Je hais les déménagements. Mais je hais encore plus tous ces bohèmes optimistes qui croient que quitter un endroit avec des cartons et des regrets signifie un nouveau départ salutaire. Des souvenirs emmagasinés gauchement dans de vieilles boîtes d’électroménagers, un nouveau besoin pressant de se débarrasser des choses « inutiles » qui pourtant jadis étaient rassurantes, des voisins feignant d’être conviviaux pour ensuite rapporter vos agissements hérétiques au conseil de ville, des corvées de peinture interminable pour chasser les goûts lamentables des précédents résidents, des amis qui prétextent une gastro pour éviter de vous aider à déplacer le réfrigérateur, une amertume irrépressible à la seule idée qu’un inconnu souillera bientôt les fondements de vos souvenirs pour en ériger de plus neufs… Un nouveau départ salutaire? Je ne crois pas, non.
Deux jours plus tard, Ariel quitte enfin la maison et le calme revient définitivement. Plus de bave de bébé sur tous les meubles ni de cris de terreur au milieu de la nuit et, surtout, le siège de toilette est désormais toujours baissé. Nous n'avons jamais eu d'hommes dans cette maison, nous ne nous sommes donc jamais habituées à ce que la lunette soit relevée. Il faut donc l'avouer, Jasmine, Belle et moi avons toutes, au moins une fois, au milieu de la nuit, plongé dans la cuvette. Évidemment, un flot de mots grossiers en a résulté et nous nous imaginions que Max s'esclaffait de notre maladresse, caché entre les draps dans l''ancienne chambre de sa blonde. Lui de son côté, nous jure qu'il ne faisait jamais exprès et que jamais il ne s'est rendu compte de nos plongeons, mais nous doutons foncièrement de sa franchise.
Résumé
Je hais les déménagements. Mais je hais encore plus tous ces bohèmes optimistes qui croient que quitter un endroit avec des cartons et des regrets signifie un nouveau départ salutaire. Des souvenirs emmagasinés gauchement dans de vieilles boîtes d’électroménagers, un nouveau besoin pressant de se débarrasser des choses « inutiles » qui pourtant jadis étaient rassurantes, des voisins feignant d’être conviviaux pour ensuite rapporter vos agissements hérétiques au conseil de ville, des corvées de peinture interminable pour chasser les goûts lamentables des précédents résidents, des amis qui prétextent une gastro pour éviter de vous aider à déplacer le réfrigérateur, une amertume irrépressible à la seule idée qu’un inconnu souillera bientôt les fondements de vos souvenirs pour en ériger de plus neufs… Un nouveau départ salutaire? Je ne crois pas, non.
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