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Commentaires de livres faits par FeyGirl

Extraits de livres par FeyGirl

Commentaires de livres appréciés par FeyGirl

Extraits de livres appréciés par FeyGirl

Dans un monde imaginaire et prétechnologique, Lidia fut témoin de l’erreur et de la mort de son père, le grand mage Cobal, lors d’un tournoi de mages. Cet événement entraîne la déchéance de la famille, qui sombre dans la pauvreté. Des années plus tard, la situation s’aggrave et conduit à la mort de sa mère et de son frère.

Lidia, devenue mage, pense aux histoires d’un être mythologique qui a remonté le temps pour sauver sa femme et l’empêcher de mourir. Ce récit devient une obsession, Lidia veut remonter le temps pour revenir à l’époque du tournoi, aider et sauver son père, et par ricochet son frère et sa mère. Elle mène secrètement des recherches dans les livres et affronte de nombreux obstacles, puis part dans une longue quête pour trouver le sort qui lui permettrait de changer le passé et réécrire le destin.

Ce roman est une bonne surprise, mouvementé et dense. Chaque partie renouvelle l’intrigue et l’approfondit. Évidemment, on retrouve la thématique du danger de modifier l’histoire, car Lidia ne sait pas quels autres chemins peut prendre son entourage quand les circonstances changent. La tension est parfois intense, et les amateurs d’actions seront ravis. Ceux qui aiment les mondes imaginaires aussi : des villes animées, des montagnes isolées et des pays où seuls les esprits règnent en maître. Certains passages sont inspirés des contes, avec une conclusion différente de ce à quoi le lecteur s’attend. L’auteure sait ménager la surprise.

Très vite, Lidia comprend qu’un ennemi puissant et invisible lui met des bâtons dans les roues et l’empêche de mener à bien la mission qu’elle s’est fixée, en lui effaçant la mémoire. Je ne peux pas vous en dévoiler plus sur ce personnage car cela gâcherait le plaisir de la découverte, j’écrirais toutefois que c’est une des bonnes trouvailles de l’auteure. Lidia va être écartelée entre sa bonté et sa morale d’un côté, et le désir de sauver sa famille. L’affrontement entre les deux protagonistes sera tumultueux.

Le personnage de Lidia évolue lentement. Obstinée, elle ne croit que ce qu’elle veut croire. Aveugle aux réalités de son monde, débordant d’amour pour sa famille, elle dédaigne les signes çà et là qui démontrent que la vérité n’est pas si binaire. Quand le lecteur ne s’y attend pas, surgissent des questionnements politiques, notamment sur l’autojustification des systèmes autoritaires, la formation des tyrans, et la fin qui justifierait les moyens pour un avenir meilleur, au prix de grandes souffrances.

Je n’ai qu’un seul petit regret : la narration à la première personne du singulier, au présent. Certains paragraphes accumulent les « je fais ci, je fais ça, puis je fais ça » qui m’ont fait un peu tiquer, alors que par ailleurs la prose est travaillée.

Il n’en reste pas moins un très bon roman de fantasy, dynamique, abordant des sujets politiques et culturels avec naturel.
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C’est avec grand plaisir que j’ai replongé dans l’univers des Temps Ultramodernes, une uchronie des années 1910 – 1930, où la cavorite — métal annulant la gravité — permet de construire des engins volants et même de se rendre sur Mars.

Ce livre est un recueil de nouvelles entrecoupées de nombreux articles de presse, qui relatent des faits divers liés à la cavorite avec une ironie mordante, et se conclut par le traité de cavorite déjà publié en numérique.

Les nouvelles sont toutes très différentes les unes des autres. L’auteur débute par Le Facteur Pégase dont j’ai particulièrement apprécié la tendresse de l’ambiance. L’histoire évoque le Palais du Facteur Cheval existant réellement, avec son protagoniste rêveur et obstiné qui construit son temple sur des années, alors que sa fille grandit à ses côtés. Un ton doux et un joli moment d’humanité.

Ensuite, passons à la Croisière bleue qui a donné son titre au recueil. Changement de décor et d’ambiance : une enquête débute à la manière d’Agatha Christie, sur un paquebot volant entre la France et la Russie. Ce petit monde s’avère être un nid d’espions : un lord britannique a été assassiné et deux agents secrets français recherchent le coupable. Très vite, on navigue dans les milieux des réseaux d’espionnage européens, on suspecte un complot, on se cache pour découvrir des secrets. Les alliances de circonstances n’empêchent pas le soupçon mutuel, dans un univers où la cavorite guide les politiques des grandes puissances. La conclusion inattendue de ce périple, spectaculaire, m’a bien amusée.

Après cela, passons à Cinquante hectares sur Mars où nous retournons sur la planète rouge, que nous avons bien connue dans les Temps Ultramodernes. Germain a gagné un lopin de terre, à la manière des colons américains du XIXe siècle. Il n’y trouve pas les sols facilement exploitables qu’on lui a fait miroiter. Ne s’avouant pas vaincu, il part à la recherche de l’origine de l’eau qui envahit les propriétés. Un voyage propice à l’exploration de la faune et de la flore de Mars, comme dans les romans de SF des années 50 : évasion garantie. Cette inspiration continue avec la découverte de Germain sur l’origine des inondations, et je ne vous en dis pas plus. Un pulp modernisé qui inaugure un changement de ton dans le recueil.

Un intermède avec Le Sisyphe cosmique sur Mercure : une équipe tente d’extraire de la cavorite, dont cette planète regorge. Nouvelle courte et marquante, jolie et triste, à la métaphore poétique. Et potentiellement, un bouleversement dans cet univers ?…

Enfin, À la poursuite de l’anticavorium, où nous retrouvons Marthe que nous avons bien connue dans Les Temps Ultramodernes. Cette fois-ci, un astéroïde d’anticavorium (qui serait l’inverse de la cavorite et éminemment dangereux) menace de détruire la Terre. Une expédition spatiale est lancée pour détourner l’astre. Ça vous rappelle des films à grand spectacle ? Bien vu ! La tension est présente tout du long de la nouvelle, avec son lot de rebondissements et son enjeu extrême comme tout blockbuster digne de ce nom : la survie de la Terre !

Le recueil se clôt par le Traité de la cavorite, que je n’avais pas lu à l’époque de son édition en numérique : ne vous arrêtez pas à son titre aride, car il est plaisant à lire. L’auteur s’est visiblement amusé à imaginer toutes les implications de sa cavorite, de sa découverte, sa chimie, son extraction, sa filière industrielle, aux conséquences politiques, artistiques ou historiques.

La Croisière bleue s’avère un excellent complément pour ceux qui ont aimé Les Temps Ultramodernes : elle offre un approfondissement de l’univers, mais aussi des histoires aux tonalités diverses et toutes réussies.
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Suite directe du tome précédent, sur la planète Pern. Le lecteur découvre les aventures de Menolly dans le l’atelier des harpistes qui est aussi un centre de formation. La jeune fille, extraordinairement douée, est peu à peu intégrée dans l’école des harpistes, où elle apprend le chant, la musique (exercice et composition), la fabrication des instruments… Apprentissage d’autant plus important dans un monde où les harpistes sont les vecteurs de l’instruction et de la mémoire (les ballades racontent le passé et mettent en garde contre les dangers réels de la planète). De plus, ils sont les confidents des seigneurs et ont un poids politique certain.

La jeune fille, encore préado, reste timide et peu sûre d’elle, à cause des traitements qu’elle a subis dans le Fort de la mer. Dans l’atelier des harpistes, certains aussi considèrent qu’une fille ne peut pas devenir harpiste. Mais les responsables connaissent sa valeur : ils l’ont cherchée sur tout le continent.

Et ses lézards de feu suscitent l’admiration. Oui, ces petites bêtes attachantes et merveilleuses ajoutent au sel de l’histoire.

Menolly est en butte à la jalousie de quelques-uns, notamment les filles qui ne sont pas des apprenties mais dont les parents nobles ont payé l’année. Elles lui signifient mépris voire méchanceté, la traitent presque de pauvre souillon, et là l’auteure fait preuve de peu de subtilité. On a parfois l’impression d’être dans un roman jeunesse, loin des premiers tomes de la saga (dans l’ordre d’écriture).

Cependant, on découvre pas mal d’éléments sur la société pernaise, dans un style agréable et avec une grande galerie de personnages, dont beaucoup sont très marqués : les gentils (certains sont trop gentils pour être crédibles), les exigeants, les mentors, les élèves sympathiques et les peaux de vache, etc. Pas de nuances, je vous dis !

Le vrai défaut de ce tome : un cruel manque d’enjeu. Même si la lecture est agréable, même si Menolly est sympathique, même si on en apprend plus sur le monde de Pern, l’histoire ronronne un peu.

À voir ce que ça donne pour la suite du cycle.
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date : 11-04
Les éditions Toussaint Louverture poursuivent la traduction de l’œuvre de Michael McDowell, avec des livres de poche aux couvertures toujours aussi belles !

Quant au roman lui-même, il se lit d’une traite, parfois avec jubilation.

Katie se déroule en 1871, aux États-Unis. Le prologue (qui a lieu huit ans plus tôt) donne le ton : la jeune Katie est une fillette égoïste et insensible. La Katie adulte ? Toujours aussi égoïste et insensible, voire cruelle, dans une famille de voyous pas très intelligents mais hargneux et rusés.

Pourtant l’héroïne du roman, au sens traditionnel du terme, est Philo, qui a le même âge que Katie.

Philo survit difficilement avec sa mère veuve, Mary, dans une petite ville de l’Est des États-Unis. L’argent vient à manquer. Bientôt, elles ne pourront plus rembourser l’hypothèque et elles vont être expulsées. Dès le début du récit, Philo est entourée d’une galerie de personnages aux caractères marqués qui donnent beaucoup de sel à l’histoire grâce à une plume ironique. On sent que l’auteur s’est amusé à les faire vivre.

