence psychologique qu’on lui fait subir.

Paradoxalement, il m’a aussi parfois été nécessaire de lutter pour ne pas tomber dans le travers consistant à blâmer la victime, Evelyn ayant tendance à se laisser faire. Mais ce n’est pas de sa faute si son mari se comporte comme un enfant quand ses parents sont dans les parages, et ce n’est pas à elle de faire des efforts quand on ne fait que la critiquer et la condamner quoi qu’elle fasse. Alors que sa vie ne lui convient plus, une ombre du passé ressurgit poussant Evelyn à douter : tous ses souvenirs d’enfance avec son meilleur ami, le dieu Pan, sont-ils pures élucubrations de jeunesse, ou Pan existe-t-il vraiment et est prêt à refaire partie de sa vie ?

Le doute plane même si la vérité se dévoile rapidement à nous, a fortiori quand un accident transforme la vie d’Evelyn en cauchemar. Elle pensait vivre l’enfer sur terre, ou quelque chose de similaire, elle va apprendre dans sa chair la signification du mot douleur. À partir de là, la nature du récit change, nous emportant dans un voyage presque onirique où la nature dans ce qu’elle a de plus sauvage et de plus beau à la fois s’entremêle et se confond avec la réalité jusqu’à une conclusion aussi belle que cruelle. Une fois la dernière page tournée, j’ai eu une sorte de flottement où je me suis sentie incroyablement trahie, mais en même temps éblouie par la beauté et la cruauté d’une fin qui s’impose pourtant d’elle-même et nous offre une merveilleuse preuve d’amour.

À travers cette aventure tranchante aux allures de fable, l’autrice évoque un certain nombre de sujets et offre une réflexion intéressante sur la nature, ici personnifiée sous les traits d’un dieu dont les instincts nous apparaissent, sur le long terme, incompatibles avec ceux d’une simple humaine. Des instincts animaux sans fard et sans vice, qui sont parfois bien moins durs, brutaux et violents que ceux des hommes… Si certaines scènes m’ont d’abord mise mal à l’aise, il est étonnant de voir la facilité avec laquelle Megan Lindholm nous permet d’aller au-delà de nos premières impressions, sublimant une relation a priori inappropriée. Il y a donc une certaine brutalité dans ce roman, que ce soit dans les relations familiales ou des scènes sensuelles à l’aura animale, et une étrange poésie dans cette rencontre entre humanité, divinité et une nature qui finit par reprendre ses droits.

En conclusion, Le dieu dans l'ombre est un roman atypique qui remue, fait passer ses lecteurs par un tout un tas d’émotions, les poussent dans leurs retranchements, tout en les incitant à se recentrer sur l’essentiel et à saisir toute la puissance d’une nature avec laquelle on peut entrer en résonance, mais en aucun cas dompter. Il y a quelque chose de saisissant dans la rencontre entre un dieu qui suit ses instincts sans se poser de questions et une humaine qui passe son temps à trahir ce qu’elle est vraiment… jusqu’à ce que la vie lui fasse subir la pire des épreuves, et lui offre en même temps la meilleure des chances. Celle d’enfin se trouver et d’offrir à ce qu’elle a de plus cher; le plus dur mais le plus beau des cadeaux !

Avis publié sur https://lightandsmell.wordpress.com/2023/01/11/le-dieu-dans-lombre-megan-lindholm/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 22-01-2023
Après l’émotion, le rire avec un petit album qui ne manque pas d’humour, et qui nous plonge en plein Far West dans la ville de Quietcity.

Une ville qui porte mal son nom car si elle a l’air désertique, elle est quand même habitée par des personnes un peu trop collantes au goût de Billy. C’est que le jeune garçon aimerait être seul quand toute la ville, des frères James en passant par Butch et Cassidy, veulent le suivre. Il n’aurait peut-être pas dû mettre son chapeau qui lui donne des allures de chef !

Page après page, les lecteurs voient donc la bande à Billy se former et se développer au grand dam du jeune cow boy solitaire désigné chef malgré lui… Mais ne vous inquiétez pas, un chef, même récalcitrant, a plus d’une corde à son arc pour trouver cette tranquillité très recherchée en cette ville de Quietcity ! En plus de l’histoire pleine d’humour et d’une chute amusante, le charme de cet album réside dans les illustrations de Ronan Badel, qui joue avec les codes du Far West et ses indétrônables éléments visuels. Les lecteurs plus âgés apprécieront également les clins d’œil à des criminels de légende…

En bref, je vous invite à vous plonger dans La bande à Billy ou l’histoire d’un chef qui ne voulait pas l’être et d’une bande de criminels de légende qui vont trouver plus malins qu’eux. Léger et amusant, un album parfait pour les amateurs du Far West. À noter qu’il s’agit du quatrième tome d’une série mais qu’il n’est nul besoin d’avoir lu les précédents pour apprécier celui-ci.

Avis publié sur https://lightandsmell.wordpress.com/2023/01/18/mini-chroniques-en-pagaille-52-emotion-rire-et-consentement/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 22-01-2023
Merci pour la tendresse permet d’évoquer avec douceur et humour la thématique difficile de la dépression et de ses conséquences aussi bien pour la personne concernée que pour son entourage. Entre scènes qui brisent le coeur et instants de complicité et de rires qui le réchauffent, un ouvrage fort et tendre à la fois illuminé par les douces aquarelles d’Emma Constant.

Avis complet sur https://lightandsmell.wordpress.com/2023/01/13/merci-pour-la-tendresse-myren-duval-et-emma-constant/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Topographie de la terreur plaira autant aux personnes appréciant les récits se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale qu’aux personnes recherchant une enquête rondement menée dans un contexte historique particulier, qui ajoute une tension certaine à une enquête qui n’en manque déjà pas. Entre peur constante, lâcheté collective et courage individuel, un polar qui évoque le pire sans jamais tomber dans le pathos, grâce à une plume authentique qui joue sur la peur tout en éveillant en chacun l’envie de se révolter. Un rappel brutal à une réalité pas si lointaine en même temps qu’un récit évoquant la capacité de chacun à résister…

Avis complet sur https://lightandsmell.wordpress.com/2023/01/16/topographie-de-la-terreur-regis-descott/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
N’étant pas fan des traditionnelles romances de Noël, mais désirant quand même lire un roman évoquant cette fête, j’ai eu envie de me plonger dans ce roman dont le résumé laissait présager une bonne dose d’humour. Une impression confirmée par la lecture de cette romance de Noël qui s’éloigne très nettement des codes du genre, même si on y retrouve certains éléments comme le sapin et l’effervescence autour de cette grande célébration.

Une effervescence que chaque année Tisiphone fuit en se réfugiant sur l’Olympe pour des vacances bien méritées, l’entreprise qu’elle possède sur Terre avec son frère marchant très bien. Mais enfer et pénurie de Crocos rouges, cette année, rien ne va se passer comme prévu, la flèche de son frère Cupidon l’atteignant par erreur lors d’un concile mouvementé entre immortels. Et voilà que la reine des châtiments va devoir faire face à l’impensable : des S.E.N.T.I.M.E.N.T.S ! Entre deux réparties cinglantes et des pensées peu charitables, son esprit va alors être empoisonné par des idées sexy et des phrases dégoulinantes de bons sentiments envers l’autre demi-dieu avec lequel son frère l’a malencontreusement liée… à jamais.

Enfin, c’est la théorie parce que Tisiphone est bien décidée à remédier à la situation, d’autant que son âme sœur ne semble pas non plus enchantée par la situation. Il faut dire que ce demi-dieu a passé toute sa vie à fuir l’héritage de son père, un dieu de la mort, pour vivre sa vie humaine en harmonie avec son amour de la nature, des fleurs et des plantes. Il a même ouvert, sans mauvais jeu de mots, une entreprise florissante en hommage à sa mère morte d’un cancer… Mais les effets de la flèche de Cupidon ne risquent-ils pas de chambouler irrémédiablement sa vie et celle de notre Furie préférée ? Et surtout, cela est-il vraiment une mauvaise chose pour ces deux âmes esseulées, l’une prisonnière de ses préjugés et de sa haine/peur des émotions, l’autre de son incapacité à réunir les deux parties qui la composent ? Des questions auxquelles cette lecture répond d’une manière qui m’a complètement convaincue, et qui permet d’outrepasser l’éventuel malaise lié à l’idée d’une relation amoureuse imposée par la magie de Cupidon. Et puis, après tout, l’amour n’est-il pas une forme de magie en soi ?

J’ai d’emblée apprécié le ton du récit, Sunny Taj faisant preuve d’une bonne dose de légèreté et d’humour à travers son irrévérencieuse héroïne qui n’aime pas Noël, la guimauve et les sentiments, et encore moins se faire piéger dans une relation amoureuse qui ne correspond pas à sa nature de Furie. Son truc à elle, ce sont les châtiments de toutes sortes, les bonbons et plus particulièrement les Crocos rouges qu’elle commande par container, sans oublier quelques parties de jambes en l’air, sa longévité lui ayant permis d’apprendre des trucs sympas dans le domaine. Mais je vous rassure, l’autrice nous épargne les scènes et les détails scabreux, nous rappelant juste que son héroïne a eu une longue vie bien remplie. Drôle et entière, Tisiphone est un petit phénomène auquel on s’attache très vite et que l’on s’amuse beaucoup à suivre. Derrière son allergie apparente aux sentiments, on découvre une divinité capable d’être amie avec une humaine, et très attachée à sa famille et notamment à son frère Cupidon. Un attachement que les événements vont mettre en lumière et nous permettre de découvrir la puissance d’une furie en colère ! 

Au-delà de cette anti-héroïne haute en couleur, l’autrice a su proposer des personnages variés et attachants : un demi-dieu touchant très affecté par le décès de sa mère et l’abandon de son père, qui saura néanmoins faire face avec beaucoup d’aplomb à un monde qu’il a pourtant toujours fui ; une mère très protectrice envers ses enfants qu’il vaut mieux avoir de son côté ; un couple inattendu que l’on voit peu mais qui nous attendrit beaucoup ; un Cupidon clément et profondément bienveillant qui, comme sa sœur, va devoir faire face à quelque chose de nouveau pour lui ; un ange peut-être pas aussi hautain que cela ; un dieu qui se révèle bien plus tendre et aimant que les apparences ne le laissent présager… Contre toute attente, j’ai d’ailleurs été très touchée par ce personnage et les révélations l’entourant lui et son histoire. J’ai également apprécié les histoires d’amour qui se dessinent tout au long du roman, sans jamais prendre le pas sur l’action et l’humour. Elles sont juste là en trame de fond, pour nous rappeler la magie de Noël et peut-être montrer à Tisiphone que l’amour, ce n’est pas si terrible que cela.

Avec l’autrice, attendez-vous à défier les convenances, multiplier les sources d’amusement, et ressentir des émotions même quand l’héroïne préférerait éliminer ce mot de son vocabulaire ou, encore mieux, de l’humanité ! Autre atout charme de cette originale histoire, la manière dont nous naviguons entre le monde des humains et le monde des dieux. Un monde divin qui revêt ici un aspect multiple puisque l’autrice n’hésite pas à mélanger différentes mythologies et créatures surnaturelles dans un joyeux capharnaüm. Pour ma part, j’ai aimé côtoyer aussi bien des anges que des dragons que des dieux égyptiens ou gréco-romains ou encore des sorcières, des nymphes… et me plonger au coeur de leurs relations plutôt mouvementées ! On prend ainsi plaisir à découvrir les inimitiés, les messages menaçants derrière des paroles en apparence pleines de prévenance et de bienséance, les duplicités, les tensions, mais aussi les ententes, sans oublier les potentielles alliances qui se dessinent au fil des pages.

Les amateurs de mythologie et de créatures fantastiques devraient se régaler, tout comme les personnes appréciant les intrigues menées tambour battant, les vérités cachées, les histoires de vengeance et d’ambition… Mais sur ce point, je n’en dirai pas plus, vous laissant le plaisir de la découverte. Quant à la plume de Sunny Taj, je l’ai trouvée très agréable et fluide, l’autrice ayant su faire montre d’humour sans se montrer lourde, et sans jamais dénaturer la nature profonde de son anti-héroïne. On sourit, on tremble parfois pour le devenir de nos protagonistes qui vont devoir faire face à quelques épreuves, on vit intensément les scènes d’action, on s’émeut devant les rapprochements… Il ne manque plus que le pop-corn, ce roman étant l’exemple même du bon divertissement sans prise de tête qui permet pendant quelques heures de se couper du quotidien. Mon seul bémol concerne peut-être la couverture qui, à mon sens, n’est pas flatteuse, mais je reconnais qu‘elle correspond parfaitement au ton du récit et à la manière habile avec laquelle l’autrice casse certains mythes entourant l’aspect physique de ses protagonistes.

En conclusion, les amateurs de romances de Noël qui désirent retrouver dans Une Furie à New york : O.S.E.F. Noël !, l’effet Chamallow inhérent au genre risqueraient la déception, Tisiphone préférant nettement l’effet Croco ! Mais les lecteurs désirant un roman inclassable qui mêle avec brio références à Noël, mythologie, action, complot, humour, famille, amitié et amour trouveront ici certainement leur bonheur. Audacieux et drôle, un roman qui donne la pêche et permet d’aborder la période de Noël avec bonne humeur que l’on soit fan de cette célébration ou qu’on y soit réfractaire. Après tout, notre héroïne est un beau mélange des deux, mais ne lui dites pas que son numéro de Furie en mode « à bas Noël » ne fonctionne pas vraiment avec moi… Et puis, comment résister à un roman mettant en scène des créatures et dieux mythologiques dans un environnement urbain et très actuel ?

