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Commentaires de livres faits par BooksFan-ny

Extraits de livres par BooksFan-ny

Commentaires de livres appréciés par BooksFan-ny

Extraits de livres appréciés par BooksFan-ny

« Quand j'ai proposé à mes grands-tantes de me parler de leur jeunesse et de cette période tragique de la guerre pour en faire une bande dessinée, elles m'ont répondu que leur histoire n'avait que peu d'intérêt. Après tout, elles avaient survécu. Il me semblait au contraire indispensable de raviver leurs souvenirs enfouis et partager leurs récits, en ce moment charnière où les témoignages se font de plus en plus rares. »

Ainsi débute le petit mot glissé à l'intérieur de l'ouvrage, dédié aux lecteurs (en plus d'un marque-page à l'effigie du livre, merci !). Et c'est vrai, voilà presque 80 ans que l'armistice a été signé. Les témoins et victimes encore vivants de nos jours sont de moins en moins nombreux, d'où l'importance d'en parler, pour ne jamais oublier...

Les grands-tantes de Marion Achard, ce sont Lisou et Mylaine. Le second tome, à paraître, racontera le point de vue de Mylaine, arrêtée et déportée en camp de concentration. Le premier, paru il y a peu, est centré sur le point de vue de Lisou, alors âgée de 6 ans au début de la guerre (le même âge que ma grand-mère à l'époque, quasiment le même âge que mon fils aujourd'hui...). Originaires de Lorraine, Lisou et sa famille se sont d'abord réfugiés à Grenoble, en zone occupée par les Italiens, alors peu actifs en ce qui concerne la "chasse aux Juifs". En 1943, les Allemands prennent la relève, et la famille Veil est forcée de se cacher plus assidûment. On leur prête un chalet isolé situé à une vingtaine de kilomètres de Grenoble. Mais ils sont découverts... Mylaine est arrêtée, Lisou doit être séparée pour un temps de ses parents. Ils doivent se retrouver pour passer la frontière suisse, là où vivent déjà l'autre sœur et le frère de Lisou (ce dernier n'étant pas moins le futur mari de Simone Jacob, ou Simone Veil de son nom d'épouse).

Heureusement, il n'y avait pas que des enflures à l'époque. Certains réseaux de Résistance n'ont pas chômé durant cette période, au péril de leur vie, et c'est grâce à eux que Lisou et ses parents ont pu s'en sortir indemnes. Entre ceux qui les ont cachés, qui leur ont fourni de faux papiers et le nécessaire pour survivre, et qui les ont aidés à quitter le territoire français, Lisou et sa famille ont fait de belles rencontres, malgré l'horreur et la peur. Pendant que Mylaine était déportée on ne sait où, Lisou et les siens ont été pris en charge par des êtres humains vraiment humains.

Et c'est du point de vue d'une petite fille, à qui l'on essaie de cacher le maximum pour mieux la préserver, qu'une partie de l'histoire de la famille Veil nous est racontée. Ainsi, cette jolie BD peut être accessible à de jeunes lecteurs. Les horreurs ne sont pas cachées, mais pas représentées non plus, subtilement et indirectement glissées entre les événements vécus par Lisou. C'est ingénieusement construit : c'est dur et beau tout à la fois.

Lisou est une petite fille qui comprend bien des choses malgré tout ce qu'on lui tait. À cet âge-là, elle entend les conversations des grands, sans y être invitée, sans même qu'ils se doutent qu'elle les écoute, elle peut d'elle-même en tirer ses propres conclusions quant à ce qu'il se passe autour d'elle et de sa situation d'enfant juif. La peur s'immisce malgré toutes les précautions prises à son encontre. Elle est consciente de la gravité de la situation et sait d'instinct quand elle doit se méfier, se cacher ou fuir... Elle a grandi d'un coup, une partie de son innocence d'enfant s'est envolée avec les premières persécutions des Juifs.

C'est une histoire poignante et touchante, terrible et belle tout à la fois, car pleine d'humanité et de belles rencontres au milieu des horreurs de la guerre. Les dessins à l'aquarelle (?), sobrement colorés, parfois pleins de vie, parfois plus réservés, se marient parfaitement avec le scénario.

C'est une jolie BD, douce et âpre, aussi utile et efficace qu'elle est agréable. Les portraits et photos réelles en fin d'ouvrage des différents "acteurs" de cette histoire (vraie) est un complément bienvenu.

Il me tarde désormais de connaître l'histoire de Mylaine, qui s'est sacrifiée pour laisser une chance à sa petite sœur et à ses parents d'échapper aux nazis, revenue miraculeusement des camps de concentration.

Je remercie Alexandrine de Babelio et les éditions Delcourt pour m'avoir permis cette jolie découverte dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Si Anne Frank et son Journal n'est plus à présenter, c'est grâce à son père qu'on le doit. Seul survivant des huit clandestins qui se sont cachés dans l'Annexe pendant deux ans durant l'Occupation allemande à Amsterdam, Otto Frank n'a cessé de se battre, et ce quasiment dès son retour du camp d'Auschwitz, pour faire entendre la voix de sa fille, à travers son Journal, en guise de témoignage de ce que les Juifs ont subi pendant l'Occupation nazie. Le Journal est l'un des premiers livres à parler ouvertement de la persécution des Juifs et de l'Holocauste. En 1947, les gens refusaient d'entendre ce genre de témoignages, on voulait oublier plutôt que d'en parler. Sans doute était-ce plus facile... Ainsi, le Journal a eu du mal à percer et à se faire connaître. Il aura fallu une adaptation au théâtre, puis au cinéma, pour qu'Anne Frank soit connue du monde entier.

Otto Frank, rentré totalement brisé d'Auschwitz, s'est d'abord raccroché à l'espoir de retrouver ses filles vivantes. Il faisait déjà le deuil de sa femme mais n'avait aucune nouvelle de Margot et d'Anne, il pouvait se permettre d'espérer... C'est à l'annonce de leur décès que Miep Gies lui a remis le Journal d'Anne, qu'elle avait gardé jusque-là précieusement dans un tiroir dans l'optique de le rendre à la jeune fille dès son retour. Otto ne l'a pas ouvert immédiatement, il s'en sentait incapable. Anéanti, il restait au fond du trou et c'est en feuilletant les premières pages du Journal qu'il a commencé à remonter la pente. De là, Otto s'est trouvé une raison de continuer à vivre : en faisant publier le Journal de sa fille, il allait exaucer le rêve de cette dernière. Elle voulait devenir un écrivain célèbre et faire beaucoup pour les autres. Écrivain connue du monde entier, elle l'est devenue... à titre posthume... Faire et se rendre utile à autrui, elle le fait grâce à son témoignage. Puis son père a pris la relève : il y a consacré tout son temps.

Mais si Carol Ann Lee consacre beaucoup de pages à ces épisodes de l'après-guerre, elle n'oublie pas pour autant de commencer par le début. Ainsi, elle évoque d'abord l'histoire familiale des Frank, l'enfance d'Otto, ses études, son entrée dans la vie active, puis son mariage avec Édith et sa vie de famille, jusqu'à leur exil à Amsterdam, croyant être protégés des lois anti-juives. S'en suivent les événements qui touchent à sa vie professionnelle, ses collaborateurs, puis l'arrivée des Allemands sur le territoire néerlandais, la préparation de la "cachette", la vie en clandestinité jusqu'à ce fameux jour d'août 1944 où ils sont dénoncés et arrêtés et où tout bascule dans l'horreur... L'horreur, elle nous la raconte brièvement jusqu'à la Libération en 1945. De là, elle nous expose toutes les étapes par lesquelles il est passé pour devenir le grand homme qui a consacré tout le reste de sa vie aux autres.

J'ai fait la connaissance d'un homme qui, au lieu d'être en colère, au lieu de réclamer justice, n'a jamais cessé de croire en l'être humain. Il m'a profondément touchée. J'ai rencontré un homme à la fois brisé et plein d'optimisme, tantôt mélancolique, tantôt taciturne, tantôt plein d'entrain, mais toujours déterminé. Certains passages m'ont émue aux larmes, alors même que l'autrice ne rentre jamais vraiment dans les sentiments (ce qui n'est pas un reproche, c'est ce qu'on attend d'une biographie).

Elle a fait un travail de recherche faramineux, une sorte d'enquête auprès des uns et des autres, auprès d'un certain nombre d'administrations et d'organismes, pour y rassembler toutes sortes de documents et témoignages divers. Et comme cette biographie d'Otto est parue après celle d'Anne de Melissa Müller, elle a découvert de nouveaux éléments et pu faire le lien avec d'autres... Ainsi, elle a mis au jour un nouveau suspect, en plus de ceux qu'on soupçonnait déjà d'être le délateur, responsable des événements tragiques qui ont eu lieu suite à l'arrestation des huit clandestins. Là encore, il n'y a pas de preuves formelles, juste des suspicions, des doutes, des hypothèses... Après tout ce que j'ai déjà lu sur Anne Frank, je n'avais pas encore entendu parler de ce monsieur. À force, je pensais tout savoir mais, comme à chaque fois, chaque ouvrage apporte son grain de sel, un nouveau point de vue, une autre perspective. Je ne m'en lasse pas.

Je m'étais donné pour objectif d'emprunter et de lire tous les livres de la bibliothèque qui concernaient de près ou de loin Anne Frank. Avec "Otto, père d'Anne Frank", je viens de l'atteindre. C'était le dernier... Mais mon petit doigt me dit que je n'en ai pas terminé... En allant fouiner sur mon site de vente d'occasion préféré (je ne donne pas le nom, j'suis pas sûre d'avoir le droit de faire de la pub ici), je me suis rendu compte qu'il y en avait encore pas mal à découvrir, à tout petit prix en plus... Mon deuxième petit doigt me dit que je ne vais pas tarder à craquer... Mon troisième petit doigt (oui j'ai plein de petits doigts en stock, en cas qu'il y en aurait un de défaillant) me dit que ce n'est pas raisonnable, que j'ai déjà trop de livres à lire, que je ne sais même plus où les mettre (tiens, qu'est-ce que je disais !). Et mon quatrième petit doigt, qui est toujours de bons conseils, me dit de ne pas écouter ce rabat-joie...
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Ayant beaucoup aimé "Le jardin des glaces" de Jean-Claude Servais, c'est sans hésitation que "Le dernier brame" s'est retrouvé dans mon panier à emprunts lors de ma dernière visite à la bibliothèque. Et si je reste autant subjuguée par ses talents de dessinateur, j'ai été cette fois-ci un peu moins conquise par le scénario.

Il va m'être difficile de parler de l'histoire en elle-même, le moindre élément pourrait en gâcher tout effet de surprise aux futurs lecteurs. Je vais donc rester le plus vague possible. Dans cette BD, l'auteur fait un parallèle entre les comportements humains et ceux des animaux, ceux des cerfs (et des biches) plus particulièrement. Il a choisi la saison du brame pour appuyer ses dires. La saison des amours chez le cerf, c'est la période où le dominant mâle se bat pour garder son rang (et ses femelles) dans la harde. Ces comportements instinctifs sont parfois violents, sans pitié. Et d'une certaine manière, si l'on y regarde de près, l'homme est capable de réactions similaires (bien que beaucoup plus tordues), pour garder son rang ou s'élever dans la société. Pour les cerfs, il s'agit de survie, de garder ses femelles et de procréer pour ne pas éteindre l'espèce. Pour les hommes, il s'agit d'argent, de pouvoir, de réputation, de notoriété et d'emprise sur les autres.

Ainsi, l'auteur, en faisant de telles comparaisons, abordent des thèmes qui nous parlent, sans équivoque, tels que la domination, la séduction et la manipulation.

Le cadre choisi est magnifique. L'auteur a "croqué" le château de Laclaireau et ses forêts alentour pour ses décors. Tout y est minutieusement bien dépeint et coloré. Les dessins sont un vrai régal pour les yeux. La nature, les différents lieux et paysages, les animaux, les personnages, tout y est finement détaillé, très expressif également. Rien que pour ça, il vaut la peine d'être ouvert.