Un jour, Mary reçoit une lettre de son père, le grand-père de Philo, qui avait coupé les ponts après le mariage de sa fille qu’il désapprouvait. Il appelle à l’aide : la femme de son fils décédé (le frère de Mary) s’est remariée avec un homme qui a une fille adulte, une certaine Katie (oui, il s’agit de la même Katie). Il est invalide et maltraité. Il subit la pression du couple et de leur fille Katie pour changer son testament en leur faveur. Il craint pour sa vie, et implore Philo, qu’il n’a jamais vu, de venir le secourir. Philo accepte (elle est gentille, bonne et douce, notre Philo).

Ce qu’elle ignore, c’est qu’elle va se frotter à une famille de criminels avides, et surtout que Katie a des dons de voyance qui lui donnent un coup d’avance.

Les parties alternent les points de vue de Philo, raisonnable, sage, intelligente même si un brin naïve, avec celles de Katie et sa famille. Ce roman se dévore, grâce à une plume fluide qui fait renaître les petites villes rustiques et le New York de la fin du XIXe siècle, de nombreux personnages secondaires hauts en couleur et une intrigue mouvementée. À la fin de chaque chapitre, on n’a qu’une envie : lire la suite.

On passe des travailleurs pauvres de la campagne aux jeunes femmes gagnant un trop salaire misérable dans les magasins new-yorkais, des pensions de famille aux familles fortunées : l’aspect social est constamment présent en filigrane.

L’histoire de Philo est le mélange d’un roman historique, d’un thriller et d’une romance (ce n’est pas le fond de l’intrigue, mais la relation entre Philo et Henry, et surtout l’ironie dans la description des personnages secondaires, évoquent Jane Austen). Philo enchaîne les coups de chances et de malchances, à la poursuite de son héritage et de ceux qui lui ont volé des êtres chers. D’un naturel aimable, elle réalise qu’elle souhaite le mal de Katie et ses parents. Elle attire la sympathie avec ses petites failles, sa succession de catastrophes, et malgré tout elle rebondit chaque fois.

En parallèle, on se plaît à voir les tribulations de la famille du crime, celle de Katie, rusée mais pas futée, et jusqu’à la fin on se demande qui va gagner. Katie est obsédée par Philo et poursuit cette dernière de sa vindicte, entourée par un père faible et une belle-mère impuissante. Katie est sans pitié.

Pourquoi avoir baptisé le roman Katie plutôt que Philo ? Sans doute parce que Katie est le véritable moteur de l’intrigue, celle par qui tout arrive, le miroir de Philo. Une antagoniste saisissante, bien plus marquante et puissante que Philo, grâce à ses dons de voyance et son caractère hors norme.

Un très bon roman historique, avec un soupçon de fantastique et une trame thriller, sur un ton léger, parfois ironique, fort sympathique, qui m’a fait passer un très agréable moment.
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La scientifique Avranka Kern projette d’installer sur une planète terraformée des milliers de singes et un nanovirus qui accélérera leur évolution. Mais la futaille transportant les singes est détruite, tandis que le nanovirus trouve un hôte inattendu dans les araignées et dans une moindre mesure les fourmis. Les millénaires passent, les araignées grossissent et enjambent à grands pas l’évolution. Devenues intelligentes et communautaires, elles créent au fil des générations une société, une culture et une technologie adaptée à leur physiologie.

Mais voilà : la Terre mourante a envoyé dans l’espace les derniers humains, qui espèrent bien s’installer sur cette planète accueillante… La planète est protégée par le module d’Avranka, qui s’est cryogénisée avant de donner des instructions à son IA, et les premiers membres d’équipages qui descendent malgré tout au sol sont attaqués par de très gros insectes.

Le roman exploite l’idée d’une espèce très différente de la nôtre qui crée sa propre civilisation, et on sent que l’auteur s’est longuement renseigné sur les araignées, tout en ajoutant la dimension sociale qu’elles n’ont pas chez nous. Curieusement, au fil du roman, on se prend à s’attacher à ces grosses bêtes, leurs espoirs et leurs ignorances, leur chemin vers la civilisation et l’évolution de leur mentalité. Elles restent très différentes des humains et plus collectives. Cependant, les conflits entre nids ne manquent pas. Les araignées ne sont pas décrites comme idéales ou bienveillantes, loin de là (cf. le traitement de leurs mâles), ce qui ajoute à la crédibilité de la société imaginée.

Quant aux humains, le récit est moins surprenant et reste l’histoire d’une lente décrépitude dans un huis clos. La thématique de l’humanité qui détruit son environnement et se détruit elle-même est un des fils conducteurs. On pourra peut-être reprocher à l’auteur la facilité scénaristique d’avoir un linguiste dans le vaisseau, déjà vu dans d’autres romans pour arriver à comprendre une espèce étrangère (quelle est la probabilité qu’il y ait un linguiste expert sur un vaisseau de quelques centaines de milliers de naufragés de l’espace ?). Holstein est ici la figure du héros malgré lui, du vieux sage mesuré seul à même de comprendre l’IA puis la nouvelle planète.

Évidemment, l’un des enjeux est l’impossibilité de communication et de cohabitation entre deux espèces sapientes qui veulent vivre dans le même espace. Les araignées étaient là en premier, et les humains n’ont pas la capacité de repartir car leur vaisseau n’est plus qu’une épave.

Principal défaut du roman : le début prétend que le nanovirus est lâché pour transformer les singes en serviteurs des derniers humains. Pourquoi donc ne pas avoir aussi installé les humains dès l’origine, alors que la Terre se meurt déjà ? On a l’impression d’une manœuvre pour justifier l’idée de départ.

Il n’en reste pas moins que l’histoire est une bonne surprise, et je la lisais davantage pour connaître l’évolution des araignées que celle des humains. L’auteur a écrit une suite avec des poulpes sur une autre planète, et je suis curieuse de savoir ce qu’il a imaginé.
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Mazette, quelle plume !

Bien après toute la communauté SFFF, j’ai le roman le plus connu de Jean-Philippe Jaworski, et je m’y suis plongée avec délice.

Pourtant, ce n’est pas un homme respectable, ce Benvenuto. Dans une Ciudella imaginaire inspirée des villes de la Renaissance italienne et dont le système politique a des airs de République romaine, cet ancien tueur à gages, membre de la Guilde des Chuchoteurs, est devenu l’homme de main du Podestat Ducatore — l’un des deux chefs élus par les grandes familles. Envoyé dans une guerre avec Ressine, inspirée par l’Orient, notre « héros » est impliqué dans les pires coups tordus, avant de revenir dans sa chère ville puis s’exiler un temps à Bourg-Preux, bourg moyenâgeux. Le surnaturel est rare mais sombre et puissant : quelques sorciers qui tirent les ficelles dans l’ombre, des elfes inquiétants, des sorts terrifiants et des spectres à faire frémir.

Benvenuto trucide, trahit et est trahi, s’enfuit et retombe sur ses pieds avant d’être à nouveau en très mauvaise posture. Les jeux de pouvoir diaboliques, les plans sous les plans, les faux-semblants, les complots et les meurtres sont l’âme de cette ville. et Benvenuto, le jouet du destin. Mais on ne va pas le plaindre : être amoral sans être cruel, rugueux et talentueux, il nous offre une virée époustouflante.

J’avais lu que Jean-Philippe Jaworski était sans doute le plus grand styliste actuel de la langue française, et je suis d’accord. N’importe quel autre auteur nous aurait conté les aventures de Benvenuto en deux ou trois fois moins de pages. Mais Jaworski aime écrire, décrire, relater, jouer d’une gouaille virevoltante entre les bas quartiers et les ors de la République (hu hu), entre les lascars de mauvaise vie et les chefs impitoyables. Il aime les mots, et cisèle une plume travaillée, à la fois légère et exigeante, fine et caustique, lettrée et irrévérencieuse.

Pas un seul personnage du roman n’est positif : homme, femme, vieillard, criminel endurci ou fils de grande famille, tous offrent un tableau acide de l’âme humaine. Benvenuto, notre narrateur, n’est pas le pire d’entre eux. Il nous permet de découvrir les arcanes d’un univers très développé et les secrets de la politique, avec une fin de haute volée.

Des pages et des pages dans les profondeurs d’une âme acerbe, qui se bat et défouraille à tout va, désabusé et tacticien hors pair, manipulé par plus stratège que lui. Et c’est jouissif.

Bref, si vous ne connaissiez pas Gagner la Guerre, ne faites pas comme moi : n’attendez pas.
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date : 15-03
J’ai commencé ce livre à reculons, j’ai peu à peu plongé dedans et j’ai fini par le dévorer !

Patricia est une vieille dame en maison de retraite qui perd la mémoire. Elle tente de se rappeler le passé, mais elle est perdue dans ses souvenirs, comme si elle avait eu deux vies bien différentes.

Retour en arrière : au sortir de la Seconde Guerre mondiale, elle est étudiante en littérature. Mark, étudiant brillant en philosophie, la courtise puis la demande en mariage. Elle l’admire et est très amoureuse.

Le lecteur commence à découvrir sa vie après le mariage, catastrophique. Mark n’est pas ce qu’il semblait être, méprise voire rabaisse Patricia, et est profondément misogyne. Il ne la voit que comme une machine à faire des bébés et à tenir une maison, alors qu’elle peine à être une parfaite femme au foyer. Mais dans cette après-guerre en Angleterre, Patricia, surnommée Tricia, a intériorisé l’infériorité de la femme, qui doit se dévouer à la famille. Tricia se soumet.

Et tout d’un coup, le lecteur redécouvre la demande en mariage de Mark, que refuse Patricia. Elle part dans une vie très différente, plus vive et plus heureuse, est surnommée Pat (et non Tricia). Elle emménage avec une femme, Bee, dans une Angleterre qui accepte encore mal l’homosexualité.