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/11/28/une-furie-a-new-york-o-s-e-f-noel-sunny-taj/
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
Attirée par la couverture et intriguée par le résumé, je me suis lancé dans ce roman sans autre attente que celle de passer un bon moment de divertissement. Chose que j’ai eue à travers cette histoire rythmée et entraînante dont on tourne rapidement les pages, l’écriture de Jo Colleen se révélant aussi fluide qu’immersive. S’appropriant sans lourdeur la thématique du réchauffement climatique et de l’inconscience des Hommes prompts à détruire notre planète, l’autrice nous plonge rapidement dans un monde rétro-futuriste qui m’a donné le sentiment d’être plongée dans une antiquité revisitée. Un monde réduit à trois zones géographiques dirigées par trois souverains réunis au sein de la coalition de Démé-Ter ; sorte d’entente permettant de préserver le fragile équilibre de ce nouvel ordre mondial, et d’assurer la paix, tout en offrant à chaque souverain une relative autonomie.

Si j’ai apprécié de découvrir toute l’histoire autour de la renaissance du monde, la Regenèse, j’ai surtout apprécié d’en découvrir les spécificités avec notamment la présence de la magie, un don qui n’est pas sans danger. J’ai, en outre, adoré la manière dont Jo Colleen mélange les inspirations, n’hésitant pas à mêler univers post-apocalyptique aride, clins d’œil mythologiques, gladiature et passages connotés très Far West. Des genres qui se marient ici à merveille et offrent l’image d’un monde fascinant, étrangement réaliste et cohérent, mais aussi très dur pour ceux qui n’ont pas la chance d’être nés libres.

À cet égard, j’ai été révoltée par ce retour en arrière vis-à-vis de l’esclavage, ici chose communément admise et acceptée. Les passages dans l’arène m’ont également soulevé le coeur, l’autrice restituant toute l’horreur de ces personnes sacrifiées sur l’autel du divertissement, la plupart des participants n’étant pas là sur la base du volontariat. Pire, certains comme Diane, notre héroïne, se retrouvent dans l’arène accusés injustement, victimes de leur statut d’esclave ne leur offrant aucune protection ou forme de justice sociale. Mais contrairement à beaucoup d’esclaves et de laissés-pour-compte massacrés dans un jeu dont les dés sont pipés, Diane va survivre à cette terrible épreuve grâce à l’aide d’un allié inattendu, et des dons qu’elle ne soupçonnait pas posséder ! Le début d’une nouvelle vie pleine de dangers et de révélations, certaines lui permettant de remonter les traces de son propre passé et de son histoire familiale… Je n’en dirai pas plus sur ce point, si ce n’est que plus on avance dans le récit, plus le titre prend tout son sens.

D’emblée, je me suis pris d’affection pour Diane qui se montre loyale, courageuse, déterminée mais pas obstinée, d’une droiture exemplaire, et qui n’a pas la langue dans sa poche. Elle va, en outre, se révéler d’une maturité surprenante pour une fille de son âge, offrant un certain contraste avec Athénaïs, son amie et la fille sur laquelle elle veille depuis qu’un noble l’a échangée contre une dette de jeu lorsqu’elle était enfant. Athénaïs nous semble, dans un premier temps, assez superficielle, la jeune fille étant bien plus intéressée par ses robes et son futur mariage avec un homme qu’elle ne connaît pas que par le bien-être des autres membres du personnel. Son rôle reste minime dans ce premier tome, mais la jeune fille bénéficie néanmoins d’une évolution intéressante. Je dois d’ailleurs dire qu’elle m’a agréablement surprise, dévoilant une combativité et une force de caractère que je ne lui aurais pas soupçonnées ! Elle m’a également touchée, celle-ci subissant une épreuve qui est, hélas, encore la réalité de nombreuses femmes dans notre réalité…

Diane et Athénaïs sont très différentes l’une de l’autre, mais elles ont développé des liens forts et uniques, rendant leur amitié émouvante et réaliste. J’ai toutefois regretté qu’Athénaïs ne se batte jamais vraiment pour la liberté de son amie qui reste aux yeux du monde une esclave avec les privations de liberté que cela implique… À l’inverse, alors qu’elle est elle-même dans une situation délicate, Diane va tout faire pour sauver son amie des griffes d’un puissant bourreau, non pas par obligation, mais par loyauté et amitié ! Dans cette mission périlleuse, elle pourra heureusement compter sur Galène, le garçon responsable de ses malheurs, qui semble prêt à tout pour réparer les torts qui lui a causés. Bien qu’à cause de lui, Diane ait failli mourir, ce voleur mélomane se révèle très touchant, a fortiori quand l’on découvre son histoire. Une histoire encore empreinte de zones d’ombre qui, je l’espère, seront levées dans le deuxième tome.

D’abord méfiante, Diane va, petit à petit, accepter de s’appuyer sur cet allié inattendu… J’ai beaucoup aimé l’évolution de leur relation, l’autrice nous offrant de jolis moments, où l’on voit naître une belle complicité entre ces deux personnages qui ont dû grandir trop tôt. Elle nous propose également des moments emplis de tension durant lesquels la réalité des dangers qu’ils encourent, et leur différence de statut, l’une esclave, l’autre citoyen, s’imposent à eux. Au-delà de ces deux protagonistes dont on alterne les points de vue, Jo Colleen a su créer et développer des personnages secondaires intéressants, hétéroclites et attachants. J’ai ainsi adoré l’extravagance d’Ursul, un gladiateur dopé à la célébrité prêt à tout pour combattre dans l’arène, où ses pitreries et son art du combat sont fortement appréciés. J’ai été charmée par son apparente légèreté qui cache une force de caractère implacable et un coeur bien plus gros que son égoïsme ne le laisse penser. C’est probablement le personnage qui évoluera le plus, une prise de conscience suite à une mort tragique lui permettant enfin de revoir son sens des priorités…Cela n’excuse pas ses manquements passés, mais cela nous laisse espérer que lui et Galène développent enfin cette relation père de substitution/ fils qui aurait dû les lier si Ursul n’avait pas été aussi obsédé par la gloire.

Autre personnage que j’ai adoré suivre et apprendre à mieux connaître, un chasseur de primes craint par tous en raison de sa particularité ; une particularité exploitée par les trois souverains de Démé-Ter qui le tiennent sous leur coupe. De fil en aiguille, il nous offre une image bien différente de celle qu’on lui associe, peut-être parce que grâce à Diane, sa carapace se fendille petit à petit jusqu’à révéler l’homme derrière le Thanatos. Un homme, et non une machine sans âme, que rien ne prédestinait à devenir la personne la plus effrayante et le plus seule de Démé-ter, tout le monde fuyant sa présence de peur de ne pas y survivre. Je ne m’attendais pas à être autant touchée par cet homme mystérieux et secret qui va naturellement s’intégrer au duo formé par Diane et Galène… Ce personnage est celui qui m’a le plus attendrie alors qu’objectivement, il fait partie des plus dangereux ! Un paradoxe qui le rend d’autant plus intéressant et qui prouve le talent de l’autrice pour créer et développer des protagonistes qui nous étonnent et entrent dans notre coeur même quand on ne s’y attend pas le moins du monde.

En plus d’être fascinant et intrigant, ce chasseur de primes permet à l’autrice de questionner la notion de véracité historique, et de rappeler à quel point il est aisé pour les gagnants de façonner l’Histoire à leur guise afin de manipuler ceux qui y croient, et ainsi assurer leurs intérêts et asseoir leur pouvoir. La chute de l’humanité est-elle vraiment une punition des dieux, ou la sanction divine n’est-elle pas une excuse pratique permettant à quelques-uns de dominer tout le monde ? Je vous laisserai découvrir la réponse à cette question, d’autant que l’autrice vous réserve quelques surprises, permettant de réaliser que les projets des uns ne sont pas forcément mieux que les projets des autres.

J’ai regretté quelques hasards forts commodes, mais pas complètement irréalistes, mais je reconnais m’être parfois laissé surprendre, et avoir apprécié la manière dont l’autrice mène d’une main de maître ses personnages vers leur destin. Un destin qui unit certains d’entre eux de manière surprenante et qui tire ses sources dans un passé réservant son lot de révélations. De fil en aiguille, les pièces du puzzle se mettent en place, nous offrant une vérité qui s’est longtemps dérobée à Diane et qui ne fera que renforcer sa détermination… Mais cela suffira-t-il face aux dangers qui la guettent, elle et ses amis ? Une question qui instaure une certaine tension et qui trouve sa réponse dans une fin donnant quelque peu envie de se jeter sur la suite. Sans être inutilement cruelle, l’autrice nous montre avec quelle facilité la réalité peut vite rattraper ses personnages, tous volontaires, mais tous soumis aux caprices d’une vie placée sous le sceau de la servitude et/ou de difficiles épreuves.

En conclusion posant les bases d’un univers intéressant et original, aux frontières de plusieurs genres et aux inspirations multiples, Le Corbeau blanc nous plonge dans une aventure emplie d’action, de rebondissements et de révélations. Une aventure qui laisse une belle place aux relations humaines qu’elles soient amicales, familiales et, dans une certaine mesure, amoureuses, tout en rappelant le poids du déterminisme social dans une société encore marquée par l’esclavagisme… De fil en aiguille, la richesse du roman nous saute aux yeux, Jo Collenn nous proposant un texte fluide et pourtant fort où est questionnée la notion de véracité historique, qui dépend bien plus des vainqueurs que des faits. Il est également question d’une idéologie humaniste dévoyée sur l’autel du fanatisme, d’une organisation mystérieuse dont on découvre les rouages, de secrets de famille jalousement gardés, de lourds sacrifices, d’amour contrarié mais dont on ne doute jamais de la puissance, d’amitié avec un grand A qui dépasse les frontières sociales, de magie… Un roman riche, mais accessible, rythmé et entraînant porté par une écriture fluide et immersive !

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/11/16/deme-ter-les-trois-couronnes-tome-1-le-corbeau-blanc-jo-colleen/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Ce tome se déroule après les événements du premier consacré à Adèle, mais les deux histoires peuvent se lire indépendamment l’une de l’autre, comme je l’ai fait. Si je ne doute pas que ce roman puisse plaire aux amateurs de livres feel good avec, en trame de fond, une romance qui prend le temps d’éclore, je me suis hélas ennuyée.

Les débuts et la plume vive et non dénuée d’humour de Lucie Castel m’avaient pourtant laissé espérer une lecture détente et divertissante, le genre que je lis en une soirée, mais mon intérêt est vite retombé. J’ai trouvé les messages véhiculés importants mais amenés avec lourdeur à travers des dialogues qui m’ont donné l’impression de lire des pages de développement personnel. Je valide donc le fond mais pas la forme qui manque, du moins pour moi, de subtilité et qui mériterait d’être retravaillée pour apporter une authenticité qui fait défaut à certains dialogues.

J’ai néanmoins, au début, apprécié le mystère entourant le château des Deux Sources dont les travaux en vue de son ouverture au public semblent compromis par des incidents étranges, aux allures d’actes de sabotage ! Mais, et peut-être parce que j’aime les thrillers et les romans policiers, j’ai trouvé cette partie bien maigre et diluée dans des considérations qui n’ont guère suscité mon intérêt. Il faut dire que la partie semble quand même jouée d’avance… Ce manque de surprise ne m’a pas dérangée outre mesure, même si j’aurais quand même apprécié de ne pas voir LA révélation du roman arriver des kilomètres à la ronde.

Je n’ai, en outre, pas accroché aux personnages, ayant développé rapidement cette impression tenace que tout était surjoué : leurs paroles, leur comportement, leurs réactions… Sans oublier cette tendance de l’autrice à vouloir nous faire nous apitoyer sur leur sort. À cet égard, et si évidemment, j’ai été touchée par le passé de Valentine et heurtée par son horrible mère, j’ai été gênée qu’on insiste sur ses blessures comme pour expliquer ses problèmes relationnels et le fait qu’ado, elle ait harcelé plusieurs de ses camarades. Je veux bien que cela explique en partie ses agissements, mais en tant qu’ancienne harcelée, j’ai eu beaucoup de mal avec la manière dont son passé est mis en avant comme pour faire accepter d’anciens actes qui ne le sont pas. Et le fait que son meilleur ami soit l’une de ses anciennes victimes m’a semblé malsain. Non, on ne devient pas ami avec son ancien harceleur !

Ce roman m’a donc mise en colère sur la question du harcèlement, étant fatiguée que cette thématique soit si souvent mal abordée, et que les auteurs se montrent bien trop indulgents envers les harceleurs. En revanche, il m’a semblé que Lucie Castel faisait un meilleur travail sur la thématique de l’anorexie, mais n’étant pas concernée par le sujet, je ne m’avancerai pas plus. Je peux juste dire qu’à titre personnel, j’ai été touchée de voir Valentine lutter contre cette maladie, ce monstre qui guide certaines de ses réactions, tout comme j’ai été peinée de voir le mal que sa mère a pu lui faire et tente encore, par des paroles blessantes et injustes, de lui infliger. Un personnage quelque peu caricatural qui a fait de sa vie un enfer. On comprend alors sans peine que Valentine ait préféré couper les ponts avec celle-ci et décidé de passer de la pâtisserie familiale à la carrière qui l’intéresse elle.

Alors même si son travail pour les Lacombe ne correspond pas vraiment au travail de guide pour lequel elle a été formée, on peut dire qu’elle le fait bien. Elle s’implique même plus que de raison, devant gérer les problèmes retardant le chantier et les relations complexes entre les membres d’une famille d’aristocrates ayant son lot de casseroles, de non-dits et de secrets profondément enfouis ! On découvre ainsi trois générations de Lacombe, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la communication semble quelque peu difficile entre le grand-père, le fils et le petit-fils. Quand le grand-père est obsédé par l’idée de sauver son château, le fils prêt à tout pour satisfaire son père, le petit-fils, lui n’a qu’une envie, vendre cette bâtisse de malheur et fuir loin de cette famille contre laquelle il ne ressent que de la rancune.

