L'I.A. et son double

Une découverte plutôt intrigante et dont je ne sais pas trop quoi penser.

Les scènes de sexe étaient un peu trop envahissantes à mon goût. Je ne cacherai pas qu'elles m'ont profondément dérouté (si ce n'est même dégoûté !) mais je dois reconnaître qu'elles avaient un je-ne-sais-quoi d'intriguant... sans doute l'éventualité que de telles choses deviennent un jour banales ? Ce n'était pas systématiquement du sexe pour du sexe, il y avait parfois une réflexion dissimulée en arrière-plan (et heureusement, sans quoi j'aurais sans doute lâché le livre au bout de quelques chapitres !). Toujours est-il que ces passages prenaient un peu trop de place au fil des pages et qu'il n'était nullement nécessaire de les prolonger. Il m'a d'ailleurs été tout bonnement impossible d'apprécier les personnages impliqués dans ces jeux-là.

L'organisation globale des scènes composant les chapitres était par ailleurs assez confuse, je me suis plus d'une fois demandé dans quel contexte temporel l'action se déroulait. Ainsi, bien que le roman ne soit pas bien long, la lecture s'est avérée être quelque peu laborieuse.

Et la trame, finalement... je la cherche encore. On part d'un point A pour arriver à un point B en passant par... des scènes de sexe et de violence, finalement. Là réside l'action. Le reste n'est que développement de l'I.A. Pas d'explications concernant le contexte spatio-temporel ou géopolitique, pas de réels enjeux, pas de suspens...

Il n'en demeure pas moins que la réflexion menée tout au long de l'histoire est fort intéressante. J'ai cependant beaucoup apprécié l'utilisation du test de Turing pour définir le niveau d'humanité des I.A. mais également celui des humains. J'estime toutefois que la chose aurait mérité d'être un peu plus développée par moments, bien que le traitement du sujet soit largement maîtrisé. C'est une thématique qui m'attire tout particulièrement et j'ai donc pris plaisir à étudier ce que l'auteur a tenté d'en faire. J'en sors déçu malgré tout car la forme m'a perturbé tout au long de ma lecture. Un parti-pris auquel je n'ai malheureusement pas adhéré.

J'ai bien aimé cette lecture. Je n'ai pas spécialement retrouvé Scott Westerfeld, dans le sens où je ne pense pas que je l'aurais reconnu, si je n'avais pas su que c'était lui. Mais c'est normal, puisque ce livre de SF pour adultes n'a rien à voir avec la série steampunk ou la série dystopique que j'ai pu lire de lui.

J'ai quand même beaucoup aimé le style, j'avais constamment envie de lire la suite. La réflexion "où s'arrête la machine et où commence l'individu" était très intéressante, et son inverse également "peut-on cesser d'être considéré comme une personne si on est un légume" par exemple.

Un livre que je ne regrette pas d'avoir lu, mais que je ne conseillerais pas à de trop jeunes lecteurs. Certaines scènes pourraient les choquer, et ils risqueraient également de passer à côté de cette réflexion, ce qui serait bien dommage.

Scott Westerfeld, ou le roi de l'atmosphère, tous genres confondus: Cyberpunk, Space Opera, Dystopie, Steampunk, YA ou Adult, celui-ci rentrant dans cette dernière catégorie en plus des deux premières réunies (attention âmes sensibles, hardcore cyber sex scenes in sight).

Entre le suspense, l'histoire d'amour et les réflexions philosophiques sur l'art, le tout avec l'univers en vue par-delà la fenêtre, ce n'est qu'un de ses premiers livres, un des moins connus, mais ça n'en fait pas moins un chef-d'œuvre.

Prix obtenus

*Grand Prix de l'Imaginaire, traducteur, 2003*

Récit inventif, palpitant, interrogateur, L'I.A. et son double est une réussite. Au-delà de l'aspect romanesque et aventureux, c'est essentiellement une vaste réflexion sur l'humain. Si on peut dupliquer une conscience, reste-t-elle un individu ? Devient-elle deux individus ? Ne serait-ce pas alors plutôt une chose ? Que la conscience soit d'origine biologique ou mécanique ne change rien à l'affaire. Seule la souffrance, peut-être, permet de décider qu'untel est humain et tel autre pas.

Prix obtenus

*Grand Prix de l'Imaginaire, traducteur, 2003*

Ce récit enlevé, original, bourré d'idées nouvelles, nous entraîne dans un univers lointain parfaitement maîtrisé.

L'I.A. et son double fait aussi la part belle aux relations entre les personnages. Mira et Chéri sont parfaitement campés, notamment dans leur oscillation perpétuelle, en un ballet subtil, entre l'humain et l'inhumain. Ce paradoxe est pour beaucoup dans l'attachement que le lecteur éprouve pour les deux protagonistes – dont l'un est pourtant une intelligence artificielle.

Une intrigue consistante, que de nombreuses ellipses et digressions, ainsi qu'une grande richesse de vocabulaire rendent parfois ardue à suivre, et vous comprendrez que vous tenez là l'un des romans de SF étrangère les plus intéressants publiés ces années.