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Les chroniques de Susylee, Tome 1 : Les poussières de l'aube



Description ajoutée par Vanessa82 2013-02-15T20:46:00+01:00

Résumé

24 mars 2012. C’est mon anniversaire ce soir. J’adore les anniversaires. Enfin, j’adorais avant, aujourd’hui je n’en suis plus aussi certaine, les temps changent et mes envies évoluent. Toujours est-il que celui-ci est particulier : je fête mes 102 ans !

La belle et jeune Susylee se réveille un soir sans aucun souvenir d’une vie d’avant. Un homme au teint pâle se présente comme son tuteur. Il va l’aider à composer avec sa nouvelle vie de vampire en suivant à la lettre les multiples règles liées à sa toute récente condition. Un parcours initiatique et chaotique de près de cent ans qui va redonner sens à son existence.

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Classement en biblio - 11 lecteurs

extrait

CHAPITRE PREMIER

Un soir, je me suis réveillée allongée sur une méridienne de velours tendre au centre d’une pièce obscure ne laissant ap-paraître qu’un mince filet de lumière horizontal sous le cham-branle d’une porte. J’avais mal partout, des courbatures atroces, la tête embrumée et des images vaporeuses arrivaient par flashes devant mes yeux sans que je puisse les identifier. Mon premier réflexe avait été de chasser ces images de mes propres mains, mais elles étaient impalpables et pour cause.

Je ne savais pas où je me trouvais, et encore moins comment j’étais arrivée là. J’avais bien du mal à me rappeler quel jour nous étions. Soudain, une image plus claire que les autres apparut dans mon esprit. Je me voyais souffler les bou-gies d’un gâteau d’anniversaire et si j’avais bien fait le compte, j’avais vu vingt-sept bougies organisées de façon harmonieuse. Je crois bien que j’étais née un 24 mars de l’année 1883, alors après un rapide calcul mental, j’estimais que nous devions être le 25 ou le 26 mars 1910… Ma fête d’anniversaire avait dû être torride pour que je me retrouve dans un tel état.

Après moult efforts, je parvins enfin à m’asseoir malgré ma longue robe de soirée en tulle, ornée de broderies, de perles, de paillettes et de cabochons. Je ne portais pas de sou-tien-gorge mais un petit corset cintré et une culotte en dentelle. Mon cou était bien dégagé, sans aucun bijou, ni autre objet personnel. En posant mes pieds au sol, je butais sur des sou-liers recouverts d’une fine boue séchée qui s’effritait entre mes doigts. J’imaginais que c’étaient mes chaussures car, par ré-flexe, je les avais enfilées et elles m’allaient à la perfection. De sublimes souliers de chez Hellstern & Sons en satin et bro-dés de perles de verre, si reconnaissables à leurs petits talons en bois, leur marque de fabrique.

À ma droite, en tendant le bras, je sentis, posé sur une petite desserte, un chapeau en plumes de coq. Je ne savais pas si c’était le mien car j’avais la vague sensation d’être aller-gique aux plumes, ça me chatouillait le nez. À côté, un réticule entrouvert, en velours de soie et brodé de perles d’argent, con-tenait un mouchoir en dentelle, un flacon de sels et un petit morceau de papier partiellement déchiré.

Depuis combien de temps me trouvais-je là ? Je n’en avais aucune idée. Ma tête était si lourde. Mes poignets me démangeaient, mon cou me picotait et bizarrement mon aine était un peu irritée. Mais où diable avais-je donc atterri ? Et que m’était-il arrivé ?

Je restai un instant à contempler mes jolis souliers, aussi confortables que des chaussons avec leurs petits talons. Je fi-nis par me lever et à tâtons, je me risquai à explorer les lieux. Un tapis épais recouvrait le sol, je marchai à petits pas au cas où il y aurait des obstacles sur mon chemin. Mais non, rien de coupant, ni de tranchant ou de pointu en perspective.

Mes mains brassaient du vide, rien que du vide dans cette pièce sombre. En me dirigeant vers le mince filet de lumière, je butai contre une commode patinée sur laquelle se trouvaient une lampe à huile et des allumettes. Je m’y repris à plusieurs fois avant de pouvoir l’allumer. La lumière commença à se diffuser lentement et arriva à son pic d’éclairement. Mes yeux se brouillèrent et je ne pus m’empêcher de les fermer. Je bais-sai la mèche en tournant avec délicatesse le petit variateur.

Après un court instant, la pénombre ne me gêna plus au-tant et j’ouvris de nouveau les yeux sans crainte. Je commen-çais à m’habituer à cette basse lumière ou alors je développais une nyctalopie aiguë, comme les chats. Je ne distinguais pas toutes les couleurs, mais les formes étaient tout à fait bien des-sinées. Je fis un tour complet de la pièce tout en gardant ma position centrale. Je vis peu de meubles, des rideaux épais re-couvraient une large fenêtre et devant moi se trouvait une porte qui devait bien mener quelque part. Mais où ?

La porte m’invitait à l’ouvrir. Je fis quelques pas dans sa direction et ma tête se mit à vaciller. J’allais perdre connais-sance. Par chance, une chaise posée là me permit de m’asseoir et de reprendre mes esprits. Mes repères s’étaient d’un seul coup tous évaporés, tout comme mes souvenirs. Qui étais-je ? Comment je m’appelais ? De toute évidence j’étais partielle-ment amnésique. Certainement une amnésie passagère due à un vilain coup sur la tête. Mais en m’auscultant, je ne sentis aucune bosse, rien d’inhabituel, j’en restai coite.

Soudain, un bruit sourd me fit sortir de ma torpeur. Le grondement s’amplifiait et s’approchait petit à petit de la chambre. Les poils de mes bras et de mes jambes se dressèrent sur ma peau sensible. La rumeur se dissipa pour être rempla-cée par des rires ou plutôt des piaffements de jeunes filles. Étrange et rassurant à la fois. Je n’étais donc pas le seul être vivant dans ce lieu rempli d’une atmosphère si particulière que je n’arrivais pas encore à discerner. Qui étaient ces per-sonnes ? Bienfaisantes ou malfaisantes ?

Un coup de sifflet retentit puis un étrange silence se fit entendre pendant un fragment de seconde. Je tendis l’oreille. Je me concentrai et découvris un monde sonore intense. Un frottement léger, celui d’une mousseline froissant un mur, des petits pas rapides foulant un parquet ultra-ciré, des tintements métalliques, un liquide navigant dans un verre en cristal. On toqua à la porte. Je sursautai.

Devais-je répondre ? Je ne savais même pas si ce toc-toc m’était destiné. Dans le doute, toute timide, j’invitai la per-sonne à entrer. Un verrou se déclencha et la porte s’ouvrit. Une odeur enivrante et tout à fait indéfinissable me picota le bout du nez. Je vis alors un plateau en argent luisant avec, en son centre, un petit verre rempli d’une substance épaisse et sombre. Aucune idée de ce que cela pouvait bien être, mais une chose était sûre : cette boisson m’attirait. Mes narines se déployèrent au plus large de leurs possibilités. La salive monta d’un coup du fond de ma gorge à tel point que je manquai de m’étouffer.

Une femme de chambre, coiffée d’un petit fichu et cin-trée d’un tablier blanc, me demanda où elle devait déposer ma collation : sur la commode de l’entrée ou à côté du divan au milieu de la pièce ? La desserte à côté de la méridienne me paraissait plus adaptée et surtout plus éloignée de cette porte qui venait de s’ouvrir, signe d’une certaine liberté. Je marquai une pause et désignai du doigt le centre de la pièce.

