Les Promises de l'alliance, Tome 1 : Donnée au commandant Velkein

J’étudie cette idée une demi-seconde avant de me décider. Je me rapproche du tronc et alors que je suis à quelques centimètres, un loup se jette sur moi. Il cherche à mordre mon mollet mais ne parvient qu’à se prendre les crocs dans ma jupe.

Le tissu se déchire sous sa mâchoire puissante et je tombe à la renverse. Les loups m’encerclent, leurs grognements se faisant plus féroces encore, et la meute s’écarte pour laisser passer un immense loup noir. Il est si impressionnant que mon cœur s’arrête. Il ouvre la gueule et plante ses pattes dans le sol pour me sauter à la gorge. Mes doigts se contractent sur les branchages à terre et je tâtonne pour trouver une pierre, n’importe quoi pour éloigner la bête, mais il n’y a rien.

Quand le loup s’élance vers moi, je ferme les yeux en attendant l’impact de la morsure. Mon sang bat si vite à mes oreilles que je ne perçois plus que mon souffle pantelant et les battements de mon cœur qui s’affolent sans doute pour la dernière fois. Les secondes défilent et lorsque la morsure ne vient pas, j’entrouvre les paupières et mes yeux s’écarquillent.

Il me faut quelques secondes pour comprendre ce que je vois et ce qui se déroule sous mes yeux. Les loups se sont tous détournés de moi, prenant pour cible une silhouette que je ne parviens pas à bien distinguer dans l’ombre de la nuit. Je me relève avant de me cacher derrière un arbre, trop heureuse de ne plus être la proie de l’attention des loups, et je remarque alors les yeux de la silhouette se battant avec les loups. Ce regard fait uniquement d’or, il appartient à celui qui a été forcé de devenir mon mari.

Mon ventre se noue et j’observe sa lutte avec les loups avec une appréhension tenace. Les bêtes féroces ne lui laissent aucun répit, se jetant sur lui à de multiples reprises et plantant leurs crocs dans sa chair. Par chance, la peau des Velkeins est bien plus épaisse et plus résistante que celle des humains, Vithimiris ne semble pas prendre note des nombreuses morsures de loups qui parsèment désormais son corps.

Les figures géométriques striant son buste s’animent avec un rayonnement doré et un grognement animal lui échappe. J’ignore ce qu’il se passe mais ses mouvements me paraissent plus rapides et sa férocité est décuplée.

Quand il assène un coup vif et précis sur la nuque de l’immense loup noir aux larges dents jaunes, un crac sonore retentit et la bête s’effondre sans vie sur le sol. Pendant un instant, le temps semble comme suspendu. Vithimiris s’immobilise et les trois loups toujours sur pattes l’imitent. Ils hument l’air avant de rejeter la tête en arrière et de pousser un hurlement qui me force à plaquer mes mains sur mes oreilles. Le son est si strident que j’ai peur que ma cervelle n’explose.

Lorsque le silence revient dans la forêt, les trois bêtes se reculent sur des pattes prudentes avant de tourner les talons pour s’enfuir au cœur des bois. Mes mains tremblantes quittent le tronc sur lequel j’ai pris appui et je me rapproche de Vithimiris d’un pas chancelant. Être toute seule dans cette forêt me semble encore plus dangereux que de me trouver en compagnie du Velkein taciturne.

Je n’ose pas prononcer un mot et alors que j’atteins Vithimiris, son souffle rauque me fait cligner des yeux. Les formes géométriques gravées dans sa chair perdent de leur brillance et ses muscles se mettent à trembler. Les morsures des loups que je pensais incapables de percer sa peau ont en réalité perforé son épiderme. Ma gorge se noue et alors que je m’apprête à toucher son bras pour lui signaler ma présence, il se tourne vers moi et nos regards se croisent. Le doré de ses yeux s’est fait terne.

— Vous…

Je n’ai pas le temps de formuler mes pensées à haute voix, le Velkein s’effondre sur le sol pour ne former qu’un tas de muscles à mes pieds.