Si je n’ai pas eu d’avis sur Charles aux abonnés absents ou du moins plus passif qu’actif, j’ai apprécié l’exubérance du grand-père, un homme très théâtral qui a du mal à exprimer ses émotions, mais qui sait se mettre en scène ! Au fil des pages, j’ai fini par le trouver très touchant, et ai compris sans peine l’attachement que Valentine a pu développer pour ce patron peu conventionnel. La personnalité de Gabriel n’est pas assez approfondie pour que je m’attache à lui, mais j’ai apprécié qu’il se dévoile aux lecteurs par petites touches.

Il se révèle finalement assez différent de l’image qu’on peut se faire de lui lors de son arrivée au château, où il ne nous apparaît pas sous un jour très favorable. Et ce n’est pas Valentine qui vous dira le contraire, cette dernière l’ayant pris en grippe, avant de, petit à petit, développer pour lui d’autres sentiments… Mais est-ce bien raisonnable de fricoter avec le petit-fils de son patron et de risquer, au passage, de perdre son coeur, la situation avec Gabriel étant complexe ? Une question qui ne m’a pas tenue en haleine, mais qui pourrait plaire à d’autres lecteurs et leur donner envie de tourner les pages avec avidité. Si je m’étais attachée aux personnages, cela aurait d’ailleurs pu être mon cas. 

Mais de manière générale, il m’a manqué un travail de fond sur les protagonistes, dont la psychologie aurait mérité d’être étoffée pour qu’ils nous apparaissent moins caricaturaux. Si vous êtes cependant juste en quête d’une histoire divertissante, ce point pourrait ne pas vous gêner, a fortiori si vous aimez les groupes soudés constitués de personnalités atypiques, Valentine évoluant parmi un groupe d’amis hauts en couleur. Leurs échanges sont d’ailleurs souvent emplis d’humour, de complicité et de cet amour dont la famille de Valentine l’a privée. Sa mère, par égoïsme et égocentrisme, son père par lâcheté… Attendez-vous donc à quelques jolis passages où l’on ressent toute la force de leur amitié ! Il y a aussi quelques beaux instants familiaux d’autant plus appréciés qu’ils sont rares.

En résume, Quand la vie s’en mêle n’a pas réussi à susciter en moi un réel intérêt ou un quelconque attachement envers les personnages, à l’exception d’un châtelain excentrique qui m’a fait sourire et même touchée. Je reconnais néanmoins que le roman possède des qualités qui devraient enchanter d’autres lecteurs, à commencer par la plume fluide et légère de Lucie castel qui lui confère un côté feel good certain. Si vous en êtes d’une histoire rapide à lire avec un peu de mystère, de l’humour, de l’amitié et en trame de fond une romance qui se développe dans un contexte tendu entre démons personnels, problèmes familiaux, sabotage, secrets de famille et rivalité entre châtelains, ce roman pourrait vous plaire.

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/11/02/quand-la-vie-sen-mele-valentine-lucie-castel/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 20-11-2022
J’aime beaucoup la collection Regency aux éditions J’ai lu qui m’a permis de faire de superbes découvertes dont Panique chez les Montgomery et le très drôle, Les caprices de Lady Violet. Je regrette néanmoins que la maison d’édition réédite certains titres, notamment de Mary Balogh, qui ne présentent pas forcément de grand intérêt… J’avais d’ailleurs déjà été déçue par l’autrice, mais je voulais lui donner une ultime chance ce dont j’aurais pu me passer, ce roman ne m’ayant pas vraiment convaincue.

On est dans une romance, mais les deux héros n’ont quasiment aucune interaction significative pour leur relation ! Si on occulte deux scènes sensuelles, on a l’impression d’être devant un grand frère qui s’occupe de son écervelée de petite sœur. J’ai l’outrecuidance de lire une romance pour ressentir des émotions et, soyons fous, quelques papillons dans le ventre. Mais vu les interactions entre le duc d’Eversleigh et son épouse, il ne faut rien attendre à ce niveau, d’autant qu’on ne perçoit pas vraiment d’alchimie entre les deux personnages. Il m’a aussi manqué ce piquant que j’apprécie tellement dans les échanges, mais là, c’est quelque chose de très personnel.

Pourtant, l’idée d’un double pari ayant conduit à leur mariage express était intéressante. Ainsi, Henrietta a parié avec un ami qu’elle arriverait à obtenir rapidement une demande en mariage de l’inaccessible et hautain duc d’Eversleigh. Et ce dernier a parié avec un membre de son club de célibataires endurcis et fiers de l’être, qu’il se marierait avec la première venue (qui n’a pas de bouton, il ne faut pas exagérer non plus). Sauf que l’idée de départ, qui aurait pu donner des situations extrêmement drôles et des scènes emplies de tension, est mal amenée et jamais vraiment exploitée. La question des conséquences de ces deux paris complètement fous est d’ailleurs vite expédiée dans un happy end à l’image des deux héros, terne.

Mais ce qui m’a le plus dérangée, en plus d’une romance qui n’en porte que le nom, ce sont toutes les incohérences, petites ou grandes, entourant les personnages. À titre d’exemple, le duc d’Eversleigh est censé être hautain et vouloir à tout prix un héritier comme tout bon noble qui se respecte. Or, il se révèle inexpressif, certes, mais adorable dans la manière discrète dont il prend soin d’une épouse qui se comporte comme une petite fille, voire une véritable sotte. Quant à son désir d’assurer sa descendance, il semble l’oublier très devant l’inexpérience de sa femme qui n’a pas vraiment compris les implications concrètes de son mariage. Bref, le duc se comporte comme un parfait gentleman !

Je suis évidemment ravie que l’autrice mette en avant la notion de consentement, les romances historiques n’étant pas le meilleur exemple dans ce domaine, mais le comportement du duc semble trop beau pour être vrai… On pourrait à la rigueur opposer l’idée que l’image qu’il donne en société est différente de l’homme qu’il est vraiment, mais rien ne laisse penser que c’est là l’objectif de l’autrice. J’ai également trouvé le duc d’Eversleigh d’une patience d’ange devant la naïveté, qui tend vers l’idiotie, de son épouse. Il la met en garde contre son cousin, dont n’importe quelle âme sensée se méfierait, mais elle, elle fonce tête baissée se lier d’amitié avec lui. Alors oui, elle le trouve parfois un peu excessif dans ses déclarations, et c’est un euphémisme, le monsieur frisant l’obséquiosité, mais elle passe tout suite à autre chose, avant de faire comme si de rien n’était.

J’aurais pu développer une certaine tendresse pour cette jeune femme parachutée dans un monde dont elle ne connaît pas les codes, mais Henrietta m’a surtout agacée. L’autrice, en voulant proposer une héroïne libre d’esprit et brute de décoffrage qui n’a pas besoin d’homme dans sa vie, tombe dans les stéréotypes à outrance. Bien que je ne pense pas que ce soit volontaire, elle laisse sous-entendre qu’une héroïne forte doit être masculine, renier son propre prénom pour un diminutif qui sonne très masculin, ne pas demander l’aide d’autrui, ne pas aimer les robes ni le rose…

Si les stéréotypes n’étaient pas suffisants, notre héroïne est l’inverse de ce qu’on nous annonce. Elle se révèle ainsi incapable de s’en sortir sans l’aide d’un homme, que ce soit un horrible personnage qui profite de sa crédulité, ou son mari qui doit rattraper ses erreurs. N’oublions pas non plus les facilités et autres incohérences qui ont fini par me faire lever les yeux au ciel. Ainsi, alors qu’elle ne maîtrise pas les règles de la haute société, qu’elle est sensée choquée par son langage fleuri et être quelconque, Henrietta devient en un instant la chouchoute de la noblesse, et a même sa propre petite cour. Incohérence qui ne sert en plus à rien dans le roman. Je ne demande pas forcément que tout soit crédible dans une romance, mais diantre, un petit effort sur ce point aurait été quand même appréciable.

Malgré tous ces bémols qui ont rendu ma lecture fastidieuse, je reconnais que l’écriture de Mary Balogh devrait convenir à une majorité de lecteurs et lectrices. J’ai, en outre, apprécié de découvrir la famille haute en couleur de l’héroïne, et la manière dont elle va apporter un peu de vie dans l’existence d’un duc finalement assez seul avant son mariage. Pas assez toutefois pour me faire passer cette impression désagréable d’avoir lu une romance prometteuse gâchée par de nombreuses maladresses, des facilités, des incohérences rendant certains comportements incompréhensibles, et une héroïne plus proche d’un personnage de farce que de la femme libre d’esprit et inspirante que l’on était en droit d’espérer.

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/11/18/le-double-pari-mary-balogh-deception/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 11-11-2022
J’ai tout de suite été attirée par la couverture et sa sublime ambiance bleutée intime, mystérieuse et poétique à la fois. Trois qualificatifs qui définissent à merveille ce roman qui m’a beaucoup touchée et dont j’ai adoré parcourir chaque page. Il faut dire que sensible aux belles plumes, mon coeur est entré très vite en symbiose avec les mots de Mii Hirose, qui possède un réel talent pour immerger les lecteurs dans son univers. Un univers illuminé par les rayons de la lune bleue, phénomène qui recèle sa part de magie et d’onirisme.

J’ai adoré me plonger aux côtés de Keiichi, 17 ans, dans les rues et les quartiers de Kyoto, et découvrir la beauté des paysages, des monuments ou tout simplement d’une vie qui s’écoule différemment de la mienne. Il y a une sorte de langueur qui se dégage de l’histoire, une langueur saisissante et captivante donnant l’impression d’être pris dans une bulle hors du temps. Le roman n’est pas empli d’action, mais chaque petite chose et chaque événement prennent une ampleur différente, une sorte d’importance qui se cache dans le soin apporté aux détails. Un mot, une information donnée au détour d’une page, tout sert l’intrigue et prend une connotation différente à l’aune de la révélation qui frappe le lecteur en fin de roman.

En tant que lectrice adulte, j’avais assez rapidement deviné le retournement de situation et pourtant, j’ai admiré la finesse avec laquelle il est amené, me donnant presque l’envie de rembobiner le fil de l’intrigue pour repérer et revivre chaque moment clé. Une démarche presque vaine dans la mesure où chaque mot porte en lui l’essence de cette douce histoire où les sentiments sont fulgurants, sans être violents. Ne vous y trompez pas, il y a définitivement de la passion dans les premiers émois amoureux presque trop forts pour le coeur de Keiichi qui n’a jamais été confronté à la puissance du sentiment amoureux. Mais c’est une passion qui permet de se dépasser, et de réaliser la force d’un coeur qui bat pour celui d’une autre personne sans rien en attendre en retour.

Alors que je ne crois pas au coup de foudre, Keiichi m’a prouvé que je m’égarais, la beauté de la soudaineté de son amour me frappant de plein fouet. Mais ses sentiments sont-ils aussi instantanés que cela ou prennent-ils leur racine dans un ailleurs et un autre temps dont le lycéen n’a pas conscience ? Une question qui s’impose à nous quand l’on découvre le naturel avec lequel il se lit avec l’énigmatique et non moins fascinante Saki, et la facilité avec laquelle elle se loge dans son coeur, tel un secret murmuré au vent. Néanmoins, aussi belle leur rencontre soit-elle, elle est limitée à quelques nuitées, celles où les rayons de la lune bleue, phénomène rarissime, éclaire le chemin des cœurs, et le passage entre un passé qui s’éteint et un avenir qui se dessine.

Et puis, si Keiichi est profondément et irrémédiablement amoureux, Saki, quant à elle, attend le retour de son grand et premier amour. Mais si le lycéen a bien conscience de vivre un amour à sens unique, cela n’atténue en rien la constance et la puissance de ses sentiments, et son admiration pour cette jeune fille mystérieuse et délicatement troublante. Empreints de complicité et de quelque chose de plus fort que l’on a du mal à nommer, mais que l’on ressent intensément, les moments partagés entre les deux lycéens se révèlent sublimes et émouvants à la fois. J’ai aimé les suivre dans leurs déambulations nocturnes, et voir leur complicité se développer à mesure qu’ils se dévoilent avec pudeur l’un à l’autre.

Saki, de par son histoire familiale, m’a beaucoup touchée, tout comme j’ai été révoltée par les préjugés entourant les orphelins dont elle a été victime. Des préjugés que j’ai trouvés d’une grande cruauté, ceux-ci ajoutant la morsure du rejet à la peine d’avoir perdu les siens. Heureusement, Saki semble avoir réussi à surmonter ses blessures, nous offrant le portrait d’une jeune fille oscillant entre la mélancolie de ceux qui ont déjà trop vu, et la jovialité d’une adolescente qui conserve une belle part d’enfant en elle. Plus on apprend à la connaître, plus on comprend pourquoi Keiichi a succombé à sa personnalité lumineuse, à son côté attentionné et à sa sincère gentillesse, après avoir eu un coup de foudre pour son physique.

Keiichi, quant à lui, se révèle d’emblée attachant. Fiable, loyal, et plus sensible qu’il n’y paraît, c’est un peu le grand frère idéal, même si sa petite sœur ne le réalise pas vraiment, le fils, et le petit-fils parfait. J’ai d’ailleurs été très émue par le lien particulier qui le lie à sa grand-mère, qui se révèle elle-même très touchante. Elle n’hésite pas à l’écouter sans jamais le presser de se confier, et le guide avec sagesse et une pudeur emplie de sensibilité, même si Keiichi doute parfois de certains de ses propos craignant que son âge ne l’ait rattrapée. Les personnages se révèlent donc tous touchants et attachants et contribuent fortement au sentiment de chaleur qui nous étreint à mesure que l’on tourne les pages.

De fil en aiguille, on oublie la fiction pour se concentrer sur une histoire aux doux élans d’authenticité, et le récit de la rencontre entre de deux âmes touchées par la même grâce et unies par les doux rayons d’une lune bleue durant laquelle tout peut arriver. Il suffit pour cela de croire en l’incroyable force d’un destin qui semble toujours trouver le moyen d’arriver à ses fins. Love under the moon est un roman sensible et poétique qui ravira les amateurs de romances douces, belles et puissantes à la fois, de celles qui s’inscrivent dans le coeur et l’âme des lecteurs.