Échappant à la vigilance de la femme de chambre, je lui faussai compagnie et m’engageai dans un couloir intermi-nable. Je sentais mes pas si lourds, si lents. Des portes de chaque côté s’offraient à moi et, ne sachant pas laquelle choi-sir, je décidai d’aller au bout du couloir vers une grande porte-fenêtre opaque. Je l’ouvris avec précaution. Une ambiance feutrée se dégageait de cette pièce immense où trônait, au centre, une table à dîner pour une quinzaine de convives, que des serviteurs dressaient. La décoration était fastueuse avec des chandeliers en argent disposés çà et là. Des petites mains s’activaient et ne prêtaient pas du tout attention à ma pré-sence ; bien trop concentrées à ne rien renverser ou casser de ce beau service en Jasper blanc sur biscuit bleu, si reconnais-sable des manufactures britanniques de poteries et de faïences Wedgwood.

La faim me tiraillait. Les contractions rythmiques de mon estomac étaient de plus en plus rapprochées. Ma bouche s’emplissait de salive, ma gorge et mon œsophage se dilataient à grande vitesse. Soudain, des flashes s’activèrent devant mes yeux. La salle à manger chavira tout autour de moi. Le per-sonnel de maison entreprit alors une danse étrange autour des chaises. Pouvaient-ils s’adonner au jeu des chaises musicales ? Fort peu probable. Mon imagination devait me jouer des tours à cause de la faim ou alors d’une certaine forme de delirium tremens. Je devais absolument me ressaisir, me nourrir avant de tomber dans les pommes sur le beau parquet en chêne mas-sif et lustré de cette salle à manger majestueuse, et au beau mi-lieu d’inconnus.

Malgré tous mes efforts, je ne pus tenir plus longtemps sur mes pieds. Je fis la bascule pendant un court instant et puis plus rien. À part une forte odeur de sels qui m’enivrait et me forçait à reprendre mes esprits. Des voix féminines chatouil-laient mes oreilles et leurs visages se mêlaient devant mes yeux fatigués.

— Vous ne lui avez pas apporté sa collation comme on vous l’avait ordonné ?

— Si Madame, assurément… Mais elle a quitté la pièce avant que je lui donne les instructions…

— Faut-il appeler le Guérisseur ?

— Mettez-lui un coussin sous la tête !

Une voix masculine et profonde fit taire tous les caque-tages.

— Laissez, je me charge d’elle. Retournez toutes à vos occupations.

En deux temps trois mouvements, je me sentis légère, soulagée d’un poids, pour me retrouver dans les bras d’un homme d’une petite trentaine d’années, blond, bouclé, au re-gard céleste et au sourire charmeur. Tous mes sens m’étaient revenus comme par enchantement. Ses bras charnus m’enroulaient affectueusement. Son teint d’ivoire contrastait avec la couleur de son costume sombre qui soulignait ses lèvres vermillons offertes à quelques centimètres des miennes. J’étais comme aimantée par cette bouche généreuse. Mon cou se tendait jusqu’à l’effleurer. Un frisson glacial s’empara de tout mon être. Comment ce simple effleurement pouvait-il me faire chavirer à ce point ? Plus je levais les yeux vers lui et plus je percevais une chaleur intense monter en moi. Mes joues devaient être rouge écarlate.

Des images monopolisèrent de nouveau mes pensées. Et comme dans un rêve, je voyais mes lèvres se coller à d’autres lèvres. Pouvaient-elles être celles de mon porteur ? Et puis quoi encore, c’était pure folie ! Je ne le connaissais même pas. Quelle agréable sensation, tout de même. Étais-je comme ces filles de joie qui se jetaient au cou d’un parfait inconnu ? Cer-tainement pas. Cet homme dégageait un tel magnétisme…

Nous quittâmes la salle à manger et nous remontâmes le couloir que j’avais emprunté plus tôt. Nous marchâmes vers mon antre ou plutôt nous y flottâmes. Étrange impression que celle de ne pas sentir le sol sous ses pieds. Ses chaussures ne touchaient pas terre et son corps bougeait à peine. Serait-il possible que nous volâmes ? Je relevai la tête vers mon sherpa.

— Euh ! Nous volons là, n’est-ce pas ?

Et lui de me répondre aussi impassible que l’on puisse être :

— Non pas du tout, je ne suis pas un Navigant.

Voyant ma mine déconfite, il se sentit obligé d’ajouter :

— J’ai beaucoup d’aptitudes mais pas celle-ci, je ne sais pas voler.

Ma tête se baissa de nouveau.

— Mais vos pieds ne touchent pas le sol…

Avec un léger sourire et une voix suave, il susurra :

— Nous lévitons, voilà tout.

On lévitait tout simplement, et puis quoi encore !?!

Il finit par me déposer sur la méridienne puis plaça ses mains délicates sur mon visage pour dégager une mèche re-belle. J’eus un léger mouvement de recul, pas de peur mais plutôt de surprise. Ses mains étaient si douces et si froides.

— Reposez-vous un instant, je vous apporte votre colla-tion.

Quelle exquise intention. Le beau blond se tourna sur sa droite, tendit le bras pour saisir le petit verre en cristal apporté par la femme de chambre. Il l’approcha au bord de mes lèvres. Une véritable invitation à l’érotisme labial. Ne souhaitant pas contrarier mon hôte, j’ouvris la bouche et sentis le liquide épais descendre le long de ma trachée. Je ne pus m’empêcher de faire une grimace de dégoût. J’étais une femme du monde et je ne voulais pas recracher, pourtant ce n’était pas l’envie qui manquait. Quelle infâme boisson !

Je n’avais jamais rien avalé d’aussi peu ragoûtant, enfin je n’en aurais peut-être pas mis ma main à couper. Le beau blond sortit de sa pochette un petit mouchoir blanc en dentelle, avec deux initiales brodées que je n’eus pas le temps d’identifier. Il m’épongea les lèvres et le menton. Sans même ouvrir la bouche, il demanda si j’allais mieux. Je restai inter-loquée. Oui, ça allait plutôt bien surtout depuis que j’étais as-sise à ses côtés. Je me sentais même très apaisée, calme et se-reine.

— Mais, vous me parlez directement dans ma tête ? Vous êtes ventriloque ? Je n’ai pas vu vos lèvres bouger. Comment faites-vous ça ?

— Chaque chose en son temps. D’abord, finissez votre collation pour reprendre des forces avant le dîner.

Il était hors de question que j’avale une goutte de plus de ce poison. Il me tendit le verre que je ne sus refuser. Il possé-dait un tel pouvoir de persuasion que mes lèvres trempèrent dans ce cristal de Baccarat et j’aspirai tout son contenu. Cette seconde tentative fut tout aussi désagréable que la première. Plus jamais je ne mettrais ne serait-ce qu’une gouttelette de plus de ce liquide dans mon organisme.

— Oh que si… Vous allez même très vite l’apprécier, je vous en fais le pari.

Et en plus, il lisait en moi comme dans un livre ouvert ! Quelle impudence ! Qui était-il ? Une sorte de médium ou de diseur de bonne aventure ? De quel droit brisait-il mon intimi-té ? Je m’apprêtai à lui poser des tonnes de question quand nous fûmes interrompus.

