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La fontaine de Gérémoy



Description ajoutée par siegrid 2011-11-29T14:55:52+01:00

Résumé

On ne désobéit pas impunément à son père. Pour avoir voulu travailler, Malie est envoyée au carmel de Dijon en 1857. Dès qu’il meurt, elle reprend du service au très réputé centre thermal de Vittel où un médecin marié la séduit et lui vole Julie, leur enfant. La petite, rebelle et courageuse comme sa mère, va à son tour braver les conventions, et finira par découvrir la vérité sur ses origines.

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Classement en biblio - 6 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par siegrid 2011-11-29T14:56:14+01:00

1

Août 1857

— Dis-moi, mon Polyte, tu crois qu’on y arrivera ?

Le garçon tourna la tête. Au loin, la butte des Seize-Mutins tremblait sous le soleil ; une buse dessinait de grands cercles dans un ciel laiteux. Le garçon la suivit des yeux, longtemps, en silence. Autour d’eux, la campagne semblait assoupie.

Depuis qu’ils s’étaient rencontrés, ils ne vivaient plus que pour ces moments volés au travail de la terre, aux animaux, au père et au curé. Jusque-là, il allait aux vaches, arrachait les pommes de terre ou, l’hiver, faisait son bois en compagnie des chevreuils au cul blanc, elle brodait au tambour des cœurs de Marie ou des agneaux pascals au point de plumetis, chantait les offices à Saint-Rémy avec sa mère, sans se poser de questions. Mais un soir de fête ils s’étaient aperçus, avaient croisé leurs regards dans la lueur des flammes de la Saint-Jean. De cet instant, ils avaient eu la déchirante impression de vivre étouffés, étranglés dans une prison dont ils ne pourraient jamais s’évader.

— Tu crois…

Très loin, du côté du village, un chien énervé s’était mis à gueuler.

— Regarde… regarde là-bas ! Le Polyte pointait le doigt vers les prairies des Essarts.

— Dis-moi, mon Polyte, tu crois…

La Malie parlait à voix basse, pour ne pas déranger le bon ordre des choses autour d’eux, peut-être aussi parce qu’elle craignait autant la réponse du garçon que son silence. Au fond, avait-elle vraiment envie qu’il se confie ?

— Vois comme elle va vers le soleil. Tu entends son chant ? Écoute… écoute bien. Elle va monter haut, très haut, puis, d’un coup, elle se laissera tomber comme une pierre. Tu as déjà vu ?

La Malie ne dit rien. Elle se contenta de suivre du regard l’alouette qui montait dans le ciel, montait jusqu’à disparaître dans la lumière. Plus bas, vers le chantier de la source, des voix d’hommes s’étaient mises à gronder, affaiblies par la distance, digérées par les bosquets, ponctuées de cliquetis de ferraille et de heurts d’outils.

— Tu la vois encore ?

— Je l’ai perdue.

— Elle est toujours là, regarde, au bout de mon doigt… Elle cligna des yeux, chercha le petit point noir, le retrouva.

— Attention, elle va plonger… Ça y est. Elle plonge ! Vois comme elle file !

L’alouette descendait maintenant vers le sol à une allure vertigineuse. La Malie retint son souffle. Elle en avait déjà vu d’autres, de ces jeux d’oiseaux, sur la calotte nue de Jonchurelle, vers Lignéville, quand elle y allait en promenade, le dimanche après-midi, en compagnie de ses parents. Parfois aussi de Léo, son frère. Mais, là, il lui semblait l’observer pour la première fois.

Elle chercha la main du Polyte. L’alouette avait fendu les airs, ouvert les ailes au dernier moment. Elle venait de disparaître dans les herbes.

— Tu as vu ?

Elle avait vu. Le chien gueulait toujours, plus bas, du côté du village. Elle n’osait plus dire un mot. D’autres alouettes avaient surgi des hautes herbes, commençaient leur lente ascension vers le soleil en grisollant.