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/11/07/love-under-the-blue-moon-mii-hirose/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 11-11-2022
Pierre Lemaitre fait partie de ces auteurs que je voulais absolument découvrir et un heureux hasard m’a permis de le faire à travers son premier roman, probablement moins connu que ses autres livres, mais absolument génial ! J’ai lancé l’écoute de ce livre audio sans aucune attente et en suis ressortie conquise par le ton du récit, l’auteur faisant preuve d’un délicieux humour noir qui offre un décalage intéressant entre ce qui se passe et ce que l’on ressent.

Alors que l’on assiste aux dérapages d’une tueuse à gages qui commence clairement à perdre la tête, on ne peut s’empêcher de sourire. Les cadavres s’empilent, les bavures s’enchaînent et pourtant, on n’a envie que d’une chose, que Mathilde se sorte de ce bourbier dans lequel elle s’enfonce avec un aplomb étonnant. Avec facétie et une certaine impertinence, l’auteur nous offre ici un récit absolument jouissif où les règles de la morale s’effacent au profit d’une anti-héroïne en roue libre.

Et quand on connaît l’efficacité de Mathilde dans son métier, on comprend très vite que ça ne sent pas très bon pour les personnes qui ont le malheur de l’agacer, comme ce policier venu chez elle l’interroger, ou celles qu’elle va prendre pour les cibles de contrats imaginaires. Mathilde a son métier de tueuse à gages dans la peau pour le meilleur, mais surtout pour le pire ! On ne devrait pas se réjouir des morts qu’elle sème derrière elle, mais l’auteur nous présente chaque situation de telle manière qu’on ne peut s’empêcher au minimum de sourire !

J’ai également apprécié le glissement qui s’opère progressivement, rendant le roman de plus en plus haletant avec une impression de duel au sommet entre Mathilde et son ami/béguin de longue date, tous les deux anciens résistants et tous les deux tueurs à gages très doués. J’ai aimé découvrir leur relation bâtie sur des rendez-vous manqués, une attirance jamais consommée et des espoirs pas vraiment envolés, mais j’ai surtout savouré la manière dont l’un va tenter d’arrêter l’autre. Une délicate mission, car si Mathilde a perdu la tête et n’est plus vraiment en prise avec la réalité, elle n’a rien perdu de son efficacité légendaire ! Vous verrez qu’elle a plus d’un tour dans son sac et d’une arme en réserve.

Cette tueuse à gages lunatique, dont l’amour des chiens ne se retrouve guère dans son comportement, est un personnage atypique, et ambivalent pour lequel on développe une sorte de fascination empreinte de répulsion. Elle tue des gens contre de l’argent, mais la manière dont elle vit son métier et gère sa carrière donne le sentiment que tueur à gages est une profession comme les autres. Un décalage entre ce qu’elle fait et ce qu’elle ressent qui ajoute à l’aura particulière entourant cette femme dont l’apparence ne reflète en rien son degré de dangerosité. À cet égard, Pierre Lemaitre joue à merveille sur les apparences, nous prouvant qu’il est parfois mortel de se fier à ce que l’on voit…

Quant à la fin, elle m’a semblé parfaite pour ceux qui pensent que le karma finit toujours pas nous rattraper et/ou ceux qui aiment tout simplement les situations qui les frappent par leur ironie ! Je pense pouvoir dire que je fais invariablement partie de cette deuxième catégorie.

Les termes « drôle, immoral et réjouissant » présents sur la couverture définissent à merveille ce roman dont l’écoute m’a captivée, ayant eu un mal fou à quitter Mathilde, et la voix absolument envoûtante de Nicolas Djermag. L’acteur interprète à merveille les héroïnes à côté de la plaque, qui se sentent néanmoins dans leur bon droit, et qui décident de régler leurs comptes de manière radicale ! La justesse de son interprétation rend la lecture absolument savoureuse.

Le serpent majuscule est un roman à conseiller aux amateurs d’humour noir, de textes irrévérencieux et de protagonistes hauts en couleur qui ne brillent pas par leur moralité, mais qu’on n’arrive pas à se forcer à détester.

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/11/09/le-serpent-majuscule-pierre-lemaitre/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Buffy étant ma série préférée de tous les temps (oui, rien que ça), l’annonce de la sortie française de ce roman m’a ravie. J’étais très curieuse de découvrir comment l’autrice allait faire revivre une œuvre et un univers qui ont bercé toute une génération, et qu’on est quand même beaucoup à mettre sur un piédestal.

D’emblée, j’ai apprécié le ton du récit et la manière avisée avec laquelle Kendare Blake multiplie les références et clins d’œil pour plaire aux fans de la première heure, tout en veillant à imposer son propre style pour séduire un nouveau public. Un bon moyen de faire le pont entre les générations… J’ai, pour ma part, très vite eu ce sentiment d’être de retour à la maison et de retrouver des amis perdus de vue depuis trop longtemps. Des retrouvailles qui s’accompagnent néanmoins de changements : Sunnydale a été reconstruite et modernisée, les personnages de la série ont pris quelques années, et une nouvelle génération est plus ou moins prête à prendre la relève…

Ainsi, si on a la joie de revoir certains personnages de la série culte, on découvre également un tout nouveau groupe constitué de personnalités assez marquées et variées. Rien ne remplacera le Scooby–Gang première génération, mais celui qui émerge au fil des pages se révèle aussi dynamique que sympathique. On y retrouve une certaine solidarité et une synergie sur laquelle chacun pourra s’appuyer pour faire face à des situations difficiles et périlleuses. Une entraide dont va avoir besoin Frankie, la fille de Willow, qui ne s’attendait pas à ce qu’une dramatique attaque contre la communauté des tueuses change sa vie à tout jamais.

Devenue la nouvelle Élue sans y être préparée, ni psychologiquement ni physiquement, cette dernière va être partagée entre son inquiétude de ne pas être à la hauteur de sa célèbre mère et de sa « tante Buffy », un double héritage difficile à porter, et son envie d’embrasser son nouveau rôle. J’ai beaucoup aimé cette idée de tueuse-sorcière, Frankie étant, en quelque sorte, la symbiose entre l’intuition, l’instinct de survie et la force de Buffy, et les pouvoirs de Willow. Il lui reste bien sûr beaucoup de chemin pour arriver à atteindre le niveau de ces deux femmes d’exception, mais on sent en elle le potentiel !

Potentiel dont elle doute beaucoup, Frankie étant une adolescente qui a peu confiance en elle. Elle aura d’ailleurs tendance, dans un premier temps, à tenter de se dérober à sa mission avant de, petit à petit, accepter son rôle et cette force intérieure qu’elle possède. Elle ne sera pas d’emblée brillante en tant que tueuse, allant même jusqu’à se blesser elle-même, mais on la voit avec plaisir gagner en force et en confiance, et même prendre des initiatives téméraires. Frankie est un personnage touchant auquel les adolescent(e)s peuvent facilement s’identifier, ce qui rend son évolution d’autant plus importante et émouvante.

En plus de cette nouvelle tueuse dont, je suis certaine, nous n’avons pas encore fait tout le tour, Kendare Blake propose une galerie de personnages intéressante, qui mêle anciens et nouveaux personnages. J’ai adoré revoir, entre autres, Willow devenue une mère cool et protectrice à la fois, Spike fidèle à lui-même même quand on le contraint à porter des habits pas très en accord avec sa personnalité, Oz qui veille sur son neveu… À cet égard, cet adolescent loup-garou, qui est aussi le meilleur ami de Frankie, m’a touchée par son histoire familiale, et la manière dont il prétend que l’absence de ses parents ne l’affecte pas vraiment. Heureusement qu’il a pu trouver chez les Rosenberg une famille de substitution, et en Oz une figure paternelle.

Autre nouvelle tête touchante, bien qu’un peu désobligeante et sur la réserve dans les premiers chapitres, Hailey, la sœur d’une tueuse disparue sur laquelle veillait Spike en tant qu’observateur. Pas très ravie de s’installer à New Sunnydale, alors qu’elle n’a qu’une envie, retrouver sa sœur, cette dernière va pourtant parfaitement s’intégrer à la bande. Je dois avouer que je l’ai même trouvée, du moins au début du roman, plus calibrée que Frankie pour devenir l’Élue. Elle m’a un peu fait penser à Faith (dans ses bons jours), et bien que cela se retourne parfois contre elle, j’ai aimé son côté fonceur, voire impulsif, et déterminé ! Très différente de Frankie, elle se révèle donc parfaitement complémentaire avec cette dernière. Une amitié importante pour cette adolescente qui vivait plus ou moins en recluse, sa sœur ayant toujours veillé à la protéger des dangers de son monde…

Et des dangers, il va y en avoir dans ce premier tome qui ne manque ni d’action ni de sang ! Entre l’attaque de grande envergure contre les tueuses qui soulève de nombreuses questions, notamment sur son ou ses commanditaires, et une menace mystérieuse sévissant de manière plus sournoise, Frankie et sa bande ne sont pas au bout de leur peine et des mauvaises surprises. Avec humour et intelligence, l’autrice pousse le concept de narcissisme au maximum et nourrit avec aplomb une critique sociétale, notamment envers les réseaux sociaux, non dénuée de fondement. Mais elle met surtout sur notre route une figure légendaire qui a fait couler beaucoup d’encre et, plus grave, beaucoup de sang. J’ai aimé que l’autrice mêle fiction et Histoire, rendant les interventions de l’antagoniste aussi effroyables que théâtrales.

Comme dans la série originale, Bienvenue à New Sunnydale comporte sa part de beaux démons, à l’instar d’un demi-démon érudit, dont la personnalité plutôt pacifiste ne semble pas plaire à sa mère, mais dont le physique ne laisse par Hailey indifférente. Je ne me suis pas particulièrement attachée à ce personnage, mais j’ai aimé la manière dont il permet à l’autrice d’aborder la thématique des préjugés. Vous verrez ainsi que même notre Scooby–Gang 2.0 peut se laisser aller à ce travers encore trop répandu… Et puis, un peu à la manière d’Angel dans la série, un démon à la réputation sulfureuse que l’autrice entoure d’un certain mystère, le rendant aussi ténébreux qu’attirant, fait son apparition. Ennemi ou allié ? Pourquoi aide-t-il Frankie quand il devrait vouloir se repaître de son coeur ? Une question qui, je l’avoue, m’a tenue en haleine, même si je croise les doigts pour que la potentielle romance que je vois émerger n’ait pas lieu. Mais je ne doute pas que l’ado que j’ai été l’aurait ardemment désirée…

En conclusion, si vous êtes, comme moi, fan de la série Buffy, je vous conseillerai de vous plonger dans cette lecture sans en avoir des attentes démesurées. Le roman se lit très bien, il est entraînant et rythmé, et bénéficie d’un très bon travail sur la construction des personnages et la synergie de groupe. Mais on ne peut pas s’attendre à retrouver les mêmes émotions que dans l’oeuvre de Joss Whedon. Kendare Blake a su néanmoins s’approprier avec brio l’essence de la série pour proposer une suite divertissante entre action, bottage de fesses, humour, découverte de soi, amitié, famille, le tout enrobé d’un voile de mystère. D’ailleurs, la fin donne très envie de se jeter sur la suite, car soyez-en sûrs, la partie ne fait que commencer. Reste à découvrir qui l’a lancée et comment y mettre fin sans (trop) y laisser de plumes. Et puis, je garde au fond de moi l’espoir un peu fou qu’une certaine tueuse renaisse de ses cendres… Et c’est aussi ça la magie de Buffy, croire en l’impossible !

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/10/24/a-chaque-generation-bienvenue-a-new-sunnydale-kendare-blake/
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
date : 15-10-2022
Dès les premières pages, j’ai été captivée par ce roman qui présente de nombreux atouts. À commencer par la manière dont l’autrice nous plonge dans la vie de cinq Élus dix ans après leur victoire contre l’Obscur. Un être malfaisant qui a laissé sa marque dans l’esprit des gens et de ces adolescents devenus des adultes plus ou moins équilibrés. Car si l’une des Élus est devenue la reine d’Instagram, un autre le chouchou des médias, d’autres s’en sont moins bien sortis. Il faut dire qu’Albi et Sloane ont été les seuls à avoir été captifs de l’Obscur, et bien que l’expérience fut courte, elle a été fortement traumatisante.

Veronica Roth évoque ainsi avec une certaine sensibilité, dénuée de pathos, le thème difficile du stress post-traumatique. Le grand public et les médias attendent des Élus qu’ils sourient, se prêtent au jeu des photos et des interviews sans jamais prendre en considération tout ce qu’ils ont vécu par le passé… On leur demande de s’insérer dans la société et de partager à coup de strass et de paillettes leur expérience, ce que se refuse de faire Sloane. Pas étonnant donc qu’elle soit la moins appréciée des Élus et considérée comme une forte tête désagréable. Alors que Sloane peut paraître parfois abrupte, je dois dire qu’elle est vite devenue mon personnage préféré. C’est la seule, pour moi, qui est vraie. Elle ne va pas bien et si elle refuse de s’épancher sur son mal-être puisque de toute manière personne n’est là, à part Albi, pour l’écouter, elle refuse de jouer la comédie de la gentille et parfaite héroïne.

En cela, je l’ai trouvée courageuse d’autant que Matt, son compagnon, n’est pas d’un grand soutien. Véritable tête à claques, il m’a exaspérée une bonne partie du roman par sa manière de vouloir ne voir en Sloane que ce qui l’arrange. Son besoin de tout contrôler, y compris sa compagne, s’est révélé, en outre, des plus étouffants. La relation entre les deux Élus m’a paru peu crédible, puisqu’ils ne partagent absolument rien : aucune complicité, aucune chaleur, aucun atome crochu, aucun moment tendre… À mesure que l’on découvre les bribes du passé de ce couple mal assorti, on comprend les raisons de sa débâcle. À un moment, Matt avoue ne pas savoir comment vivre sans Sloane, mais le vrai problème, c’est qu’il n’a surtout jamais pris le temps de comprendre comment vivre avec elle, sans lui imposer ses propres désirs et manières de penser… Sloane n’est pas non plus innocente dans cette histoire : elle a voulu croire que Matt avait raison et qu’ils étaient faits pour être ensemble, mais elle n’en a jamais été convaincue. Je n’en dirai pas plus si ce n’est que l’autrice a heureusement trouvé un moyen d’offrir une issue satisfaisante à ce couple parfait sur le papier, désastreux dans la sphère privée.