On toqua à la porte. Une nouvelle femme de chambre, beaucoup plus jeune que la précédente et les bras couverts d’une masse de tissus, entra.

— Monsieur, voici, comme convenu, la tenue de Made-moiselle…

Monsieur se contenta d’un signe de tête. La jeune femme déposa les vêtements sur la chaise de l’entrée et s’en alla aussi vite qu’elle était venue, discrète et charmante. Ses petits pieds de velours frôlaient le sol parqueté du couloir et disparurent au bout d’un moment. Une fois de plus, il pénétra mon esprit :

— Je vous laisse vous vêtir. En cas de besoin, faites-le moi savoir et une habilleuse viendra vous aider.

Sur ce, il se leva de la façon la plus élégante qui soit. Je le suivis du regard. Je ne voulais pas qu’il parte, je me sentais en sécurité à ses côtés et j’avais tant de questions à lui poser. Il posa son doigt sur mes lèvres et mes yeux se fermèrent. J’humai son parfum délicat et mon corps tout entier réagit.

Avant de tirer la porte derrière lui, il s’adressa à moi de façon plus conventionnelle.

— Au fait, toutes mes excuses, je ne me suis pas présen-té : je suis Soriel, Soriel Arwels.

Une petite révérence et puis il disparut…

Je me retrouvai seule dans cette pièce aux murs couverts de tentures chaleureuses et de tableaux sombres que je pouvais admirer à pleins yeux. Je me demandais encore ce que je fai-sais dans cette demeure mais je m’y sentais en sécurité. Aucun acte malveillant n’avait été commis à l’encontre de ma per-sonne jusqu’à présent, bien au contraire. Et, depuis ma colla-tion, mon corps et mon esprit avaient fusionné dans la béati-tude la plus totale.

Je me dirigeai vers la chaise et saisis la robe de taffetas pêche que m’avait fait préparer Soriel. Des dessous de soie de Chine couleur chair se trouvaient dans une petite pochette, à part. Je m’assurai que le verrou de la porte fut bien fermé et commençai mon effeuillage. Que c’était pénible de se parer toute seule ! Non, je n’allais pas abuser de l’hospitalité de mon hôte, je pouvais me débrouiller comme une grande. Une fois débarrassée de ma robe de tulle, j’enlevai ma culotte et mon corset. Quelle sensation de soulagement ! Les corsets faisaient une taille si fine qu’on en oubliait de respirer. J’eus envie de profiter de cette belle sensation et visitai, toute nue, cette pièce aux tentures.

Mes mains se frottaient partout où elles pouvaient. Je captais le moindre changement de matière sans même ouvrir les yeux. Tous mes sens étaient décuplés comme par miracle. Au détour d’une alcôve, je remarquai une porte cachée qui s’ouvrit par une simple pression de la main.

Je découvris un petit cabinet de toilette, meublé d’un fau-teuil bas mais confortable en tissu fleuri et d’une vasque sur-montée d’un robinet. Parfait pour une petite fraîcheur ! Je ne me sentais pas particulièrement sale mais ne sachant pas de-puis combien de temps mon corps n’avait pas eu de contact direct avec de l’eau ou du savon, je me résignai à le laver. Avant cela, j’allumai une lampe à huile qui se trouvait posée sur un guéridon. Un mince filet d’eau provenant du robinet de cuivre coula par petites saccades dans la vasque en verre mou-lé. Une éponge naturelle reposait sur le rebord. Je l’humectai avant de la passer sur mon corps en commençant par le cou. Une minuscule croûte de sang tomba dans la vasque. Je ne sentais aucune cicatrice. Étrange… Je m’en préoccuperai plus tard, car je devais avant tout achever ma toilette et m’habiller. L’éponge descendit ensuite sur mes seins gonflés et, à son contact, mes tétons se bandèrent. Mes yeux se brouillèrent et de nouveau des images troublantes envahirent mon esprit.

J’avais la tête penchée sur le côté, je n’étais pas seule ; je sentais le souffle court d’un homme. Il m’enlaçait et me cou-vrait de baisers. Son visage m’apparut le temps d’une seconde et je crus reconnaître Soriel mais avec des yeux bleus plus foncés. Non, ce n’était pas possible, mes fantasmes se jouaient encore de moi… Je devais me réveiller et me secouer. Alors, je pris l’éponge pour frotter mes bras qui à priori étaient une zone plutôt insensible et cependant... Ses lèvres douces par-couraient de mille suçotements mes poignets dont les veines étaient à fleur de peau. J’étais à sa merci, je me laissais aller à ses tendres caresses. Je me sentais partir, ma respiration était de plus en plus rapide, j’avais l’impression que mon cœur ne tiendrait plus très longtemps. J’aurais souhaité m’attarder, mais c’était impossible. Je m’aspergeai le visage à grandes eaux.

Ma toilette achevée, je regagnai la pièce principale et me dirigeai vers ma nouvelle tenue. Je commençai par les des-sous, cela allait de soi, puis j’enfilai par la tête la robe de taffe-tas couleur pêche. Elle m’allait à la perfection, comme si elle avait été dessinée pour moi. Avait-on pris mes mensurations pendant que je dormais ?

Je cherchai un miroir pour m’admirer, mais j’avais beau arpenter tous les recoins du petit cabinet de toilette puis ceux de la pièce principale, je n’en trouvai aucun. Je me contentai du plateau d’argent posé à côté de la méridienne qui reflétait, avec un flou certain, mes formes embellies par le vêtement. J’étais enfin prête ; une petite parure en or et brillants aurait fini d’achever ma tenue, mais je n’en avais pas, alors je m’en passerais.

Un nouveau toc-toc discret me fit bondir. La porte s’ouvrit sur une jeune femme brune d’une bonne vingtaine d’années, aux cheveux très longs et élégamment vêtue. Elle vint à ma rencontre.

— Avez-vous besoin d’aide ? Visiblement non, vous vous en êtes sortie à merveille… Vous êtes très jolie. Veuillez me suivre. Je vous conduis au salon. Tout le monde vous at-tend avant de passer à table.

Je ne me fis pas prier et la suivis. Je ne savais pas qui était cette charmante personne mais elle était très belle et rayonnante. Elle m’inspirait confiance pour je ne savais quelles raisons d’ailleurs. La sensualité et l’amour transpi-raient par tous les pores de sa peau claire, c’en était indécent. Au fait, c’était une habitude ici, personne ne se présentait ? D’un autre côté, elle ne m’avait pas demandé mon nom, de quel droit pouvais-je bien lui demander le sien ?

Nous longeâmes le fameux couloir que je commençais à bien connaître et je remarquai au passage les nombreux ta-bleaux ornant les murs, principalement des portraits de fa-mille. Je m’attardai sur l’un d’eux, croyant avoir reconnu mon hôte. Il lui ressemblait traits pour traits, il avait le même nom : Soriel Arwels, mais la date indiquée par le peintre, 1829, me fit penser qu’il devait s’agir de son père ou plutôt de son grand-père. À cette époque, il était d’usage d’appeler les pre-miers fils par le prénom du père et ainsi de suite. Tout de même, cette ressemblance, c’était troublant. Mon chaperon me rappela à l’ordre.

— Ils nous attendent et sont tous très impatients de faire votre connaissance.