Côté scénario, comme je le dis plus haut, je n'ai pas été totalement convaincue. C'était pourtant bien parti, et même si j'ai eu tôt fait de comprendre où l'auteur voulait exactement m'amener, je trouvais les relations entre les protagonistes plutôt intéressantes, voire même touchantes selon les personnages. Malheureusement, tout se précipite d'un coup. La révélation qui fait tout basculer n'arrive pas au moment propice. Tout est déballé d'un coup, sans transition aucune, ce qui n'a aucun sens à mon goût. Et de là, à partir de ce retournement de situation, le reste de l'intrigue devient détestable, tout comme le dénouement et l'ensemble des personnages.

Moi qui d'habitude exulte quand un personnage féminin réussit à assouvir sa vengeance contre les mecs qui le méritent amplement, je ressors tout de même déçue. Vengeance et revanche, il y a bien. Mais je n'aime pas du tout ce que cette femme devient ensuite.

C'est donc mitigée que je suis au sortir de cette lecture. Des dessins sublimes. Un début de scénario très prometteur mais qui part à vau l'eau sans crier gare. Des personnages fort intéressants mais qui se révèlent très décevants à la fin.
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Voilà au moins dix ans que j'ai ce livre. Je m'en souviens très bien, je me l'étais procuré tout exprès pour en savoir plus sur la légende arthurienne (merci Kaamelott !). À peine reçu, mon père me le piquait, et le temps qu'il le finisse et me le rende, j'étais déjà passé à autre chose. Et si l'édition que je possède est superbe, il faut dire que son poids et son nombre de pages n'étaient pas très motivants (un peu plus d'un kilo pour 900 pages). Pourquoi maintenant ? Allez savoir... J'avais envie d'une fantasy médiévale, c'est tombé sur lui.

Cette intégrale regroupe les trois tomes de la série. Elle m'a donc occupée plusieurs jours (nuits) que je n'ai pas vus défiler. J'ai été littéralement plongée dans cet univers qu'on ne présente plus, revisité par des auteurs que je ne connaissais pas et que j'ai eu plaisir à découvrir.

Le premier tome se consacre avant tout à la période d'avant Arthur avec tous les conflits et guerres entre les différents royaumes de Bretagne, puis à Arthur justement qui, aidé de Merlin, amène la paix et réunit les chevaliers de la Table ronde. Le second tome se concentre davantage sur Lancelot et Guenièvre, ainsi que sur les quêtes menées par chacun des chevaliers. Le troisième, quant à lui, est centré sur Perceval dans un premier temps, puis sur la quête du Graal et la fin du royaume de Bretagne tel qu'on le connaît.

C'est un livre foisonnant que j'ai tenu (difficilement) entre les mains (il est lourd !), un livre qui regorgent de personnages et d'événements. Il n'est pas facile au premier abord mais je me suis vite immergée dedans. Le nombre de personnages peut faire peur, mais comme ils reviennent souvent, je n'ai pas eu le temps de les oublier. Et à défaut de s'y attacher (trop nombreux), j'ai pris plaisir à les suivre, souvent individuellement, dans leurs nombreuses aventures.

Aventures qui ne manquent pas à l'appel d'ailleurs, toutes plus captivantes les unes que les autres. Guerres, combats et duels rythment la vie trépidante des chevaliers, parsemée ici et là de trahisons et d'intrigues de Cour. Ils doivent déjouer des enchantements, sauver des demoiselles en détresse, occire des félons, tout en respectant le code de chevalerie (loyauté, honneur et tout le toutim). Il y en a qui tombent amoureux (et pas toujours de la bonne personne). Ils font tous de bonnes et mauvaises rencontres (fées, démons, rois et chevaliers félons, etc). Il y a ceux qu'on a la chance de suivre jusqu'au bout et ceux qui trépassent bien avant. Bref, on ne s'ennuie pas.

Tout est décrit minutieusement, et notamment tous les combats et duels. L'univers médiéval "arthurien" est toujours bien dépeint, on y est plongé tête la première. Il s'en dégage une atmosphère typique qui nous colle à la peau tout du long. C'est à la fois épique, sombre, cruel, magique et entraînant. Et point important, les auteurs ont choisi de mettre de côté la dimension religieuse pour mieux mettre l'accent sur le côté aventureux des différentes quêtes. Il y est bien sûr question de loyauté, d'honneur et de fidélité, mais sans bondieuseries et leçons de morales, et ça, je dois dire que ça m'arrange.

Il y a quelques longueurs, ou plutôt disons quelques lassitudes à assister à des quêtes qui se ressemblent toutes un peu. Le livre est lourd et très inconfortable. Et j'aurais aimé une carte en début ou fin d'ouvrage, situant les différents royaumes et territoires de la Petite et Grande Bretagne (ce qui m'aurait évité de chercher sur le Net). Là sont mes petits bémols mais qui n'ont en rien gâché ma lecture.

C'est une lecture captivante, un peu rude aussi, mais très complète, puis bien écrite également.
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Nous continuons petit à petit la découverte des différents albums de la collection Petite & GRANDE, collection qui met en avant des femmes courageuses, inspirantes, populaires, qui ont fait avancer les choses et dont on parle encore de nos jours dans le monde entier. Cette fois-ci, et bien qu'il n'en soit pas à son premier livre sur elle, c'est celui consacré à Helen Keller que j'ai proposé à mon cadet. Pour avoir beaucoup lu sur cette femme, il me tenait à cœur de lui faire découvrir ce petit ouvrage.

Helen Keller est devenue sourde et aveugle avant d'atteindre l'âge de deux ans, suite à une maladie. C'est grâce à son éducatrice, Anne Sullivan, qu'elle a pu apprendre à communiquer, aller à l'école, devenir écrivain et grande militante pour le droit des femmes, des personnes handicapées et des Afro-américains. Sa persévérance, sa volonté et sa ténacité lui ont permis, tout au long de sa vie, de surmonter toujours toutes les difficultés et de se surpasser sans cesse.

Ce sont les différentes étapes par lesquelles elle est passée qui sont évoquées dans ce petit album jeunesse, de l'apparition de son handicap à un âge bien avancé. C'est évidemment très très succinct mais pour faire connaissance avec Helen Keller, c'est un bon début.

Malheureusement, tous les moments les plus difficiles ou douloureux sont passés totalement à la trappe. C'est un peu dommage car même les tout jeunes lecteurs sont, à mon sens, capables de comprendre certaines notions, comme l'isolement dû à l'absence totale de communication ou les premières difficultés d'apprentissage d'Helen. Évidemment, il faut utiliser des mots simples et aller à l'essentiel, comme il est fait d'ailleurs dans cet album. Les enfants sont capables d'empathie tout jeunes, bien plus que certains adultes d'ailleurs, et je n'ai pas trouvé très judicieux de raconter la vie d'Helen comme si tout avait été très facile pour elle. Pour un même public, j'ai trouvé "Helen, la petite fille du silence et de la nuit" d'Anne Marchon bien plus réaliste.

Mais c'est tout de même un bel album, qui met à l'honneur les actions et les combats qu'Helen a menés toute sa vie. Les dessins qui l'illustrent sont très plaisants, à la fois simples avec de menus détails et joliment colorés.

Le petit récapitulatif biographique en fin d'ouvrage, accompagné de quelques photos d'Helen à tout âge, est un plus car pallie un peu certains manquements.

C'est un livre à conseiller aux enfants qui connaissent encore trop peu ou pas du tout Helen, mais qui n'apporte rien si, comme mon fils, le lecteur s'est déjà intéressé au sujet.
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Depuis le temps que je voulais lire Olivier Norek, depuis le temps que les retours des Babelpotes me donnaient envie, je franchis enfin (!) le pas. C'est avec "Entre deux mondes" que je voulais absolument commencer, tellement j'en ai entendu de beaux échos, et je ne regrette absolument pas. Rares sont les polars qui réussissent à m'atteindre, émotionnellement parlant.

"Entre deux mondes", c'est un lieu à part. C'est le lieu qui fait la bascule entre son pays qu'on vient de quitter, pour fuir les horreurs de la guerre, et sa future terre d'accueil, souvent inaccessible. Ce lieu, on l'appelle la Jungle. Ce n'est autre qu'un immense camp de réfugiés à Calais, un grand bidonville qui abrite des hommes, des femmes et des enfants de nationalités diverses, dont l'espoir d'atteindre l'Angleterre s'amenuise de jour en jour. Y règnent la misère, l'insalubrité, l'insécurité et la cruauté des hommes.

C'est de cette Jungle, avant qu'elle ne soit démantelée en octobre 2016, qu'Olivier Norek a choisi de nous parler. Il y met en scène des personnages forts, qu'on ne pourra oublier de sitôt. Adam, migrant syrien qui recherche activement sa femme et sa fille qui auraient dû arriver dans le camp peu avant lui. Bastien, lieutenant de police tout juste muté à Calais et qui découvre une nouvelle facette de son métier. Kilani, enfant au regard aussi noir que sa peau, "enfant jouet" jusqu'à ce qu'Adam le prenne sous sa protection. Mais aussi les collègues de Bastien, et notamment Érika, Passaro, Cortex et Sprinter, ou sa femme Manon et sa fille Jade. Tous ont ce quelque chose qui rendent l'histoire profondément humaine alors que l'on baigne jusqu'aux dents dans un monde où les droits de l'Homme sont bafoués et/ou ignorés.

Ce roman n'est pas un polar. Enfin si, c'en est un mais il est tellement bien plus que ça. Le cœur du sujet étant bel et bien inspiré de la réalité, la petite enquête policière, qui elle est fictionnelle, en devient complètement obsolète. Ce que l'on veut, c'est continuer à suivre les protagonistes, s'assurer qu'on ne les perdra pas en cours de route. On s'y attache, on veut le meilleur à venir pour eux, on veut absolument les voir s'en sortir. Rien n'importe plus qu'eux, plus que leur histoire et leur devenir. Notre cœur est surmené, il hésite sans cesse entre la compassion, le désespoir, la colère et la douleur. Heureusement, s'il nous est montré les côtés les plus mauvais des hommes, l'auteur sait aussi nous montrer qu'on est capable du meilleur. La lecture se veut à la fois déchirante et intensément humaine, noire et cruelle, et pourtant si chaleureuse et éclatante.

Meurtres ethniques et viols d'enfant d'un côté, solidarité et entraide de l'autre. On est constamment ballotté entre une émotion et son contraire. Je me suis attachée aux personnages, ils m'ont touchée au cœur et à l'âme. J'ai ressenti avec eux peur, douleur et désespoir mais aussi cet élan d'amour et de solidarité auquel ils ont droit de temps en temps.

L'auteur a divisé son roman en cinq parties, chacune intitulée d'un mot, un simple verbe à l'infinitif qui en dit long sur ce qui nous attend : Fuir, Espérer, Résister, Survivre, Sombrer. C'est fort, terrible, déchirant. Les premières lignes nous mettent directement dans le bain et tout du long, on s'y noie entre deux goulées de cet air putride qui a envahi la Jungle.

"Entre deux mondes" est un polar à part, qui nous prend aux tripes non pas à cause d'un suspense insoutenable, mais parce qu'il joue avec les états d'âme de ses protagonistes aussi bien qu'il le fait avec ceux de ses lecteurs.

"Entre deux mondes", c'est un roman sur la dure réalité de la vie des migrants, leurs combats au quotidien, leurs désillusions.

C'est un roman profondément réaliste. Intense. Puissant. Déchirant. Violent. Et pourtant si humain et si généreux. Il est de ces livres qui marquent à vif et qu'on ne peut oublier facilement.


Jade a lu sur Internet qu'on avait 208 fois plus de chances de gagner au Loto que de naître en bonne santé, dans un pays démocratique et en paix, avec un toit sur la tête. J'ai envie de vous donner le même conseil que son père lui a donné : Profitez. C'est injuste, mais profitez.

Qui sait de quoi sera fait demain ?
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De nos jours, chez le véto, on peut y voir toutes sortes d'animaux. Certains vétérinaires sont même désormais spécialistes des "NAC" et c'est certainement le cas pour ce Docteur puisqu'on peut y observer dans sa salle d'attente un crocodile, un éléphant et un loup qui attendent patiemment leur tour avec un lapin, un canard et un mouton.

La salle d'attente est bien remplie (ça doit être un bon médecin ! ... ou le seul à des kilomètres à la ronde...) et chacun des patients s'occupe en attendant leur tour. Et mis à part le mouton qui roupille, tous ont un journal, un magazine ou un livre entre les pattes (j'veux pas faire ma mauvaise langue, mais ça change des humains et de leur smartphone !).

