Le Prince maudit, Tome 1 : Aeternum

Nous montâmes les escaliers éclairés par des appliques en fer forgé en forme de torches, une forte odeur d’alcool à brûler flottait dans l’air. Trouvant que je n’allais pas assez vite, Justine me prit par la main et se mit à escalader les escaliers quatre à quatre ! Et ce qui devait arriver arriva, je loupais une marche et m’étalais comme une crêpe par terre, quelle honte ! on pouvait dire que j’avais réussi mon entrée !

C’est à ce moment-là que je sentis une main douce et brûlante me saisir le poignet. Sur le coup, je ne vis que de longs doigts fins et pâles et un bout de manche en dentelle blanche puis la plus suave mais non moins virile des voix…

— Belle Damoiselle, laissez-moi vous aider à vous relever, vous venez de faire une entrée remarquée, si je peux m’exprimer ainsi !

L’homme me releva à la seule force de son bras avec une élégance rare. Levant les yeux vers lui, rouge de honte, j’ai cru que mon cœur allait rater un battement, mon cerveau était quasiment aux abonnés absents et mes jambes refusaient de me soutenir. C’était lui, l’inconnu de la chapelle que j’avais vu en train de prier. Gardant la bouche ouverte, stupéfaite, Justine qui était derrière lui, me fit signe en mettant ses pouces en l’air avec un air idiot, j’avais envie de la tuer. Il était encore plus beau que dans mes rêves… de haute stature, au moins un mètre quatre-vingt-dix, un corps musclé comme un Dieu grec, ses cheveux toujours bien coiffés et des yeux d’un bleu vert irréel comme les lagons des îles paradisiaques. Son regard me transperça comme s’il essayait de sonder mon âme. Il devait avoir entre 25 et 30 ans.

— Êtes-vous blessée ? dois-je faire appeler les secours ? s’exprima-t-il avec de l’inquiétude dans la voix.

— Non, merci, je vais bien, le parquet est glissant par endroit mais qui êtes-vous ?

— La damoiselle est bien curieuse à ce que je vois mais j’aime bien cela chez une femme ! rétorqua-t-il avec un rire charmeur.

— Je me nomme, Guillaume.

— Guillaume ? mais, Guillaume, comment ?

— Seulement Guillaume, cela suffira pour le moment ! s’exclama-t-il avec une intonation mesurée.

Il avait parlé avec un ton très arrogant, il en était très énervant !

— Très bien moi c’est…

— Alix Dangicourt ! dit-il avec aisance.

Interloquée, sur le fait qu’il connaisse déjà mon nom, je restais silencieuse quelques secondes puis je finis par dire :

— Comment connaissez-vous mon nom, monsieur ? il fit mine de tourner les talons et en partant il déclara :

— Sachez que je connais nombre de sujets dans cette ville, surtout un beau « spécimen » comme vous, jeune damoiselle…

Je m’apprêtais à ouvrir la bouche lorsqu’il ajouta :

— Et à propos, vous portez un très joli prénom de guerrière. Il me planta littéralement sur place.

Justine se précipita vers moi tandis que mon bel inconnu enfin Guillaume, s’éloignait et continuait à saluer des gens dans la salle, notamment le Maire de la Ville qui avait largement contribué à ouvrir le château au public.