Et s’ils avaient la même faim que celle qui martyrisait mes tripes, ils m’en voudraient à mort si je ne me dépêchais pas…

À ma grande surprise, nous ne nous dirigeâmes pas vers la grande porte-fenêtre du bout du couloir mais juste avant, vers une petite porte à gauche. Nous pénétrâmes dans un mi-nuscule salon qui semblait d’autant plus petit qu’une quin-zaine de convives s’y entassaient, un verre à la main. Certains hommes fumaient le cigare et les femmes s’éventaient tout en conversant dans d’élégantes tenues de soirée. Tous les regards se figèrent à notre arrivée et le silence se fit net. Je ne savais plus où me mettre. À ce moment précis, j’aurais rêvé d’être une autruche et de me cacher la tête dans le sol !

Soriel avait lui aussi changé de tenue, il était sobre et élégant dans son costume sombre trois pièces à liseré argenté. Il s’approcha de moi ; ma chaperonne s’était écartée vers la cheminée rougeoyante pour rejoindre un homme qui l’enlaça et l’embrassa sans pudeur. Soriel m’offrit sa main :

— Venez plus près, ma Chère, que je vous présente à la Famille de façon officielle.

Je me sentis apaisée dès qu’il me toucha. Sa main était toujours aussi douce et fraîche. Son pouce se promenait de-ci de-là sur mon avant-bras alors que nous nous avancions au centre de la pièce. Les convives se positionnèrent en arc de cercle face à nous.

— Chers amis, la voici… Accueillez-la comme elle le mérite et guidez-la de votre mieux, je compte sur votre dispo-nibilité à toutes et à tous.

Chacun resta à sa place pendant que Soriel me les pré-senta rapidement en désignant leurs curieux prénoms et le même patronyme : Arwels. Soriel avait là une bien grande fa-mille ! Le plus étrange était l’absence de ressemblance entre eux. Même tranche d’âge, entre 20 et 35 ans, à part peut-être une jeune fille d’à peine 17 ans. Étaient-ils tous ses frères, ses sœurs ou alors ses cousins ? J’en doutais.

Les présentations générales étaient faites et j’avais bien peur de n’avoir retenu que la moitié de leurs prénoms. C’est alors que Kaï Arwels s’avança vers moi d’un pas assuré, la tête penchée sur le côté. Il me regarda droit dans les yeux avant de prendre ma main et la baiser à distance. Je lui rendis sa politesse en inclinant la tête. Cet homme m’impressionnait beaucoup avec ses grandes rouflaquettes et son regard perçant. Il n’avait pas précisé son âge, mais il semblait le plus âgé de l’assemblée. Il dégageait une certaine froideur. Kaï ne m’inspirait guère confiance, pas plus que Dafron, un homme plutôt grand et mince qui était à ses côtés. Ce dernier, à peine plus jeune que le patriarche, fut encore plus sobre et se conten-ta d’un signe de tête après avoir retiré son monocle et recraché la fumée épaisse de son cigare oscuro à bague turquoise. Pas de contact physique, cela m’allait très bien. Je me contentais amplement de la main soyeuse de Soriel. Les deux hommes s’écartèrent pour continuer leur discussion qui avait été inter-rompue à mon arrivée.

Ils cédèrent la place à un certain Dafydd de la même tranche d’âge. Il était cependant tout à l’opposé des deux pre-miers, très souriant, chaleureux et avenant. Il me serra dans ses bras, très, ou plutôt, trop fort. Il manqua de m’étouffer. Son étreinte fut stoppée juste à temps par Soriel qui, prétextant un manque de temps, me présenta un couple : Blaanid et Malane. Ils étaient tendres et se tenaient la main en buvant dans le même verre. Malane était la charmante brune aux cheveux longs venue me chercher un peu plus tôt. Son petit clin d’œil marquant notre complicité me fit sourire. Très fusionnel, ce couple ne formait qu’une seule et même personne contraire-ment à l’autre couple, Marlow et Oxalyn, dont les visages étaient fermés et tristes. Peut-être s’étaient-ils disputés peu de temps auparavant ?

Nous ne nous attardâmes pas trop, Soriel avait vu mon malaise et le leur. Il me fallait une distraction et je la trouvai en la personne des jumeaux d’une petite vingtaine d’années, Kydor et Kalvi. Ils étaient très taquins, ils me tendaient leurs mains à tour de rôle sans que je puisse en atteindre aucune. Leur ressemblance était parfaite, tout autant que leur complici-té.

Jade et Rona rirent à gorges déployées de leur petit ma-nège. Ces deux jeunes et jolies princesses sortaient tout droit d’un conte des mille et une nuits. Étaient-elles sœurs ? Fort probable. Elles s’empressèrent de me prendre la main et de continuer les présentations, laissant Soriel en plan. Cela ne sembla pas vraiment lui plaire et Dafydd, voyant son ami con-trarié, entama avec lui une discussion dont je ne pus saisir au-cun mot. Encore un de leurs jeux d’esprit. Cela devait être une habitude familiale…

Vint alors le tour de Dafoldy, un charmeur né, de me rendre ses hommages par une grande révérence et un baise-main très appuyé qui fut coupé dans son élan par Gurvin, tout aussi charmant, mais dans un autre style. Il prit mes deux mains pour les rejoindre en prière et embrassa le bout de mes doigts. La dernière personne que l’on me présenta était Soal, une très jeune fille, fragile et timide. Elle se contenta d’un pe-tit sourire avant de baisser la tête et de se cacher derrière Da-fron.

Les présentations individuelles enfin terminées, une cloche sonna. Soriel me reprit le bras et entraîna tout ce petit monde avec nous en direction de la salle à manger où je m’étais déjà aventurée. C’était tout de même étrange que per-sonne ne m’ait demandé mon nom. Peut-être le connaissaient-ils déjà ? Parce que moi, je n’en avais toujours aucune idée. Je me laissai guider sans plus me poser de questions. Je mourrais de faim et il me tardait de dîner.

Nous entrâmes dans la somptueuse salle à manger qui était encore plus fastueuse qu’à mon premier passage. Les chandeliers crachaient une belle lumière tamisée. Soriel tira une chaise devant moi afin que je puisse m’installer à sa gauche. À la mienne, il y avait Malane, la belle brune, et en face de moi, Kaï, le patriarche, avec Dafron, l’homme au ci-gare, à sa droite. Plus personne ne me prêtait une attention par-ticulière. Ils avaient tous repris leurs bonnes vieilles habitudes et j’avais l’étrange sensation de faire partie de leur cercle ou peut-être du décor.

Les discussions allaient bon train. J’appris que notre bon Roi Edouard VII était très malade et qu’il n’en avait plus pour longtemps. Ils étaient tous attristés alors que moi, cela ne me faisait ni chaud ni froid. Une porte dérobée s’ouvrit en face de moi pour laisser passer Maria, une femme rondouillarde d’une cinquantaine d’années, coiffée d’une toque et un tablier serré à la taille. Elle fut suivie par ses aides de cuisine qui se placèrent derrière chacun d’entre nous et déposèrent une assiette clo-chée. Aux ordres de Maria et d’un même geste, elles déclochè-rent. Des cris de joie se firent entendre.

— Maria, vous nous avez gâtés !!! s’écrièrent en chœur les deux jolies princesses, Jade et Rona.

La cuisinière en chef s’inclina et d’un seul mouvement, toutes ses aides lui emboîtèrent le pas et quittèrent la pièce.

