Les rêves d'Angela

Ils passèrent deux heures assis au bord de l’eau, à bavarder, à plaisanter et à rire. Jamais, dans son souvenir, il n’avait été à ce point fasciné par une femme. Pourquoi lui faisait-elle autant d’effet, alors que, s’il l’avait croisée dans la rue ou dans une soirée, il l’aurait peut-être trouvée ordinaire ?

Pour la première fois, il voyait au-delà des apparences. Cette femme l’intriguait par sa complexité. Elle pouvait se montrer sûre d’elle et bavarde et, l’instant suivant, devenir nerveuse et timide. Elle ne jouait aucun jeu, mais elle n’hésitait pas à se moquer gentiment de lui à la moindre occasion. Et, bien qu’elle ne corresponde pas du tout à ses critères de beauté, il commençait àse dire qu’elle était la femme la plus ravissante qu’il ait jamais rencontrée.

– Je sens que cet été va être formidable, dit–il avec enthousiasme.

– Tu vas avoir tout ton été pour toi ?

– Si la rééducation se passe bien, je devrais réintégrer mon club en septembre. Ou peut-être en août. Mais je pense que j’ai besoin de temps, pas seulement pour me remettre physiquement, mais aussi pour réfléchir à certaines choses.

– Comme quoi ?

Il la saisit par la taille et l’attira à lui pour l’embrasser. Il avait envie de la toucher partout, et tout le temps. C’était plus fort que lui. Il voulait explorer chaque parcelle de ce corps, découvrir ce qui la rendrait folle de désir. C’était difficile car, en même temps, il n’avait pas envie de tout gâcher en se montrant trop pressant. A contrecœur, il relâcha donc son étreinte et prit une grande inspiration.

– La vie, par exemple. Depuis toujours, je vis dans une autre réalité. Mes frères et sœur, eux, sont heureux. Vraiment heureux. Pas artificiellement.

– Comment peut-on être artificiellement heureux ?

– Par exemple quand on achète une nouvelle voiture et qu’on croit que cela nous rend heureux. Cela dure quelques jours, et puis on constate que ce n’est qu’une voiture.

Elle se colla à lui et il sentit la chaleur de sa peau se propager dans son propre corps.