Quoiqu'il en soit, voici venir le Docteur crier « Suivant ! ». Alors le crocodile s'avance, entre dans la salle de soins et explique qu'il a mal aux dents. Le Docteur, très consciencieux et compétent, a tôt fait de comprendre le problème, qu'il résout en moins de deux.

« Suivant ! » donc, mais... il ne manquerait pas quelqu'un dans la salle d'attente ? Il n'y avait pas un lapin ? En aurait-il eu marre d'attendre ?

L'éléphant entre à son tour, parce qu'il a mal au nez... Et pour cause, il est bouché ! Le Docteur, là encore, a vite fait de soigner son patient.

Alors « Suivant ! ». Tiens donc... Après le lapin, voilà le canard qui s'est volatilisé lui aussi...

C'est le tour du loup, qui a mal au ventre... certainement d'avoir trop mangé... Et apparemment, il a encore faim...

« Suivant ! » ... Ne reste plus que le mouton, qui se réveille enfin... Oh mais comme c'est bizarre, on dirait que le véto est... comment dire... pas tout à fait le même... Il a de plus grandes dents, un long museau, des oreilles pointues, et des poils partout...


C'est le livre que mon cadet étudie en ce moment en classe. Je n'avais pas prévu d'en écrire un retour mais après qu'il me l'ait lu je ne sais combien de fois pendant ces vacances, je ne pouvais plus faire autrement. C'est vrai qu'on est friands d'histoires drôles à la maison et là, pour le coup, on ne peut pas dire qu'on soit déçus ! Entre les patients qui viennent consulter pour des raisons farfelues et les autres qui disparaissent de manière fort étrange, on fait travailler les zygomatiques ! D'autant qu'un certain mystère demeure, quant à savoir où sont passés le lapin, puis le canard ; il faut attendre que le loup explique au médecin son problème de santé pour que tout s'éclaircisse.

Il n'y a pas beaucoup de texte et c'est idéal pour les premières lectures en autonomie. Et puis, les dessins, très aérés et colorés, en disent long.

C'est un album jeunesse extra et tordant qui, mine de rien, met en route le processus de raisonnement du très jeune lecteur, puisqu'il joue avec sa capacité d'observation et de déduction. C'est très subtil, car bien caché sous l'effet comique des situations.

En tout cas, on s'est bien marré et, vu qu'il nous reste encore quinze jours avant de devoir le ramener à la bibliothèque, on va encore se marrer..., encore et encore... Il ne s'en lasse pas !

Conseillé dès 2-3 ans, ce tout-carton est de ce fait très enfantin, mais aussi facilement accessible aux jeunes lecteurs qui débutent dans la lecture en autonomie.

Un album jeunesse excellent !
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Axel Springer (1912-1985) est décrit comme un magnat de la presse allemande et européenne, très contesté pour l'utilisation franche de son pouvoir. Dans son roman "Un dimanche à la montagne", Daniel de Roulet avoue qu'il a incendié avec son amour de jeunesse le chalet d'Axel Springer à Rougemont, le 5 janvier 1975, acte terroriste commis pour des raisons autant politiques (il tenait Springer pour un ancien nazi) qu'amoureuses (sa compagne de l'époque le pousse à commettre cet acte militant contre Springer dont les journaux sont jugés réactionnaires).

Mais pas fou non plus, Daniel de Roulet a attendu 2006 pour avouer son forfait. Trente ans après les faits, il y a prescription !

Petit livre de même pas 150 pages, il se lit très vite. L'auteur nous invite à le suivre parallèlement sur deux périodes : celle de 1975, au moment des faits ; et au début des années 2000 quand il revient sur les lieux de son crime et visite les endroits qui ont marqué la vie d'Axel Springer. Il nous explique comment et pourquoi il s'est fait l'auteur d'un incendie criminel.

Je m'attendais à ce qu'il entre un peu plus dans les détails, que ce soit dans sa relation amoureuse avec sa "complice", dont il tait le nom jusqu'au bout, ou que ce soit au niveau de ses idées socio-politiques et des véritables raisons de son méfait. Au lieu de cela, il dépeint très clairement le contexte de l'époque (guerre froide, guerre du Vietnam) et les positions des différentes parties, les mentalités, etc. Mais quand il s'agit de parler de lui, il reste relativement vague et je n'ai, du coup, pas vraiment compris pourquoi, lui, est passé à l'acte. Par amour oui, parce qu'il croyait le propriétaire du chalet un ancien nazi, aussi. J'aurais envie de dire : "C'est tout ?". Mais s'il ne s'explique guère, il ne se cherche pas en revanche d'excuses et assume amplement son acte. De ce côté-là, je n'aurais pas de reproche à lui faire.

Daniel de Roulet, je pense, tente de faire son mea culpa, puisqu'il a commencé à écrire ce livre au moment où il comprend qu'Axel Springer n'a jamais été un nazi. Il s'étend malheureusement trop peu sur ses propres sentiments pour être totalement convaincant.

Il prend davantage de temps (et sans doute de plaisir) à nous décrire les Alpes suisses et son ascension vers le chalet (aussi bien au cœur de l'hiver 1975 que de l'été 2003), ainsi que son séjour dans un hôtel de luxe ou encore le lieu où s'est suicidé le fils aîné de Springer à Hambourg.

Côté ambiance et climat, c'est vraiment très bien dépeint, contrairement à l'aveu de l'auteur plutôt fade, et en cela il se rattrappe. Et puis surtout, c'est très bien écrit. Je viens de découvrir une jolie plume, très poétique. J'ai lu ce livre d'une seule traite, les pages ont défilé sans que je ne m'en rende compte.

Ce n'est pas tout à fait ce que j'attendais de cette lecture, mais j'ai tout de même passé un agréable moment à voyager dans les montagnes suisses. Pour cela, j'en remercie Nicolas de Babelio et les éditions Libretto grâce à qui j'ai découvert ce livre dans le cadre de la dernière Masse critique non-fiction.
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Parce que c'est l'édition BiblioCollège, je m'attendais à un texte remanié et adapté au public auquel cette édition s'adresse. Mais que nenni, il est juste raccourci : des extraits du texte de Joseph Bédier entrecoupé de courts résumés. Ainsi, les jeunes lecteurs devront se farcir des expressions de mille ans d'âge et sans cesse consulter les notes en bas de page s'ils veulent en connaître le sens.

"Tristan et Iseult", je l'ai lu deux fois dans sa version intégrale. La première quand j'avais 16 ou 17 ans, à l'époque où j'avais encore des rêves de princesse et que je croyais encore à l'Amour (avec un grand A) et au prince charmant (et de ce fait à l'homme parfait). J'avais littéralement adoré. Dans mes fantasmes, j'avais d'ailleurs éjecté Iseult de l'histoire pour mieux prendre sa place ! ... Je l'ai relu une seconde fois dans l'entre-deux-confinements en 2020, alors que j'étais dans l'attente d'une nouvelle date de jugement, la première ayant été annulée pour cause de pandémie, alors que je me battais depuis presque trois ans pour obtenir un divorce que le second intéressé me refusait... C'est dire si mon point de vue vis-à-vis de l'Amour était complètement à l'opposé. Je ne l'ai pas relu à la bonne période, clairement, d'où un second ressenti plus que mitigé...

Alors quand mon fils a eu à le lire pendant ses vacances, je me suis dit que c'était plutôt chouette, puisque mon côté fleur bleue est revenu depuis, et que je n'exècre plus les histoires d'amour comme il y a 3-4 ans. Mais voilà, et si j'ai eu grand plaisir à retrouver cette histoire d'amour tragique, je l'ai perçue d'une manière encore bien différente et ai eu le même problème que l'année dernière avec les contes de Charles Perrault.

Aujourd'hui, c'est la maman d'un enfant dys+, à qui ce livre a été imposé dans le cadre scolaire, qui l'a lu. Lecture à deux oblige, impossible de faire autrement dans ce cas, je passe mon temps à tout lui décortiquer et expliquer tellement c'est illisible pour lui. Entre les expressions désuètes, les mots inconnus ou qui ont un autre sens aujourd'hui, les notes et explications à consulter en bas de page, le mélange des temps passé/présent dans un même paragraphe, la lecture est tout le temps coupée et ni lui ni moi n'y prenons du plaisir. Il a d'ailleurs baptisé ces moments "la corvée du soir".

Alors oui, ce conte est devenu mythique et ce serait sacrilège d'y toucher. Mais il a quand même vu le jour au XIIᵉ siècle et le moderniser un peu ne serait pas du luxe, non pas l'histoire à proprement parler mais ne serait-ce la manière dont elle est contée. Dire "se nourrir de peu" au lieu de "vivre de chétive pâture" par exemple (c'est le premier qui me vient à l'esprit, mais y en a des bien pires), ne dénature en rien la légende de ces amants maudits. Enfin, à ce que j'en dis...

On est loin d'avoir fini notre lecture à deux, mais je suis tout de même allée au bout toute seule, pour pouvoir mieux l'apprécier de mon côté (et pour pouvoir lui préparer des petites fiches). C'est la première fois que je lis un livre de type parascolaire et je découvre donc la manière dont ils sont agencés. En plus du récit, il y a tout un tas d'annexes insérés un peu partout, que je trouve très bien faites par ailleurs. Ainsi les origines du conte et le contexte sont restitués, et les personnages présentés avant que débute la lecture. On croise, en cours de lecture, des petits questionnaires qui permettent de se rendre compte si on a bien lu et compris les événements-clés. Et à la fin, on a droit à un dossier plus conséquent sur l'œuvre en général (personnages, thèmes abordés, analyse de l'œuvre, etc). Sur le principe, ce n'est donc pas une mauvaise idée, bien au contraire.

Le fait que ce ne soit pas le texte dans son intégralité ne gêne pas vraiment. Les parties manquantes sont automatiquement résumées et le lecteur ne loupe donc rien. Pour ma part, j'ai trouvé que ça enlevait un peu de magie à l'histoire, et notamment dans les relations entre les personnages. On ne voit pas, par exemple, l'attachement profond qu'il y a entre Iseult et Brangien, ou entre Tristan et Dinas de Lidan. Dans le fond, c'est dommage (mais vu les circonstances, je ne vais pas me plaindre).

Je ne sais comment terminer ce billet. Je ressors très mitigée de cette lecture mais pour des raisons tout autre qu'il y a quelques années. À relire dans 10 ans ... ?
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date : 25-02
J'ai fait connaissance avec Louise Erdrich grâce à "Celui qui veille", il n'y a pas si longtemps. Je savais que je reviendrai vers elle un de ces jours, d'autant que j'avais pris note de quelques-uns de ses romans. "La sentence" n'en faisait pas partie mais une dame à la bibliothèque me l'a si bien vendu, que j'ai vite succombé.

L'autrice garde son sujet le plus cher, en nous dévoilant une fois encore une partie de son histoire culturelle, celle des Amérindiens. Et elle passe ici par le personnage de Tookie pour nous y transporter. Tout commence lorsque cette dernière est en prison, condamnée à 60 ans d'enfermement. Heureusement pour elle, elle n'en fera pas autant, ce qui lui laissera l'opportunité de devenir libraire. Tookie a eu un vécu plus que tourmenté, mais elle a aujourd'hui une vie mieux rangée et plus tranquille. Elle est mariée, a une fille adoptive avec qui le courant passe difficilement mais qui est en passe de s'arranger, et elle exerce un métier qui la passionne au milieu des livres qu'elle dévore. Mais ce petit train-train va se retrouver un peu bousculé lorsqu'une de ses clientes décède et se met à hanter la librairie. Et si le fantôme de Flora n'est pas le plus inquiétant des fantômes, il finira tout de même par aller trop loin...

Ne vous méprenez pas, nous ne sommes pas dans un livre dit de "fantastique". Il y a effectivement une dimension surnaturelle mais elle est là pour mieux servir l'histoire et les croyances autochtones. Parce que le récit est hautement réaliste, bien ancré dans la réalité actuelle. Après que Tookie nous ait raconté son passé familial et les raisons de son incarcération, c'est son quotidien à la librairie qui prend le pas, avec sa vie de famille, ses relations avec ses collègues et la clientèle. Elle-même amérindienne, elle est entourée de personnes ayant le même héritage culturel. On est donc au fait de certaines croyances, traditions et rituels, d'autant que la librairie (dont la propriétaire se nomme Louise et est auteure d'un roman s'intitulant "Celui qui veille"...) s'est spécialisée dans la littérature amérindienne.