Je plongeai alors le nez vers mon assiette. Une gélatine visqueuse recouvrait une masse sphérique rouge ardent. Je tournai la tête vers ma voisine Malane et la vis percer la bulle avec la pointe de son couteau. Un liquide épais s’en écoula. Je n’en croyais pas mes yeux. J’entamai un léger mouvement de recul et de dégoût. Je me tournai ensuite vers Soriel et tentai de capter son attention. Il était en pleine conversation avec Oxalyn, sa voisine de droite. Il allait enfourcher une bouchée de cette nourriture répugnante quand je criai : STOP !

Je me levai de ma chaise dans un mouvement brusque. J’étais pétrifiée. L’assemblée se tut. Soriel se leva à son tour et me regarda, interdit.

— Y aurait-il un problème ? se contenta-t-il de me dire.

— Et comment ! Vous êtes qui ? Qu’est-ce que je fais ici ? Et puis, c’est quoi ce truc gluant ? C’est ignoble ! Je veux partir, laissez-moi partir ! Je veux rentrer chez moi !

Kaï s’adressa à Soriel de la façon la plus stricte possible.

— Je t’avais dit qu’elle n’était pas encore prête. Ramène-la dans sa chambre et calme-la, nous aimerions terminer notre dîner en paix.

Le repas reprit son cours pendant que Soriel, me prenant par la taille, m’invita à quitter la salle à manger. Je tentais de résister, mais cela m’était impossible, il contrôlait non seule-ment mon corps mais aussi mon esprit. Je ne pouvais plus ou-vrir la bouche, alors je me contentais de baisser la tête et de le suivre, bien sage comme un gentil petit animal domestique.

Arrivés dans la chambre, Soriel m’ordonna de m’asseoir sur la méridienne. J’obéis. Il fit les cent pas autour de la pièce, visiblement agacé, avant de s’asseoir à mes côtés et de re-prendre son calme. Il prit mes mains dans les siennes et me regarda droit dans les yeux.

— Tu ne vas pas crier, tu vas rester tranquille et m’écouter.

Une légère pression se relâcha en moi et je pus hocher la tête et reprendre partiellement le contrôle de ma personne. J’allais m’exprimer quand Soriel plaça son doigt sur ma bouche.

— Tout va bien, calme-toi, je vais répondre à toutes tes questions, mais tu dois demeurer calme, c’est compris ?

Je hochai de nouveau la tête et finis par me calmer. Il me caressa les cheveux. Je me sentais plus détendue, le simple contact de sa peau sur la mienne me faisait un bien fou et la peur qui avait grandi en moi disparaissait au fur et à mesure.

— Je ne comprends pas ce qui m’arrive et encore moins pourquoi je suis là.

— Tu es en sécurité dans la demeure ancestrale des Ar-wels qui est désormais la tienne. Nous allons tous bien prendre soin de toi et parfaire ton apprentissage afin qu’un jour tu puisses à ton tour créer ta propre Famille.

J’étais confuse, je comprenais ses mots mais en aucun cas leur signification. Cet homme avait une façon bien étrange de s’exprimer. Aussi, tout ce qui pouvait bien sortir de sa bouche, je le buvais comme paroles d’évangile. Étrange. À ce moment-là, une seule chose me vint à l’esprit :

— J’ai faim, j’ai vraiment très faim. Mon estomac me fait un mal de chien.

Soriel se leva, tira sur un pan de tissu caché le long de la porte puis revint me prendre dans ses bras. Cela eut pour effet de tranquilliser quelque peu ma douleur. Une femme de chambre entra et s’approcha avec un nouveau plateau d’argent portant cette même collation ignoble.

— Ah non, cela ne va pas être possible… Je ne veux plus boire de cette chose, ce n’est pas à mon goût, désolée… Je ne voudrais pas abuser, mais peut-être pourrais-je avoir une cuisse de poulet ou une pièce de veau ? C’est quoi ce liquide rouge ? Une spécialité locale ?

Soriel fit un signe de la main et la femme quitta la pièce mais avant, elle déposa le plateau à côté de la méridienne.

— Dorénavant, cette collation sera ta principale nourri-ture. C’est du sang tout frais et tu en as besoin pour ta survie.

Je n’en croyais pas mes oreilles. J’avais besoin de sang pour survivre, il me prenait pour quoi, une vampire ?

— Oui, tu es une vampire depuis peu et tu vas boire ce verre avant de t’évanouir.

J’eus à peine le temps de réagir qu’il recommença le même manège en me tendant la boisson et me força, sans trop d’effort, à ouvrir la bouche. Le liquide coula au fond de ma gorge. Le goût était toujours aussi désagréable. Cependant, je me sentis de mieux en mieux et mes crampes d’estomac dispa-rurent.

— C’est n’importe quoi ! Je ne suis pas une vampire. Ça n’existe pas ! C’est un mythe pour effrayer les jeunes filles crédules qui s’abreuvent de romans fantastiques pour se faire peur. Et je ne suis pas celles-là !

Soriel me sourit puis plaça ses deux mains sur mes joues. Il me fixa droit dans les yeux.

— Ne suis-je pas réel ? Et pourtant je suis bien là. Je suis un vampire et comme toi, j’ai besoin de sang pour me nourrir. Et là maintenant, je suis en train de manquer un repas succu-lent que Maria avait concocté exprès en ton honneur.

— Succulent, ce n’est pas le mot que j’aurais employé…

Le regard de Soriel se fit perçant.

— Kaï avait raison, tu n’es pas encore prête. J’ai présu-mé de mon pouvoir et du tien. Je vais devoir y remédier et procéder d’une autre manière.

Des vampires ? Et puis quoi encore ? J’étais en plein rêve et j’allais me réveiller. Il ne pouvait pas en être autre-ment. Soriel me pinça le bras.

— Aïe, mais vous me faites mal !

— Je lis aussi dans tes pensées et, non, tu ne rêves pas.

Je me reculai et Soriel me retint de ses mains douces mais fermes.

— Je vous interdis de lire dans mes pensées ! Vous vous prenez pour qui ?

Il relâcha son attention, surpris par mes propos. Je me le-vai et me précipitai vers le cabinet de toilette avant de refer-mer derrière moi. J’entendis Soriel se lever, saisir une chaise et la placer près de la porte dérobée.

— J’imagine que tu ne vas pas sortir tout de suite alors j’ai pris mes aises si cela ne te dérange pas. Une longue dis-cussion nous attend et, à mon âge, le confort est de rigueur.

Je ne pris pas la peine de lui répondre et me contentai de m’asseoir sur le fauteuil fleuri, les jambes croisées et une main pour soutenir ma lourde tête. Il finirait bien par se lasser et partir, non ?

— Je t’ai dit que je lisais dans tes pensées alors ne compte pas trop sur mon départ anticipé. Nous avons du tra-vail. Es-tu disposée à m’écouter ?

— Comme si j’avais le choix !

— Fort bien. Je te le redis, tu es en sécurité au manoir Arwels, personne ne te fera de mal et nous allons t’affranchir sur ton nouveau mode de vie. Tu vas apprendre à nous con-naître, à te connaître. Petit à petit, tu sauras te nourrir seule. Tu dois juste ouvrir ton esprit bien grand, pas seulement à moi mais aussi à tous les membres de ta nouvelle Famille. Ils t’aiment déjà, tu sais.