Au-delà de ces deux personnages à la relation compliquée, j’ai aimé découvrir les liens entre les différents Élus et la manière dont chacun gère sa vie d’adulte. Mais l’histoire prend véritablement son envol quand un événement inattendu se produit et contraint Sloane, Matt et Esther à se confronter de nouveau aux ténèbres. Des ténèbres qui prennent cette fois le nom du Résurrectionniste. Aucun des trois Élus ne souhaite se battre de nouveau, mais ils n’ont pas vraiment le choix : soit ils acceptent de détruire cet être malfaisant, soit les personnes qui les ont sollicités ne les laisseront pas rentrer chez eux. Commence alors pour nos amis une nouvelle aventure qui va les pousser dans leurs retranchements, remettre en question les liens les unissant et repousser l’étendue de leurs capacités… J’ai adoré l’évolution des personnages et plus particulièrement celle de Sloane qui, contrairement à ce que le titre peut laisser penser, est la véritable héroïne de ce roman.

Au gré de ses découvertes, elle se rapproche de plus en plus d’une partie d’elle-même qu’elle a du mal à maîtriser et qui la terrifie. Une certaine noirceur et de sombres aspirations semblent, en effet, se cacher en elle, ce qui explique d’ailleurs le côté instable et destructeur de sa magie… En plus de devoir affronter ses propres démons et tenter de maîtriser cette magie qu’elle abhorre, Sloane doit garder un œil sur les personnes qui les ont kidnappés, elle et ses amis, prétendument pour une noble cause. De fil en aiguille, son enquête va d’ailleurs l’amener à faire des découvertes qui vont remettre en question toutes ses certitudes, et la replonger dans des heures bien sombres. Pourra-t-elle compter sur l’aide de Matt et Esther pour faire face à la situation, ou la jeune femme va-t-elle devoir s’appuyer sur des alliés inattendus et plutôt voyants ?

À cet égard, je ne m’y attendais pas mais j’ai développé un certain attachement pour des personnages que l’on découvre dans la deuxième partie du roman. Je pense plus particulièrement à un homme qui ressemble bien plus à Sloane qu’il n’y paraît, et à sa meilleure amie, un peu revêche au premier abord, mais fidèle et loyale. L’une des dernières scènes les incluant m’a beaucoup émue, autant par sa sobriété que l’intensité émotionnelle qu’elle dégage. En peu de mots, Veronica Roth nous fait ressentir la force des liens unissant cet homme à ses amis, et la difficulté de certaines décisions que l’on prend par amitié même si elles doivent nous anéantir.

Mon seul petit bémol quant à ce roman que j’ai dévoré, est le décalage entre l’âge des protagonistes et leurs comportements qui m’ont paru parfois plus proches de la fin de l’adolescence que de l’âge adulte. Mais rien d’étonnant à cela puisqu’au vu de leur situation particulière, il leur a été difficile de se (re)construire de manière équilibrée. En revanche, j’ai adoré la narration qui, en plus d’être rythmée, immersive et captivante, offre une certaine pluralité : extraits de rapports confidentiels, de compte-rendu… Cela dynamise la lecture et lui confère un côté très officiel donnant l’impression de suivre une histoire qui s’est réellement déroulée.

En conclusion, entre amitiés, secrets, faux-semblants et mensonges, Les Élus nous plonge dans la vie de jeunes adultes qui, dix ans après leur victoire contre une force obscure, vont devoir de nouveau plonger dans l’enfer du mal… qu’ils le souhaitent ou non. Rythmé, riche en action, immersif et auréolé de mystère, un roman d’une grande fluidité qui vous captivera, en plus de vous réserver quelques retournements de situation prouvant que l’ennemi est parfois plus près qu’on ne peut le penser ! Si vous aimez les héroïnes à forte tête devant lutter contre leurs propres ténèbres, et les romans qui, sous couvert de fiction, abordent des thématiques importantes, ce roman devrait vous plaire.

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/10/10/les-elus-veronica-roth/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Gardant un bon souvenir de l’animé que je pense d’ailleurs revoir, j’avais très envie de découvrir le manga, lui-même adapté d’une série de romans de Mizue Tani non traduits à ce jour en français. Pour une fois, je vous propose donc une chronique générale, sans spoiler, sur les quatre tomes que j’ai enchaînés. Il faut dire qu’on est ici dans une série divertissante qui aborde parfois des thèmes durs, mais qui conserve une belle part de légèreté grâce à des personnages hauts en couleur.

Certains lecteurs pourront trouver le manga parfois un peu niais, notre héroïne étant du genre naïf, mais pour ma part, je l’ai trouvé bien plus adorable et mignon que niais. Car si c’est vrai que Lydia peut avoir tendance à se laisser manipuler par Edgar, elle se révèle également touchante, gentille, altruiste et très intelligente. Ainsi, si elle est prompte à aider les autres, bien souvent à ses risques et périls, elle n’en demeure pas moins une jeune femme de caractère qui sait mettre des barrières, se faire entendre et comprendre, notamment auprès d’un Comte ayant tendance à lui mentir et à la manipuler.

Un comportement dont on comprend les raisons à mesure que l’on découvre son passé ; un passé difficile, Edgar ayant été vendu plus jeune, avant d’avoir vu ses camarades d’infortune se faire tuer par un homme sur lequel on n’obtiendra jamais vraiment d’information. Mais le manga étant l’adaptation d’une série de romans, j’imagine qu’il a été impossible en seulement quatre mangas de retranscrire toute l’histoire. C’est d’ailleurs assez frustrant, car une fois la dernière pas tournée, on peut avoir le sentiment que certains événements, personnages et axes auraient mérité d’être approfondis… Notamment la personnalité de l’homme qui a tourmenté Edgar, qui a l’air d’être un être cruel et abject, mais dont on ne connaît pas l’étendue de la perfidie.

Quoi qu’il en soit, nul doute que sa rencontre avec ce monstre à visage d’homme ait profondément changé Edgar qui, derrière un physique avenant et une tendance au badinage, cache un être complexe. Un homme capable de douceur et de gentillesse, mais aussi un homme en quête de vengeance, capable de tuer, de traquer et de mettre en péril Lydia, malgré l’affection qu’il semble lui porter. Il est intéressant de voir les liens entre les deux personnages se développer, entre mensonges, méfiances, rapprochements et secrets. Pour ma part, j’ai aimé la relation qui se noue entre eux, la manière dont Edgar taquine Lydia, mais aussi tous ces petits gestes qui nous prouvent, avec subtilité, que tout n’est pas que comédie. Ainsi, la sincérité, la chaleur et la bonté de la jeune femme ont réussi à le toucher bien plus qu’il ne l’avait escompté.

Tout au long des quatre tomes, il y a des regards et des gestes tendres, mais ne vous attendez pas à des scènes centrées sur la romance en tant que telle. On sent qu’il y a un potentiel, qu’il se passe quelque chose entre les deux personnages, assez d’ailleurs pour éveiller notre intérêt et nous faire ressentir leur attraction, mais rien de compromettant ou de trop tonitruant. Et pourtant, on peut dire qu’Edgar n’est pas avare en tentatives de rapprochement… C’est d’ailleurs, ce que j’ai apprécié dans cette série : certes Lydia est dépeinte comme naïve, mais elle possède assez d’esprit de conservation et de bon sens pour ne pas tomber dans les bras du premier venu, ou d’un homme qui ne cesse de lui mentir. Une main de fer dans un gant de velours… cette expression la décrit assez bien.

Ceci explique peut-être l’attachement que Nico lui porte. Fée ayant l’apparence d’un chat, ce personnage est savoureux à souhait. Quand il ne donne pas des ordres pour que son thé lui soit servi comme il l’aime, ou qu’il ne vérifie pas sa toilette, il sert de garde-fou à Lydia, dont il regrette le côté « bonne poire ». Là où son amie peut se révéler trop confiante et naïve, il se montre bien plus méfiant, voire parano. Vous aurez deviné qu’il n’est donc pas le plus grand fan d’Edgar, qu’il serait ravi de voir loin de Lydia. Parfois un peu râleur, capricieux et abrupt, Nico n’en demeure pas moins adorable, d’autant qu’il semble sincèrement s’inquiéter pour Lydia.

Au-delà des personnages que j’ai appréciés, du moins les deux protagonistes, les personnages secondaires manquant peut-être de substance, l’intérêt de cette série réside également dans le côté fantastique et folklorique. N’oublions pas que si Lydia et Edgar se sont rencontrés, c’est avant tout à cause (ou grâce) aux talents particuliers de la jeune fille. Docteur en féérie, comme sa mère avant elle, cette dernière est capable de parler aux fées, mais aussi d’interagir avec toutes sortes de créatures. Un talent qui lui vaut d’être ostracisée et pointée du doigt depuis qu’elle est enfant, mais sur lequel Edgar compte bien pour, entre autres, se faire reconnaître en tant que légitime descendant du Chevalier Bleu...

Je ne développerai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte, mais je peux néanmoins vous dire qu’en acceptant d’aider Edgar à retrouver un artefact magique, Lydia s’est lancée dans une aventure dont elle n’avait pas mesuré tous les dangers. Une aventure qui la fera parfois douter et la poussera dans ses retranchements, mais qui va surtout lui permettre de gagner confiance en elle, de développer ses compétences, et d’acquérir une certaine maturité. Au fil des pages et des tomes, les lecteurs prennent ainsi grand plaisir à la voir évoluer, mais aussi à utiliser ses connaissances au sujet du monde féérique. Des connaissances qui lui seront fort utiles pour faire face aux différentes créatures croisant sa route et celle de ses amis et alliés.

Quant aux illustrations d’Ayuko, j’en ai apprécié la rondeur et la douceur ! Mais c’est probablement l’art du cadrage de la mangaka, et sa faculté à exprimer tout un panel d’émotions sans surcharger les cases et les décors, qui m’a le plus convaincue. Le tout est dynamique et extrêmement agréable à admirer.

En conclusion, si vous aimez l’Angleterre victorienne, le petit peuple, les histoires de vengeance et de haine, et les personnages auxquels on ne peut s’empêcher de s’attacher, The Earl and the Fairy de Mizue Tani devrait vous plaire. Entre le mystère, l’aventure, les différentes créatures, les dangers, les secrets, la manipulation et des sentiments qui se développent au fil des péripéties, vous ne devriez pas voir le temps passer !

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/10/12/the-earl-and-the-fairy-ayuko-et-mizue-tani/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 15-10-2022
J’avais un peu oublié les événements du tome précédent, mais les souvenirs me sont vite revenus en mémoire. Dans ce treizième tome, et contrairement à d’autres centrés sur Sherlock Holmes, le mangaka offre une vraie scène aux frères Moriarty, même si on frise parfois la sensiblerie, Ryôsuke Takeuchi manquant de subtilité dans l’expression des tourments de ses personnages. J’ai néanmoins apprécié de découvrir une autre facette du Prince du crime, peut-être pas aussi stoïque que cela devant les meurtres de sang-froid qu’il commet au nom d’une cause qu’il estime juste.

Culpabilité et détermination, deux traits qui semblent ici définir un William Moriarty prêt à tout pour mettre en œuvre son plan final. Un plan impliquant sa propre mort, ce qui n’enchante guère son entourage, dont certains membres sont prêts à le trahir pour le sauver… Si je comprends les motifs derrière les actes des frères Moriarty, je n’approuve guère leurs méthodes, même si le comportement de certains nobles est à vomir. Je pense notamment à cet homme qui n’hésite pas à faire de ses propres enfants un bouclier humain. Une mesure désespérée qui prouve avec éclat la lâcheté d’une classe sociale sans réelle vertu morale.

Comme toujours, ce tome se lit tout seul, le mangaka ayant l’art et la manière de plonger sans réserve ses lecteurs dans une intrigue dont chaque acte est orchestré avec soin. Je n’accroche toujours pas aux touches d’humour qui ont tendance à me sortir de l’histoire, mais je reconnais qu’elles allègent une atmosphère parfois un peu sombre. Le sang coule, et que ce soit pour une juste cause ou non, cela ne justifie en rien des actes plus proches du jugement dernier que de la justice. D’ailleurs, de jugement dernier, il en est presque question quand l’on découvre ce qui se dessine en fin de tome.

Jusqu’où les Moriarty sont-ils prêts à aller pour éradiquer le mal de cette noblesse imbue d’elle-même ? Quelles conséquences pour un peuple qui ne semble pas si reconnaissant que cela des méfaits commis en leur nom ? C’est qu’éradiquer la noblesse, c’est aussi remettre en question tout un ordre établi. Pas une mauvaise chose en soi à condition d’avoir préparé l’après… Les frères Moriarty ont-ils été jusque-là ? Et quel rôle Sherlock Holmes, qui se rapproche de plus en plus de la vérité, va-t-il consentir à jouer, William semblant avoir des plans pour lui…

Par rapport à d’autres tomes, Sherlock est plus en retrait, ce que j’ai apprécié même si j’ai été déstabilisée par son évolution. Un Sherlock qui s’excuse, c’est quelque peu déroutant, mais ça le rend plus humain, tout comme la manière dont il reconnaît l’importance de son amitié avec Watson. J’ai d’ailleurs regretté que l’on voie si peu le bon docteur qui, du moins pour moi, ne sert pas à grand-chose ici. Mais je ne vais pas me plaindre puisque pour une fois, le mangaka met en avant ses véritables héros, les Moriarty ! Des personnages complexes et fascinants guidés par leur droiture et leur sens de la loyauté, et prêts à tout, ou presque, ceux-ci gardant certaines barrières morales, pour que justice soit faite !