Les deux mêmes Patricia — Tricia et Pat — vont vivre des vies très différentes, qui vont forger leur personnalité. Les rencontres et les amitiés influent tellement sur leur vie que ce n’est plus la même Patricia. Si les deux traversent des épreuves et des joies, l’impact de l’entourage est ainsi subtilement souligné sur nos vies.

En parallèle, leur monde n’est pas notre monde, et chacun est uchronique avec des événements internationaux radicalement différents de notre Histoire, impactant la vie des deux Patricia, mais aussi leur vision du monde. Les enfants d’univers différents sont bien différents eux-mêmes ; et l’environnement familial forge des personnalités peu comparables.

Roman à l’écriture travaillée et élégante, il se révèle un vrai plaisir de lecture. À la fois classique dans sa plume et fantastique dans sa construction, il explore les conséquences de nos choix mais aussi de notre environnement sur notre destin, tout en approfondissant de nombreuses thématiques (féminisme, géopolitique, nucléaire). Les « tranches de vie » si bien retranscrites, avec des moments d’émotions forts : je recommande !
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date : 08-03
Près de Tel-Aviv, dans quelques siècles : Central Station est une tour géante, spatioport entre la Terre et le système solaire que l’humanité a colonisé. Au pied de cette tour vit une galerie de personnages, dont les destins sont l’objet de ce fix-up regroupant des nouvelles publiées entre 2011 et 2016. Ils forment une communauté cosmopolite : les descendants de Juifs cohabitent avec les Asiatiques et les Africains, pas loin de Jaffa où vivent les Arabes. On plonge très vite dans ce pays, carrefour des religions, baigné par le soleil et la mer. Les fidèles suivent les anciennes ou les nouvelles croyances, ils sont adeptes des technologies ou plus rarement réfractaires à ce monde moderne où la réalité virtuelle est réalité.

Dans le futur imaginé par Lavie Tidhar, les humains entièrement naturels sont rares, car la plupart vivent avec des nodules donnant accès au numérique — nodules développés à partie de traces extraterrestres — voire sont le fruit de manipulations génétiques. Certains sont le rebut de fusion homme — robots, oubliés avec la fin des guerres. Sans parler des Autres, descendants des premiers êtres numériques et constitués de données, qui existent dans leurs propres univers. Les humains se sont transformés et parlent en continu dans la Conversation, le réseau numérique de ce futur. Ils ne peuvent plus s’en passer, quand ils ne recherchent pas des shoots de données pour s’enivrer.

On ne lit pas Central Station pour suivre une histoire trépidante, mais pour découvrir un univers foisonnant grâce à l’imagination de l’auteur, avec des idées intrigantes et quelquefois des fulgurances. La construction de ce fix-up permet de s’aventurer très loin pendant quelques pages, à travers les destins d’êtres tous liés entre eux : amour, affection, regrets, espoirs déçus mais toujours décrits avec tendresse.

Car Lavie Tidhar a une grande tendresse envers ses personnages. La plupart sont les laissés pour compte de ce futur, en marge de la société ou de retour d’une expatriation hors Terre, et en recherche de quelque chose : un avenir ou un passé, une foi ou une raison d’avancer, un souvenir ou l’espoir de ne pas être oublié. L’émotion est au rendez-vous avec quelques personnages marquants, comme la vampire de données, infectée contre sa volonté et qui rejette sa condition, ou l’homme-robot qui aspire à redevenir humain.

Si l’auteur publie d’autres récits de science-fiction, je les lirai avec curiosité car son imagination et ses développements science-fictifs sont dignes d’intérêt, et il propose des personnages attachants.
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Quel ennui !

Un titre qui claque, mais une narration poussive et un scénario truffé de défauts.

Et pas d’Empire, malgré la promesse du titre.

Au XXIIIe siècle, Duncan est un habitant de Titan, le satellite de Saturne. Son grand-père Malcom a fait fortune en exploitant l’hydrogène de l’atmosphère, car c’est un gaz nécessaire aux systèmes de propulsion de ce futur. Victime d’un accident, Malcolm ne pouvait plus avoir d’enfants en bonne santé et s’est fait cloner lors d’un séjour sur Terre pour faire naître son fils, Colin. Devenu adulte, Colin, ayant hérité des problèmes de son père, a dû aussi se faire cloner afin d’avoir Duncan, qui lui-même n’a d’autre solution que le clonage pour avoir un enfant. Et ici, le lecteur attentif tique : même si le grand-père Malcolm a eu un accident, le clone Colin avait un corps neuf sans séquelles, donc capable d’avoir un enfant sain. Oups. L’auteur reconnaît en postface avoir eu des réactions outrées de ses lecteurs face à cette grossière erreur.

Ce n’est pas fini : Duncan a un caractère légèrement différent de son père Colin et son grand-père Malcolm, mais il fait les mêmes erreurs qu’eux… à cause de la génétique qui induit des comportements identiques. Malcolm sait ce que va penser Duncan, car ils raisonnent pareillement, à cause de la génétique.

Arthur C. Clarke est peut-être un auteur reconnu de hard-science, mais il pipait que dalle en génétique !

Passons au reste.

Le premier quart du roman est une exposition de la vie sur Titan, de Duncan et de son entourage, mais il ne se passe pas grand-chose. Certes, l’auteur décrit le quotidien sur un satellite isolé, inhospitalier mais sur lequel (ou plutôt dans les profondeurs duquel) vit une communauté, en utilisant quelques connaissances scientifiques et extrapolations. Mais ça ne suffit pas à maintenir l’intérêt. Puis Duncan doit aller représenter Titan sur la Terre pour le 500e anniversaire de la Déclaration des États-Unis.

Deuxième quart : le voyage vers la Terre. Oui, un quart du roman. À part une rapide description du système de propulsion, bah, toujours pas d’intrigue en vue. Un quart de roman pour un voyage où il ne se passe rien.

Troisième quart : Duncan arrive sur Terre, s’adapte à la pesanteur, rencontre des officiels, et des personnes annexes, et le lecteur fait pffff, il ne se passe toujours rien… Et paf, Duncan se met à enquêter sur un vol de titanite (cristal rare de Titan). Enfin un début d’intrigue, même si le lecteur en comprend mal l’enjeu car ce cristal ne sert à rien. Divulgâchage : en fait, quand le lecteur aura la réponse, il comprendra que le vol de ce cristal n’était pas important. Ah bon.

Quatrième quart : il se passe quelque chose !!! Quelque chose de grave ! Ah, enfin. Divulgâchage : eh bien, ce n’était qu’un accident qui n’aura pas de conséquence.

Et la conclusion de tous ces rebondissements : un super projet du tonnerre. Oui, cher lecteur ! Magnifique pour la connaissance de l’univers ! Une avancée pour la science. Mais ça n’a aucun rapport avec tout ce qui vient de précéder. C’est ballot.

Alors, certes, Arthur C. Clarke est solide sur le plan de la hard-SF : la description de Titan et la vie de ses colons, les adaptations à la gravité, le mode de propulsion des vaisseaux naviguant dans le système solaire, et le projet exposé à la fin du roman. Il a aussi anticipé internet (il n’est pas le seul écrivain à l’avoir fait), et il a imaginé une Terre du futur réconciliée avec l’environnement (en passant très vite sur le sujet). Cependant, ces éléments forment moins de 5 % du roman, et le reste est décevant. Il n’a pas construit d’histoire ; j’ai eu l’impression qu’il avait ses inspirations hard-SF, et qu’il a essayé de les relier dans un récit. Ça ne fonctionne pas. Pire, la narration est le plus souvent plate.

Bonus : le personnage qui s’avère le plus important n’est pas Duncan, qui est creux et ne sert qu’à mettre en lumière un autre protagoniste, Karl. Ce Karl qu’on voit très peu, au demeurant. Encore un problème de construction du roman.

Bonus bis : les clones naissent par mère porteuse. Si le concept vous met mal à l’aise, l’auteur va plus loin. Les mères porteuses de la Terre du futur sont des handicapées mentales car celles-ci, c’est bien connu, ne forment pas d’attachement et se laissent prendre leur bébé en gardant le sourire. Notre « héros » Duncan assiste à une danse de mères porteuses parquées sur une île paradisiaque, elles sont heureuses de leur situation, Duncan est ému… Le lecteur beaucoup moins.

Note à moi-même : se contenter des œuvres les plus connues de l’auteur.
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Qui est Hrolf Kraki ? Un roi légendaire du Danemark, qui aurait vécu — si on en croit les mythes — vers le VIe siècle. Paul Anderson a choisi de retranscrire et moderniser une des sagas nordiques les plus célèbres. Nous sommes à la même époque que Beowulf, d’ailleurs certains personnages de la saga de Hrolf Kraki sont évoqués dans celle de Beowulf.

La saga elle-même est décomposée en plusieurs « dits » (pièce en vers), qui commencent quelques générations avant Hrolf Kraki et expliquent ses origines. Le lecteur plonge à la fois dans un univers historique, en découvrant les us et coutumes des Danois, des Suédois et des Goths de l’époque ; et un monde surnaturel avec les dieux, les sorciers, les trolls monstrueux, les géants, les elfes, les êtres mi-humains mi-animaux, et pour faire bonne mesure, les bersekers autour des rois.

Les récits proposent un large éventail d’événements tragiques : meurtres, trahisons, batailles, toute la gamme est présente à travers les ambitions des rois et des jarls. Sans oublier l’influence des reines, qui vont de la reine sage à la reine-sorcière, de la mère aimante à la sœur maléfique.

La plume évoque souvent un conte oral : on imagine bien un vieil homme scandant un « dit » devant un auditoire. Certains passages chantent une ode à la nature : les landes et les forêts, les mers et les montagnes, la fin de l’été où les guerriers rentrent chez eux pour la moisson et l’hiver où la campagne est désertique, les produits de la ferme garnissant la table des rois et la brume couvrant les paysages.

