Commentaires de livres faits par SoLiG
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Commentaires de livres appréciés par SoLiG
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- J'observe le ciel.
- C'est une vision de l'esprit Lennie. Le ciel est partout, il commence à tes pieds.
[Oncle Big à Lennie]
Park s'est retourné d'un coup. Eleanor. Elle lui souriait.
Elle avait un sourire de pub pour dentifrice, le genre où on voit pratiquement toutes les dents. Elle devrait sourire comme ça tout le temps, se dit Park ; son visage était passé de bizarre à beau. Il avait envie de la faire sourire comme ça tout le temps.
M. Stessman a fait semblant de se prendre le tableau en entrant.
- Juste ciel, Eleanor, arrêtez. Vous m'aveuglez. Est-ce la raison pour laquelle vous gardez votre sourire pour vous, parce ce qu'il est trop radieux pour nous, pauvres hommes ?
- Promets-moi une chose, Hannah, souffla-t-il en caressant tendrement mes cheveux.
- Si je le peux.
- Promets-moi que plus jamais tu ne manqueras de confiance en moi, que désormais tu me parleras avant de ruminer dans ton coin, que quoi qu'il arrive, tu te souviendras que je suis celui qui t'aime, qui t'adore, te protégera à jamais.
- Ça fait trois choses, le taquinai-je.
- Promets-moi.
Contrite, je repensai aux doutes dont j'avais été empreinte, à la manière dont je pensais l'avoir haï lorsque j'avais cru qu'il m'avait menti. Aux choses horribles que je lui avais dites sur la confiance, à cette faculté qu'il avait eue de me pardonner bien que je l'eusse fait souffrir, bêtement, égoïstement. J'étais honteuse et sincèrement désolée, même si je ne l'exprimais pas. Alors quel meilleur témoignage de mon amour que de prononcer ces mots ?
- Je te le promets.
- Hein ?
- On passe sa vie coincé dans le labyrinthe à essayer de trouver le moyen d'en sortir, en se régalant à l'avance à cette perspective. Et rêver l'avenir permet de continuer, sauf qu'on ne passe jamais à la réalisation. On se sert de l'avenir pour échapper au présent.
Ils me dévisagent tous d’un drôle d’air, et Toshi sort son portable. Je l’entends parler ; elle demande que l’on envoie une ambulance. Il me faut une bonne minute pour comprendre qu’elle m’est destinée.
— Non, lui dis-je. J’ai déjà été à l’hôpital.
— J’aurais pas aimé te voir avant que tu y ailles, intervient la fausse Loulou. Tu as eu un accident ?
— Il s’est fait cogner par des skins, lui explique Pierre.
Mais c’est la fausse Loulou qui est dans le vrai. C’est par accident que je l’ai trouvée. C’est par accident que je l’ai perdue. Voilà au moins quelque chose dont on peut créditer l’univers : il sait maintenir la balance égale en toute occasion.
Je souris en y repensant, même si Loulou, qui avait si souvent vu juste en moi jusqu’alors, s’était trompée sur ce point précis. Yael avait fait ses classes chez les paras au sein des Forces de défense d’Israël, et elle avait décrit une fois les sensations que l’on éprouvait en sautant d’un avion : fendant les airs comme une pierre, le vent de tous côtés, l’exaltation, la vitesse, l’estomac qui vous remonte dans la gorge, l’atterrissage brutal. Cela m’avait toujours semblé être l’exacte description des sensations que l’on éprouvait avec les filles – ce vent, cette exaltation, ce sentiment de tomber à une vitesse folle, ce violent désir, la chute libre. Et la fin brutale.
Et pourtant, chose étrange, ce jour-là, avec Loulou, je n’avais à aucun moment eu le sentiment de chuter. Mais plutôt d’arriver quelque part.
— Tout va bien, maman, dis-je pour l’arrêter.
— Non, pas vraiment.