Ils m’aiment ? Et puis quoi encore ? Une famille, j’en avais déjà une, je n’avais pas besoin d’une bande d’originaux. Elle était très bien ma famille, même si je n’arrivais plus à me souvenir de mes parents… Est-ce que j’avais des frères, des sœurs, des cousins ? J’avais dû me prendre un sacré coup pour oublier tout cela. Je ne me rappelais toujours pas mon nom, ni mon prénom.

Je me penchai vers le robinet cuivré et tentai de voir mon reflet. Ce n’était pas évident mais, à vue de nez, je devais ef-fectivement avoir dans les 27 ans. Mon teint était très clair et ma peau bien tendue et douce. Mes yeux bleu foncé pétillaient et mes lèvres charnues avaient cette nuance de rouge rosée très délicate. N’importe quoi, je n’avais pas la tête d’une vam-pire… Somme toute, j’étais une jeune femme plutôt agréable à regarder, avec toutes ses dents et sans aucune qui ne dépasse. Je n’avais rien à voir avec la description de ce monstre de Dracula conté dans le roman de cet Irlandais de Bram Stoker !

— Les crocs n’apparaissent pas en permanence. Ils peu-vent te servir pour te nourrir à la source ou alors si tu es en proie à une forte émotion ou encore pour te défendre et bien d’autres choses que tu apprendras par toi-même. Avec le temps et l’apprentissage, tu sauras très bien gérer cette spécifi-cité et tu en ressentiras tous les bienfaits.

Je pris le temps de réfléchir un court instant avant de me lancer dans une tirade improvisée :

— Mais que me voulez-vous ? Qu’attendez-vous de moi ? Quand allez-vous me relâcher ? Et pourquoi j’ai si faim ? Pourquoi je ne me souviens de rien ? Je veux partir d’ici et que ce cauchemar s’arrête…

Je ne pus m’empêcher de fondre en larmes. Mes nerfs venaient de lâcher. Soriel, resté bien sage sur sa chaise, dégus-tait un verre. J’avais entendu la femme de chambre le lui ap-porter, mais j’étais trop occupée à m’apitoyer sur mon triste sort.

— On nous a apporté des collations alors si la faim te ti-raille trop, tu n’as qu’à ouvrir cette porte et ton calvaire sera terminé. Je t’en fais la promesse, à toi de décider.

Toujours hors de question que j’y retrempe ne serait-ce que le bout des lèvres. Je devais trouver une solution et rapi-dement.

— Tu sais, le sang frais, on s’y habitue très vite et, bien accommodé, il peut être un véritable régal… Bien entendu, cela ne sera jamais pareil au sang tiède pris directement à la source, qui est la delicatessen ultime !

Je restai là sans bouger et surtout sans trop savoir ce que je devais penser. Toute cette histoire était une pure folie. So-riel se jouait de moi, il inventait tout un tas d’inepties pour que j’ouvre la porte mais je n’allais pas entrer dans son jeu. Je de-vais trouver une diversion à tout prix.

J’entendis la porte de la chambre s’ouvrir de nouveau et je reconnus les rires de Jade et Rona.

— Alors Soriel, quelles sont les nouvelles ?

Leurs rires s’interrompirent face à sa tête déconfite. Je ne voyais pas Soriel de mes propres yeux, mais les traits de son visage m’apparaissaient de façon très claire dans mon esprit. Quelle étrange et agréable sensation que celle-ci… Je pouvais désormais voir sans voir.

— Laisse-nous. Va terminer ton repas, on dirait que tu en as bien besoin.

Soriel refusa tout net. Il ne pouvait pas subir un deu-xième échec. J’étais sous sa responsabilité et il ne voulait pas m’abandonner ainsi. Ce n’était pas à elles de réparer ses er-reurs et son manque de discernement.

— Ne t’inquiète pas, Soriel. On viendra te chercher quand on aura fini. On va juste te donner un petit coup de pouce et ensuite tu reprendras ton rôle de tuteur.

Jade et Rona se mirent à pouffer. Soriel, désappointé, se leva de sa chaise. Il posa sa main sur ma porte dérobée pour la caresser et quitta la pièce sans un mot.

Je sentis alors comme un énorme vide. J’avais le vertige et mes crampes d’estomac devinrent plus intenses. J’avais trop faim. Je me tenais le ventre du mieux que je pouvais, grima-çante. Je devais manger à tout prix, mais il n’y avait rien pour me contenter dans ce cabinet de toilette, à part un petit mor-ceau de savon.

— Ça y est, nous sommes entre nous, entre filles, tu peux ouvrir. On a apporté des énormes milk-shakes, tu verras, ils sont très frais. D’ailleurs, Rona est en train d’en déguster un en ce moment.

— Allez, sors de ta cachette et viens boire avec nous ! Et puis cela fera plaisir aux jumeaux Kydor et Kalvi. Ils ont trait la vache eux-mêmes, rien que pour toi !

J’entendais les filles aspirer leurs boissons à la paille. Elles en faisaient des tonnes pour en accentuer l’effet. Et leur stratagème fonctionna car au bout d’un moment, je me décidai à ouvrir. Mes crampes me faisaient trop mal et puis ces filles étaient plutôt sympathiques dans leur genre. Règle d’or : ne jamais se fier aux apparences…

À ma sortie, elles m’invitèrent à m’asseoir sur la chaise vide qu’avait laissée Soriel et me tendirent un grand milk-shake à la fraise, mon préféré ! Sans me méfier, je plongeai à grande bouche dans ce verre si appétissant et marquai un arrêt subit à la première gorgée.

— Ça n’a pas le goût de la fraise ! J’aurais dû m’en dou-ter. Il n’y a pas de fraises en cette période de l’année…

— Euh, non, ce n’est pas de la fraise… Mais c’est bon tout de même, hein ? Tu vas le terminer, sinon on peut s’en charger !

Au diable mes réticences, le goût était préférable aux premières collations que l’on m’avait présentées jusqu’alors et j’avais trop faim… Je bus le verre en entier et d’un seul trait cette fois-ci. Les deux jeunes filles sourirent, ravies d’avoir pu me satisfaire. J’étais enfin repue et mes crampes avaient main-tenant disparu.

— C’était du sang n’est-ce pas ? Et vous aussi, vous al-lez me dire que vous êtes des vampires ?

Jade et Rona se regardèrent, complices, et acquiescèrent. Le sang, mêlé au lait de vache, avait eu un effet particulier. J’avais l’impression que tout mon corps et mon esprit étaient de nouveau en accord. Je me détendais, prête à écouter ce que l’on avait à me dire car malgré mes craintes, je me sentais bien ici.

Jade et Rona s’assirent à mes pieds et m’interrogèrent de leurs regards si noirs et si profonds. Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête et j’étais persuadée qu’elles pour-raient y répondre. Mais elles n’en firent rien. Elles restèrent muettes comme des tombes et dans une certaine expectative.

— Vous ne dites rien ? Pourquoi me regardez-vous ain-si ?

Elles se mirent à glouçotter.

— Nous ne pouvons pas lire dans ton esprit comme So-riel. C’est ton tuteur et lui seul peut y arriver, tout du moins pour l’instant. Alors si tu as des questions, tu dois les exprimer à voix haute…

Soriel serait-il donc le seul à pouvoir lire en moi ? Voilà qui était intéressant. Ces jeunes filles étaient beaucoup plus coopératives que lui alors je réunis mes pensées et les ordon-nai.

— Très bien. Alors ma première question sera la sui-vante : qui suis-je ?

— Tu es la vampire toute fraîche de la Famille Arwels.