Ancré dans la réalité vous disais-je, oui, ce roman l'est sans aucun doute. En-dehors de tout ce qui tourne autour de Flora et de ce qui la lie à Tookie, bon nombre de sujets d'actualité ont leur importance dans le déroulement des événements qui touchent les protagonistes, tels que les difficultés des librairies indépendantes et plus globalement des commerces de proximité, la Covid-19 et les émeutes survenues suite au meurtre de George Floyd. Et c'est au milieu de tous ces faits réels que nous suivons les protagonistes dans leur propre histoire, protagonistes tous plus intéressants les uns que les autres.

Tookie a évidemment une place centrale, puisque tout (ou presque) nous est conté de son point de vue. J'ai aimé ce personnage, sans vraiment m'y attacher. Elle dégage une certaine aura rendant le récit de plus en plus happant, alors qu'à bien y regarder il ne se passe pas grand chose. Les autres personnages sont tout aussi énigmatiques et intéressants. J'ai particulièrement aimé Pollux, qui dégage une forme de sagesse et de sensibilité qui ne laisse pas indifférent. Il y a tout un petit monde qui gravite autour de Tookie, certains sont davantage mis en avant que d'autres mais tous apportent quelque chose à l'histoire.

"La sentence" n'est pas un livre d'action. Les personnages sont ancrés dans un quotidien routinier, quelque peu perturbé par les événements sociétaux (pandémie et émeutes) et évoluent peu au final. D'ailleurs, nous ne sortirons pas de Minneapolis, tout et rien s'y déroulent et je m'en suis contentée avec plaisir. La plume de l'autrice est à mon sens et par moments un peu trop détachée de ses personnages, non pas qu'elle manque de sentiments, disons plutôt qu'elle est sans doute trop implicite. Toutefois, elle écrit merveilleusement bien et je ne lui en ai pas tenu rigueur bien longtemps.

Je viens de passer un très bon moment grâce à ce roman lent et riche tout à la fois, qui fourmille de références littéraires en tout genre, qui prône les bienfaits de la lecture, qui aborde des sujets divers mêlant fiction et réalité et dont les personnages ont su s'imprégner (culture autochtone, racisme, amour, amitié, famille, passé douloureux ou honteux, covid, émeutes et violences policières).

Et pour finir, il me faut prévenir que ce roman est à lire le ventre déjà bien plein. Il y a une telle profusion de plats et de nourriture qu'il a vite fait de vous ouvrir l'appétit. D'ailleurs c'est simple, j'ai eu faim tout au long de ma lecture, et ça fait deux jours que j'ai des envies de gâteau au chocolat !
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date : 23-02
"L'attentat" de Loïc Dauvillier (scénario) et de Glen Chapron (dessin et couleur) est l'adaptation graphique du roman de Yasmina Khadra, au titre éponyme, que j'ai lu il y a un certain temps maintenant.

Ce roman fait partie de la "trilogie du malentendu", le malentendu étant ici le conflit israélo-palestinien. Nous sommes amenés à suivre le docteur Amine Jaafari dans sa quête de vérité. Chirurgien arabe naturalisé palestinien, Amine rentre épuisé de l'hôpital. Il y a eu en effet un attentat quelques rues plus loin ce jour même : un kamikaze s'est fait exploser dans un restaurant. On y compte 19 morts et de nombreux blessés. Amine est trop fatigué pour s'inquiéter de l'absence de sa femme, qui aurait déjà dû être rentrée après avoir passé quelques jours chez sa grand-mère. Mais à peine s'est-il couché qu'il est réveillé par le téléphone : on lui demande expressément de revenir à l'hôpital. Arrivé sur les lieux, son ami et commissaire de police l'accompagne jusqu'à la morgue, où il doit identifier un corps... celui de sa femme... Peu après, il apprend que c'est elle qui est entrée dans le restaurant, ceinturée d'explosifs...

Refusant d'abord d'y croire, il devra se faire une raison et l'admettre. Comment a-t-il fait pour n'avoir rien remarqué ? Que s'est-il passé en elle ? Amine, dans son besoin de comprendre et de commencer son deuil, se lance dans une quête qui en dérangera plus d'un...

On y retrouve assez bien l'atmosphère du roman. La situation de guerre, les tensions dues au conflit, les préjugés sont fortement ancrés à l'histoire d'Amine, ils en sont presque le fil rouge d'ailleurs. Les doutes, questions et ressentis d'Amine sont tout aussi palpables. Et si le format graphique oblige à synthétiser le récit original, il reste tout de même très fidèle dans le déroulement des événements. Mon seul vrai reproche vient du fait que les liens entre les protagonistes ne sont pas assez explicites, et notamment ceux entre Amine et ses nombreux cousins et oncles d'Israël. Pour qui n'a pas lu le roman avant, il doit être un peu difficile de combler cette lacune. Mais l'histoire n'en est pas moins poignante, difficile et douloureuse.

On est plongé directement dans les horreurs de la guerre et les actes terroristes. Il y a des morts, des traîtres, des kamikazes et l'on doit composer avec tout ça si l'on veut accompagner Amine dans cette quête perdue. L'intrigue se veut prenante malgré toute cette violence, douloureuse parfois. Il n'y a pas une once d'espoir mais on veut aller au bout (même en connaissant la fin).

Le scénario s'accompagne de dessins aux traits épais et francs, sans trop de détails, qui vont à l'essentiel, justement colorés, ni trop sobres ni trop éclatants. L'ensemble se fait harmonieux et réaliste dans la représentation des événements, lieux, décors et couleurs des différents panoramas.

Globalement, mise à part le manque d'informations sur certains personnages, je trouve ce roman graphique réussi. Il n'égale pas le roman, mais l'intrigue se veut aboutie, prenante et marquante, et le personnage d'Amine finement travaillé, tant physiquement que psychologiquement.
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Il y a très très longtemps que j'ai envie de lire "Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates". J'adore le titre pour commencer, et la forme sous laquelle il se présente, et puis surtout l'action se déroule durant la période historique vers laquelle je reviens tout le temps. Il a eu un tel succès, je l'ai tellement vu passer, que j'attendais que ça se tasse, au point de l'avoir complètement oublié. Et c'est en en parlant avec une amie il y a quelques semaines (quelques mois plutôt) que je me suis rappelé qu'il prenait la poussière quelque part.

Alors me voilà partie sur l'île de Guernesey de l'après-guerre, faire connaissance avec les membres d'un club de lecture, club plutôt récent puisqu'il a été créé pendant la guerre et assez particulier puisqu'il a tout d'abord réuni des gens qui n'étaient pas particulièrement portés sur la littérature, voire même pas du tout pour certains.

Tout commence en Angleterre, en 1946, avec Juliet. Écrivaine, elle goutte au succès de son roman en effectuant une tournée harassante, et tout en correspondant avec son éditeur de Londres et son amie fidèle nouvellement écossaise. Alors qu'elle peine à trouver un sujet pour son prochain roman, Juliet reçoit une gentille lettre de Dawsey, qui vit à Guernesey. Ce dernier fait partie d'un club de lecture au nom intrigant : le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey. De fil en aiguille, une correspondance va tout doucement se mettre en place, avec Dawsey d'abord, puis avec plusieurs autres membres du club. C'est là que Juliet va se rendre compte que les habitants de l'île n'ont pas vécu la guerre de la même manière qu'à Londres. Et si elle tenait là son prochain sujet d'écriture ? Et si son prochain roman portait sur l'Occupation allemande dans les îles anglo-normandes ?

Roman épistolaire du début à la fin, c'est toute la correspondance de Juliet que nous sommes amenés à lire, de janvier à septembre 1946. Des lettres qu'elle a écrites et reçues : de Sydney, son éditeur qu'elle considère comme le grand frère qu'elle aurait voulu avoir ; de Sophie, sa fidèle amie et sœur de Sydney, qui vit en Écosse ; de Dawsey, le premier membre du club à l'avoir contactée, un peu taiseux, un peu sauvage, un peu timide ; de Mark, grand éditeur américain tombé sous le charme de Juliet ; mais aussi de quelques autres membres du club, avec qui elle va créer un vrai lien d'amitié, comme Isola, Amelia ou Eben. À travers toutes ces lettres, où seront couchés les souvenirs de chacun, nous pourrons reconstituer les événements difficiles par lesquels ils sont passés pendant l'Occupation : séparations et privations, mais aussi arrestation et déportation pour certains.

J'ai beaucoup aimé suivre cette correspondance, où l'on s'attache petit à petit à l'ensemble des personnages (sauf un). Chacun nous touche à sa manière, en fonction de ce qu'il a vécu et de comment il l'a vécu. Personnalités solaire, frivole, plutôt terre à terre ou renfermée, chacun apporte à l'histoire son lot de fantaisie, de bienveillance et d'émotions. Il y a de belles relations entre eux, on sourit et on s'émeut tour à tour.

J'ai aimé les décors et l'ambiance, implantés dans un contexte historique qui prend de la place dans l'histoire des personnages. La fin de la guerre est récente, la reconstruction est à peine entamée, les rancunes ne se sont pas encore estompées, et les pertes des êtres chers sont encore trop récentes pour être moins douloureuses. C'est dans ces circonstances que Juliet récolte les témoignages, et l'on y ressent parfaitement cette atmosphère particulière, où les événements tout juste passés refusent de s'écarter devant des jours meilleurs.

Et comme tout est sous forme de lettres, la lecture se veut dynamique et douce tout à la fois. Je ne pensais pas lire ces 400 pages si rapidement.

Ce roman, tout en sensibilité et bienveillance, touche à des thèmes variés mais qui se rejoignent : après-guerre, reconstruction de soi, amitié et entraide, relations humaines, amour et bienfaits de la lecture. Il y a même une jolie romance, qui prend forme petit à petit (prévisible mais toute mignonne). Certains passages peuvent être émouvants, d'autres au contraire ont tendance à donner le sourire. J'ignore si l'expression "feelgood historique" existe, mais je trouve qu'elle correspondrait très bien à ce livre. Je viens de passer un joli moment de lecture.
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La poésie, je ne le dis que trop, je n'en lis pas assez et continue toutefois à n'en lire que trop peu. Et pourtant, à chaque fin d'ouvrage de poésie, j'en ressors revigorée.

"Au-delà des mots" est un recueil de poèmes d'une autrice roumaine, Cristina Pop, que j'ai pris plaisir à découvrir parcimonieusement. La poésie, j'aime la déguster et c'est à raison de deux ou trois poèmes tous les soirs (parfois un petit peu plus) que j'ai avancé tout doucement dans ce recueil.

Cristina Pop a la foi, je suis athée. Et pourtant, et pour une fois, je n'en ai pas du tout été gênée, parce qu'elle manie les mots de manière surnaturelle, si je peux me permettre d'utiliser ce terme. Il n'y a qu'à lire les premiers poèmes de ce recueil pour comprendre le sens du titre. Faisant à la fois dans le terre à terre et l'imaginaire, elle s'approprie les sujets et les sauce à sa manière, tantôt en vers libre, tantôt de façon plus structurée et rythmée.

Certains poèmes peuvent paraître un peu méli-mélo au premier abord. Il n'y a donc pas à hésiter à revenir de temps en temps en arrière, à les reprendre depuis le début même, revoir le sens d'un mot, d'un vers ou d'une phrase, changer l'intonation ou le rythme, pour mieux se les approprier et les savourer.

Cristina Pop évoque des sujets divers, mais s'inspire fortement de la vie quotidienne et des technologies. Ainsi, elle peut parler de machine à laver, de clé USB ou de thé dans l'un ou l'autre de ses poèmes. Elle en fait des comparaisons, analogies ou métaphores avec l'être intérieur. Il y est, de ce fait, souvent question du rêve, de la pensée, de l'état d'esprit et de l'idée.