Le Polyte se tourna vers la Malie, la prit par la taille, approcha son visage, aperçut une perle d’argent qui roulait sur sa joue. Alors, du plomb brûlant coula dans ses veines. Il n’entendit plus les voix d’hommes, ni les cliquetis de ferraille qui montaient du chantier, ni les gueulées hargneuses du chien, ne vit plus les alouettes, ni les festons boisés des Essarts, ni l’horizon frémissant de chaleur… rien que cette perle d’argent ! Une furieuse envie de fuir le traversa, en même temps que de prendre la Malie à pleins bras, de l’emporter le plus loin possible derrière les collines, les forêts, les prairies, loin des regards de ceux qui ne voulaient pas les voir ensemble, ailleurs, dans un autre pays sans paysans, sans brasseurs, un pays qui n’aurait pas deux églises pour diviser des fidèles campés sur les deux rives d’un ruisseau puant. Il se pencha, tendit les lèvres, goûta le sel sur la joue de la jeune femme, ferma les yeux, laissa des images défiler dans sa tête, revit leur première rencontre après les feux de la Saint-Jean, trois ans plus tôt, les larmes de saint Laurent ¹ qu’ils étaient allés compter sur Gérémoy, les glissades sur la rivière gelée, l’hiver suivant. Il la revoyait applaudir quand il avait sauté par-dessus les braises pour lui prouver son courage. Le temps qu’il se remette de son exploit, qu’elle reçoive son sourire… elle avait disparu ! Puis, quelques semaines plus tard, la tête dans les étoiles. Et l’hiver suivant, les glissades à travers le village sur la glace du Petit Vair. C’était avant la nouvelle attaque de choléra qui avait ravagé le pays.

Il prit sa main. Elle leva les yeux vers lui, lut le trouble et l’angoisse dans son regard, allait parler encore, contint les mots dans sa gorge. À quoi bon ? Elle posa la tête sur son épaule, fourra le visage dans son cou et le respira à pleine poitrine. Le Polyte sentait bon le foin, et le grand air des champs, et la fumée de l’âtre, et le parfum des mirabelles mises à sécher dans le four, pour l’hiver. Elle se blottit tout contre lui, se mit à le flairer comme un animal. Elle goûta de la pointe de la langue les saveurs épicées de sa peau, baisa sa nuque sous les cheveux follets que, jusque-là, seul le vent avait caressés. Jamais encore elle n’avait osé se laisser aller ainsi, à son besoin de le toucher, de le sentir, de le lécher, de l’aimer. Le cœur du Polyte s’était mis à bondir. Elle en recevait la vie à pleine bouche dans les veines qui battaient sous le col de la vareuse, à la naissance de la barbe qui poivrait ses lèvres d’un délice nouveau. Il dénoua lentement le lacet du caraco, glissa la main. La toucher, la caresser, sentir sa chaleur… Elle le laissa faire, gémit doucement quand il effleura de la paume la soie moite de son dos, rejeta la tête en arrière. Jamais elle n’avait été aussi belle ! Les cheveux en vagues blondes échappées de la halette ² les lèvres entrouvertes comme deux cerises pulpeuses, les yeux mi-clos soulignés par un rosé inhabituel des pommettes, elle se laissa aller dans l’herbe.

Ils restèrent ainsi très longtemps sans mot dire, à vibrer l’un de l’autre, à fondre ensemble leurs émotions, à tenter de contenir les vagues de désir qui les submergeaient une à une.

Une autre alouette montait à présent dans le ciel, puis une autre, une autre encore. Il en sortait de partout dans les herbes. Les airs vibraient de leurs grisolles. La buse avait glissé lentement vers les premières pentes de Norroy.

— Ce n’est rien, mon Polyte, rien que la lumière, qui me fait pleurer.

Il se coucha contre elle, but encore les larmes de lumière qui perlaient à ses paupières, déposa un baiser sur ses yeux clos, sur son front, sur ses lèvres, s’y attarda, souffle court, le cœur battant la chamade, fourra le visage dans ses longs cheveux blonds que le soleil constellait d’étoiles, s’enivra de son parfum de miel et de violette, mordilla la peau tendre de son cou, écarta les pans du caraco, fit éclore sa poitrine qu’il lécha lentement, s’attardant aux aréoles gonflées dont il goûta le sucre, reprit ses lèvres entrouvertes, en croqua la pulpe. Elle le serra très fort contre elle, lui offrant toutes les palpitations de son corps, les battements de son cœur, les frémissements de son ventre, lui prit la langue à pleine bouche en ronronnant comme une chatte. Alors, brusquement, il se cambra sur elle. La Malie écarta les cuisses, arracha la ceinture de l’homme, se tendit comme un arc, haletante…

— Viens…

Quand ils ouvrirent les yeux sur la butte des Seize-Mutins, le soleil avait déjà plongé derrière les bois de la Vauviard. Le chien s’était tu. Seuls les voix et les cliquetis de ferraille sonnaient encore sur le chantier des sources, dans la nuit naissante.

1. Surnom donné aux perséides, pluie d’étoiles filantes de la première quinzaine d’août.

2. Coiffe traditionnelle des femmes de Lorraine.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par paulette42 2021-03-19T09:32:21+01:00
Bronze

roman historique sur la ville de Vittel avec comme personnages principaux Malie et sa fille, j'aurais aimé avoir plus de détails sur la vie de Malie

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Date de sortie

La fontaine de Gérémoy

  • France : 2011-01-27 - Poche (Français)

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Note globale 8 / 10

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