Et les voilà reparties avec leurs histoires de vampires… Décidemment, c’était une idée fixe.

— Bon, passons sur ce détail, sinon, on ne va pas avan-cer. Imaginons que je suis une vampire. Pouvez-vous me dire comment je m’appelle ? Vous avez bien tous un prénom, n’est-ce pas ?

— Oui, nous avons tous un prénom.

— Quel est le mien ? Le connaissez-vous ? Parce que moi, je n’en ai aucune idée. Je crois que je suis amnésique, j’ai dû faire une mauvaise chute et ma tête n’est plus tout à fait en place. J’ai comme un trou noir à la place du cerveau. Je sais encore m’exprimer, j’ai des sensations, mais mes souvenirs se sont presque tous envolés. Par moments, j’ai l’impression de me remémorer certains évènements, comme mon gâteau d’anniversaire, mais les images se troublent vite avant que je n’aie pu les comprendre ou les fixer dans ma mémoire. Dites-moi qui je suis, s’il vous plait !

Rona baissa la tête pendant que Jade m’embrassa la main. Elle s’adressa à moi avec tendresse.

— Nous ne connaissons pas ton prénom, ni ton nom et encore moins qui tu étais avant d’arriver ici. Ton passé, tu dois l’oublier pour vivre l’instant présent et profiter de tout ce qui s’offre à toi. Ne sois pas triste, tu as beaucoup de chance. Tu ne mesures pas encore toute l’ampleur de ce que tu es, mais ça va venir et bien plus vite que tu ne le penses. En attendant, si cela te préoccupe à ce point, tu pourrais te choisir un prénom, celui qui te siéra le mieux…

Me choisir un prénom, quelle drôle d’idée ? Et puis, c’est plus facile à dire qu’à faire. Rona me tendit le plateau d’argent :

— Si tu vois ton reflet, peut-être que cela t’aidera ? Es-saye, ça ne coûte rien.

Je pris ce miroir de fortune et le plaçai devant mon vi-sage. Comment ce reflet pouvait-il bien s’appeler ? Non, au-cun nom ne me venait à l’esprit. Ma gêne était évidente. Jade me dit alors :

— La petite Soal a trouvé son prénom dans un roman de la bibliothèque personnelle de Dafron. Mais j’ai bien peur qu’à cette heure-ci, il ne soit déjà en sieste digestive…

Et Rona d’enchaîner :

— Ce n’est pas grave, elle pourra toujours y aller plus tard dans la soirée.

Cela me semblait une alternative intéressante, mais c’était maintenant ou jamais. Il était vital que je prenne en main ma destinée sans plus attendre. Je sentis mon cœur battre plus rapidement qu’à son habitude. Ma tête flottait au-dessus de mon corps. Une pression intense monta en moi, les flashes lumineux refirent leur apparition. Jade et Rona étaient in-quiètes et ne comprenaient pas ce qui m’arrivait.

— Rona, mais qu’est-ce qui lui arrive ? Soriel va nous en vouloir si elle tombe malade par notre faute…

Les flashes s’arrêtèrent et je rouvris les yeux. Je savais. Comment, ce n’était pas très clair. Des images et des noms s’étaient bousculés et alignés devant moi, comme une évi-dence.

— Susy-lee, je m’appelle Susylee. Je peux m’appeler Susylee ?

Jade et Rona étaient soulagées.

— C’est un prénom étrange mais c’est ton choix. Félici-tations, ma chère Susylee !

— Nous sommes ravies pour toi. Tu as trouvé ta nou-velle identité. Jade, tu peux aller chercher Soriel. Il a dû ter-miner son repas. Dis-lui que nous avons fini notre travail et qu’il peut reprendre le sien.

Jade se dirigea vers la porte, me laissant seule avec Rona qui caressa mes cheveux bouclés tout en me berçant dans ses bras comme si j’étais un nouveau-né.

— Ne t’inquiète plus de rien. Soriel est un homme admi-rable. Ouvre-lui ton esprit sans crainte. Tu verras, il va bien s’occuper de toi. Tu as beaucoup de chance de l’avoir comme tuteur. Et puis, tu pourras toujours compter sur nous en cas de besoin...

Rona tenait Soriel en grande estime et affichait un res-pect certain pour sa personne. Cependant, je ne comprenais pas pourquoi elle me racontait tout cela. En fait, au lieu de me rassurer, cela avait l’effet inverse. J’étais paniquée. Je me po-sais tout un tas de questions plus stupides les unes que les autres. Et si mon prénom ne lui plaisait pas ? Et si je n’étais pas à la hauteur des attentes de cet homme si important ? Et si… Et si… Non mais, ça n’allait pas bien dans ma tête. Je n’avais aucune raison de me mettre dans un tel état. Je n’avais aucun compte à lui rendre. Il n’était rien pour moi, ce Soriel. Les filles m’avaient dit qu’il était mon tuteur mais personne ne m’avait demandé mon avis. Les Arwels m’avaient tous envoû-tée ou quoi ?

Je devais me reprendre et vite. Alors je m’installai sur la méridienne, nonchalante. J’étais très nerveuse, Soriel allait bientôt arriver, mais j’allais lui montrer qui j’étais. Et surtout je n’exhiberais en aucun cas ce que je ressentais au plus pro-fond de moi pour cet homme au charisme si étonnant.

Soriel avait terminé son repas et il était repu. Ses joues étaient joliment teintées de rose et il arborait un léger sourire qui le rendait si sexy. Il avait changé de coiffure et noué ses cheveux blonds bouclés avec un catogan de cuir noir. Il fut surpris de me voir allongée sur la méridienne. Un léger ma-laise se fit sentir mais Jade brisa la glace :

— On a une très bonne nouvelle, vas-y, dis-lui, Rona !

— Elle s’est trouvé une nouvelle identité !

Soriel eut un mouvement de recul. Une nouvelle identi-té ? Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Quel idiot ! Kaï avait raison, il n’était pas à la hauteur de sa tâche. Ces deux gamines avaient réussi en un temps record là où il avait échoué lamentablement. Son honneur de mâle en prit un coup. Je sentais ses doutes et son sentiment d’échec comme si l’esprit de Soriel était en moi. Pouvais-je donc percevoir ce qu’il ressentait ? Probable. Si lui pouvait lire mes pensées pourquoi ne pourrais-je pas ressentir ses émotions ?

Je tentai de me concentrer et de percer de nouveau les mystères de son âme. Soriel plongea un instant dans mon re-gard insistant. Il releva sa garde et je ne pouvais plus rien lire en lui. Il était très fort, mais je ne voulais surtout pas m’avouer vaincue.

— J’ai choisi de m’appeler Susylee…

Soriel ne broncha pas sur le moment.

— Susylee Arwels, ça sonne bien, tu ne trouves pas, So-riel ? dirent Jade et Rona en chœur.

Soriel ne pouvait plus rester silencieux, il devait réagir.

— Susylee. C’est un prénom intéressant. Pourquoi ce choix ?

— Et pourquoi pas ? lui répondis-je sèchement.

— Je n’ai effectivement pas à discuter ton droit absolu de te nommer toi-même, ma chère Susylee.

Il m’adressa une belle révérence qui me donna un senti-ment d’autosatisfaction que je ne sus cacher, mais cela ne dura pas longtemps. Soriel enchaîna très vite :

— L’aube va bientôt se lever, nous allons devoir nous coucher. Seras-tu bien installée ici ? Veux-tu que je te fasse apporter un lit plus conventionnel ? Des couvertures peut-être ou des coussins ?