Je ne cache pas que je suis passée à côté de certains de ses poèmes, alors que d'autres ont facilement vibré en moi. J'ai, dans l'ensemble, préféré ses poèmes les plus courts, parce qu'ils m'ont davantage parlé, parce qu'ils vont droit à l'essentiel et qu'ils n'en sont que plus percutants à mon sens.

Globalement, ce fut une agréable découverte et j'ai apprécié ces petits moments poétiques quotidiens. Je remercie Danielle Danoux (@Tandarica) pour avoir eu la gentillesse de m'envoyer ce recueil.

Je terminerai ce billet avec le poème que j'ai préféré d'entre tous, intitulé "La langue" :

« Je parle quand je regarde
Je soupire quand je rêve
Je peins quand j'entends
Je sculpte quand j'embrasse
Je crée quand je traduis
Je veille quand je danse
Je chante quand j'esquisse
Je sirote quand j'admire
Je doute quand je pense
Je comprends quand j'étreins
Je désire quand j'appartiens
Je construis quand je fais un pas
J'unis quand je vibre
Je crois quand j'aime
Je joue quand je vis
Je cours quand je sens
J'attends quand je souris
Je grandis quand j'encourage
Je voyage quand j'aime
Je connais quand j'ai une intuition
Je découvre quand je parle »
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date : 21-02
« Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit "J'en ai assez de la maison de redressement"
Et les gardiens, à coup de clefs, lui avaient brisé les dents
Et puis, ils l'avaient laissé étendu sur le ciment »



C'est la révolte des enfants de la maison d'éducation correctionnelle de Belle-Île, dans le Morbihan, ayant eu lieu le 27 août 1934, qui a inspiré à Jacques Prévert son poème "La chasse à l'enfant", alors en vacances sur l'île au moment des faits, et qui l'ont profondément marqué. Ce jour-là, une centaine d'enfants s'est révoltée pour protester contre les mauvais traitements qu'ils subissaient. 55 d'entre eux (ou 56 selon les sources) se sont évadés. L'administration de la colonie pénitentiaire a fait un appel à l'aide de la population pour récupérer les fuyards, coincés sur l'île. Certains s'en sont donnés à cœur joie, d'autant qu'une récompense de 20 francs était attribuée à qui livrerait l'un des "voyous".

C'est de cet événement que Sorj Chalandon nous parle dans son roman, à travers le personnage de Jules Bonneau, dit « La Teigne », l'un des détenus de ce bagne qui n'est pas censé en être un. Ce sont d'abord les conditions de vie dans la colonie qu'il nous conte, avant de revenir sur les raisons de sa détention, puis la mutinerie, l'évasion, la "chasse à l'enfant" et tout ce qui s'en suit après.

À savoir que la moitié des "colons" était des orphelins qui n'ont pas pu être placés ailleurs et que l'autre moitié n'avait commis que de petits larcins, tel que Jules par exemple, condamné à seulement deux ans mais qui y est resté après avoir purgé sa peine parce que sa famille ne voulait pas de lui. Aucun d'entre eux ne méritait de subir tous ces châtiments, toute cette violence à leur encontre de la part des employés de la colonie (si tant est que quiconque puisse mériter de tels traitements...).

Et toute cette injustice, toute cette maltraitance, toutes ces brimades et tous ces coups ont eu de quoi faire enrager les jeunes détenus. À être éduqués par la violence, on ne répond plus que par la violence. La tension monte, à petit feu, et ce qui doit se produire devient inévitable...

« La Teigne » a la rage, il a peur, il souffre, mais pour survivre, il se doit de garder tout ça pour lui, dans un petit coin au plus profond de lui-même, pourtant prêt à surgir aux moments opportuns, ou quand la coupe se fait pleine... Toutes ces scènes qu'il imaginait, rendant justice et vengeance, et qui l'aidaient à tenir bon, deviennent d'un coup réalité...

Je ne connaissais pas encore Sorj Chalandon et il est évident que je reviendrai vers d'autres de ses livres. Avec sa plume sèche et spontanée, aux phrases courtes, il m'a cisaillé les tripes, le cœur et l'âme. Je ressors de cette lecture avec toute la rage qu'il a su me transmettre à travers celle de Jules. Tout ce qu'on souhaite, c'est le prendre par la main et l'aider à se cacher. Mais loin de cette île-prison, on se sent impuissant en même temps que la peur pour lui se fait de plus en plus tenace. On souffle enfin un peu dans la deuxième moitié du livre, mais tout en sachant que la rage de Jules n'en a pas encore fini avec lui.

L'auteur a su tout bien dépeindre et rendre l'ensemble très réaliste. On ressent clairement que le sujet et les événements évoqués lui tiennent à cœur. Le personnage de Jules incarne tout ce que les enfants détenus ont pu vivre dans la réalité. C'est dur et poignant, oppressant et tendu, révoltant sans aucun doute. Mais Jules fait tout de même de jolies rencontres, et grâce à elles, il peut comprendre ce que signifient les mots bonté et bienveillance. C'est dans ces moments-là que l'auteur épargne enfin son lecteur, en lui permettant de se reposer un peu afin de mieux entrapercevoir les rayons de lumière qui arrivent à traverser ici et là toute cette sombritude. Après une première partie éprouvante, et malgré la rage qui persiste jusqu'au bout, on assiste à la renaissance d'un personnage pour qui l'on ressent toutes sortes d'émotions.

Ce roman est sans l'ombre d'un doute affreux, parce que révoltant et douloureux, quelque peu angoissant par moments, mais aussi poignant et de plus en plus chatoyant. On ne peut en ressortir indemne. La tension et la rage s'immiscent en vous, petit à petit. Ce n'est pas insoutenable parce qu'on ne s'en rend pas compte immédiatement, mais ça laisse des marques, telles de petites plaies dont la douleur ne se réveille qu'une fois qu'on les a remarquées.

J'ai beaucoup aimé et je ne suis pas près d'oublier un tel livre.



« Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous les braves gens s'y sont mis
Qui est-ce qui nage dans la nuit ?
Quels sont ces éclairs, ces bruits ?
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil »
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De Timothée de Fombelle, je compte bien parcourir l'ensemble de son œuvre. Il est un auteur de littérature jeunesse que j'apprécie beaucoup, un auteur dont les écrits sont toujours pleins d'humanité et d'aventures, et dont la nature ou l'environnement a souvent une place plus ou moins importante dans ses histoires.

Si j'ai choisi "Quelqu'un m'attend derrière la neige", c'est parce qu'il se présente sous le même format que "Capitaine Rosalie", dont j'en garde un puissant souvenir. À cheval entre l'album jeunesse et le roman illustré, l'histoire se veut plutôt courte, mais pas trop, et permet au tout jeune lecteur de rester dedans plus longtemps que dans un album classique sans trop s'y attarder non plus. C'est avec mon (presque) 7 ans (demain !) que j'ai découvert ce petit livre joliment illustré, à qui j'en ai fait la lecture le soir. Je précise tout de même que, à la base, c'est pour moi que j'avais choisi ce livre, curieuse de découvrir une autre œuvre de l'auteur. Le fiston s'est incrusté, sans trop me demander mon avis par ailleurs !

Si un troisième personnage se cache entre les lignes (et dont nous ne ferons la connaissance qu'à la fin), nous n'en suivrons que deux tout au long de la lecture.

Gloria est une charmante hirondelle qui vit un peu en marge de son espèce et qui, cette année, au lieu de se diriger vers le sud avec ses congénères à l'approche de l'hiver, remonte justement vers le nord, son instinct la poussant à affronter le froid et la neige, lui intimant que quelqu'un a besoin d'elle au bout du chemin, que quelqu'un l'attend derrière la neige.

Freddy d'Angelo est livreur de glaces. Parti de Gênes, il se dirige vers l'Angleterre dans son antique camion jaune. Souffrant de solitude, quelque peu sauvage, Freddy se doit d'affronter la tempête qui s'annonce dans le nord de la France s'il veut livrer à temps sa cargaison.

En cette veille de Noël, sans le savoir, Gloria et Freddy se dirigent vers un même point, vers un troisième personnage, dont je ne dirai strictement rien. En tant qu'adulte, j'ai compris très tôt qui était cette mystérieuse personne, ainsi que la situation dans laquelle elle se trouvait. Mon fils, lui, n'y a vu que du feu et a été très touché par le dénouement.

Sous des airs de conte de Noël, Timothée de Fombelle n'en aborde pas moins une thématique bien d'actualité, à savoir l'immigration clandestine. Tout en poésie et lyrisme, envoûtés que nous sommes par le froid hivernal, nous sommes touchés par ces trois destins qui se rejoignent. Dans cette belle histoire, il y est question de voyage, de solitude, de marginalité, mais aussi de solidarité et d'entraide. Nous y suivons trois êtres très différents que rien n'aurait relié si la vie en avait décidé autrement. Il y a des hasards ou des coïncidences qui font parfois bien les choses et c'est ce que l'auteur tente, avec brio, de nous démontrer.

Un petit mot sur les illustrations de Thomas Campi, qui accompagnent merveilleusement bien l'histoire de Timothée de Fombelle : elles sont juste superbes ! Réalistes et oniriques tout en même temps, avec un jeu d'ombres et de lumières à couper le souffle, nous avons pris énormément de plaisir à nous y attarder tout au long de notre lecture.

L'histoire, belle et pleine d'humanité, qui tend la main vers son prochain, est toute de douceur, de tendresse et de simplicité. L'ambiance hivernale est palpable, autant que les différents ressentis de chacun des protagonistes, qui réussissent à nous attendrir. Le dénouement est tristement beau et émouvant. J'en ressors un peu plus conquise que mon fils qui, je me rends compte après coup, est encore trop jeune pour en comprendre tous les tenants. Nous réessaierons dans quelque temps. En attendant, j'en garderai un très beau souvenir.
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Me voilà déjà dans le cinquième roman mettant Harry Bosch en tête d'affiche. Et si chaque tome peut se lire indépendamment des autres, j'aime cette petite continuité qu'il y a dans la vie de Harry, nous permettant de vraiment s'attacher à ce bonhomme pas toujours commode mais intègre.

Nous le retrouvons ici mener sa première enquête depuis qu'il avait été mis à pied pour dépression, alors qu'il avait eu une "légère" altercation avec son supérieur et que sa maison avait pris cher pendant le séisme. Mais maintenant, tout va pour le mieux. Il a une nouvelle boss avec qui le courant passe mieux, il se détend en repeignant les murs de sa maison, et il peut enfin reprendre du service. Il est même à la tête d'une petite équipe : Edgar avec qui il avait déjà travaillé, que l'on connaît déjà pour l'avoir rencontré dans les tomes précédents ; et Rider, petite nouvelle à l'avenir prometteur. Ils ne seront pas trop de trois pour résoudre l'affaire qui leur est assignée, à savoir le meurtre d'un homme découvert dans le coffre de sa Rolls Royce, deux balles dans la tête.

De Los Angeles à Las Vegas, du monde du cinéma à celui des jeux d'argent, Harry et son équipe devront résoudre bien des énigmes pour comprendre tous les tenants de cette enquête qui leur mange tout leur temps. Mafia, blanchiment d'argent et crime organisé, voilà ce qui les attendent en gros, avec en prime le FBI et les Affaires internes dans les pattes (dans celles de Harry particulièrement).

Mais nous ne serons pas au bout de nos surprises, puisqu'en parallèle de son enquête et tout à la fois étroitement mêlée, Harry se retrouvera nez à nez avec une ancienne conquête... que nous avons déjà eu le privilège de rencontrer auparavant... et dont la relation prend un tournant inattentu.. Mais je n'en dis pas plus.

Encore une fois, je viens de passer un excellent moment à accompagner Harry dans cette enquête bien plus retorse qu'elle n'y paraît (comme d'habitude en fait). Vous constatez que je l'appelle par son prénom maintenant, lui et moi commençons à bien nous connaître désormais. Je l'aime bien ce flic, de plus en plus d'ailleurs. Intègre et sachant dire merde aux cons, il continue de bien faire son boulot et de mener son enquête jusqu'au bout, même quand on la lui siffle sous le nez. Il va encore se retrouver dans des situations délicates et se mettre à dos les Affaires internes, mais il s'en sortira sans trop de casse cette fois-ci.