Héros surhumains, francs tenanciers, concubines, paysans isolés, esclaves, vie au rythme des saisons : tout un monde disparu renaît sous la plume de l’auteur. Certains schémas classiques des mythes sont présents : les fils qui vengent la mort de leur père et reprennent leur héritage ; les douze guerriers qui défendent le roi, les manigances des sorciers ou sorcières et bien d’autres encore.

Comme tout mythe antique, la saga rappelle les tabous qui ne doivent pas être brisés (tel l’inceste) et les mises en garde des êtres surnaturels qui doivent être respectées, sous peine d’un terrible prix à payer.

Dans un contexte où les guerriers cherchent à se battre alors que des rois veulent l’unification du pays et la paix, les péripéties sont nombreuses. La main du destin bouleverse les vies, ou plutôt Odin inflige sa punition.

Une lecture inspirante à plusieurs titres, et à découvrir si vous souhaitez en savoir plus sur la culture nordique d’antan.
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Ce tome 3 (dans l’ordre de publication) se déroule en parallèle, ou presque, du précédent, et nous fait découvrir une autre facette de la planète Pern.

Menolly est une jeune fille de quinze ans, la cadette du Seigneur du Fort de la Mer spécialisé dans la pêche. Grâce au harpiste du Fort, elle maîtrise les arts du chant et de la musique. Or les chants sont la méthode de transmission des histoires et des leçons du passé sur Pern. Le lecteur découvre mieux le rôle des harpistes : non seulement ils chantent et jouent de la musique, mais ils sont aussi les confidents et conseillers des seigneurs, arbitres de justice et instructeurs des enfants. Ils ont un rôle de premier plan dans les communautés de Pern.

Menolly, talentueuse, a réussi à créer deux chansons, ce qui est exceptionnel dans ce monde pétri de traditions. Le harpiste envoie ses compositions au Maître harpiste, pour avis, mais meurt avant d’avoir la réponse.

Seulement « une » harpiste femme, ça n’existe pas. Le père de Menolly entend bien remettre sa fille dans le droit chemin, d’autant plus que les travaux manuels ne manquent pas au Fort et qu’il ne peut pas tolérer une bouche inutile. Il va la harasser de tâches — avec l’aide de la mère de Menolly — pour qu’elle oublie cette lubie et ne déshonore pas le Fort. Soudain, Menolly se blesse grièvement à la main en écaillant les poissons : elle ne pourra plus jouer de la musique, quoi qu’il arrive. Ses rêves de devenir harpiste s’envolent.

La jeune fille avait découvert un nid de lézards de feu, ces petits animaux ressemblant à des dragons miniatures et quasi mystiques, car personne n’en avait vu. Elle s’enfuit un matin sur la plage pour retrouver ce nid.

Ce court roman commence sur une ambiance de Cendrillon, tout en plongeant dans la vie un gros village de pêcheurs traditionnalistes. Le père de Menolly n’est pas « méchant », mais pétri de préjugés et tout entier dévoué à la survie du Fort. Peu à peu, les escapades de Menolly l’amènent sur une tout autre voie. On va croiser quelques héros des deux tomes précédents dans la seconde partie. Et des dragons, bien sûr.

Une lecture plaisante, presque « jeunesse » dans la trame et les schémas, que j’ai lue avec plaisir et que j’ai finie avec le sourire aux lèvres.

Ce court roman est le premier d’une trilogie (les vastes sagas ont souvent des trilogies internes), et je lirai la suite des aventures de Menolly.
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Quelques années après le tome précédent, nous retrouvons les Chevaliers Dragons au début d’un « passage » de plusieurs années, quand les Fils descendent sur la planète Pern et brûlent tout ce qui est sur leur chemin. Seuls les dragons peuvent les combattre.

Ce tome expose plus en profondeur l’évolution de la société pernaise, et les conflits entre les Anciens (qui se sont « transférés » de 400 ans plus tôt, et ont conservé leur culture et leur tradition) et les Contemporains. L’auteure sait jouer de la nuance, avec les plus jeunes des Anciens prêts à écouter les Contemporains.

Pendant que des Fils continuent leurs attaques, les Anciens s’accrochent à des privilèges, refusant d’accepter les changements de la société pendant ces 400 ans, alors que la population a prospéré dans une période de paix, réduisant à néant le prestige des chevaliers dragons. Les Contemporains jouissent de dragons plus forts et vigoureux, mais surtout ont-ils un état d’esprit plus inventif (du moins, certains d’entre eux), alors que les Anciens connaissent les techniques du combat contre les Fils. On est ici dans le conflit classique entre les traditions et le progrès, même si on se rend compte que toutes les traditions ne sont pas à rejeter. Mais les plus obtus des Anciens s’attirent l’inimitié de la population, en considérant que tout leur est dû.

En parallèle, l’auteure se plaît à développer une nombreuse galerie de personnages qui enrichissent le récit. La plupart ont une caractérisation assez marquée : on a les bons et les méchants, les intelligents et les stupides. C’est l’un des défauts de ce début de saga, avec, comme noté lors du précédent tome, une narration un peu trop rapide et explicative. L’auteure a quantité de choses à raconter, et j’ai parfois trouvé qu’elle aurait dû prendre un peu plus son temps. Je verrai bien si ce point se gommera avec le temps et la maturité.

Roman très dense, tant les évènements et retournements de situation sont nombreux, il laisse entrevoir de profonds changements à venir dans la société pernaise, avec le développement d’un esprit scientifique. L’impression générale reste d’un tome de transition, mais il n’oublie pas les émotions lors de quelques scènes clef, parfois tragiques, qui appuient le romanesque. On s’attache à certains personnages et on a envie de connaître leur destin.

Je suis curieuse de découvrir la suite.
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Huit ans après le tome précédent, la guerre est totale entre nos héros et l’entité Tévanne. Cette dernière a hérité de Valeria, sorte d’intelligence artificielle à l’échelle d’une ville, et conquiert l’ensemble du monde connu. Les techniques basées sur l’enluminure se sont considérablement développées, et la guerre entre les deux factions prend des proportions effroyables. On est ici dans le schéma de l’avancée « scientifique » pour damer le pion à son adversaire, et certaines inventions font penser à des classiques de la science-fiction (comme une communauté dont les membres ont l’esprit lié entre eux).

Et l’autre ennemi de nos héros, à savoir le hiérophante Cresades ? Disons qu’il a trouvé plus puissant que lui, et d’étranges alliances vont se nouer.

Les scènes de combats et de fuites traversent des paysages très bien dépeints, tantôt désolés, tantôt désertiques, en passant des ruines qui frappent l’imagination : le talent d’évocation de l’auteur est à nouveau de haute volée. Tous les lecteurs qui aiment les mondes imaginaires ne peuvent que se régaler.

En parallèle, nos héros cherchent des réponses à certains mystères, à savoir qui sont réellement Clef et Cresades, et quelle est leur histoire. Elle est bien sombre, cette histoire, et elle est l’occasion d’instants d’émotions : elle donne une tonalité bien plus dramatique à ce tome. Et j’ai beaucoup apprécié ce récit des origines, entre tragédie grecque et destin implacable d’une humanité tendant vers la guerre, destin que Tévanne et Crasedes veulent enrayer à leur façon, sans considération pour les humains eux-mêmes… comme les dieux d’antan.

Un léger regret cependant : pendant la seconde moitié de ce livre, je me suis souvent interrogée sur le scénario, où tel protagoniste se voit « obligé » de faire ci pour empêcher ça, ou alors une action est décidée car ceci ou cela, sans que la logique (dans le système de magie) soit si claire pour moi. Des commentateurs ont comparé le système de magie de cette trilogie à l’informatique ; j’avoue que je n’ai pas assez de connaissance approfondie en la matière pour avoir été capable de repérer les techniques informatiques ayant servi d’inspiration à chaque « invention » d’enluminure ni déceler la logique dans les retournements de situation. Heureusement, le cadre et l’intrigue sont suffisamment fascinants pour que je passe outre.

Un tome plus sombre que les autres, des événements « bigger than life », des menaces sur la réalité distordue par les entités… assurément, une conclusion marquante pour une saga qui se détache très nettement de la production habituelle en Fantasy. L’auteur nous a offert un système de magie original exploité de manière scientifique et technique par les protagonistes, une imagination hors norme et une fin que j’ai appréciée.

Une trilogie qui fera date, et qui donne très envie de découvrir la prochaine trilogie de l’auteur qui va bientôt sortir en librairie !
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Quel plaisir de retrouver cette série !

Un an après le tome précédent, Honor se remet de ses blessures. La femme officier supérieure du Royaume de Manticore ne rêve que d’une chose : reprendre le service.

Manticore, regroupant plusieurs planètes, s’attend à ce que la République du Havre déclenche la guerre, aussi Honor est rappelée et affectée au commandement du croiseur de bataille HMS Victoire. Cette nomination prestigieuse marque une nouvelle étape dans sa carrière. En effet, Honor est de plus en plus reconnue comme talentueuse et stratège, sa réputation se répand… même si certains restent suspicieux sur son comportement.

Pour la première fois, nous voyons Honor intégrée dans une escadre, avec des chefs présents au-dessus d’elle : elle n’est plus isolée au fin fond de la galaxie, à devoir diriger seule son vaisseau. Le lecteur va suivre un détachement d’armée en mouvement, et non plus uniquement un navire spatial.

Parlons de la situation politique : la République du Havre, calquée sur la France de la Révolution, est dans une fuite en avant de conquêtes. Elle a besoin de piller de nouvelles ressources pour son peuple dont la majorité ne travaille plus et dépend des subsides de l’État. Après s’être emparé de petites planètes, sa cible est le Royaume de Manticore qui maîtrise le nœud central des vers (les vers permettent de voyager au-delà de la vitesse de la lumière). Manticore est non seulement un objectif stratégique en raison de sa géographie, mais aussi riche grâce aux routes commerciales. Inspirée de l’Empire britannique, Manticore a une armée calquée sur la Royal Navy, jusque dans son fonctionnement hiérarchique et l’influence de la noblesse, même si une officier douée comme Honor est reconnue et gravit les échelons. Les poids du protocole et de l’ancienneté ont des conséquences jusque dans les chaînes de commandements ou les promotions, et c’est intéressant d’en voir les impacts.