Je suis assez curieuse de lire la suite et de découvrir le devenir d’un antihéros prêt au plus grand des sacrifices. J’espère, pour ma part, qu’une autre voie sera trouvée parce que si je ne l’approuve pas, j’ai du mal à totalement le condamner. En effet, dans une société où quelques privilégiés détiennent le pouvoir, quelles solutions existent vraiment pour assurer une certaine équité sociale ? Je ne suis pas certaine qu’il y ait une réponse, mais Ryôsuke Takeuchi a le mérite de poser la question !

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/10/15/moriarty-tome-13-de-ryosuke-takeuchi-et-hikaru-miyoshi/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Fable est un roman dont j’attendais avec impatience la traduction, les histoires en mer ayant le don de me fasciner, même si ici, l’intrigue se déroule également sur terre. Bien que l’histoire n’ait pas eu l’effet page turner sur moi que j’affectionne tant, j’ai passé un très bon moment auprès d’une héroïne forte et courageuse.

Fable vit seule depuis 4 ans, son père, le redouté Saint, l’ayant abandonnée sur une île après le naufrage de son navire et la mort de son épouse pour laquelle il éprouvait un amour proche de l’adoration. Avant de la quitter sans se retourner, il lui a laissé une cicatrice sur le bras et les différents préceptes de survie qui lui a inculqués durant son enfance. Maigres armes pour une adolescente de 14 ans qui, en une nuit, a tout perdu, de sa vie d’avant, à cette mère qu’elle chérissait et ce père qu’elle respectait, mais qu’elle ne reconnaît plus.

Le sang de Saint coulant dans ses veines, loin de se laisser abattre, Fable va réussir à survivre jusqu’à trouver un moyen de quitter cette île de tous les dangers, et de retrouver son père afin de recevoir l’héritage qui lui a promis ! Elle n’avait néanmoins pas prévu d’impliquer dans sa fuite West, un marchand qui se serait bien passé de sa présence à bord de son navire, d’autant que son équipage semble apprécier encore moins que lui cette intrusion… Il faut dire que si Fable cache le secret de sa filiation, West et ses acolytes possèdent leurs propres secrets à protéger.

J’ai beaucoup aimé naviguer dans les zones d’ombre de chacun, et voir Fable se faire petit à petit sa place parmi un équipage dont chaque membre se dévoile progressivement à nous. Les personnages secondaires auraient mérité d’être plus présents, mais j’ai apprécié la finesse avec laquelle chaque histoire nous est contée, sans nous être totalement dévoilée. Ainsi, dans cet univers marchand sans pitié, la vérité est une arme dont chacun a envie de s’emparer, mais que personne n’est vraiment disposé à partager. Chose que Fable est bien placée pour comprendre, elle qui doit cacher depuis son enfance l’identité de son père afin de se protéger et de le protéger.

Adrienne Young nous propose ici une relation rendue compliquée par l’environnement dangereux et impitoyable dans lequel le père et la fille évoluent. De prime abord, Saint semble être un monstre sans coeur qui n’a pas hésité à abandonner sa fille au moment où elle avait le plus besoin de lui. Mais on découvre, page après page, que les choses sont plus complexes qu’il n’y paraît, et que certaines décisions difficiles ont dû être prises quitte à blesser pour protéger. Je n’ai clairement pas approuvé Saint, parce que je pense qu’une autre solution était possible, comme changer de vie et recommencer ailleurs et autrement avec sa fille, mais j’ai compris qu’il a fait ce qu’il estimait le mieux pour elle. Cela apporte une touche d’humanité à un personnage en apparence froid et calculateur, dont je suis curieuse de découvrir l’histoire dans le préquel sortant en novembre en VO.

Saint est un personnage complexe dont on ne fait qu’effleurer la personnalité, l’autrice s’attardant ici sur Fable, sa quête, ses failles, ses désillusions, ses espoirs, et toutes ces émotions qui ne manqueront pas de l’assaillir durant cette périlleuse et mouvementée aventure. La jeune fille éprouve des sentiments confus et parfois contraires envers son père, entre envie presque désespérée de le retrouver, du moins de retrouver son père d’avant le drame, et défiance envers un homme qui l’a profondément blessée. Si la relation tendue et complexe entre le père et la fille est intéressante, j’ai également aimé la relation que va nouer Fable avec West, le marchand qui l’a sauvée, et de bien des manières, et les autres membres de sa flotte. De fil en aiguille, elle va s’intégrer au groupe et peut-être enfin trouver ce qu’elle cherchait depuis 4 ans sans même le réaliser… Tous ensemble, ils forment un groupe disparate mais attachant auquel on souhaite le meilleur en plus d’un bon vent !

Mon seul petit bémol concerne l’émergence de sentiments que j’ai trouvée un peu étrange dans la mesure où je n’ai pas vraiment ressenti la connexion s’établir. Néanmoins, je reconnais que dans un monde où montrer ses émotions revient à se mettre un couteau sous la gorge, cela se comprend sans peine. Et puis, cette partie reste minime et apporte un peu de douceur à une histoire soumise aux caprices du vent, de la mer, et de concurrents prêts à tout pour étouffer leurs rivaux. Cette rivalité exacerbée entre marchands m’a d’ailleurs beaucoup plu, et m’a parfois un peu rappelé la violence des rapports entre pirates !

Ce monde marchand est difficile, mais il semble inexorablement attirer Fable, même si son père pense qu’elle n’est pas faite pour ce dernier. Opinion que je ne partage pas, notre héroïne étant courageuse et n’hésitant pas à prendre des risques pour obtenir ce qu’elle souhaite, même s’il lui faudra du temps pour comprendre la véritable nature de ses désirs profonds. En plus de ses talents de plongeuse avérées, elle possède également un don rare hérité de sa mère, celui de comprendre le langage des gemmes. Je reconnais avoir été fascinée par ce don inhabituel et précieux qui se révélera aussi utile que dangereux. En effet, ce qui est rare est cher et ce qui est cher attise la convoitise, que l’on parle de pierres précieuses ou d’une jeune fille capable de les repérer et de les comprendre…

Le rythme de ce premier tome n’est pas effréné, mais on ne s’ennuie pas un instant, l’autrice veillant à ce qui se passe toujours quelque chose : contretemps plus ou moins graves, mensonges et révélations, dangers tapis dans l’ombre, représailles élaborées dans l’antre d’une taverne, rivalités exacerbées par des rancunes tenaces… Mais le gros point fort de ce roman, du moins pour moi, reste la plume d’Adrienne Young que j’ai trouvée fine, imagée et expressive. J’ai aimé les comparaisons poétiques et la richesse et précision du vocabulaire rendant les descriptions des décors et de l’environnement particulièrement immersives. On a presque l’impression de sentir l’eau sur notre corps, de savourer le silence et la quiétude de la vie sous-marine, de percevoir la sensation du vent qui souffle, et l’apprêté salée d’un monde dangereux mais fascinant qui vous happe… pour le meilleur et pour le pire !

En conclusion, roman à l’ambiance finement travaillée, L’aventurière des mers enchante les lecteurs par le monde sans pitié dans lequel il les embarque dès les premières pages, grâce à la plume imagée, évocatrice et immersive d’Adrienne Young. Emplis de dangers, de rivalités et de secrets, un roman d’aventures, entre terre et mer, dans lequel une jeune femme va devoir lutter pour sa survie, et un héritage qu’elle est bien décidée à revendiquer. Mais ce roman, c’est aussi une quête de soi avec en son coeur la famille, que ce soit celle de sang, avec ses souvenirs heureux noyés sous les désillusions, ou celle de coeur qui apaise et donne le sentiment d’avoir enfin trouvé sa place. Mais rappelez-vous que posséder, c’est aussi prendre le risque de tout perdre…

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/10/03/fable-laventuriere-des-mers-adrienne-young/
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
Les premières pages m’ont demandé une certaine concentration, ayant lu le roman en anglais, puis je me suis laissé complètement happer par cette histoire que je classe dans la catégorie des très bonnes romantasy.

J’ai ainsi adoré la manière dont Amanda Bouchet a réussi à s’approprier et à utiliser différents mythes grecs, tout en s’en détachant assez pour nous proposer un univers riche et complet qui lui est propre. Si comme moi, Poséidon, Hadès, Cerbères et compagnie vous fascinent, vous allez donc apprécier de vous plonger dans cette histoire, d’autant que vous y retrouverez cette cruauté caractéristique de certaines divinités. À cet égard, j’ai apprécié de découvrir, au fur et à mesure de la lecture, le passé de l’héroïne et ses liens avec les dieux. À la fin de ce premier tome, il reste encore quelques zones d’ombre sur les épreuves traversées par Cat durant son enfance, mais ce qui est certain, en revanche, c’est que ses souvenirs sont teintés de violence, de torture et de mort. On comprend alors aisément à quel point elle a cherché à fuir son passé en trouvant un refuge, si ce n’est une famille, au sein d’un cirque.

Malheureusement pour elle, elle va attirer l’attention d’un seigneur de guerre de Sinta qui, convaincu de l’aide qu’elle pourrait apporter à son peuple, va la kidnapper... Le début d’une nouvelle vie pour une jeune femme qui n’aspirait pourtant qu’à rester dans l’ombre, une question de survie pour elle. Plus on avance dans l’intrigue, plus on comprend que l’intuition de Griffin quant à Cat n’était pas dénuée de fondement, cette dernière ne cessant de nous étonner par ses capacités et ses nombreux talents. En plus d’être protégée par un certain dieu et un chien à trois têtes qu’elle est l’une des rares personnes à être capable d’approcher, et de pouvoir prédire certains événements, elle est capable de devenir invisible, sans cape, elle ! Mais ses dons ne s’arrêtent pas là et se révéleront très utiles pour elle et ses compagnons de route, ou plutôt, ses ravisseurs.

Le terme de ravisseur va néanmoins vite perdre de sa force, Cat créant des liens amicaux avec les amis de Griffin. Entre chamailleries et taquineries, leurs échanges ne manqueront pas de vous faire sourire. On sent qu’au fil des jours et des dangers rencontrés, une certaine complicité s’est développée entre ces hommes et Cat. La relation de la jeune femme avec Griffin sera un peu plus difficile, Cat oscillant entre défiance envers cet homme qui n’a pas hésité à la priver de sa liberté, et attirance pour lui qui est le seul capable de calmer ses cauchemars. Nous sommes ici dans un roman de fantasy avec une belle place accordée à la romance alors le rapprochement est inévitable, mais j’ai beaucoup apprécié la manière dont il est amené. Le jeu du chat et de la souris qui se met en place entre nos deux héros est, en effet, diablement efficace pour créer une certaine tension sentimentale/physique, et donner envie aux lecteurs de suivre l’évolution de leur relation qui ne manque pas de piquant. Mais rien d’étonnant entre deux fortes têtes comme eux !

Si j’ai regretté le caractère possessif de Griffin qui arrive à être jaloux en toute circonstance, j’ai aimé sa manière de veiller sur Cat, ses gestes, ses regards et son envie d’être avec elle malgré ses secrets et ses demi-vérités. Le sérieux des sentiments de ce guerrier ne fait aucun doute, et c’est exactement ce qui terrife Cat, son passé menaçant à tout moment de l’engloutir et de tout lui faire perdre… Mais il en faut bien plus pour décourager Griffin. À cet égard, il y a une scène qui possède une portée symbolique que je n’ai mesurée qu’en fin de lecture, mais qui est, pour moi, le passage qui montre aux lecteurs et à Cat la force de son engagement…. Les lecteurs appréciant les belles romances devraient donc être conquis par ce couple qui va devoir affronter bien des dangers pour s’assurer un avenir radieux. J‘ai d’ailleurs hâte de suivre la suite de leur histoire !

Au-delà de la romance et de la complexité de l’univers, et bien que ce ne soit pas au centre de l’intrigue, j’ai apprécié le côté politique avec l’arrivée au pouvoir de Griffin et de sa famille. De nouveaux dirigeants qui vont rompre avec les traditions cruelles et brutales des autres familles royales. Mais ces changements ne vont pas faire l’unanimité, notamment auprès des personnes possédant des pouvoirs magiques et qui ne sont pas prêtes à se laisser gouverner par une famille royale qui en est dépourvue. Il faudra donc à Griffin et à sa sœur, qu’il a placée sur le trône, faire preuve d’intelligence et de diplomatie pour s’imposer auprès de leur propre peuple, mais aussi des deux autres royaumes. Ils pourront heureusement compter sur Cat, ses talents et son aura de puissance, mais cette « arme secrète » ne risque-t-elle pas d’être à double tranchant ?

Quant à la plume de l’autrice, je l’ai trouvée fluide, rythmée et agréable. Mais c’est vraiment son imaginaire, les relations entre les personnages, et la manière dont elle s’assure que les lecteurs soient toujours sur le qui-vive, qui ont rendu cette lecture aussi immersive que palpitante !

En conclusion, si vous êtes en quête d’un roman de fantasy rythmé et immersif mélangeant habilement mythologie grecque et romance, La faiseuse de rois d’Amanda Bouchet devrait vous plaire. Entre le mystère autour d’une héroïne à la forte personnalité et aux multiples talents, les personnages attachants et complémentaires, l’univers impitoyable, mais fascinant, et le parfait équilibre entre action et sentiments, vous ne devriez pas voir les pages défiler ! Pour ma part, je compte relire ce premier tome en français avant d’enchaîner sur le deuxième qui a déjà été traduit par les éditions Bookmark.

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/10/05/la-faiseuse-de-rois-tome-1-promesse-de-feu-amanda-bouchet/
Avez vous apprécié ce commentaire ? +1
En préparant mon article, j’ai réalisé qu‘Insoluble était la suite d‘Invisible, mais les deux romans étant indépendants, cela ne m’a pas gênée dans ma lecture. Je n’avais d’ailleurs même pas réalisé avoir commencé par un tome 2. Il faut dire que l’autrice revient sur l’histoire d’Emmy, une analyste au FBI qui, dans le premier tome, a réussi à mettre la main sur le tueur en série responsable de la mort de sa sœur, et ceci sans le soutien de son administration.

