Archéopolis, Tome 2 : L'Oiseau du secret

Retour en Egypte

Dans l'avion en provenance de Paris, Alisson contemplait la vallée du Nil, long ruban vert se faufilant comme un serpent au milieu des sables. Elle était très heureuse. Jamais elle n'aurait imaginé faire deux voyages en Egypte en moins de six mois. Et tout cela grâce à son parrain, le célèbre égyptologue Jean-Timothée Vialassoux, qui l'avait oubliée pendant les douze premières années de son existence avant de s'intéresser à elle. «En tout cas, se dit-elle, c'est décidé. Je serai archéologue, et Jean-Tim m'aidera.»

Alisson regrettait un peu de ne pas faire le voyage avec ses nouveaux amis John, Viviana et Léonard. Mais elle espérait bien les revoir l'été prochain. Ils se l'étaient promis en se quittant. Mais tout cela était déjà loin.

Depuis, il y avait eu la rentrée en France. Elle n'était pas près d'oublier l'accueil à l'aéroport. Les journalistes s'étaient précipités sur elle comme sur une vedette de la télévision.

«Mademoiselle Alisson, acceptez-vous de répondre à nos questions ? Ne bougez plus, une petite photo, c'est parfait. Encore une s'il vous plaît, avec vos parents, voilà, soyez patiente. Souriez, Alisson, ce n'est pas la galère. Alors, confirmez-vous cette histoire de cobra ? Kaligane vous avait droguée, c'est ça ?»

Alisson répondait patiemment aux questions. Robert et Brigitte, ses parents, répondaient parfois à sa place.

«Notre fille a joué un rôle clé dans l'arrestation de Kaligane. On peut même dire que sa vie a été en danger, quand Kaligane l'a droguée et confiée à la garde d'un cobra.»

Alisson souriait de voir ses parents se montrer si fiers d'elle.

Ensuite, il y avait eu la rentrée au collège où l'attendait sa meilleure ennemie, Melissa, une élève prétentieuse qui faisait tout pour l'humilier. Elle n'avait pas dû apprécier de voir les articles de journaux consacrés à Alisson et à son parrain, après l'arrestation du chef des pilleurs de tombes.

Pour éviter les affrontements, le professeur de géographie, monsieur Fischer, avait proposé à Alisson de faire un exposé public aux élèves. Elle avait accepté, et monsieur Fischer lui avait demandé de raconter les moments les plus délicats de son voyage. Elle avait expliqué comment ils avaient réussi à coincer le pilleur de tombes qui voulait s'emparer du trésor. Aussitôt,

Melissa avait levé la main.

- J'ai lu dans le journal que tu avais été droguée et que Kaligane t'avait confiée à la garde d'un cobra. Comment se fait-il que le cobra ne t'ait pas mordue ?

- Je n'en sais rien, avait admis Alisson. Il aurait pu, mais il ne l'a pas fait.

- D'abord es-tu certaine que c'était un cobra ?

- Je t'assure..., avait objecté Alisson.

Mais Melissa ne voulait pas lâcher sa proie si facilement.

- Ce n'était pas plutôt un serpent à sonnette, ton cobra ? Ou même un serpent à SORNETTES !

Gros ricanements dans le public. Melissa était en train de gagner un point. Mais Alisson fut prise d'une inspiration subite.

- Il ne m'a pas mordue parce qu'il était malade.

- Comment ça malade ? Kaligane avait un serpent malade dans son sac, et c'est lui qu'il a choisi pour te garder prisonnière ?

- Parfaitement, s'entêta Alisson, il était malade et même presque mort.

Melissa triomphait : un serpent malade. Quelle idiotie ! Elle le fit vertement savoir.