Le Havre possède plus de bâtiments, Manticore une technologie plus avancée : les asymétries entre les adversaires sont un des enjeux de la série. Dans ce contexte, la course aux nouvelles techniques et aux tactiques innovantes (qu’Honor excelle à inventer) fait bouger les équilibres. À ce propos, rappelons que l’auteur s’est très fortement inspiré des batailles navales d’antan, et ça se sent.

Revenons à l’intrigue : Manticore sait que la guerre est imminente car Havre en a besoin. Elle se prépare, imagine des scénarios, surveille son ennemi… Ennemi qui fait de même. Un des sels du récit est le décalage d’informations entre chaque adversaire, et même entre les différentes composantes d’un adversaire : la distance entraîne de longues durées pour la transmission d’informations, mais aussi pour se déplacer. Les stratégies se comptent en semaines. La plus grande partie du roman est l’avant-guerre, et c’est passionnant car l’humain en est le rouage majeur : parfois la composante clef, parfois la faille. Chaque ennemi essaie de manipuler l’autre. David Weber sait dresser des portraits crédibles et fouillés, et la complexité des relations entre les officiers donne une profondeur à l’intrigue. Honor elle-même, héroïne presque sans défauts et capable de retourner le cours d’une bataille, dévoile un peu de sa faiblesse en privé, en c’est tant mieux car elle était proche de devenir une Mary Sue.

Quant au Havre, même si moins de chapitres sont consacrés à sa situation interne, son évolution préserve le suspens. Quelques personnages dont le nom fleure bon la Terreur (de la Révolution française, oui oui ! Avec Robert S. Pierre et Saint-Just) sont de fins politiques et conspirateurs. Le destin de la République du Havre sera sans doute une des choses qui m’intéressera le plus dans les tomes suivants.

Et maintenant, je connais le schéma de l’auteur : une bataille finale époustouflante, où les réactions humaines comptent autant que les prouesses technologiques.

Un roman que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire, riche et passionnant.
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Viv est une orc qui veut raccrocher. Elle est fatiguée de ces années à courir après les monstres avec son épée Noiresaignée : elle veut changer de vie.

Viv veut ouvrir un café. Un quoi ? Un café, dans la ville de Tuine où personne ne connaît le café. Elle s’est entichée de ce breuvage découvert par hasard dans une ville de gnomes.

Elle va investir toutes ses économies, fruits de la chasse aux monstres, pour acheter une vieille écurie croulante et la transformer en café. Elle y met tous ses espoirs. D’ailleurs, elle s’est emparée d’une pierre d’écailleverte lors de sa dernière mission, donc ça devra bien se passer.

Viv est déterminée, futée, mais seule et peu habituée à la vie civile. Elle va attirer autour d’elle une galerie de personnages, dont certains très croustillants. Si la succube Tandry devient son adjointe (succube qui ne veut pas être traitée comme une succube !), j’ai particulièrement apprécié Cal le hobgobelin et surtout Bouton le ratelin, génie de la pâtisserie. Ces deux-là sont « trognons ». D’ailleurs, j’ai préféré les personnages secondaires aux protagonistes Viv et Tandry.

On est très loin de ce qu’on lit habituellement en fantasy, et le terme cosy fantasy souvent employé à propos de ce roman est assez juste. Le lecteur est plongé dans un univers croustillant ; l’intérêt réside plus dans l’ambiance et les comparses de Viv (et de fréquentes pointes d’humour) que dans une intrigue où on aurait peur pour les héros. Ici, foin de grandes batailles, même si une bande locale rackette les commerçants et on sent le conflit arriver. Viv et ses nouveaux amis forment rapidement une communauté avec les clients aux tics marqués mais bien sympathiques. Qui se retrouvent tous dans le café, évidemment.

Une lecture-douceur plaisante, que j’ai terminée avec le sourire.
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Quelques années après le tome précédent (dans l’ordre chronologique : Waylander I). Dans le monde de Drenaï, Waylander est devenu un vieux guerrier qui se recueille chaque jour sur la tombe de sa femme, morte, cinq ans plus tôt. Il vit dans un lieu reculé avec sa fille Miriel qui a appris à se battre auprès de son père, alors que son autre fille s’est mariée et est partie.

Mais un contrat a été lancé sur la tête de Waylander, et des tueurs plus impitoyables les uns que les autres sont envoyés à ses trousses. Il retrouve de vieux compagnons de combats, moins alertes qu’autrefois — la figue du héros fatigué est récurrente chez l’auteur — cependant Waylander n’est pas du genre à fuir. Il se met lui-même en chasse pour découvrir qui veut sa mort.

Ce tome est nettement plus réussi que Waylander I : plus d’entrain, plus de personnages attachants (ou mieux travaillés ?) et de meilleures interactions entre eux. La situation géopolitique exposée est complexe ; elle influence lourdement les protagonistes et le lecteur se demande comment cela va se terminer. Les dirigeants de chaque peuple dévoilent une face sombre et un visage humain, les rendant plus intéressants.

L’univers est déjà connu : des peuples inspirés de l’Europe médiévale, des tribus évoquant les steppes d’Asie et un pays créé sur le modèle de la Chine. On retrouve cette magie inspirée des chamans, des monstres de l’au-delà appelé Vide, ainsi qu’un territoire franchement effrayant où se déroulera une bataille épique (car il y a toujours une bataille épique chez Gemmell, avec des guerriers tuant cinq adversaires en un seul coup d’épée et abattant des monstres trois fois plus grands qu’eux en une chiquenaude… j’exagère à peine). De l’action, des héros qui doutent puis se surpassent, des sacrifices. Du Gemmell comme on l’attend.

On est ici dans la Fantasy ultra-classique avec un schéma connu, mais plaisante à lire grâce à une plume fluide, et c’est déjà beaucoup. Ce n’est pas le livre de l’année, mais un bon moment de détente et d’évasion.
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Comment résister à un roman avec ce titre et cette couverture ?

États-Unis, de nos jours. Bellatine et son frère Isaac reçoivent un étrange héritage : une maison aux pattes de poulet, léguée par une aïeule d’Ukraine.

La maison réagit à son environnement, marche, prend peur et court… De quoi a-t-elle peur ?

Pas loin de là, Ombrelongue, mystérieux personnage venant de Russie, pourchasse la maison que le frère et la sœur ont surnommée Pied-de-Chardon. Pendant son périple, Ombrelongue sympathise avec des inconnus au hasard des rencontres, leur propose de partager un verre du flacon qu’il garde sur lui… alcool qui est un poison. Les malheureux, pendant quelques heures, sont sous l’emprise d’une fumée maléfique et cherchent à éliminer ceux dont ils ont peur ou qu’ils envient. La peur, encore une fois.

L’univers qu’a imaginé l’auteure (qui est aussi une poétesse, et le texte le démontre souvent) est à la fois l’Amérique si familière qu’on connaît, et un monde accueillant le merveilleux. Les maisons peuvent « vivre » pour survivre (après l’ouragan Katrina, celles de La Nouvelle-Orléans ont développé des branchies). Donc Pied-de-Chardon ne détonne pas dans ce paysage.

Revenons à Bellatine et Isaac. Héritiers d’une famille de marionnettistes, ils se sont tous deux éloignés de leurs parents. Isaac est un homme pas fiable, roublard, enjôleur, et qui arrive à imiter à la perfection ceux qu’il rencontre, à devenir eux. Il en profite pour dérober leur portefeuille, avant de partir à nouveau sur les routes. Bellatine, elle, est la jeune sœur plus posée et plus stable. Elle a un don avec ses mains. Devenue menuisière, elle aime créer avec ces mains-là. Mais son don vient de plus loin, et provoque l’Embrasement… Elle peut animer des objets. Bella rejette son pouvoir, qu’elle vit comme une malédiction, et le lecteur comprendra rapidement pourquoi.

Et maintenant, d’où vient la maison Pied-de-Chardon, mi-maison mi-animal, si sensible ? Pendant quelques courts chapitres parsemés dans le roman, la maison s’adresse aux lecteurs. Elle nous raconte son histoire, choisit les versions qui lui plaisent, et nous parle de sa première propriétaire, l’ancêtre de Bellatine et Isaac : Baba Yaga et ses deux filles. Nous voilà projetés dans les contes slaves, avec la sorcière Baba Yaga et sa maison aux pattes de poulet. Une des idées de génie de l’auteure est d’avoir fait de Baba Yaga une femme vivant en Ukraine dans une communauté juive entourée de goys, après la Première Guerre mondiale. La vie y est encore paysanne, les contes sont la réalité pour la maison qui nous relate ses souvenirs, et peu à peu on comprend que la tragédie de l’histoire va frapper ce shtetl (village juif).

Bellatine — très attachée à la maison — et Isaac vont vivre une course poursuite à travers les États-Unis, dans une ambiance mi-féérique mi-polar, fuyant Ombrelongue, ce démon du passé. Un autre point fort est les personnages : j’ai beaucoup aimé Isaac, qui pourtant n’a que des défauts ; Bellatine est son miroir ; Ombrelongue est un bon modèle de monstre terrifiant ; et Winnie (que je vous laisse découvrir) est l’équivalent du robot s’éveillant à la conscience et à l’humanité. Sans oublier la maison, bien sûr. Quelques autres thèmes typiques de l’imaginaire sont habillement repris, comme l’importance des noms dont il faut se souvenir, ou les héritages de pouvoirs qu’on accepte ou qu’on rejette.

La tension monte crescendo, et il y aurait beaucoup à dire sur la suite du roman, mais je ne veux pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Sachez seulement que j’ai plongé dans l’histoire, et j’ai été parfois très touchée.