Quant à l'intrigue elle-même, elle est menée tambour battant mais sans trop de précipitation non plus. L'auteur est fortiche pour ça, il prend son temps malgré tout et est toujours aussi minutieux. Les (faux) indices et les (fausses) pistes donnent le rythme. La lecture se veut à la fois bien détaillée et dynamique.

Et comme Harry et moi, on est pote maintenant, je ne me suis pas gênée pour m'incruster dans son enquête. Il nous dirige dans un premier temps, à toute vitesse sur une autoroute bien droite, vers Las Vegas, ses casinos, ses parties de poker et ses danseuses nues affriolantes. Et ce n'est qu'au dernier moment qu'on aperçoit le virage à 180°. Après avoir échappé au tonneau in extremis, on se retrouve sur cette même autoroute à contresens, vers Los Angeles et son taux de criminalité qui bat tous les records... avec le FBI aux fesses, toutes sirènes hurlantes, pour mieux être accueillis par la police des polices à l'arrivée qui, à défaut d'être dans le rétroviseur, nous a dans le collimateur. Bref, on ne peut mener notre enquête comme on voudrait, alors on éteint les feux de la bagnole et on agit en catimini. C'est juste dommage que mon coéquipier Harry ne sache pas toujours faire dans la délicatesse et la discrétion... Mais on la résoudra quand même cette affaire et on n'hésitera pas à leur mettre dans les dents, à tous ceux qui nous auront mis des bâtons dans les roues !

Bref, vivement le prochain !
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Parler de la mort n'est pas chose facile et ça l'est encore moins avec des enfants. Pour cela, on peut s'appuyer sur certains livres qui abordent justement le sujet, qui expliquent la disparition d'un proche, le travail de deuil et les différents ressentis et réactions dits "normaux" dans ce processus.

"Le livre qui commence par la fin" se démarque un peu car il en fait une toute autre approche. Plutôt que de préparer l'enfant à une disparition prochaine, il lui permet de l'évoquer dans son concept le plus abstrait.

Car effectivement, qu'est-ce que signifie la mort pour un enfant ? Comment la perçoit-il ? Qu'est qu'il voit/imagine quand il y pense ? Qu'est-ce que ça évoque pour lui, en lui ?

Et pour ce faire, les auteurs ont laissé libre cours à la parole des enfants. À chaque page, un enfant différent qui explique ce qu'il voit, imagine ou fait quand il pense à la mort. Les textes débutent toujours ainsi : « Moi quand j'y pense, je ... ». J'ignore si les auteurs se sont inspirés de vrais "témoignages" ou s'ils ont simplement fait travailler leur imagination, mais je trouve que cette approche est plutôt originale, bien que pas assez pertinente à mon sens puisque chaque enfant en a une représentation différente et qu'au final tout paraît un peu confus. D'autant que le livre ne commence pas par la fin à proprement parler. Car le mot "fin" ici est employé pour "fin de vie" et non pour "fin de l'histoire", autant dire que mon fils n'y a rien compris. En même temps, à 6 ans, comment voulez-vous qu'il voie de lui-même ce genre d'analogies ?

Quand ce petit livre est arrivé à la maison, je me suis dit qu'il ne pouvait pas tomber mieux à pic, puisque j'ai droit depuis presque un mois, quasiment tous les jours, aux mêmes questions : Quand tu seras vieille, tu seras morte ? Mais après, tu seras revivante ? Et là, t'es vieille ? C'est quand que tu seras vieille ?

Ce livre ne répond en rien à ses interrogations mais il a au moins eu le mérite de lui faire se rendre compte que chacun réagissait différemment et qu'il n'y avait au final pas de bonnes réponses. Mais en l'abordant de cette manière, la mort reste un concept beaucoup trop flou pour le public cible (à partir de 6 ans d'après l'éditeur).

En revanche, c'est joliment illustré. Les dessins comme faits à la peinture, pleine page ou double page, sur fond noir comme pour pas oublier de quoi on parle, accompagnent très bien les réponses de chaque enfant.

Dans l'ensemble, c'est un joli livre jeunesse avec de grands dessins pour de petits textes, plutôt atypique dans sa manière de mener le sujet mais malheureusement peu convaincant et pertinent pour le public auquel il s'adresse.

J'en ressors donc plutôt mitigée.

Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Déborah de Babelio et les éditions Sens Dessus Dessous pour l'envoi de cet album jeunesse.
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J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'avais pas autant apprécié un roman de Gilles Legardinier. Dans "Mon tour de manège", j'ai retrouvé tout ce qui m'avait plu lorsque je l'ai découvert (notamment ses romans avec des chats sur la couverture) : de l'humour, de belles relations humaines, et encore de l'humour.

Cette fois-ci, nous faisons la connaissance d'Amandine, qui s'est engluée dans une petite vie bien tranquille et bien rangée, qu'une simple lettre va faire basculer. Et alors qu'elle trouvait que ça manquait d'hommes dans sa vie, la voilà maintenant servie. D'abord, le mec qu'elle a rencontré sur un site de rencontre et dont elle a eu du mal à se débarrasser a refait surface : il est son facteur et c'est d'ailleurs lui qui lui apportera en recommandé la fameuse lettre qui va chambouler toute son existence. Puis il y a Christophe, le responsable de ce chamboulement. Ainsi que Raphaël, le fils de ce dernier. Et Nolan, un organisateur de fêtes qui a failli perdre la vie à cause d'une boîte de raviolis. N'oublions pas Éric, l'étrange voisin qui passe ses journées à couper du bois. "Bisou-Bisou", baptisé ainsi le temps qu'Amandine apprenne enfin son prénom. Et pour finir, son père, hospitalisé. Tout les relie à une maison de campagne et tout se jouera autour d'elle.

J'aime quand l'auteur choisit des personnages principaux féminins. Je le trouve très doué quand il se met dans la peau d'une femme, plus convaincant que jamais. J'en parlais récemment avec une amie d'ailleurs, on en avait conclu qu'il devait être une femme dans une vie antérieure. Pas possible autrement...

En tout cas, c'est une nouvelle fois une réussite : Amandine est un personnage affriolant qu'on prend plaisir à suivre. À la fois posée, la tête sur les épaules, et un peu fofolle, je n'ai pas eu de mal à m'en faire une copine. J'ai adoré sa petite voix intérieure légèrement boulimique sur les bords, ses réflexions et réactions par toujours très rationnelles et parfois impulsives, et son imagination débordante. J'ai aimé la voir créer des liens avec les personnages qui rentrent dans sa nouvelle vie. J'ai aimé sa bande d'amies, ses Patates comme elle les appelle, et les relations très fortes entre elles.

L'histoire en elle-même est à la fois déjantée et profondément humaine. Il y est question d'héritage et de secrets de famille, mais aussi d'amitié et d'entraide, de devenir et rester soi-même, de croquer la vie à pleines dents, d'amour un peu, de chats aussi (et de chiens). L'histoire se veut très dynamique, pleine d'humanité et de sensibilité, et surtout très drôle. Voilà un sacré bout de temps que je n'avais pas autant ri dans un roman. C'est peut-être parfois un peu gros, mais ça passe sans problème. Certains passages sont tordants, d'autant qu'Amandine n'hésite pas à jouer d'autodérision et à provoquer des situations embarrassantes à son insu.

"Mon tour de manège" est une véritable bouffée d'oxygène. Il n'y a pas vraiment de suspense, la plupart des événements sont plus ou moins prévisibles mais sans qu'on veuille qu'ils se déroulent autrement, ce n'est pas toujours très réaliste non plus. Mais on rit, on s'attache aux personnages, on s'émeut et puis on rit encore.

Une comédie efficace, remplissant parfaitement son rôle : désopilante, chaleureuse, altruiste, fantasque et pétillante. Un livre bon pour le moral, idéal quand on a un coup de mou, pour se rebooster, ou quand on a tout simplement envie de rire.

J'ai retrouvé l'auteur tel que je l'ai connu et ça fait grandement plaisir. Je viens de passer un excellent moment de lecture. S'il m'était demandé de classer les livres de l'auteur, "Mon tour de manège" serait incontestablement dans mon top 3.
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Cette année, l'une de mes résolutions livresques est de (re)lire plus assidûment quelques séries de bandes dessinées classiques, de celles que je lisais quand j'étais gosse, comme les Astérix, les Lucky Luke ou les Gaston, ou encore de celles justement que je n'avais jamais lues. Ça ne fait pas deux ans que j'ai ouvert pour la première fois un album des Tuniques bleues, qu'un copain de mon fils lui avait offert pour son anniversaire. Depuis il en a lu toute une flopée, contrairement à moi qui n'ai fait que les feuilleter.

Et pour ce faire, je commence avec cette intégrale qui regroupe trois albums d'un coup (les tomes 9,1 et 2). À savoir que le tome 9, "La grande patrouille", a initialement été créé avant le tome 1 mais publié bien après, d'où le choix de l'éditeur de le mettre en premier.

Mais avant de démarrer les BD et de (re)faire connaissance avec Chesterfield et Blutch, on a droit à un dossier très complet sur la carrière de Louis Salvérius et Raoul Cauvin, avec photos et autres documents à l'appui. Dossier très intéressant et remettant tout dans le contexte, d'autant que la parution du premier album ne date pas d'hier, à la fin des années 1960 (je n'étais même pas née !). Nous avons également l'occasion de découvrir les tout premiers travaux de Salvérius, grâce à qui Les Tuniques bleues ont vu le jour, soit deux histoires inédites, l'une de "La loi du scalp" et l'autre de "Histoire d'Indiens" (je les ai toutes les deux adorées).

Parce que oui, les toutes premières histoires des Tuniques bleues ne se déroulent pas pendant la guerre de Sécession, mais avant qu'elle ne soit déclarée. Alors avant que Nordistes et Sudistes ne s'affrontent, nos Tuniques bleues font d'abord leur entrée en scène dans un fort de l'Ouest américain où elles doivent composer avec nombre de tribus indiennes. Et c'est tout aussi marrant !

Puis, là seulement, avec les tome 2, la guerre de Sécession est déclarée et nos comparses sont mobilisés pour y participer, l'un avec enthousiasme et l'autre à reculons.

J'ai beaucoup aimé assister aux débuts de Chesterfield et de Blutch, j'ai d'ailleurs compris ou fait le lien avec certaines choses des albums suivants (et notamment à tout ce qui se rapporte au fort Bow). Ce sont des gags et des situations cocasses à n'en plus finir. La relation entre Chesterfield et Blutch est vraiment très ambigue, de par leur personnalité respective très différente. D'autres personnages, dont certains récurrents, ajoutent à l'histoire une dose supplémentaire d'humour.

Je viens de passer un excellent moment de détente, où j'en ai parfois ri aux larmes sur certains passages. Jouant depuis une bonne semaine à la maman infirmière (le petit n'est pas tout à fait sorti de sa grippe que le grand n'a pas trouvé mieux que d'inviter madame gastro à la maison...), c'est exactement ce dont j'avais besoin : du rire et de la décompression !

J'y reviendrai vers ces Tuniques bleues, et certainement plus vite que prévu !
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Récemment, je disais que "Tout le bleu du ciel" avait fait un tel tapage que je n'avais plus vraiment envie de le lire, alors qu'il est dans ma pal depuis un sacré bout de temps. Manque de motivation donc car, au vu de tous les retours élogieux, il était évident pour moi que j'en attendrais trop et que je serais sans doute déçue. Et même si "Les lendemains" a été un gros coup de cœur, certains autres romans de Mélissa Da Costa m'ont moins emballée. Mais ça, c'était avant qu'il ne soit proposé pour la lecture commune de ce mois-ci, qui me l'aura finalement fait ouvrir bien plus tôt que prévu (si tant est que j'aurais fini par l'ouvrir un jour... tellement d'autres me faisaient bien plus envie !).

Et puis voilà, il ne m'a pas fallu trois jours pour venir au bout de ces 840 pages et en tourner la dernière des larmes plein les yeux...

Vu le nombre de retours, je ne pense pas y ajouter du neuf. Tout a certainement été dit et redit. Je serais tentée de vous dire que je vais donc essayer de faire court, mais me connaissant, je doute pouvoir y arriver !

