Lovecraft Country

C’est un récit fantastique et horrifique ayant pour décor les Etats-Unis des années 50 et des protagonistes issus de la communauté noire. Ceux-ci sont confrontés à toutes les difficultés qu’implique la ségrégation : sur le marché du travail, l’accession à la propriété, les mariages mixtes, les violence policières et leur impunité, et dans le Sud les lois Jim Crow qui les dépouillent carrément de leurs droits constitutionnels. À ces dangers s’ajoutent celui d’être la cible d’une secte raciste dont les membres sont doués de magie et qui se servent de l’un des protagonistes pour gagner en puissance.

Et Lovecraft dans tout ça, me direz-vous ? Le maître de l’horreur cosmique apparaît par touches, par allusions. La secte des Adamites tout d’abord, leur culte magique et leur pratiques violentes, et dont le siège se situe à Ardham, ville qui est d’abord lue Arkham sur un billet griffonné, au cas où on avait manqué la référence. On pense un instant qu’on va enfin mettre la main sur le Necronomicon. Atticus, le 1er protagoniste que l’on rencontre est fan des écrits de Lovecraft, au grand dam de son père qui dénonce le racisme notoire de l’auteur. Des créatures lovecraftiennes sont mentionnées, même côtoyées, et le récit prend parfois une dimension cosmique. Mais dans ce pays de Lovecraft, le pouvoir de l’homme blanc surpasse les monstres surnaturels en termes de dangerosité. La magie est acceptée et maîtrisée sans problèmes, presque trop facilement, alors que l’omnipotence de ceux qui détiennent le pouvoir et leur absence de morale tisse une ambiance d’insécurité permanente. Le côté fantastique en parait presque anecdotique dans cette histoire. Ce n’est d’ailleurs pas ce que ce texte comporte de plus réussi, à mon avis.

Le récit est construit comme une série de nouvelles, pas toutes égales en termes de qualité, où le personnage de point de vue change à chaque fois. Tous les personnages sont liés par des liens familiaux ou amicaux. Un personnage secondaire d’un chapitre précédent devient le protagoniste et vit une aventure personnelle qui fait néanmoins avancer l’intrigue globale jusqu’à un final choral. Tout ceci est agencé avec beaucoup de maîtrise et d’intelligence, mais nuit un peu à l’immersion et à l’attachement aux personnages. Lovecraft devient une sorte de fil rouge ténu, comme une reliure à cette collection d’histoires. Autre fil rouge, le « Guide du voyage serein à l'usage des Noirs », édité par l’un des personnages, revient comme un leitmotiv plutôt sarcastique, parce qu’à aucun moment le voyage des personnages ne sera serein.

Comme beaucoup de lectrices et lecteurs, probablement, je me suis lancée dans cette lecture en pensant y trouver une ambiance lovecraftienne. J’y ai découvert avec un plaisir étonné un objet littéraire difficilement identifiable, original, intelligent, instructif et engagé, à défaut d’être véritablement passionnant.

Quel livre malin ! Matt Ruff s'accapare le format nouvelles de Lovecraft et en fait un roman dont les membres de la famille sont tour à tour les protagonistes principaux. Chaque personnage est bien construit, l'intrigue est maline, avec ce conflit entre deux obédiences de magiciens blancs. L'aspect fantastique est riche et plein d'imagination et pour ne rien gâcher, c'est bien écrit. Un excellent bouquin qui expose intelligemment les fondements racistes toujours actuelles de la société états-unienne.

J'ai adoré ce livre, l'histoire se passe dans les années 50 aux Etats Unis en pleine ségrégation. On suit toute une famille et ami.e.s de la famille noire dans une guerre contre des sorciers blancs qui ont bien entendu, tout pouvoir. Le livre est découpé en plusieurs parties qui se concentrent sur différents membres, pour être tout.e.s réunis à la fin. L'histoire est bien ficelée et prenante, on ne décroche pas jusqu'à la fin et on regrette presque que le livre se termine. Dans ce livre on est entre deux mondes : celui de la magie et du fantastique et celui du racisme, dont même si c'est mieux aujourd'hui on retrouve quand même des similitudes et actions qui ont encore lieu en 2021 (par exemple, des policiers qui tirent sur des personnes noires qui n'ont strictement rien fait).

Je voulais lire ce livre avant de voir la série et je ne regrette pas du tout, j'espère que la série sera à la hauteur du livre.

Parfois, à la fin d’un livre, on consulte la bibliographie de l’auteur pour espérer une suite, c’est mon cas pour Lovecraft country. En effet, le décor est planté au milieu des années 50 aux Etats-Unis, pendant des épisodes ségrégationnistes forts, violents et humiliants pour la communauté noire américaine. Mais cette Amérique est aussi le centre d’une guerre de sorciers, plus précisément de philosophes naturels blancs qui ont ambition de découvrir les secrets les plus obscurs de notre terre et d’ailleurs. On rejoint ainsi les contrées de Lovecraft dans lesquelles la santé mentale des héros noirs sera mise à rude épreuve.

Tout cela pour dire que c’est un coup de cœur et que la dernière page achevée… je reste en manque.

Atticus est un jeune noir américain qui est revenu de la guerre de Corée. Il s’embarque avec son oncle et une amie à la recherche de son père qui lui a laissé un mystérieux message. Le voyage n’est pas sans danger car au début des années 50, l’Amérique est régie par les lois Jim Crow, qui restreignent les interactions entre les blancs et les noirs par la ségrégation. Outre les rencontres souvent stressantes avec des psychopathes racistes, ils vont devoir affronter des forces surnaturelles tout autant effroyables.

Incroyable roman dans lequel se mêlent deux paradigmes, l’un lié à la magie et l’horreur gothique l’autre au racisme le plus primaire, et pourtant tout deux aussi abominables. Car, même si d’importants problèmes subsistent encore entre communautés aux États-Unis, la ségrégation et les excès qu’elle a générés, semblent à ce point incompréhensible de nos jours. Matt Ruff signe un roman intelligemment construit et malin, pour le plaisir et la réflexion du lecteur.