Ce livre qui possède une puissance inattendue, puisant dans le folklore traditionnel pour les renouveler. L’auteure n’a pas oublié que les contes servent aussi, et surtout, à transmettre une morale.

Plus que le devoir de mémoire, c’est ici à un besoin de mémoire que nous sommes invités, mais une mémoire à dépasser pour trouver sa voie. Une histoire poétique, où le merveilleux s’oppose au tragique, et où le passé dont on hérite donne les clefs pour affronter le présent.

Un excellent roman pour ce début d’année : original, poétique, puissant, marquant.
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Ce roman est le premier écrit et publié de la célèbre saga de Science-Fantasy La Ballade de Pern. Ce genre littéraire est mon péché mignon, pourtant je n’aborde que maintenant cette série, la faute à une PAL qui déborde.

Fix-up de 4 longues nouvelles, il m’a permis de découvrir cet univers et constitue une bonne entrée en matière !

Planète Pern, dans un lointain futur : colonisée des siècles ou des millénaires plus tôt, les descendants des premiers arrivants ont oublié leur origine terrienne. Ils ont fondé une société médiévale (grand classique de la Science-Fantasy), avec… des dragons. Tous les deux cents ans, un astéroïde du système planétaire pénètre dans l’atmosphère de Pern (astéroïde dénommé l’Étoile Rouge), et ses « Fils » tombent sur Pern. Ces Fils sont des organismes filaires attirés par les matières organiques, et ils brûlent tout sur leur passage. Seuls les dragons permettent de les détruire, grâce à des pierres qu’ils broient et qui crachent un gaz dévastateur contre les Fils. La société s’est construite autour des dragons et surtout autour de leurs chevaliers-dragons.

Ces chevaliers dragons constituent une caste à part, en partie télépathique (du moins avec leurs dragons). Au fil des siècles leur importance s’est décrue, d’autant plus que la dernière attaque a eu lieu il y a quatre cents ans, et non deux cents ans (on comprendra pourquoi au fil de la lecture). Les Seigneurs, propriétaires de vastes domaines, en sont venus à mépriser les chevaliers et rechignent à donner les dîmes qui leur sont dues. En parallèle, les traditions permettant de lutter contre les Fils se sont perdues, les dragons ont presque disparu, ce monde est déliquescent… Jusqu’au jour où les Fils reviennent, mais Pern n’est plus prête.

Ce tome retrace les prémisses de cette nouvelle attaque, qui promet de durer plusieurs années comme les précédentes.

Lessa est une héritière dépossédée de son Fort et vit comme domestique, utilisant son pouvoir pour saboter celui qui a pris le domaine de sa famille. Démasquée par F’lar à la recherche de la nouvelle Dame du Weyr, destinée à devenir le binôme de la jeune reine-dragon, Lissa va peu à peu prendre ses marques tout en conservant un esprit peu soumis et rebelle aux traditions quand elles ne sont pas justifiées à ses yeux. Les quatre nouvelles présentent des étapes clefs de sa vie et de celle de son dragon-reine, ainsi que la préparation du Fort au prochain passage des Fils. C’est aussi l’occasion de pénétrer cette société médiévale, de découvrir quelques personnages secondaires parfois archétypaux mais dessinant un monde aux relations complexes, entre les seigneurs, les chevaliers-dragons, les artisans, et les différents types de dragons (qui ont une hiérarchie interne).

L’auteure exploite à fond la thématique de la perte des savoirs au fil du temps, les archives incomplètes qui frustrent les personnages (ici F’lar), et elle s’offre le luxe du voyage dans le temps (rapprochant la série de la SF).

Un tome pour la détente, qu’on lit avec plaisir, et qui donne envie de découvrir la suite de la saga. J’ai passé un bon moment (et le tome est relativement court, ce qui aide !), même si la narration est un peu moins maîtrisée que ce qu’on publie aujourd’hui : un peu trop rapide et explicative.

Un mot sur la saga : les romans ont été réunis en intégrale (1 ebook ou 5 tomes en édition poche) sauf La Chute des Fils qu’il faut se procurer en livre d’occasion, et c’est bien dommage pour l’harmonie de la bibliothèque. Le billet de Nevertwhere donne une idée du cycle complet, et comme elle je préfère découvrir une saga dans l’ordre d’écriture (ici différent de l’ordre chronologique), pour mieux suivre le développement de l’univers tel qu’imaginé par l’auteure, l’évolution des thématiques mais aussi l’écriture qui, sans doute, va gagner en maturité au fil du temps.
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Voici une bien étrange novella que nous propose la collection Une Heure Lumière !

Dans un monde imaginaire, une ville s’étend le long d’un fleuve. En réalité, le monde est cette ville. Ville à la fois semblable à ce que nous connaissons, et en même temps si différente. Diego, un écrivain de « cosmos-fiction » (de mondes imaginaires) vit chichement, dans un quartier parfois interlope, au milieu d’une galerie de personnages extravagants. La novella sert de prétexte à la découverte de cette ville, des bas-fonds aux milieux politiques, de ses mythologies à son origine qui restera mystérieuse.

Dans un style âpre et évocateur — félicitations au traducteur Pierre-Paul Durastanti qui propose un résultat incroyable — la plongée dans cet univers new weird est une réussite. D’autres lecteurs ont classé ce récit en science-fiction, mais je m’interroge : les psychopompes sont une réalité connue et vue de tous les habitants ; les écailles, objet d’un trafic, laissent à penser que la ville repose sur un organisme vivant ; bref, la classification n’est pas si évidente, et je la rapprocherais de la Fantasy.

L’auteur aime retourner les réalités, avec les mondes imaginaires de Diego semblables au nôtre, et en miroir il dessine nos propres défauts : les espoirs de découverte d’autres cultures qui offrent bien des déceptions, les classes sociales, la drogue, la politique, l’ambition et le monde si particulier de l’édition…

Une novella hors norme qui vaut par son style et son imagination. À découvrir.

(Merci au camarade Baroona, qui m’a offert cette novella après un jeu du Discord de la fin du monde, serveur qui réunit des amateurs de SFFF)
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Trois ans après le tome précédent, Sancia et ses amis ont fondé une société dans les Communes (les quartiers populaires de Tévanne) pour démocratiser l’enluminure, et à terme détruire le pouvoir des maisons marchandes basé sur cette technologie magique.

Pour mémoire, la magie de cet univers repose sur l’enluminure, en réalité une succession de signes gravés sur des objets et qui leur donnent des ordres (le bois croit être de la pierre et devient aussi solide, une roue croit dévaler une pente et avance même en terrain plat) voire modifient la réalité, comme la gravité.

Mais Valeria, l’entité artificielle, prévient Sancia qu’un désastre se prépare : le premier des hiérophantes va être réveillé (les hiérophantes étaient les magiciens d’exception d’un lointain passé), et il arrive par bateau à Tevanne. Son but ? Provoquer une guerre dévastatrice contre Valeria, qui anéantirait la civilisation de Tévanne, comme dans les millénaires antiques où une guerre similaire avait détruit d’autres civilisations.

Sancia arrive avec ses amis en mer près du galion où serait le hiérophante. La mère de Gregor a sacrifié des esclaves pour son projet funeste de réveil du hiérophante, et nos héros arrivent trop tard car Crasedes — le nom de cet hiérophante mythique — a réussi à modifier le temps.

S’en suit une course-poursuite contre le temps, dans cette ville de Tévanne inspirée en partie de la Renaissance italienne et en partie de l’Antiquité — avec la thématique de l’esclavage qui revient en force.

La mécanique appliquée à la magie grandit encore d’un cran : nos héros ne sont pas dotés de pouvoirs surnaturels (seuls Crasedes et Valeria le sont) mais ont des talents acquis soit par l’enluminure de leur corps, soit grâce à une inventivité hors norme qui les pousse à créer de plus en plus de machines ou d’outils modifiant la réalité. C’est un des aspects les plus intéressants de cette magie : elle n’est pas absolue mais elle nécessite des enluminures et des sceaux pour fonctionner. L’invention de sceaux offre chaque fois de nouvelles possibilités, mais la bataille contre le premier des hiérophantes — l’inventeur de cette forme de magie — semble insurmontable.

Ne cachons pas, cependant, que les mécanismes mis en œuvre sont parfois un brin complexes à comprendre pour le lecteur, à tel point que je me suis demandé si l’auteur suivait réellement une logique dans les rebondissements liés à la mécanique de son système de magie.

Quant aux personnages, si on suit l’évolution de nos héros, le plus intéressant est certainement la bataille d’idées entre Crasedes et Valeria, et leur propre vision de ce qui sauverait l’humanité. Ressort ici la thématique de la paix forcée, du contrôle des populations pour leur bien — rappelant certains régimes du monde réel — opposé à une humanité qui naturellement utiliserait les inventions pour prendre le pouvoir et faire la guerre. Nos héros doutent des objectifs réels des deux entités, doute qui accentue la complexité des enjeux.