"Tout le bleu du ciel" nous embarque dans une sorte de road trip dans les Pyrénées, où nous accompagnons Émile dans une "ultime escapade". Ce dernier a appris récemment qu'il n'avait plus que deux ans à vivre, en moyenne. Il investit donc dans un camping-car et publie une petite annonce sur le net dans l'espoir, bien que minime, qu'une âme charitable et capable de l'aider dans sa pathologie veuille bien l'accompagner. Et parce qu'elle n'a plus rien à perdre pour avoir déjà tout perdu, parce qu'elle n'a plus rien à faire dans son petit village breton, Joanne y voit là l'occasion de fuir son passé et se propose donc. Émile accepte. De là, s'en suit un voyage dans les montagnes où paysages époustouflants, architecture pittoresque et méditation seront de la partie.

Ce que j'aime chez Mélissa Da Costa, c'est qu'elle trouve toujours les bons mots quand il s'agit de parler des émotions et sentiments de ses personnages. Indéniablement, elle me touche (presque) à chaque fois et sait me faire passer d'une émotion à une autre sans crier gare. Ça n'a pas loupé ici : il m'est arrivé, par exemple, de sourire alors que je sentais les larmes monter un paragraphe plus tôt. Le fait de prendre le temps d'implanter son cadre (montagnard ici) et de nous laisser tout le temps nécessaire pour faire connaissance avec les personnages y est aussi pour beaucoup. J'y ai ressenti quelques longueurs (dans les 200 premières pages essentiellement), tout comme il a fallu m'habituer aux phrases courtes et au présent, ainsi qu'aux mêmes expressions et gestes souvent répétés ("Ça va ?", "Qu'est-ce qu'il se passe ?", haussement des épaules, hochement de la tête, yeux levés au ciel), mais dans l'ensemble je n'ai pas vu le temps passer.

Je me suis attachée aux personnages en un rien de temps. Émile et Joanne sont deux êtres qui ne peuvent que nous attendrir. C'est Émile, dès le départ, qui nous fend le cœur. Pour Joanne, il faudra attendre un peu avant d'en savoir plus sur elle, car son histoire ne nous est pas immédiatement racontée. La narration se centre d'abord sur Émile, qui nous révèle, par le biais de ses souvenirs, la personne qu'il est, sa maladie et son évolution, mais aussi son vécu personnel. Puis au fur et à mesure que son état de santé se détériore, la narration change de main petit à petit. Le personnage de Joanne prend de l'ampleur, on est au fait de sa propre histoire et on commence à comprendre beaucoup de choses...

Mais il y a d'autres personnages aussi, des rencontres qu'Émile et Joanne ont fait au gré de leur voyage. Certains marquent plus que d'autres, comme Myrtille, Sébastian, Isadora (et Pok !). L'autrice réussit à faire ressortir ce qu'il y a de meilleur chez l'être humain. On y croit ou pas, mais pour ma part, je me suis forcée à y croire pour mieux savourer l'histoire pleine de ces belles relations humaines.

Et que dire du cadre pyrénéen, si ce n'est que j'ai maintenant envie d'y passer mes prochaines vacances ? Les montagnes nous envoûtent, au point de rechigner à retrouver la civilisation. Les petits villages, leur architecture et leur histoire, ajoutent une touche atypique au récit. On y est, là-bas. On les voit, toutes ces montagnes et tous ces lacs qui nous entourent. Tout est joliment représenté.

Donc voilà, j'ai beaucoup aimé et je ne regrette absolument pas de l'avoir enfin lu. C'est un très beau roman dit "feelgood", plein d'émotions diverses et de belles relations humaines, avec des personnages qui savent nous toucher et dont l'histoire peut nous faire rire comme nous faire pleurer. Après "La doublure" qui m'avait pas mal déçue, et même si je lui trouve quelques défauts (dans le style d'écriture notamment) et incohérences dans le scénario, j'ai tout de même passer un très bon moment de lecture. Au vu de mes bémols, je ne pense pas que j'aurais été aussi généreuse dans ma note en temps normal, et c'est sans aucun doute parce qu'il a su m'émouvoir aux larmes (alors même qu'on connaît la fin depuis le début).
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Vous connaissez sans doute le coup de la lampe magique, où en sort un génie quand on la frotte et grâce à qui l'on voit nos trois vœux s'exaucer (si non, allez voir d'urgence Aladdin !). Ici, c'est un peu le principe, à la différence qu'il n'y a pas de lampe, qu'on n'a le droit qu'à un seul vœu, et surtout qu'il y a un génie pour chaque personne présente sur la planète. Huit milliards d'habitants, c'est donc huit milliards de génies et huit milliards de vœux à exaucer.

Quel vœu feriez-vous si l'occasion s'en présentait ? Seriez-vous de ceux qui réagissent immédiatement ou de ceux qui prennent le temps d'y réfléchir ? Feriez-vous un vœu pour votre seule pomme, votre famille ou pour le monde entier ? Devenir riche, célèbre et/ou puissant ? Faire revenir un être cher d'entre les morts ? Avoir de super-pouvoirs ? Éradiquer la maladie, la pollution, la tyrannie ?

Les plus raisonnables y réfléchiront à deux fois avant de formuler leur souhait. D'autres, en revanche, n'iront pas par quatre chemins. Huit milliards de vœux à contenter peuvent vite entraîner le chaos et c'est ce que Soule et Browne ont tenté d'imaginer dans ce comics aussi déroutant qu'il est déluré.

Nous y suivons huit personnages durant huit épisodes : trois membres d'un groupe de musique, un garçon de 12 ans et son père, un couple chinois bientôt parents, et le propriétaire d'un bar. Tous étaient dans le dudit bar lorsque les génies sont apparus. Tour à tour, nous les verrons évoluer dans ce nouveau monde chaotique, survivre et/ou s'adapter à un nouveau mode de vie.

Déjanté, c'est l'un des premiers mots qui me soient venus à l'esprit en refermant ce livre. Mais pas que... parce que profondément réfléchi également, et quelque peu utopique à la fin. Le fil de la narration se veut plutôt bien construit et cohérent, bien compartimenté en huit épisodes de plus en plus longs. J'ai pris énormément de plaisir à suivre les différents protagonistes et à assister à la transformation du monde, à voir comment la manière de formuler un vœu évolue également. Au départ, c'est l'instinct, l'envie ou le besoin qui parle, pour voir au final un mode plus stratégique prendre le dessus.

Alors sous ses airs quelque peu déjantés et chaotiques, le scénario est en fait subtilement bien pensé, traité en profondeur. On se doit de prendre le temps de tout bien lire, de tout bien observer, d'autant que les planches sont bien fournies, que ce soit au niveau du texte ou du dessin.

Les dessins, justement, foisonnent de petits détails et de nombreuses références à toutes sortes d'œuvres déjà existantes. Les traits à la fois fins et virulents, justement colorés, donnent énormément de dynamisme et de vivacité au scénario. On se retrouve dans un monde où le fantastique côtoie de près la réalité, et on y croit à toutes ces incongruités, on les imagine parfaitement, tout comme l'on comprend bien le message que les auteurs ont voulu faire passer, à savoir que le plus grand danger pour l'être humain, c'est lui-même.

Égoïsme, individualisme et avenir de l'humanité, tels sont les sujets principaux, traités de manière fort atypique et ambitieuse, nous offrant par là un roman graphique des plus abouti, captivant et original.

Je ne peux que remercier Nicolas de Babelio, ainsi que les éditions Panini, pour m'avoir permis de découvrir ce comics décapant dans la cadre d'une masse critique privilégiée.
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C'est grâce aux retours de quelques Babelpotes que ce livre a atterri dans ma liste d'envies. Et maintenant que je l'ai lu, je ne peux que les en remercier.

"Un tesson d'éternité" est un livre d'amour, non pas une romance, pas du tout même, puisqu'il s'agit de l'amour d'une mère à son fils. Cette mère, c'est Anna. Elle est mariée à Hugues, avec qui elle a un fils, Léo, en passe de commencer les épreuves du Bac dans quelques semaines. Ils ne sont pas riches, comme ils disent, mais vivent aisément au "Village", dans le sud de la France. Lorsque, à 6h du mat', ils sont sortis du lit par les gendarmes qui investissent la maison sans la moindre délicatesse et menottent Léo pour le mettre en examen, c'est toute leur petite vie tranquille qui bascule. Effectivement, lors d'une manifestation, Léo a agressé un flic, violemment. La vidéo tourne sur les réseaux et dans les médias, le fait ne peut être ignoré. Pour Anna, c'est l'incompréhension : comment son fils, lycéen sans problème, peut-il être le "casseur de flic", voire même le dealer, soupçonné ?

S'en suit, à partir de là, un long cheminement. Intérieur pour commencer, qui nous permet de découvrir l'enfance et l'adolescence d'Anna : elle revient essentiellement sur son parcours scolaire, où elle évoque les difficultés auxquelles elle a dû faire face en tant que tête de turc du "Serpent". Cheminement judiciaire et carcéral d'un autre côté, où elle ne cessera pas de soutenir son fils, de le croire malgré tout ce qui est dit sur lui, quitte à s'éloigner de son mari et de ses amis. L'on suit une mère prête à tout pour sortir son fils de prison, ou de l'aider comme elle peut à défaut.

Ce petit roman est vite lu mais n'en demeure pas moins intense. Anna ne peut que nous toucher, d'autant qu'on ignore jusqu'au bout que penser de son fils. Doit-on la croire sur parole quand elle trouve les bons arguments pour défendre son fils et nous persuader qu'il n'est pas celui qui est décrit par la partie adverse ? Ou au contraire, doit-on y voir une mère désespérée, aveugle, refusant d'abandonner son fils ? Au final, une mère connait-elle bien son enfant ? Telles sont les questions qui nous turlupinent tout au long de notre lecture. À nous d'ailleurs d'y trouver la réponse qui nous arrange... L'autrice joue avec le doute, celui d'Anna et le nôtre, et c'est subtilement bien exploité.

Le parallèle avec son adolescence est également accrocheur, puisqu'il nous permet de mieux comprendre Anna, cette femme battante qu'elle est devenue aujourd'hui, cette mère qui fera confiance à son fils jusqu'au bout.

L'autrice dépeint ses ressentis juste ce qu'il faut pour qu'on compatisse et qu'on puisse s'imaginer à sa place. Bien que la narration soit à la troisième personne, on se retrouve bel et bien dans une introspection, bien maîtrisée qui plus est.

J'ai passé un bon moment dans ce petit roman qui n'est pas autre chose qu'une ode à l'amour maternel.
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Me voici à la fin de cette saga de fantasy jeunesse, où les événements se déroulent à nouveau en Italie et où nos cinq (six) dragoniens doivent se préparer à l'ultime confrontation contre Nidhoggr qui, grâce au dernier fruit, a pu briser le sceau qui le maintenait enfermé dans sa prison sous terre. Le chaos règne sur la surface du globe, les Assujettis sont trop nombreux, il faut donc coûte que coûte que nos héros mettent la main sur le fruit, brisé en trois fragments, s'ils veulent pouvoir redonner vie à l'Arbre-Monde et se débarrasser de Nidhoggr une bonne fois pour toutes.

C'est donc séparément que nous suivons en premier lieu Sofia et les quatre (cinq) autres dragoniens. Trois groupes de deux se formeront pour retrouver les trois fragments dispersés aux quatre coins de l'Italie : Palerme, Matera et Naples. Mais avant qu'ils ne se rejoignent, une fois leur mission accomplie, ils devront franchir bien des obstacles et affronter bien des ennemis...

Si l'intrigue est parsemée d'incohérences plus ou moins grosses, on n'a guère le temps de s'ennuyer pour autant, tellement elle est intense en action. Combats spectaculaires, pouvoirs fantastiques qui s'affinent, créatures plus ou moins impressionnantes, ennemis nombreux, quêtes de plus en plus difficiles, environnement chaotique, tels sont par quoi nous devons passer pour arriver jusqu'à Nidhoggr et oser l'affronter dans un ultime combat qui sera décisif pour l'avenir de l'espèce humaine. Ça foisonne dans tous les sens, d'autant que nous ne suivons pas l'histoire du seul point de vue de Sofia.

Sofia qui, par ailleurs, ne m'a pas autant agacée. Devenue le leader du groupe, il a bien fallu qu'elle s'arme de courage et mette de côté son pessimisme et son béguin pour Fabio. En cela, elle m'a moins exaspérée, et j'ai de ce fait moins soufflé en levant les yeux au plafond. Elle reste la vedette de l'histoire, mais les autres personnages s'imposent un peu plus, ce qui est quand même appréciable même s'ils continuent d'être trop survolés et auraient mérité d'être un peu plus consistants.

