L'Hérésie d'Horus, Tome 40 : Corax

Des missiles filaient à travers le crépuscule vers la Raven Guard et ses alliés, et Corax suivit des yeux leurs traînées qui remontaient vers une batterie d’une douzaine de Whirlwind postés sur l’autre flanc de la vallée. La faille entre les montagnes était emplie de lumière, celle des obus éclairants qui descendaient lentement, au-dessus des phares des véhicules et des lampes des armures énergétiques.

Leur éclat jaune brillait sur les protections et les chars de combat des World Eaters. Certaines escouades ou certains frères parmi elles portaient encore le blanc et bleu des anciennes couleurs de leur légion, même si beaucoup s’étaient barbouillés de rouge, à la peinture ou au sang, leurs insignes impériaux profanés ou totalement détruits.

Leurs implants cérébraux les poussaient à la folie meurtrière, l’esprit saturé d’un cocktail de stimulants et d’impulsions de rage artificielle. Les World Eaters forcenés se ruaient vers les escouades qui les attendaient sur le flanc montagneux, tandis que les tanks et leurs canons éructaient les obus, les roquettes et le plasma pour paver la voie à leur assaut. À travers le grondement des moteurs et le tonnerre des explosions, Corax entendait leurs beuglements emplis de haine, et les cris de guerre qu’ils éructaient.

Les détonations firent trembler les pentes, les projectiles des Whirlwind martelant les guerriers et les remparts de ferrobéton dans des éruptions de feu. Le Primarque tourna le regard à gauche, le long du viaduc massif passant d’une montagne à l’autre sur le flanc de sa position. Par-dessus le pont de plusieurs kilomètres, les Thunderhawk et les Warhawk montaient vers la partie supérieure des pentes, protégés par des patrouilles de chasseurs Lightning. En dessous s’avançaient les colonnes d’un autre adversaire, des milliers de space marines aux bannières arborant l’emblème de l’hydre. Comme il ne le savait que trop bien, pendant des années, l’Alpha Legion n’avait fait que se livrer à des manigances dans l’ombre, en essayant de l’emporter par la subversion et la manipulation ; elle arrivait à présent en nombre, pour délivrer le coup final au sein de cette alliance difficile.

Plus loin vers l’ouest, à dix kilomètres de distance, des forces en plus grand nombre encore, composées de régiments renégats de l’Armée Impériale, submergeaient le pied des versants. Une mer de soldats, originaires d’une vingtaine de mondes. Avaient-ils voué leur existence à Horus par loyauté ? Les murmures de l’Alpha Legion, les serments des Word Bearers avaient-ils amplifié de petites rancœurs et des aspirations locales, les avaient-elles transformées en une détestation de l’Empereur et en ambitions encore plus grandes ? Ou bien une force plus inquiétante les avait-elle soumis à son service : le poing d’Horus resserré autour de leurs mondes natals, menaçant de destruction ceux qui ne lui seraient pas loyaux ?