Monsieur Vénus
Auteur
- Rachilde (Écrivain)
Acheter neuf
Acheter d'occasion
Classement en biblio - 11 lecteurs
extrait
—Pourquoi du feu? c'est mon jour de mortification, ma chère enfant, dit la tante, ouvrant ses paupières transparentes et livides comme des hosties.
—Parce que, chère tante, je viens causer avec vous de choses graves, et ces choses graves seront une mortification si naturelle qu'elles vous suffiront amplement!
Afficher en entierCommentaires récents
Au sortir de cette lecture, je suis à la fois perturbée, perplexe et heureuse d'en avoir fait l'expérience ! Je me suis laissée guidée dans cette folie horrifique s'amplifiant au fil des pages, pour au final en revenir désorientée !
Si le XIXe siècle a crié au scandale devant le genré défaillant de Raoule - et de Jacques par voie de conséquence -, c'est sa passion dévorante combinée à de graves troubles caractériels qui m'emplissent d'effroi.
Nous avons une jeune femme orpheline depuis ses 5 ans, élevée par une tante puritaine (aimable dévote toute à ses prières), et qui grâce à son apparente innocence angélique a obtenu une trop grande liberté de corps et d'esprit. À ceci s'ajoutent les nombreux privilèges (finances, éducation, ...) de la noblesse et son prestige (ascendance, estime de soi), une absence totale d'autorité, de figure patriarcale qui aurait peut-être pu à elle seule (compte tenu de l'époque) contrer les débordements du caractère impulsif, délirant et rêveur de... cette tendre enfant à l'avenir prometteur !
Que nenni, l'enchaînement circonstanciel en a décidé autrement !
Ainsi donc, l'environnement propice à une autocratie sans commune mesure, permet à Raoule de sombrer dans sa folie amoureuse. Condamnant avec elle, ami, amour et parent, quiconque se prêtant, un moment à ses divagations sentimentales.
Lorsque la part masculine de cette jeune femme s'amourache de la féminité exacerbée de Jacques, elle se l'approprie et l'incite à renier sa masculinité qu'elle exècre. Douloureusement épris de sa bienfaitrice, l'Adonis, garçon de joie, lui cède et par un inversement des genres, ils en arrivent à se compléter, là où tous les autres en seraient incapables.
Rachilde, du haut de ses vingt ans, choque les bonnes mœurs par tant de côtes avec ce roman. En plaidant pour une liberté sexuelle et identitaire, construisant éhontément un personnage féminin qui s'arroge une nouvelle identité de genre, accédant ainsi d'office aux droits (et devoirs) du mâle. - Je soupçonne Rachilde d'insexualiser inconsciemment les genres...
En conclusion :
Je me suis gaussée de la préface de Maurice Barrès, un brin misogyne ; truculent !
Je raffole de cette société emphatique de la fin du XIXe, à l'effet burlesque délectable.
Rachilde est, à mon sens, une auteure de grand talent, couchant impudemment sur le papier des idées avant-gardistes, propres à la démence en son temps. J'ai, au cours de ma lecture, parfois lever le nez, imaginant Marguerite Emery, un sourire moqueur aux lèvres, une plume dans la main, un regard sur le monde... Quel doux plaisir !
Un incontournable à recommander chaudement.
Afficher en entier
Un livre qui est intéressant quand on le remet dans son contexte historique.
Afficher en entierLes gens aiment aussi
Activité récente
Livres ayant des thèmes similaires
Évaluations
Résumé
«Ce qui est tout à fait délicat dans la perversité de ce livre, c'est qu'il a été écrit par une jeune fille de vingt ans. Le merveilleux chef-d'œuvre !» écrit Maurice Barrès dans la préface de ce roman publié pour la première fois en 1889. Aujourd'hui, Monsieur Vénus n'a rien perdu de sa saveur, et Raoule de Vénérande, l'héroïne, a conservé son charme diabolique. «Elle ne connaît pas le vice, mais elle l'invente !» dit un des personnages du roman. Raoule, en effet, est une sorte de mauvais ange. Cette jeune femme, fière et noble, porte en elle le regret de n'être pas un homme et croit pouvoir s'affranchir de tout préjugé. Ayant découvert l'amour, elle n'hésitera pas à modeler, selon sa volonté, le garçon qu'elle a choisi (qu'elle méprise en tant qu'homme, mais dont elle adore la beauté), faisant de lui son esclave, sa femme. Monsieur Vénus est un roman fascinant, par son atmosphère, par ses personnages, par l'analyse d'une certaine sensibilité amoureuse, par l'étude d'un cas curieux d'amour de soi, amour poussé jusqu'au délire, jusqu'à la folie.
[Flammarion]
Afficher en entier