Je ne me suis pas ennuyée donc, parce qu'il s'en passe de partout à la fois mais aussi et essentiellement parce que j'ai trouvé l'histoire bien plus aboutie (ce dernier tome a une bonne centaine de pages de plus que les autres et ça se ressent). Et puis, c'est toujours aussi bien écrit, la lecture se veut agréable et rapide.

L'ensemble manque encore de profondeur, mais nettement moins si on le compare aux tomes précédents. Je n'aurais pas réussi à m'attacher aux personnages, mais je dois avouer avoir pris plaisir à les suivre une dernière fois, d'autant que certains événements sont épiquement affriolants (notamment les différents combats ou affrontements). Et même si l'épilogue est un peu décevant, le dernier affrontement entre les dragons/dragoniens et les vouivres et leurs fidèles en jette et est à la hauteur de ce que j'en attendais.

Pour résumer toute la saga : Il y a eu des hauts et des bas (avec plus de bas que de hauts dans l'ensemble), mais je ne regrette pas pour autant l'avoir lue (même si je ne suis pas mécontente d'en avoir terminé). J'en attendais quelque chose de bien plus mature et mieux approfondi, mais je vais mettre ça sur le compte de mon âge allant vieillissant et s'éloignant de plus en plus du public cible. Roger Murtaugh aurait sans doute dit : « J'suis trop vieux pour ces conneries », j'aurais tendance à ne pas le contredire sur ce coup-là. Je me suis sentie trop vieille pour pouvoir apprécier ma lecture comme il se doit. Nul doute que j'aurais su mieux la savourer si j'avais eu le même âge que les protagonistes.
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Voici typiquement le genre de livres devant lesquels je ne me serais probablement pas arrêtée de moi-même, la couverture et le titre ne m'inspirant pas du tout. Il fait partie de ceux qui tournent parmi la famille et les amis, et de la famille et des amis de la famille et des amis (chez nous, les livres voyagent, beaucoup, parfois sans qu'on sache de qui ils viennent). Ça doit bien faire trois mois que "Le vent de la fortune" est arrivé jusqu'à moi, sans que je me décide à l'ouvrir. Je profite d'être en avance sur mes emprunts à la bibliothèque (un miracle !) pour arrêter de le monopoliser et pour qu'il puisse continuer son voyage.

Il n'est pas bon de ne se fier qu'aux apparences, car je l'ai bien plus apprécié que ce que je m'y attendais.

Les événements se déroule essentiellement entre le début des années 1960 et le milieu des années 1980, à New York et un peu à Providence. Nous y suivons deux femmes et un homme : Deedee, Lana et Slash. Deedee est la fille de Russel et Joyce, un agent de change à la fortune conséquente et sa femme légitime, qui ne connaîtra que le luxe et aura tout sans qu'elle ait besoin de se remuer les fesses. Lana est la fille de Russel et Mildred, la maîtresse de ce dernier ; laissée pour compte dès sa naissance par son père biologique, Lana devra se battre contre un beau-père violent et alcoolique et contre la pauvreté pour atteindre ses objectifs. Slash, abandonné par sa mère quand il était minot et de père inconnu, s'est juré qu'un jour il serait immensément riche. Parti de presque rien, il réussit à se faire engager chez Lancome & Dalhen, une société d'investissements dont la réputation n'est plus à faire. Utilisant des méthodes peu orthodoxes, il est à la fois admiré et mal vu. Il réussira pourtant à monter les échelons, million de dollars par million de dollars, et même à épouser la fille de son patron, une certaine Deedee, en se mettant à dos toute la famille de cette dernière... Lana, pendant ce temps-là, goûte à l'indépendance et commence à se faire un nom dans le milieu de la cosmétique...

Je m'étais imaginé une romance avec tous les clichés attendus. J'ai eu droit à tout autre chose, à une fresque familiale plus précisément. Si par moments, je me suis un peu cru dans "Les feux de l'amour" ou "Dallas", j'ai eu tôt fait de l'oublier, car c'est finalement bien plus que ça. On se retrouve plongés dans le milieu de la finance où les positions sociales dépendent des cotations boursières, au moment de la libération de la femme et de la révolution sexuelle, alors que la jeunesse ose davantage s'exprimer et se rebeller pendant qu'elle écoute désormais les Beattles et prend la pilule. Le contexte politique, économique, sociétal et culturel de cette Amérique rebelle est rondement bien implanté et a autant son importance que l'histoire elle-même.

Les personnages sont certes un peu stéréotypés mais n'en sont pas moins intéressants pour autant. Je n'ai pas détesté Slash comme prévu, alors que trop ambitieux et opportuniste. Et même si j'ai eu vite fait de choisir mon camp entre la femme indépendante et moderne qu'est Lana et celle qui se laisse entretenir qu'est Deedee, je n'ai pas non plus détesté cette dernière. Chacun des personnages apporte juste ce qu'il faut de piquant à l'histoire pour nous garder attentif jusqu'au bout.

La plume de l'autrice, bien qu'un peu répétitive, est dynamique et se laisse lire sans problème. L'intrigue est appétente, les personnages sont plutôt bien construits même s'ils n'ont rien de surprenants, le dénouement n'est pas mirobolant mais plutôt jouissif à certains égards, et le contexte de l'époque est subtilement intriqué dans l'histoire. L'ensemble est toujours bien décrit, l'autrice prend le temps d'analyser les situations et événements, les personnages et ressentis, ou encore le luxe des lieux, décors, tenues et accessoires, sans jamais être rébarbative, donnant du corps à une intrigue qui aurait pu paraître plus banale autrement.

Je ne pense pas que je garderai longtemps ce roman en mémoire mais il aura au moins eu le mérite de m'octroyer un moment de lecture plaisant, alors même que les sujets évoqués ne sont pas ceux que j'affectionne le plus en temps normal (monde de la finance, jeu boursier, héritage et grosses fortunes).
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À peine nous en avions terminé avec le tome précédent que les garçons s'étaient déjà précipités sur celui-là. Nous avons testé la lecture à trois et ma foi je dois dire que nous nous sommes éclatés !

Dans cet épisode, nous allons assister à une débandade de plans plus farfelus les uns que les autres. Car en effet, en rentrant de leur cours de danse du soir, les parents des onze gamins contastent que la porte n'était pas verrouillée. Le père, surtout, en a ras-le-bol de devoir constamment répéter la même chose. Les enfants, pas inquiets pour un sou jusque-là, commencent à réaliser qu'il faudrait sans doute faire plus attention quand ils apprennent que plusieurs cambriolages ont eu lieu dans leur rue ces derniers jours.

Les voilà qui décident d'agir de façon plus responsable. Mais chez les Loud, tout prend des proportions extravagantes ! Les enfants s'unissent et chacun y met du sien pour renforcer les mesures de sécurité : alarme stridente dès que quelqu'un franchit la porte, escalier rampant (et fosse à crocodiles !), grillage tout autour de la maison, projecteurs dans le jardin, salle de bains transformée en coffre-fort, huile bouillante comme au Moyen-Âge, pendant que le petit ami de l'aînée est chargé du contrôle d'identité pour qui rend visite à la famille, et même le chien qui passe son temps à dormir est sollicité (bon ça, par contre, c'est pas gagné). Rien est oublié, le cambrioleur est attendu de pied ferme !

Pour les voir passer à la télé, on connaît à force tous les épisodes. Pourtant, de les lire, ce n'est pas tout à fait pareil. Si je suis la première à rouspéter parce que c'est toujours les mêmes qu'on visualise, je suis aussi la première à en rire. Avec celui-ci, il est impossible de faire autrement, on s'est marré du début à la fin !

Plein d'humour et de situations loufoques, on passe du rire au rire et on a tôt fait d'arriver à la fin. On se retrouve dans une sorte de mini-parodie de "Maman j'ai raté l'avion" à la sauce Loud, et on se régale à chaque fois.

Pourtant, le sujet est sérieux, puisqu'il est question de cambriolage et d'intrusion dans sa vie privée/intime. À la fin, il est quand même dit que de fermer portes et fenêtres est déjà un bon début, sans qu'on se sente obligés d'établir des plans farfelus. On constate également que, quand tous s'unissent plutôt que de se chamailler, le résultat est là et qu'on peut faire de grandes choses. Mais pour cela, il faut savoir lire entre les lignes et prendre le temps d'en parler ensuite, car clairement de prime abord, ce sont les gags qui font toute l'histoire (mais on ne voudrait surtout pas que ça change !).

Un tome truculent, trop vite lu comme d'habitude, mais dans lequel on a passé un excellent moment !
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J'ai vu récemment la bande-annonce du film, sorti il y a peu, s'inspirant du roman d'Isabelle Autissier. Le synopsis m'a tout de suite attirée, mais comme je déteste voir une adaptation cinématographique avant de prendre connaissance de l'œuvre originale, je fais donc les choses dans l'ordre et commence par lire le roman. Roman dont je n'avais jamais entendu parler par ailleurs, ou que j'avais oublié... Du reste, je ne savais même pas qu'Isabelle Autissier écrivait.

"Soudain, seuls" peut être qualifié de robinsonnade moderne. Nous y suivons un couple qui, pendant une année sabbatique, ont décidé d'échapper à leur quotidien parisien en prenant le large vers l'Atlantique Sud. Attirés par les paysages et ce que la nature à offrir, Louise et Ludovic font halte sur une ancienne base baleinière, aujourd'hui réserve naturelle, lorsqu'ils sont surpris par une tempête. Après avoir passé la nuit à l'abri dans ce qu'il reste des bâtiments, ils découvrent au petit matin que leur bateau a disparu...

C'est là que la robinsonnade commence, car seuls sur cette île déserte, il leur faut apprendre les rudiments de la survie. Robinson Crusoé, lui, avait l'avantage d'être seul. Je dis "avantage" parce qu'il n'avait personne sur qui rejeter la faute du naufrage, il faisait comme bon lui semblait également. Là, ils sont deux. En soi, ça leur fait de la compagnie, d'autant qu'ils s'aiment, sans l'ombre d'un doute. Mais les petites querelles de couple qui semblent anodines au quotidien ne le sont plus forcément quand on est coincés sur une île déserte, que l'espoir de secours s'amenuise de jour en jour, que la faim devient une obsession et que l'hiver approche... Ils s'aiment mais, au vu des circonstances, la "vraie" nature de chacun prend le dessus et chacun doit composer avec les qualités et les défauts de l'autre (encore plus qu'avant du moins).

Le fait d'être coincés là-bas est bénéfique pour le lecteur en tout cas car, de son petit chez-soi bien confortable, il découvre par les yeux des protagonistes une nature sauvage hostile mais à couper le souffle : de l'eau et des icebergs à perte de vue, de la neige selon la saison, des éléphants de mer, des otaries et toute une colonie de manchots.

Mais si l'autrice décrit superbement les décors, tout comme elle sait trouver les bons mots pour dépeindre les moindres ressentis des protagonistes, son style aux phrases courtes (et la conjugaison au présent n'aidant pas) est plutôt haché. Pas désagréable pour autant, voire même poétique par moments, mais pas toujours très coulant. Il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour trouver le bon rythme et la bonne intonation (dans ma tête s'entend). Elle sait, en revanche, faire communion entre les humeurs des personnages et la nature qui les entoure, en fonction de la manière dont ils la perçoivent, selon comment ils se sentent, selon le climat plus ou moins clément. C'est souvent très joliment exprimé.

Quant à l'histoire elle-même, j'ai beaucoup aimé la première partie, d'autant que ça prend un tournant inattentu. J'ai un peu moins aimé la seconde, car déçue de retrouver la civilisation si tôt. Je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages, même si on se sent relativement proche d'eux, de Louise notamment, la faute sans doute au style d'écriture.

Ce n'était pas aussi prenant que ce que j'en attendais, mais c'était tout de même une lecture plaisante. La bande-annonce du film m'avait laissé entrevoir quelque chose d'un peu plus intense, je ne rejoindrai donc pas les nombreux avis dithyrambiques, même si ce roman n'en est pas moins une agréable découverte.
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