Dans Insoluble, elle se retrouve de nouveau à traquer un tueur en série redoutable et une fois n’est pas coutume, elle va devoir convaincre ses supérieurs du bien-fondé de son enquête. En effet, personne à part elle ne suspecte la vérité derrière des morts classées un peu trop rapidement comme naturelles. Malheureusement pour Emmy, ses supérieurs se méfient d’elle, au point de demander à son fiancé, un ex-agent du FBI, de la surveiller afin de vérifier si oui ou non, elle est la taupe donnant des renseignements à une journaliste sur un activiste recherché pour terrorisme. En croisade contre l’injustice touchant notamment les minorités avec lesquelles le système judiciaire américain n’est pas tendre, et les dérives financières qui étranglent les moins nantis, Citizen David est adulé par le grand public. Mais pas seulement, Emmy et sa collègue partageant ses idées, mais pas ses méthodes…

Alors que le FBI se méfie du comportement obsessionnel d’Emmy, incapable de penser à autre chose qu’au travail, le tueur en série lui s’en donne à coeur joie, semant les morts en toute impunité. Après tout, qui s’intéresse vraiment à la mort de SDF, de personnes âgées ou de laissés-pour-compte ? Personne, si ce n’est Emmy bien décidée à arrêter ce tueur, quitte à mettre son couple, sa santé et son travail en danger ! Un duel va alors s’engager entre l’analyste, qui se révèle fine enquêtrice, et notre tueur qui prend un malin plaisir à suivre l’avancée de son « ennemie » dans sa traque.

J’ai beaucoup aimé suivre cette enquête, les auteurs rappelant avec brio à quel point nos biais et préjugés peuvent nous induire en erreur, que l’on soit un simple citoyen ou un agent du FBI. Avec un certain sens de la mise en scène, James Patterson et David Ellis réussissent à brouiller les cartes, nous donnant l’impression de toucher du doigt la vérité avant de nous montrer que les apparences sont bien souvent trompeuses. Je n’avais pas anticipé les révélations qui sont faites en cours d’intrigue, ce qui ne m’arrive pas si souvent que cela dans les thrillers où certains schémas ont tendance à se répéter. J’ai donc été ravie de me laisser berner et de découvrir, aux côtés d’Emmy et des autres personnages, la vérité et les dessous de tous ces meurtres au service d’une idéologie nauséabonde. Une idéologie finalement symptomatique d’un capitalisme poussé à l’extrême où l’être humain n’est considéré que sous le prisme de sa valeur économique.

En plus de l’enquête en elle-même, j’ai apprécié la narration qui nous permet aussi bien d’entrer dans les pensées du tueur que dans la tête d’Emily et de son fiancé, Harrison Bookman, qui a quitté le FBI pour tenir une librairie. Avec un tel nom, le choix de reconversion semblait tout trouvé. Emily est une femme qui impressionne par sa détermination, mais que l’on sent sur la corde raide, celle-ci ayant tendance à tout mettre de côté pour son travail, comme si rien d’autre n’existait. Une situation peu tenable sur la durée, comme tente de lui faire comprendre Bookman. Le couple Bookman/Emily va vivre des turbulences, mais je vous rassure les auteurs ne s’appesantissent pas dessus. À travers ce couple, ils montrent plutôt efficacement l’impact que peut avoir un métier difficile sur une relation et la vie d’une personne.

Il est d’ailleurs intéressant de voir que quand Bookman a mis de la distance avec le FBI pour prendre le temps de vivre, Emily reste incapable de se détacher de son travail… Le meurtre de sa sœur semble avoir engendré chez elle un syndrome du sauveur, un peu comme si elle était responsable de la vie de tout le monde. Fragile et forte à la fois, c’est une femme que j’ai beaucoup appréciée et qui m’a émue, même si je n’ai pas toujours réussi à comprendre ses réactions. Quant à Bookman, sa psychologie est moins développée, mais c’est un homme touchant que l’on sent sincèrement attaché à Emily, sans pour autant être étouffant. J’ai juste été quelque peu dubitative devant son idée de la protéger en acceptant de la surveiller pour le compte de ses ex-employeurs…

Les personnages secondaires se révèlent également intéressants, comme le SDF hébergé par Bookman dans sa libraire, d’autant qu’ils permettent d’évoquer différentes thématiques : le stress post-traumatique, les préjugés envers les SDF et les difficultés de réinsertion, l’envie de justice qui peut pousser à certaines extrémités… En trame de fond, il y a aussi ce machisme et sexisme insidieux aux conséquences parfois dramatiques pour une carrière, certes, mais surtout pour les citoyens ! À cet égard, le sexisme dont est victime Emmy m’a révoltée, mais j’ai trouvé que les auteurs abordaient la question avec une certaine subtilité, voire timidité assez représentative de la réalité. Cela satisfera une bonne partie des lecteurs, mais j’avoue en avoir été frustrée : c’est un peu facile de s’excuser entre deux portes, sans pour autant se remettre en question et valoriser le travail d’une femme qu’on a passé son temps à dénigrer. Une femme qui, soit dit en passant, a fait le travail d’hommes censés être plus compétents qu’elle comme on s’est évertué à le lui rappeler à maintes reprises…

Quant au style d’écriture, il est redoutable d’efficacité, d’autant que le suspense est bien au rendez-vous et la tension omniprésente. Plus on avance dans l’intrigue, plus on sent l’étau se resserrer autour de notre tueur, mais aussi le danger se rapprocher d’une analyste qui, obsédée par la mission qu’elle s’est donnée, n’hésite pas à se mettre une cible dans le dos. Un comportement qui frise parfois l’inconscience, mais qui prouve également sa force de caractère, et qui donne envie aux lecteurs de la suivre jusqu’au bout de son enquête !

En conclusion, d’une plume efficace et rythmée, le duo James Patterson et David Ellis nous entraîne dans la traque d’un tueur en série brillant et méthodique qui cible des personnes qu’il estime indignes de vivre. Un homme à l’idéologie abjecte qui aurait pu sévir en toute impunité s’il n’avait pas croisé la route d’une analyste du FBI bien déterminée à l’arrêter, quitte à mettre sa carrière, sa santé et son couple en danger. Insoluble est un thriller à conseiller aux lecteurs appréciant les romans menés tambour battant, les enquêtes avec du suspense et des rebondissements, et les duels entre deux fortes têtes bien déterminées à ce qu’à la fin, il n’en reste plus qu’un !

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/09/19/insoluble-james-patterson-et-david-ellis/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
date : 25-09-2022
Dans cette BD témoignage, Marion revient courageusement, 20 ans après, sur son expérience traumatisante au sein de la Scientologie à Paris puis au centre européen de Copenhague.

Une secte dont les méthodes quasi militaires nous apparaissent d’une terrible implacabilité. Après la phase d’approche et de séduction, où l’on fait miroiter aux gens une vie meilleure grâce à de supposées méthodes prouvées scientifiquement, vient la phase de conditionnement où l’on abrutit les esprits et épuise les corps. Certains passages m’ont donné l’impression d’être plongée dans un camp de travail, sauf que l’emprisonnement est volontaire, les personnes acceptant elles-mêmes, sans même le réaliser, une vie dépourvue de liberté, de fantaisie et de chaleur humaine. Une vie de très grande solitude, où la délation est encouragée et la méfiance de circonstance, bien loin de l’esprit de groupe et de cohésion vanté lors des réunions de présentation…

Je connaissais la scientologie grâce à l’acteur Tom Cruise, probablement le plus connu de ses membres, mais je ne pensais pas ses méthodes aussi brutales ! Il y a, ainsi, des passages difficiles où l’on sent la puissance de l’emprise de la secte sur ses membres et de ses méthodes confinant parfois à la torture psychologique. Épuisée par le manque de sommeil et des efforts physiques intenses, entrecoupés de « leçons », Marion va heureusement avoir ce sursaut de vie la poussant à prendre ses distances avec une organisation qui s’est engouffrée dans ses failles.

En pleine errance amoureuse et nouvellement au chômage, Marion n’était, en effet, pas au meilleur de sa forme quand elle a été initiée par l’intermédiaire d’un « ami ». Mais plus on avance dans la BD, plus on réalise que n’importe qui aurait pu se laisser piéger ou presque, la secte sachant admirablement bien mettre en confiance ses futures victimes, aidée en cela par un discours bien rôdé dévoyant certains préceptes de développement personnel.

C’est probablement l’un des effets les plus pervers de cette secte, faire croire aux potentiels membres qu’elle va les aider à s’épanouir et à être heureux, quand elle les pousse à la dépense, avant de mieux les détruire psychologiquement afin de les garder sous sa coupe. Ainsi, en intégrant la secte, Marion fuyait une vie qui ne lui convenait plus, sans réaliser qu’elle mettait le pied dans un engrenage infernal et destructeur. Marion a réussi à s’en sortir et à retrouver une place parmi les siens, mais combien d’autres victimes n’ont pas eu cette chance ? Durant la lecture de cette BD, cette question n’a eu de cesse de me traverser l’esprit, d’autant que le témoignage de Marion rappelle que la justice n’est pas d’une très grande efficacité pour lutter contre les sectes et leurs méthodes…

Si j’ai compati aux épreuves traversées par la jeune femme, de son expérience au sein de la secte à l’après, entre les séquelles psychologiques et les menaces de la Scientologie qui n’a pas particulièrement bien pris son départ, je ne me suis pas attachée à elle. Son témoignage est percutant et captivant, mais il est dénué d’émotions. Il y a une sorte de mise à distance émotionnelle, probablement nécessaire pour évoquer une expérience dévastratice... Et puis, il est vrai qu’au centre de Copenhague, Marion a appris à ne plus ressentir, juste à travailler sans relâche et à faire des préceptes de la secte les siens. Cela se ressent obligatoirement dans la manière assez froide dont elle relate les événements. Une froideur rehaussée par les dessins simples, mais pas simplistes, et la teinte bleutée des illustrations.

On évite donc tout pathos, ce que j’ai apprécié, d’autant qu’on ressent très bien le mal-être de Marion la gagner et la ronger à mesure que s’écoulent les semaines de labeur et de lavage de cerveau. Je l’ai d’ailleurs trouvée très courageuse d’arriver, malgré les circonstances, à prendre du recul sur ses émotions qu’on a tout fait pour étouffer, et à décider de quitter la secte alors qu’elle était seule dans un pays étranger, face à des personnes bien déterminées à ne pas la laisser partir. Après tout, si la perte de son travail ne permettait plus à Marion de payer à prix d’or de pseudo-formations, elle n’en demeurait pas moins une recrue de choix dont le zèle avait été, jusque-là, fortement apprécié…

En bref, Dans la secte est une BD que je recommande afin de comprendre les mécanismes d’embrigadement et de conditionnement des sectes, et plus particulièrement de la Scientologie. Une plongée terrible et pourtant nécessaire dans un enfer dont notre narratrice a réussi à s’échapper, non sans en avoir subi les conséquences et gardé des séquelles.

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/09/21/dans-la-secte-pierre-henri-et-louis-alloing/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
Pendant une bonne partie de ma lecture, j’ai craint que l’auteur n’arrive pas à terminer sa duologie sans laisser les lecteurs dans une profonde frustration. Une crainte sans fondement parce que si on sent que l’histoire a le potentiel de servir de base à de nombreux tomes, Akira Himekawa a réussi à terminer son récit sur une conclusion satisfaisante. L’évolution des personnages principaux est probante et touchante, et laisse libre les lecteurs de s’imaginer que le duo entre Kiya et Tj n’est qu’au début d’une fructueuse, bien que dangereuse collaboration.

Une vraie complicité s’est ainsi installée entre les deux personnages, et ceci malgré toutes les barrières que TJ, pour se protéger, a tenté d’instaurer entre lui et un Kiya bien décidé à se frayer une place dans son cœur. Si TJ peut paraître froid et brutal, j’ai été très touchée par ses failles que l’on découvre petit à petit, et par ses petites phrases qu’il laisse échapper et qui prouvent que malgré des paroles parfois assassines, il n’est pas ce cœur froid qu’il prétend. À sa manière, il contribue à aider Kiya à prendre confiance en lui, en sa force, ses capacités et son droit à être lui-même.

J’ai donc adoré ce deuxième tome que j’ai trouvé encore plus intense que le premier. Il y a une vraie maîtrise des phases de combat qui apportent beaucoup de dynamisme et de force à cette histoire classique, mais bien amenée, d’une lutte entre le bien et le mal. Mais les frontières entre les deux sont-elles si claires que cela ? Les degabesast sont des monstres qui s’attaquent aux humains, certes, mais une fois que l’on découvre leurs motivations, il semble difficile de totalement les en blâmer. Car ces créatures de l’ombre ont raison sur un point : les hommes ne sont pas des modèles de tolérance et d’acceptation de la différence.

Néanmoins, au lieu de s’ériger en adverse de l’humanité comme le leader charismatique d’un groupe de musique le fait, Kiya choisit la coopération et l’entraide pour se battre aux côtés des humains. Naïf d’une certaine manière, mais aussi profondément humaniste, Kiya est un peu cette partie juvénile et optimiste de chacun qui arrive à passer outre l’horreur pour tenter d’améliorer les choses, et se trouver des amis là où le destin l’emmène. Et si pour cela, il doit se battre alors qu’il préfère la paix, il est disposé à le faire. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour l’organisation Illumine et cette humanité imparfaite qu’elle tente de protéger contre des ennemis bien plus organisés qu’on pourrait le penser.