La tension monte crescendo tout au long du tome, avec toute une ville prise dans les combats, jusqu’à la conclusion, qui annonce un tome 3 encore plus mouvementé.
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Année 2036 : la Terre subit les conséquences du réchauffement climatique ; l’eau est rare à l’intérieur des terres, des feux géants ravagent des forêts et les réfugiés s’entassent dans des tentes.
Nas est une adolescente d’une région isolée d’Espagne, au milieu d’un environnement qui devient désertique tant l’eau manque. Très proche de son père, elle escalade avec lui les magnifiques paysages autour de la ferme tandis que sa mère peine à gagner de l’argent avec des traductions. Nas vit une enfance presque rêvée, entourée de la nature. Lors d’une noyade, elle est sauvée par un ange.
Ayden, lui, grandit dans un habitat plus difficile, une banlieue de béton en France, et est très — trop — attiré par le feu. Un jour, il se blesse grièvement en franchissant les interdits et en tirant des feux d’artifice.
C’est un vrai plaisir de retrouver la plume d’Émilie Querbalec, qui brosse ici le portrait de deux adolescents solitaires dans un futur proche en pleine mutation, et qui prend le temps d’évoquer le quotidien de ses héros que rien ne destinait à se rencontrer.
Survint une rupture au milieu du roman dont je ne peux pas vous parler sans vous gâcher le plaisir de la découverte.
Disons simplement que l’auteure explore le thème des rêves, de l’adolescence en perdition, de la difficulté de surmonter la dépression, avec une très grande sensibilité. Les rêves, ici, sont le domaine de l’enfance, mais ils amènent aussi un espoir thérapeutique, idée parfois étudiée en SF. Évasion, exutoire, échappatoire ou voyage initiatique, les rêves façonnent la réalité de ces jeunes gens handicapés par un mauvais coup du destin, rêves qu’ils devront dépasser pour justement revenir à la réalité.
Réparer la terre, réparer les âmes, tel est le thème de ce roman, ancré dans une anticipation proche avec un soupçon de fantastique où l’enfance peine à entrer dans un monde saccagé par les adultes. Émilie Querbalec nous offre une ballade touchante, teintée de poésie et de tendresse envers ces deux adolescents.
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Dans une ville imaginaire, la jeune Sancia est engagée par un commanditaire inconnu pour voler une petite boîte sur les quais du port. Elle a pour instruction de ne pas ouvrir la boîte… mais elle l’ouvre quand même. La boîte contient une clef. Une clef en or. Une clef qui lui parle.

Dans cet univers, la magie s’exprime grâce à des enluminures — en réalité des signes dessinés, les silligiums — qui obligent les objets à agir de telle ou telle façon. Les enluminures ont besoin pour fonctionner de la proximité de lexiques, sorte d’appareils géants qui regroupent les sceaux, à savoir les définitions des enluminures. Plus précisément, les enluminures peuvent changer la réalité : faire croire à du bois qu’il est aussi solide que la pierre, renforcer une armure, créer des serrures qui ne peuvent être ouvertes qu’avec le sang d’un individu en particulier, etc.

La ville de Tevanne est contrôlée par des maisons marchandes qui se partagent le territoire et s’épient mutuellement. Dans une ambiance qui m’a évoqué une ville italienne du début de la Renaissance, avec un zeste d’Antiquité, les quartiers sont répartis entre les vieux habitats des plus pauvres, appelés les Communes, et les riches territoires étroitement gardés des maisons marchandes aux mains des familles fondatrices. Les enluminures sont un dispositif clef de leur puissance, car elles font fonctionner les fonderies, renforcent les bateaux qui assurent la main mise sur les mers ou encore rendent les armes surpuissantes. Car ces maisons marchandes sont chacune des mini-États qui s’épient et se combattent en coulisse.

Revenons à Sancia : ancienne esclave qui s’est évadée d’une lointaine plantation, elle survit en volant et espère réunir les fonds pour enlever la plaque de métal greffé à son crâne. Car elle a été victime d’expérience d’un enlumineur ; elle peut sentir les objets en les touchant, voir leur passé, mais la contrepartie est un inconfort dès que quelque chose la touche, même les draps. Elle souhaite plus que tout redevenir normale et vole pour payer une opération qui la débarrasserait de cette greffe.

Quand Sancia touche Clef, Clef parle avec elle. Clef est impertinente, et semble venir d’un lointain passé, celui des Occidentaux qui maîtrisaient un haut niveau d’enluminure, connaissance en grande partie disparue au moment du roman. Sancia va se retrouver mêlée à des combats entre factions pour la maîtrise d’une magie qui sera décisive pour le contrôle de la cité. Car si la connaissance de la magie s’est en grande partie perdue et les enluminures de Tevanne un pâle reflet de ce qu’elles étaient, certains rêvent de redécouvrir les secrets des anciens en dénichant des artefacts dans les ruines. De plus, cette magie se combine avec une recherche qu’on pourrait qualifier de scientifique, conduisant à des inventions évoquant la Renaissance. Cet aspect du récit est l’un des plus intéressants : le développement technologique basé sur la magie et l’inventivité des enlumineurs mettent en avant l’esprit humain et créé un univers en mouvement puisque les possibilités de la magie évoluent.

Ce roman se lit avec avidité : très bien écrit et servi par une plume entraînante, il n’est pas dénué d’humour, de suspens, d’action, et de multiples personnages approfondis, notamment une galerie de femmes marquantes. Son monde riche et fouillé, son système de magie original, et ses aventures trépidantes fondent une Fantasy qui se place très au-dessus de la production habituelle du genre.

La scène finale retourne la situation et promet un tome 2 intense.
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Suite directe du tome précédent, dans la France uchronique de 1815 où Napoléon règne sur toute l’Europe grâce au sorcier Élégast. Celui-ci a permis à l’Empereur de gagner ses batailles, négligeant son propre talent de stratège, au grand dam des généraux dont certains complotent pour écarter le sorcier : ils rêvent au retour de « leur » Empereur. Le mystère place autour d’Élégast — qui est-il réellement ? — ainsi qu’autour de Ludwig, cet homme a priori peu sociable, qui ne se souvient plus de son enfance et se découvre des pouvoirs. Pendant ce temps Nicolas, frère et héritier du Tsar, a réveillé une entité puissante et maléfique en s’associant avec un comte russe et sa confrérie terrifiante qui n’hésite pas à sacrifier des serfs pour leur culte. Nicolas rêve de pouvoir ; il est persuadé que son entité permettra de faire main basse sur le monde, mais cette entité est-elle contrôlable ?

Ce tome-ci reprend une multitude de personnages narrateurs, trop nombreux pour tous les citer ici. Ils nous font voyager dans toute l’Europe et plus particulièrement la France du début du XIXe, marquée par la réapparition de la magie disparue depuis des siècles, une magie sombre que seul Élegast maîtrise. Les actions du sorcier sont probablement la cause des résurgences (les bulles noires d’où sortent des créatures mortelles) qui menacent les campagnes. Si quelques textes demeurent, Élégast se croit l’unique sorcier, et pourtant, il fait tout pour rechercher et éliminer Ludwig, ainsi qu’Éthelinge qui l’accompagne. La résolution de certains mystères viendra au fil du tome, notamment concernant Élégast, Ludwig et Éthelinge. Au passage, nous apprendrons que le point de divergence de l’Uchronie (où l’Histoire du roman s’écarte de notre Histoire) est bien plus ancien que ce qu’on pensait. Quant à la magie elle-même, on la comprend mieux, et notamment pourquoi les « cristaux » sont si importants pour Élegast. Ajoutons qu’en plus d’éléments typiques d’une certaine Fantasy (monde parallèle, langage ancien, etc). Élegast entrevoit l’avenir et imagine des appareils inspirés de notre époque mais utilisant sa magie, comme les « parlants à distance » imitant les téléphones. Cela donne une touche rétrofuturiste à l’univers qui, curieusement, fonctionne très bien.

L’émotion n’est pas absente et survient sans prévenir. Je pense notamment au vrai Ludwig, enfant au destin volé. L’un des points forts du roman est effectivement la profondeur et l’évolution de nombre de ses personnages : on passe suffisamment de temps avec chacun d’entre eux pour bien les connaître et prendre peur quand le danger menace.

L’action est au rendez-vous, à travers les complots et les combats entre différentes factions : les fidèles de Napoléon, les affidés d’Élégast, les généraux insurgés et les espions, les ambitieux et les héros… Un tourbillon qui brosse un monde complexe, mais qui n’oublie jamais le plaisir de lecture grâce à des chapitres courts et des personnages très bien caractérisés, à diverses strates de la société.

Tandis que les caves du Palais du Tsar cachent des infamies, la riposte se prépare contre Napoléon : les nations étrangères s’apprêtent à combattre les armées de l’Empereur.

Et vient le paroxysme du roman : Waterloo. Qui va gagner cette bataille dans ce monde uchronique, où l’Angleterre est conquise par la France ? Pendant une longue, très longue journée, le lecteur va suivre une succession de rebondissements, en Belgique, en France et ailleurs, jusqu’à une conclusion que je n’écrirai pas ici, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.

Et le dernier chapitre offre une surprise qui promet de corser la suite de cette saga !
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France, 1815 : Napoléon règne sur toute l’Europe !

Soutenu par le sorcier Élégast, il a vaincu ses ennemis au fil des batailles. Mais les Anglais réfugiés au Caire espèrent un retournement, avec leurs alliés russes et tous ceux qui exècrent la France impériale trop puissante. Quand j’ai lu que l’Angleterre était sous domination française, mon sourire s’est élargi d’une oreille à l’autre. C’est mal ?

Revenons à l’histoire : dans une France uchronique, des bulles noires apparaissent parfois, ici et là. Elles se transforment en « résurgences » d’où s’échappent de terribles « résurgions », bêtes de diverses tailles et très dangereuses. Il est difficile de les éliminer : les voyageurs traversant les bois doivent être prudents.

Dans ce contexte, Ludwig gagne sa vie en traquant les résurgions. Personnage étrange et hors de la société qui ne se souvient plus de son enfance, il espère découvrir les secrets des bulles noires qui ont englouti sa femme et sa fille. Un jour, il secourt Éthelinge pourchassée par des Gardes Hérétiques, le corps d’armée du Sorcier Élégast qui constitue une armée dans l’armée. Éthelinge est la fille d’un savant mort pendant la campagne d’Égypte de Bonaparte, et elle est persuadée que son père a été tué. Son esprit scientifique la pousse à étudier la magie et à tenter de reproduire certains sorts. Or Ludwig se révèle avoir des dons qu’il ne comprend pas. Est-ce lié à son enfance ? Ce mystère se double d’un deuxième : ceux qui prétendent avoir des pouvoirs, en général des charlatans, sont assassinés les uns après les autres. Qui veut les éliminer ?