Et pourtant si. Parce que je comprends qu’on essaie tous les moyens qui existent lorsqu’on tente de s’évader, mais aussi que, parfois, on ne s’évade d’une prison que pour constater que l’on s’en est construit une autre, différente.
p.20
Je porte au poignet une montre en or toute fine. Ce n'est pas la mienne. Et l'espace d'un instant, je la vois au poignet d'une jeune fille. Mon regard remonte le long d'un bras mince, d'une épaule musclée, d'un cou de cygne. Lorsqu'il atteint le visage,je m'attends à ce qu'il soit vide, comme le visage de mes rêves. Mais ce n'est pas le cas.
Cheveux noirs. Peau claire. Yeu pétillants.
Je comtemple de nouveau la montre. Le verre est fêlé, mais le mécanisme fonctionne. Elle indique neuf heure et de nouveau, je commence à me douter de ce que j'ai oublié.
Je tente de m'assoir. Mais ma vue se brouille.
Le médecin pose une main sur mon épaule et me force à me rallonger sur le lit.
- Vous ètes agité car vos idées sont confuses. C'est temporaire, mais on va vous faire passer un scanner pour vérifier qu'il n'y a pas d'hématome. En attendant, on va s'occuper de vos coupures au visage. Je vais vous donner quelque chose pour insensibiliser la zone.
L'infirmière nettoie ma joue avec un liquide orangé.
- Ne vous inquiètez pas, ça ne va pas tacher. Ca ne tache pas, en effet, ça pique.
PDV : Willem.
J'aimerais que tout soit aussi simple dans ma tête, aussi facile, aussi... matérialisable.
Et Meetic ?
Et Adopte ?
Et Attractive ?
Et tous ces sites de rencontres à la con ?
Tous ces chaudrons misérables où l’on vous fait bien touiller votre solitude entre deux visuels de pub, tous ces « J’aime » cliqués droit, tous ces réseaux d’amis imaginaires, de communautés surveillées, de fraternités démunies, grégaires et payantes reliées à des serveurs richissimes, c’est quoi ?
Et cette fébrilité, là…
Cet état de manque permanent, ce trou au côté, ces téléphones que vous rongez sans cesse, ces écrans qu’il vous faut toujours déverrouiller, ces vies que vous achetez pour pouvoir continuer à jouer, cette blessure, cette bonde, ces serrements dans votre poche ?
Cette façon que vous avez, tous, toujours, de tout le temps vérifier si on ne vous a pas laissé un mot, un message, un signe, une relance, une notification, une pub, un… un n’importe quoi.
Et ce « on » qui peut être n’importe qui ou n’importe quoi aussi du moment que ça s’adresse à vous, que ça vous rassure, que ça vous rappelle que vous êtes vivant, que vous existez, que vous comptez et qu’à défaut de vous connaître autrement, on peut peut-être essayer de vous refourguer une dernière petite saloperie au passage.
Tous ces abîmes, tous ces vertiges, toutes ces lignes de code que vous caressez dans le métro et qui vous jettent comme une vieille merde sitôt que « ça » ne vous capte plus.
Toutes ces distractions qui vous distraient de vous-mêmes, qui vous ont fait perdre l’habitude de penser à vous, de rêver à vous, de papoter avec la base, d’apprendre à vous connaître ou à vous reconnaître, de regarder les autres, de sourire aux inconnus, de mater, de flirter, d’emballer, de baiser même !mais qui vous donnent l’illusion d’en être et d’embrasser le monde entier…
Tous ces sentiments codés, toutes ces amitiés qui ne tiennent qu’à un fil, qu’il faut recharger tous les soirs et dont il ne resterait rien si les plombs sautaient, c’est pas du fantasme, ça, peut-être ?
Et je sais de quoi je parle.
Je saigne aussi.
- Je suis fatigué des enterrements, Daniel. Je ne veux pas avoir à assister au tien.
- Tant mieux, parce que vous n’êtes pas invité.