L'Amour ne s'attrape pas au lasso

...

— Je te le souhaite de tout mon cœur ! J’aime bien l’ambiance de ce restaurant. Les tables sont espacées et la salle est grande.

— Il ne manque que la musique. L’atmosphère me semble plus froide sans chansons.

— Moi, cela m’importe peu.

Le serveur s’interposa un instant pour poser les assiettes et le vin.

— Merci monsieur. Tu sais Francesca, j’adore les restaurants. C’est le meilleur moyen de manger sans faire la vaisselle.

— Ah, ah, ah, ricana-t-elle, je n’y avais jamais pensé. On déguste ?

— Oui, goûtons.

Germain servit du vin à son invitée. Il l’observa entamer sa pizza.

— Tu désires du pili-pili ? proposa-t-elle.

— Oh, oh, oui, oui, merci, merci.

Passée cette boutade, il la flatta. Les femmes aiment les compliments.

— Ce soir, je suis un homme comblé. J’ai deux reines à ma table. L’une croquante et l’autre craquante.

En guise de réponse, elle avala un peu de vin. Il ajouta.

— Tu manges avec les doigts au restaurant ?

— Seulement les contours de la pizza, qui sont difficiles à couper. On est entre nous, puisque je suis ta Reine, n’est-ce pas ?

Elle humidifia son majeur, qui se promena dans l’assiette, en quête de miettes. Elle le porta en bouche dans un geste sans équivoque ! C’était presque une invitation à l’amour. Cela stimula l’anatomie masculine.

« Cette fille a de l’appétit, à tous les niveaux ! »

— Ton Alfa est au garage ? se hasarda-t-elle.

— J’ai pris rendez-vous la semaine prochaine. Et la tienne ?

— Elle est à l’atelier. Le carrossier m’a dit qu’il aurait beaucoup de travail pour remettre en état mon véhicule.

— Le carrossier, dit Germain, c’est le chirurgien esthétique de la tôle !

— C’est bien imagé.

La conversation dévia. Tour à tour, ils synthétisèrent leur parcours de vie respectif. Après le sorbet, il paya par carte bancaire. Un ange passa, le temps qu’ils réfléchissent à la façon dont ils pourraient prolonger la soirée.

— Tu viens à la maison ? intervint-elle, j’habite à deux pas d’ici. Le logement est équipé d’un chauffage collectif. Autant en profiter !

— Moi, j’ai une cheminée. C’est plus romantique.

— Je suis tentée mais je préfère rentrer chez moi, insista-t-elle, tout en remplissant les verres pour finir le flacon.

Ils l’engloutirent d’un trait. Elle lui fit un signe en guise de « on y va.» Ils se levèrent de concert et sortirent. Le jeune homme s’assura que sa voiture ne gênerait personne cette nuit, même si elle était assurée tous risques. Ils marchèrent cinq minutes. « Elle avait indiqué habiter à deux pas. C’était bien une façon de parler. Deux pas valent souvent deux-cent mètres, pensa-t-il ». Francesca souffrait d’ampoules aux pieds...