Ce roman choral donne la voix à de multiples narrateurs, offrant une vue d’ensemble des contextes et des actions : en France, en Angleterre, en Russie ; dans les campagnes, les casernes ou les palais impériaux ; parmi les soldats, les fugitifs ou les hommes de pouvoirs. On voyage beaucoup avec Sorcier d’Empire, on suit une scène à travers les yeux de divers personnages qui ont leur propre compréhension des événements, de l’espion anglais à la comtesse russe séductrice mais impitoyable avec les Bohémiens ; du frère du Tsar attiré par les sciences obscures au jeune serf effrayé par la barbarie d’une confrérie rêvant de la renaissance d’un dieu maléfique qui reposerait dans un sarcophage égyptien et renaîtrait grâce à un rituel sanglant ; du noble au service de Napoléon à l’officier de terrain ; et bien d’autres. Cette richesse de points de vue brosse un tableau vivant, en contrepartie d’une longue exposition qui dévoile les personnalités et les motivations de chacun. L’action ne manque pas à l’appel, bien au contraire, et chacun est mis en danger, d’autant plus que les dissensions dans chaque camp sont nombreuses.

Parlons de l’uchronie de fantasy : dans ce monde, la magie puissante avait disparu depuis des temps immémoriaux, même si certains se disaient dotés de pouvoirs. Ce n’était plus qu’un objet d’étude pour des lettrés et des superstitions diverses. Le point de départ de l’uchronie est l’apparition d’Élegast, présenté par Napoléon en 1803. L’empereur remporte alors des batailles grâce aux sorts et délaisse son génie militaire au grand dam des généraux qui se méfient de la Garde Hérétique et encore plus d’Élegast dont personne ne sait rien.

Plus le lecteur avance dans le roman, plus se dessine le schéma de l’Art Obscur, venant de temps oublié. Qui est exactement Élégast ? Que veut-il ? Napoléon a-t-il perdu son sens stratégique pour céder à la facilité d’un homme dont les motivations sont à craindre ? Quel danger viendra de la Russie ? Et quel sera le rôle de l’Angleterre ? La conspiration contre Élegast va-t-elle connaître le succès ? Et Élegast lui-même, jusqu’où va-t-il aller ?

De manière plus intimiste, on ne peut s’empêcher d’espérer pour quelques personnages attachants en mauvaise posture : le serf Pavel, Éthelinge à l’esprit scientifique, et Ludwig, qu’on devine le pilier de l’histoire.

Parlons un peu de l’univers : Élégast entrevoit l’avenir, ce qui lui permet de développer des outils et des armes utilisant sa magie et donnant une touche rétrofuturiste au roman. Grâce à une plume très travaillée et toujours fluide, l’auteur pose des ambiances prenantes et fait vivre un passé très proche de celui que nous connaissons, avec des parcelles de surnaturel — voire parfois d’horreur — bienvenues.

Le retournement de situation de la fin de ce tome, touchant certains des héros, donne très envie de continuer à découvrir la suite de la saga.
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Une lecture toujours aussi entraînante !

Suite directe du tome précédent (en réalité, un seul roman dans la version originale), nous sommes tout de suite plongés dans l’action. L’avancée des Possédés continue et semble inéluctable ; elle menace de submerger le monde des humains.

Falco, le jeune mage de bataille, apprend à amplifier et maîtriser ses pouvoirs, mais il ne développe que du défensif et n’arrive pas à provoquer une attaque. Il reste rongé par la culpabilité. Cependant, il a la capacité précieuse — comme tous les mages de bataille — d’étendre un voile sur les soldats qui contrecarre la peur envoyée par les démons. En effet, ces derniers mènent les combattants à un tel niveau de désespoir qu’ils ne veulent plus se battre : c’est l’une des raisons pour lesquelles les mages de bataille sont si recherchés. Falco gagne le respect des habitants de l’Ire.

Mais la politique s’en mêle, avec les autres royaumes égoïstes refusant d’apporter leur aide et leurs troupes à l’Ire, et surtout les thaumaturges manœuvrant en coulisse. Les thaumaturges — moins puissants mais beaucoup plus nombreux que les mages de batailles — font tout pour saper le pouvoir de la reine en aspirant, à terme, à prendre sa place. En parallèle, ils souhaitent voir Falco échouer, et manigancent pour qu’il rate le dangereux rite d’Assay, au bout duquel il sera un vrai mage de bataille reconnu et pourra invoquer un dragon qui l’accompagnera.

Pourquoi les thaumaturges agissent-ils ainsi, alors que le royaume a tant besoin des mages de bataille pour lutter contre l’ennemi ? Ils s’inscrivent en ennemis eux-mêmes. C’est un des mystères de l’histoire, et la résolution répondra à beaucoup de questions du premier tome. Mais ce ne sera pas fini : Falco et ses amis devront encore mener la guerre contre les Possédés, les démons et leur maître, Marquio Dolor, archétype du mal.

Les batailles sont nombreuses dans ce tome, et tous les actions et rebondissements sont palpitants. Moi qui n’aime pas beaucoup lire les scènes de combat dans les romans de Fantasy, j’ai été accrochée aux pages et j’ai dévoré. C’est captivant ; le récit ne manque pas de suspens et de morceaux de bravoure ; les combats sont intenses.

On retrouve les éléments traditionnels d’un certain type de fantasy : le jeune qui a des pouvoirs magiques et doit apprendre à les maîtriser, les amis fidèles, le(s) mentor(s), la reine juste et majestueuse, les ennemis venus du Mal qui menacent le monde des humains, des animaux fantastiques (des dragons)… Mais ici, c’est fichtrement bien fichu.

Racontez-moi une histoire, mais racontez-la bien !

Cette Fantasy somme toute classique est un très grand plaisir de lecture. L’auteur possède un talent de conteur indéniable, fait vivre plusieurs personnages attachants, et a envie de faire plaisir aux lecteurs. Ça se sent. Et c’est réussi.
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Voici une Fantasy somme toute classique, mais que j’ai dévorée !

Je me suis régalée.

Dans un monde imaginaire d’inspiration médiévale, le jeune Falco est détesté par la ville entière : son père était un mage de bataille devenu fou qui a tué beaucoup de personnes avant d’être éliminé. Falco porte le poids de cet héritage avec une honte qui ne le quitte pas. Pour ajouter à son malheur, il est malade depuis l’enfance et malingre.

Malgré tout, il a l’amitié de Malaki, le fils du forgeron à la forte stature qui rêve d’être chevalier, et il vit comme domestique chez l’ancien ami de son père, qui l’a recueilli.

Au loin, les armées des Possédés avancent, menées par un démon. Les humains ne peuvent y faire face, sauf s’ils sont accompagnés de mages de bataille, magiciens puissants et rapides. Les thaumaturges, autres magiciens beaucoup plus nombreux, ont besoin de journées entières pour créer un sort, et sont incapables de faire venir dans notre monde — ou plutôt celui du roman — un dragon, élément clef du dispositif lors des batailles. En effet, seuls les mages de bataille peuvent invoquer un dragon, qui les suivra comme un partenaire fidèle. Il y a un hic : si le dragon invoqué est noir, les mages et les thaumaturges sont contraints de s’unir pour éliminer celui-ci. Les dragons noirs sont animés de folie meurtrière.

Le jour annuel du tournoi arrive, en présence de l’émissaire de la reine, Sir William. Ce tournoi permet de repérer les jeunes — notamment les jeunes nobles — que l’émissaire honore en leur proposant de rejoindre l’armée. Par divers concours de circonstances, le fils du forgeron Malaki est sélectionné pour intégrer l’armée, mais Falco perturbe le mage de bataille de la ville lors de l’invocation du dragon et provoque une catastrophe. Les habitants sont obligés de fuir, la plupart haïssant Falco pour ce qu’il vient de faire. Curieusement, il s’attire la sympathie de l’émissaire de la reine Sir William, et on comprendra vite pourquoi.

On découvre que Falco a l’essence d’un mage de bataille : il n’a pas été envahi par la peur lors d’une attaque des Possédés ; or la peur est l’arme principale du démon (l’allégorie est évidente : on ne combat bien que si on n’est pas terrassé par la peur). Falco devra lui aussi venir à la capitale pour être formé contre l’avis de beaucoup : les nobles qui se souviennent de la catastrophe provoquée par Falco, et les thaumaturges qui n’ont pas oublié son père devenu fou.

Et je ne vous ai raconté ici que le début d’une histoire mouvementée, riche d’actions et de personnages, dans une ambiance très dépaysante.

Les codes de la Fantasy classique sont respectés : univers médiéval, magie et dragons, démons et morts-vivants (les Possédés), le jeune qui a des pouvoirs et doit apprendre à les maîtriser, l’ami fidèle, le père de substitution, le mentor, la reine idéale, et j’en passe.

On y retrouve l’Académie et l’école des sorciers (les thaumaturges), les conflits politiques, le héros qui a des faiblesses et qui doute, etc. Mais c’est tellement bien fichu !

C’est un très grand plaisir de lecture, grâce à une plume agréable, un univers soigné, et un certain sens du suspens. Pendant que nos jeunes héros apprennent à se battre dans leur corps d’armée respectif, l’enjeu majeur reste de savoir si ce monde va résister aux démons et à leurs Possédés qui avancent inexorablement dans les royaumes voisins. Quelques mystères entourent Falco : pourquoi son père est-il devenu fou ? Pourquoi Falco a-t-il provoqué une catastrophe en voulant protéger le dragon noir ? Quelques secrets cachent les thaumaturges ?

J’ajoute que les scènes de batailles (oui, vu le titre, il y a des batailles) sont animées et palpitantes, alors qu’habituellement les batailles dans la Fantasy m’exaspèrent. On passe d’un point de vue à une autre, les retournements de situation sont fréquents, et le lecteur est au plus proche des valeureux héros (les combattants sont ici tous valeureux : je vous ai déjà dit que c’est de la Fantasy classique ? Mais j’ai aimé ces héros-là).

Ce long pavé (très digeste) a été découpé en deux tomes dans la version française : vive la suite !
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