À cet égard, il y a un personnage qui fait brièvement son apparition, mais qui n’est pas exploité, alors qu’il aurait pu être intéressant de le voir évoluer en parallèle de Kiya. D’une certaine manière, ils sont tous les deux confrontés à leur double nature qu’on tente d’instrumentaliser qu’ils le veuillent ou non. Mais c’est un point qui a été mis de côté probablement en raison du format très court de la série. Comme dit précédemment, je n’ai pas été frustrée par la fin, mais je ne nie pas que je serais ravie que l’auteur reprenne sa série, et nous plonge dans la vie de personnages qui possèdent tout le potentiel pour nous offrir de beaux moments de complicité, et des phases de questionnement sur les combats qu’ils mènent au nom d’une humanité qui en est parfois dépourvue.

Quant aux dessins, ils m’ont de nouveau complètement séduite. Le trait est fin et précis, et les focus sur la silhouette de dragon de Kiya est superbe ! J’ai adoré le voir se transformer, se battre et exprimer toute cette puissance qui transparaît dans chacune des scènes de combat.

En conclusion, malgré le côté classique de la sempiternelle lutte entre l’ombre et la lumière, le bien et le mal, Akira Himekawa a su apporter une touche particulière à son récit, grâce à un adolescent mi-homme mi-dragon dont la solitude renvoie à celle qui sommeille en chacun d’entre nous. Il y a ainsi quelque chose d’étrangement délicat et naïf dans ce personnage dont la puissance est mise au service de l’humanité quand elle aurait pu être vouée à la détruire. Finement dessiné, touchant, rythmé et plus profond qu’il n’y paraît, Le Dragon qui rêvait de crépuscule est un titre que je ne peux que vous conseiller.

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/09/23/le-dragon-qui-revait-de-crepuscule-tome-2-akira-himekawa/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
J’avais adoré le premier tome, La Prophétesse, mais cette suite m’a moins emballée. D’une part, parce que je n’étais clairement pas dans le bon état d’esprit pour ce genre de lecture et d’autre part, parce que l’autrice s’est éloignée de ce qu’elle avait proposé précédemment.

Si j’apprécie de lire des ouvrages évoquant la Seconde Guerre Mondiale, ce n’est pas ce que j’attendais avec ce roman, d’autant que le sujet est finalement présent, sans être vraiment exploité. De la même manière, je suis restée sur ma faim quant à la dimension fantastique. J’aurais aimé que l’autrice explore plus en profondeur le pouvoir de Lily et des autres charismatiques, même si je reconnais avoir apprécié la manière dont Lily s’approprie de plus en plus son don de prémonition qu’elle a longtemps considéré comme une malédiction. J’ai, en outre, été de nouveau fascinée par le pouvoir de Sam qui peut parler aux animaux ce qui n’est parfois pas une sinécure, certains pouvant se révéler plus retors que d’autres.

L’amitié entre Lily et Sam nous offre de nouveau des moments émouvants, d’autant qu’on en apprend plus sur le passé de Sam. Un passé qui va le rattraper d’une manière que je n’avais pas anticipée, nous offrant un retournement de situation bienvenu mais tellement vite expédié qu’il en devient un brin caricatural. Chose qui a contribué à mon sentiment d’une mauvaise gestion du rythme de la part de l’autrice, certains passages traînant en longueur, quand d’autres, qui auraient mérité d’être approfondis, sont bien vite expédiés. Il m’aura ainsi fallu attendre un certain nombre de chapitres avant que mon sentiment d’ennui laisse place à un intérêt plus vif pour l’intrigue, sans toutefois que je ne retrouve le côté addictif du premier tome.

Malgré ces bémols, force est de reconnaître que la qualité d’écriture est bien là, Jacquelyn Benson possédant un réel sens de l’immersion, et un don certain pour choisir les bons mots. Que ce soit pour nous faire saisir l’impact de certains maux, la tension inhérente aux événements, ou simplement nous laisser entrevoir le brouillard dans lequel sont plongés nos personnages. Entre les conflits intérieurs menaçant l’unité du Royaume-Uni, la menace de plus en plus palpable d’une guerre mondiale, la possibilité d’une trahison, et une vision que Lily ne peut ignorer, les lecteurs sont pris dans un entrelacs d’événements qui fait monter la pression et les enjeux.

D’ailleurs, si je me suis parfois ennuyée, je ne peux nier qu’il se passe pas mal de choses dans ce tome qui s’est éloigné de ce que j’attendais, mais qui n’en reste pas moins finement écrit. Au fil de ma lecture, j’ai vécu des moments d’angoisse pour Lily et ses amis, ceux-ci se trouvant parfois dans des situations dramatiques. Mais j’ai aussi pris plaisir à les voir interagir, même si un personnage que j’avais beaucoup apprécié dans le premier tome m’a fortement agacée et déçue dans cette suite, n’approuvant pas ses méthodes radicales. À cet égard, j’ai apprécié que Lily et Sam conservent un certain esprit critique quand d’autres ne possèdent pas cette présence d’esprit, oubliant qu’un guide n’est pas un messie…

J’avais beaucoup aimé l’ébauche de romance dans le premier tome alors j’ai un peu regretté que cet aspect ne soit pas plus développé ici, mais vu le contexte, le contraire aurait été étrange. J’ai toutefois apprécié les quelques passages entre Lily et lord Strangford qui semblent, petit à petit, trouver un certain équilibre, malgré leur pouvoir respectif qui ne facilite par leur rapprochement qu’il soit psychique ou physique. De fil en aiguille, Lily fait sauter une à une les barrières qui enserrent son esprit et un coeur qui a longtemps évolué en marge de la société afin de se protéger. Je n’ai pas ressenti le même attachement pour la jeune femme que dans le premier tome, mais j’ai été touchée par son évolution et la manière dont elle fait face aux décisions difficiles que son don l’oblige à prendre. Des décisions qu’elle a encore tendance à prendre seule quand d’autres sont prêts à partager son fardeau…

À la fin de La Houle éclatante, je ne pensais pas lire le tome suivant quand il sortirait, mais rédiger cet avis m’a permis de réaliser que malgré les défauts de ce tome, j’ai quand même envie de connaître la conclusion de la série, et ce qu’il adviendra d’un groupe pour lequel j’ai développé un plus grand attachement que je ne le pensais.

En conclusion, je n’ai pas autant apprécié ce tome que le premier, ayant eu le sentiment que l’intrigue peinait à démarrer et que certains passages traînaient en longueur, rendant la lecture parfois ennuyante. Mais force est de constater que Jacquelyn Benson compense une gestion du rythme hasardeuse par une plume immersive et entraînante, et un don pour faire monter la tension et la pression jusqu’à ce que l’angoisse se fasse insurmontable. Entre l’éventualité d’un conflit mondial dévastateur et des dissensions intérieures, Londres est soumise à des dangers que notre héroïne et ses amis sont bien décidés à tenir éloignés, quitte à en payer le prix fort…

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/09/16/le-lys-de-feu-la-houle-eclatante-jacquelyn-benson/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0
À la recherche d’une romance parfaite pour l’été, c’est-à-dire légère et entraînante, j’ai jeté mon dévolu sur ce nouveau titre aux éditions de l’Archipel qui m’avait régalée l’année dernière avec Duel au soleil. Un choix qui m’a plutôt porté chance puisque j’ai passé un très bon moment avec cette romance toute mignonne, qui n’est néanmoins pas dénuée de quelques scènes épicées mais jamais vulgaires.

Après une énième frasque de Piper, une influenceuse Instagram, son riche beau-père décide de lui couper les vivres et de l’envoyer pendant quelques mois à Westport, afin qu’elle apprenne le sens du mot travail. Passer de Los Angeles, ville de ses péchés, à Westport, petite ville de pêcheurs, il y a une certaine ironie que ne goûte guère Piper, mais elle n’a pas vraiment le choix. Sa sœur Hannah, bien plus posée et toujours de bon conseil, décide heureusement de l’accompagner. Et puis, contre toute attente, il se pourrait que cette nouvelle vie éloignée de la frénésie des réseaux sociaux ne soit pas si désagréable que cela, si l’on occulte Brendan, ce beau mais désagréable pêcheur…

J’avoue avoir été quelque peu énervée par beau-papa qui regrette le caractère superficiel de Piper et son manque d’ambition dans la vie, mais qui semble occulter qu’élever un enfant, ce n’est pas se contenter de signer des chèques, et d’espérer que le reste se fasse tout seul… J’ai également été perturbée par la manière dont la mère de Piper et Hannah, très affectée par la mort de leur père quand elles étaient petites, l’a tout simplement effacé de l’histoire familiale sans penser à ses filles. Un silence qui semblait bien arranger leur beau-père quelque peu jaloux que sa femme ait eu une vie et un époux avant lui. Bref, j’ai compris que leur beau-père veuille apprendre à Piper à se débrouiller toute seule, mais j’ai désapprouvé la méthode et le manque de considération de la mère qui laisse son mari tout gérer.

Cela a peut-être joué dans le fait que malgré sa recherche constante d’attention, du moins au début du roman, Piper m’a tout de suite touchée. Je l’ai trouvée pétillante, joyeuse, optimiste, parfois maladroite et naïve, mais toujours prête à faire des efforts et à combler les lacunes qu’une vie d’oisiveté a fini par créer. C’est qu’entre sa vie de jet-setteuse qui passe son temps en représentation et à faire la fête auprès d’amis qui n’en portent que le nom, et la vie simple sans artifice dans une ville comme Westport, il y a un fossé ! Piper et Hannah auront néanmoins la chance d’être bien accueillies, le souvenir de ce père mort en mer, et dont elles ne savent rien, étant encore très présent dans la ville et le coeur des habitants.

Des habitants avec lesquels les deux sœurs nouent petit à petit des liens malgré quelques maladresses. À cet égard, il y a une rencontre qui instaure un pont entre présent et passé que j’ai trouvée très belle, et surtout amenée avec beaucoup de justesse. Elle illustre, en outre, à merveille l’effet que Piper peut avoir sur les autres ; un effet dont elle ne mesure pas l’importance et qui se dévoile à nous par petites touches. Et si son art reconnu et apprécié de la fête, loin d’être une marque de sa superficialité, cachait son véritable talent : celui de créer avec un naturel enchanteur des liens entre les gens ? Bienveillante, chaleureuse et ouverte d’esprit, Piper fait partie de ces gens lumineux qui apportent chaleur, joie et confort par leur simple présence et sourire.

Mais malgré ses nombreuses qualités, la jeune femme doute beaucoup d’elle-même n’ayant jamais vraiment reçu le respect et la confiance qu’elle mérite, sauf de la part de sa sœur. Et c’est en cela que son expérience à Westport lui fera le plus grand bien ! Elle réalise progressivement qu’elle aussi est capable de mener à bien un projet, ici la refonte du bar défraîchi de son père biologique, et de prendre des initiatives, pas toujours avec succès, mais toujours avec bonne humeur et bonne volonté. Son évolution est savamment orchestrée, touchante et réaliste. Si sa relation avec un certain pêcheur n’y sera pas pour rien, elle n’en sera pas le seul et unique moteur, le changement venant bien de Piper elle-même.

Le fait que l’autrice ne conditionne pas l’épanouissement de son héroïne à sa seule relation amoureuse m’a beaucoup plu et permis de savourer le rapprochement entre Piper et Brendan. Veuf solitaire, ce dernier se montre d’abord désobligeant, avant de reconnaître qu’il s’est peut-être laissé emporter par ses préjugés et jugements à l’emporte-pièce. J’ai trouvé ce personnage très humain, sincère et touchant, notamment dans son envie de ne pas blesser son ancien beau-père qui vit encore dans le souvenir de sa fille disparue. Mais de fil en aiguille, Brendan réalise qu’il a le droit de retrouver le bonheur, d’exister en dehors de sa passion/haine pour la mer, et du souvenir d’une épouse avec laquelle il avait conclu un partenariat plutôt qu’un mariage d’amour. Il semble ainsi prêt à remettre en question toutes les habitudes rassurantes qui conditionnaient sa vie pour donner toute sa place à Piper qu’il n’attendait pas, mais qu’il espère ne plus jamais devoir quitter.

Bien que j’aurais apprécié que l’attraction entre les deux soit moins rapide, j’ai été séduite par l’alchimie indéniable qui les lie. Ils ne pourraient être plus différents l’un de l’autre, Piper exubérante et expansive, Brendan taciturne et renfermé, mais ils se révèlent parfaitement complémentaires. J’ai adoré les voir se taquiner et j’ai partagé avec un plaisir certain leurs moments de tendresse, de complicité et de passion. Touchant et mignon, ce couple semble s’imposer à nous, mais reste encore à en convaincre Piper hantée par la douleur de sa mère à la mort de leur père. Est-elle prête à prendre le risque d’avoir un jour le coeur brisé, elle, la fashionista et jet-setteuse qui ne vit que pour la fête et l’attention ? Mais justement, désire-t-elle encore cette vie de strass et de paillettes, de courses aux likes et de faux amis qui ne la voient que sous le prisme de ce qu’elle peut leur apporter ? Des questions auxquelles la jeune femme va devoir répondre avant de décider de partir ou de rester, de donner sa chance à son couple, ou reprendre une vie rassurante mais vide de sens…

Quant à la l’écriture de l’autrice, elle se révèle très agréable, fluide et parfaite pour nous plonger avec facilité dans ce roman d’amour, d’amitié, de quête de soi et de sens, de retour aux sources aussi. Un roman léger et doux qui aborde néanmoins avec délicatesse des thématiques importantes, et nous rappelle qu’il n’est jamais trop tard pour prendre un nouveau départ. C’est arrivé un été ou la lecture détente parfaite pour s’émouvoir, rire et se divertir en toute légèreté. J’ai, pour ma part, hâte de découvrir sa future adaptation cinématographique, et de poursuivre les aventures des sœurs Bellinger. Tessa Bailey nous laisse, en effet, espérer une romance tout aussi pétillante entre la sœur de Piper et un personnage bourreau des cœurs, mais peut-être pas si superficiel que cela. Après tout, n’a-t-on pas appris avec Piper que les apparences sont parfois trompeuses ?

https://lightandsmell.wordpress.com/2022/08/08/cest-arrive-un-ete-tessa-bailey/
Avez vous apprécié ce commentaire ? 0


Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode