Commentaires de livres faits par Karine89
Extraits de livres par Karine89
Commentaires de livres appréciés par Karine89
Extraits de livres appréciés par Karine89
J'imagine que le fait de dormir avec quelqu'un, avec qui il a partagé une certaine proximité physique, émotionnelle et amicale, a pu réveiller en lui des envies. Je me demande s'il juge que celle qui lui plaît lui est inaccessible ou si son intérêt amoureux est volatile. Il ne m'a pourtant pas l'air de quelqu'un d'inconstant.
" Tu sais combien de fois j'ai voulu effacer son numéro ? ", commence-t-il tout en fixant l'écran.
Il ne lui répond pas et se contente de tourner la tête vers lui pour qu'il sache qu'il est à l'écoute, mais Vince ne semble pas en être conscient. Perdu dans ses réflexions à voix haute, Max en témoin invisible.
"Jamais », continue-t-il. " Et tu sais le plus con dans toute cette histoire ? ", en se pinçant les lèvres. « C'est qu'il n'est même plus attribué, ce putain de numéro... ", en étouffant un rire désabusé. "Je ne fais plus partie de son répertoire alors qu'il fait toujours partie du mien... Je ne fais plus partie de sa vie alors qu'il continue à hanter la mienne... Même des mois plus tard ", en serrant le téléphone dans sa main. " Faut croire que je ne valais pas plus à ses yeux que quelques lignes sur un bout de papier ", acide, un éclat de tristesse dans le regard.
" Tu sais très bien que c'est faux ", réplique Max d'une voix assurée. " Et tu sais très bien pourquoi il les a écrites, ces lignes, Vince... Tu l'as toujours su ", comme une évidence mise à plat.
Je fermai un instant les paupières, me sentis envahie par la présence de Caern, puis répondis la vérité :
- Parce qu'il est seul.
- Il y a sa sœur...
- Non, le coupai-je. À l'intérieur. Là...
Je désignais son cœur, puis sa tête.
- C'est là qu'il est seul.
Erlend m'offrit un drôle de regard, puis répliqua :
- Peut-être qu'il y a une raison à ça. Peut-être c'est juste parce qu'il n'est pas normal.
- C'est ce que tout le monde dit de lui : qu'il n'est pas normal. Moi, j'ai envie de savoir si c'est vrai ou non.
- On sauve pas les gens d'eux-mêmes, Maja.
- Pourquoi pas ?
- Parce qu'ils sont ce qu'ils sont.
- Alors, je découvrirai ce qu'il est.
- Je ne veux pas te voir souffrir.
- Pourquoi tout le monde semble convaincu qu'il n'est capable que de ça ?
Erlend posa son bras sur l'accoudoir, son regard parut s'emplir d'argent sous les rayons de soleil. Il fronçait les sourcils, mais il tendit la main vers moi jusqu'à ce que je la saisisse. Il la pressa avec fermeté et répondit :
- Parce que c'est sûrement ce qu'il fera.
Mais une fois réveillé, il n'y avait plus de « moi ». La vérité me revenait. J'étais un Juif. Un virus. Un prisonnier. Un rouage dans cette machine à tuer. Une fois réveillé, il n'y avait nulle part où se cacher.
Contre toute attente, le regard sérieux et solennel qu'il pose sur moi m'intimide, son parfum qui m'enveloppe me liquéfie et mon cœur adopte un nouveau rythme jusqu'alors inconnu qui vibre profondément entre mes sens, m'ôtant mon habituel self-control.
- Et l'ombre d'une rose pourrait partager ce secret. Un baiser du cœur, un soupir de l'âme. Une prière murmurée sans un bruit, au cours d'une nuit sans lune.
Nous nous perdons dans le chuchotement du silence, sans émettre un geste. Face à lui, je me sens nu, petit, simplement moi. Comme un gosse qui découvre ses premiers émois. Un enfant qui ne connaît pas les règles des sentiments, simplement submergé par la peur, le désir et les frémissements de ses sens.
Je ne sais pas comment il se débrouille, mais alors qu'il me suffirait d'aller cueillir sur ses lèvres mon absolution, je me sens paralysé et implorant, incapable de franchir cette dernière distance qui nous sépare.
- Ma Majesté, susurré-je en un souffle.
- Mais t'as vraiment rien compris. T'es à côté de la plaque, Max.
- Je ne crois pas.
- Julian.
Je déteste la façon dont il prononce mon prénom. Je déteste son air peiné et ses mains qui m'attirent de nouveau à lui. Je le déteste pour tous les sentiments contradictoires qu'il me fait ressentir.
- Je t'en prie, chuchoté-je.
- Je ne partirai plus.
Je serrai encore plus fort. J'aurais voulu le croire, mais je n'y arrivais pas.
Il m'attrapa le poignet et serra, pour donner plus de poids à cette promesse.
- Je ne partirai plus, OK, répéta-t-il.
Il hésita un instant.
Un seul.
- Parce que ne pas revenir vers toi, Lou, j'ignore vraiment comment le faire.
Mon cœur battit un rythme particulier, quelque chose qui chantait dans ma poitrine de temps en temps. Quand Ashley me regardait de cette façon-là. Ou qu'il me parlait de cette façon-là. Ou qu'il s'approchait de cette façon-la Je me sentais alors glisser vers lui. Dans un tremblement Dans quelques murmures.
Je le relâchai lentement, effleurant son visage d'une étrange caresse.
Il trembla. Un peu.
Et je le regardai...
Je le regardai comme une toile que je venais de découvrir. Ses couleurs m'aveuglaient. Ses traits m'hypnotisaient et je rêvais de les redessiner du bout des doigts.
Je le regardai parce que, lorsque l'on voit vraiment quelqu'un, même les silences vous murmurent ses secrets.
- Parce que la seule place désignée par les vôtres pour un homme tel que moi est à genoux.
Son sourire s'élargit d'une indulgence amusée.
- Voilà bien encore là l'une de tes conceptions dramatiques. N'as-tu donc jamais convoité le statut d'immortel ?
- Non. Pour te haïr, il faudrait que t'aies de l'importance, Marlon. Et tu n'es rien pour moi.
Je le fusille de mes prunelles avant de reporter mon attention sur le ciel. Peut-être que j'ai rêvé, dans l'avion. Que l'on n'a absolument rien partagé, qu'il n'y avait aucun flux d'énergie entre nous, aucune tension, aucun désir. Que ce manque ne se situe que dans ma tête, depuis toutes ces années.
Je m'en veux de me montrer aussi faible face à ce connard bi, hétéro ou homo refoulé, peu importe. Nos jeux me fatiguent, à présent. Je pensais en être immunisé, mais quand je l'ai vu se barrer dans les toilettes avec sa fiancée, j'ai cru vomir. Alors que l'instant d'avant, je revivais dans ma tête nos soirées de débauche et de plaisir, lui, il a agi exactement comme à l'époque. En soulageant son désir pour moi avec une femme !
12 h 22
Il y a douze heures, un héraut m'a appelé pour m'annoncer que j'allais mourir aujourd'hui. À ma façon bien à moi, j'ai déjà dit adieu à mon père, à ma meilleure amie et à ma filleule, mais l'adieu le plus important est celui que j'ai fait au Mateo du Passé, que j'ai laissé à la maison quand mon Dernier Ami est venu me chercher pour m'accompagner dans un monde qui nous veut du mal. Rufus a déjà tellement fait pour moi, et je suis là pour l'aider à affronter ses démons; dommage qu'on ne puisse pas dégainer des épées flamboyantes ou des étoiles de ninja comme dans les livres de fantasy. Sa présence m'a aidé, et peut-être que la mienne l'aidera aussi à surmonter la souffrance qui l'habite.
Il y a douze heures, un héraut m'a appelé pour m'annoncer que j'allais mourir aujourd'hui, et pourtant je me sens plus vivant que jamais.