Tila, tome 5 : Le secret de Marie

Alors qu’elle se remémore cette scène, Tila a le même pincement au cœur que la veille, alors qu’elle a compris qu’un doute s’était infiltré dans l’esprit de Gabriel. Elle revoit Antonin Armagnac s’exclamer, l’œil pétillant : « Allez, assez parlé, les amis ! Buvons ce noble et divin nectar ! Accordons-lui le silence respectueux qu’il mérite ! » Ses compagnons ont alors porté, en même temps qu’elle, leur verre de vin à leur bouche. Ah, ils ont certes cessé de parler ! Quelques secondes plus tard, leurs mâchoires se sont scellées ; leurs paupières sont tombées devant leurs yeux, lourdes comme des rideaux de fer. Aucun doute : le vin contenait un puissant somnifère…

Tila tire sur ses draps pour les enlever, puis elle les roule en une boule qu’elle met sur son lit, à l’endroit où le sang coule. Elle jette ensuite un coup d’œil à ses vêtements pour s’assurer qu’elle est habillée décemment. La chemise en coton blanc qu’elle a trouvée hier dans un tiroir est tachée de sang, mais ses boutons sont tous bien mis. Une fois cette rapide inspection faite, la jeune fille se précipite vers la porte qui s’ouvre dans un grincement sinistre lorsqu’elle tire sur la poignée. Dès qu’elle met les pieds hors de sa cabine, quelque chose d’inhabituel, en haut du grand mât, attire son attention. Elle lève les yeux et voit un pavillon noir pour le moins étrange, puisqu’il est orné d’un squelette blanc qui semble danser, un sabre dans la main droite et une fleur dans la gauche.