— Non, ne vous donnez pas cette peine, la méridienne sera parfaite, je m’y sens déjà à mon aise.

Rona et Jade quittèrent la pièce en me souhaitant une bonne journée. Soriel allait leur emboîter le pas lorsque je m’adressai à lui :

— Alors c’est vrai ce que l’on écrit sur les vampires : ils dorment le jour et vivent la nuit ? Comment est-ce possible ?

— Oui, c’est exact. Nous préférons dormir quand le so-leil est levé, mais pour le reste, nous verrons cela demain. Re-pose-toi et ne t’inquiète pas, je serai là à ton réveil.

Sur ce, il m’embrassa sur le front et une douce chaleur s’empara de tout mon corps. Comment cet homme, que je connaissais à peine, pouvait-il provoquer un effet tel que je lui attrapai le cou et embrassai ses lèvres pleines ? Sa réaction ne fut pas celle à laquelle je m’attendais. Il resta froid à mon étreinte et il se contenta de s’écarter doucement en se dirigeant vers la porte qu’il referma à clé derrière lui.

L’avais-je offusqué ? Avais-je dépassé les bornes, outre-passé les limites de son hospitalité ? Je réfléchirais à tout cela plus tard. Mes yeux se fermèrent et je m’endormis blottie comme un bébé sur ma méridienne de velours rouge.

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Commentaires récents

Diamant

fan et total addicte dès les premières pages et jusqu'à la fin

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Diamant

Visionner le Book Trailer sur ce lien : https://youtu.be/ZEtwOf_72dI

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Diamant

Cette saga vampirique change des classiques du genre. Le premier tome couvre plus d'un siècle d'histoire contemporaine de 1910 à 2012 et nous fait voyager tout autour du globe (Angleterre, France, Inde, Allemagne, Italie, Espagne, États-Unis). Une autre manière de réviser son Histoire et sa Géographie. L'héroïne, Susylee, traverse le temps et rencontre sur son chemin des personnages historiques réels mais ils s'avèrent bien différents de ce que l'on nous a raconté dans les livres...

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Diamant

Un voyage dans le temps mené par une sussylee tres attachante. Amour, amitie, famille tout est fait pour nous subjuguer

J ai adore et il me tarde de retrouver la famille arwels

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Bronze

Susylee est une jolie jeune fille qui se réveille un soir dans une des chambres de l'hôtel particulier des Arwels, une puissante famille de vampires londoniens. Totalement amnésique, elle n'a aucun souvenir de son passé. A côté d'elle, se trouve un homme au teint blafard, aux cheveux blonds et aux yeux bleus qui dit se nommer Soriel et qui lui annonce qu'il sera son tuteur pour le siècle à venir. En la nourrissant de sang frais et en lui dispensant un enseignement particulier, il se fait fort de la transformer petit à petit en vampire et de l'amener à l'âge adulte c'est à dire 102 ans. Petit à petit, un tendre sentiment naît entre ces deux êtres. Comme tout vampire, Soriel est immortel. Il a déjà vécu plus de sept siècles. Susylee voyagera à ses côtés avant de devenir un écrivain de best-sellers, ce qui lui permettra de faire des tournées de promotion un peu partout en Europe et en Amérique. Mais toujours l'ignorance de ses origines la torturera.

« Les poussières de l'aube » se présente autant comme un roman sur les vampires que comme un roman sentimental, ce qui est à la fois une force et une faiblesse, l'horreur et le gore n'étant pas très compatibles avec le sentimental et l'eau de rose version « Harlequin ». Avec Cathy Coopman, les vampires sont élégants, distingués et respectueux. Ils ne « boivent à la source », comprendre à la jugulaire des humains, que contraints et forcés et en prenant toujours beaucoup de précautions. La plupart du temps, ils se contentent de poches de sang sur ordonnance. Immensément riches, ils négocient avec les plus grands, les rois, les présidents, pour éviter bavures et conflits avec les hommes. Des monstres gentils en quelque sorte, rien à voir avec les zombies de « World war Z » ou avec les horreurs de « Walking dead » ou même de « Dracula ». Pourquoi pas ? L'ennui, c'est que dépouillée de son aspect sentimental, l'intrigue n'a plus rien d'original et surtout que le style laisse à désirer. Trop nombreuses descriptions de vêtements (Cathy Coopman serait-elle passionnée de mode voire fashion victim ?), trop d'à peu près, de pléonasmes, de redondances et de répétitions. Des tournures lourdes ou malheureuses et un vocabulaire approximatif rendent laborieuse et parfois agaçante la lecture de cet ouvrage distrayant par ailleurs. Et pour ne rien arranger, une quantité impressionnante de coquilles, de fautes d'orthographe et d'erreurs lexicales. (Comatique pour comateux, macros à la place de maquereaux, encrée au lieu d'ancrée, par dit pour pardi, craquelantes à la place de craquantes et conté au lieu de comté, pour ne citer que quelques exemples.) On se demande comment « Rivière Blanche » peut oser présenter un sous-« Twilight » aussi mal relu et corrigé !

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Lu aussi

http://lireunepassion.blogspot.fr/2013/10/les-chroniques-de-susylee-tome-1-les.html

Tout d'abord, je tiens à remercier la maison d'édition Lune Ecarlate pour sa confiance et de m'avoir permis de lire ce roman.

J'ai beau dire que je fais une overdose des vampires, ça ne m'empêche pas de lire des livres traitant de ce sujet. Je dois sûrement être un peu folle dans ma tête, mais passons. Quand j'ai commencé ce premier opus, j'ai de suite été conquise par l'écriture de l'auteure : fluide, agréable, des descriptions qui nous font bien imaginer les lieux et les personnages. Donc oui, j'étais partie positive sur ce roman. Malheureusement pour moi, plus j'avançais, plus la déception est arrivée. Et à la fin, tout c'est écroulé. Donc ce sera une déception.

Dès le prologue, nous avons le ton de l'histoire : une vampire se présente et se dit avoir 102 ans et veut nous conter ses aventures. Dans le premier chapitre, nous la rencontrons, totalement perdue, ne sachant pas où elle est ni comment elle s'appelle. On se prend vite d'affection pour elle et commençons à connaître ses environs, où elle se trouve et en quelle compagnie.

Plusieurs personnages apparaissent dans ce roman. Pour les principaux, nous retenons Susylee (la narratrice), Soriel, Jade et Rona, Annetta, la servante de Susylee (j'ai adoré son personnage qui était très touchant et dévoué), Oxalyn et Marlow, Gurvin, Blaanid et Marlane, Kydor et Kalvi, les jumeaux, Dafoldy, Dafydd et le chef de famille, Keï. Tout une panoplie de personnages et justement, peut-être un peu trop. J'ai eu du mal à m'attacher à certains, tandis que d'autres étaient plus « approchables ».

J'ai apprécié que l'auteure prenne le temps de décrire les personnages, leur vie avant d'être vampires, comment ils le sont devenus. Ils sont tous atypiques, ont chacun leur propre vie et elles sont toutes très intéressantes à découvrir. Parfois, j'avais tout de même du mal à savoir si on était dans le récit du passé, ou du présent. Les temps utilisés n'étaient pas les bons, du coup je me perdais assez souvent, ce qui est dommage.

Malheureusement, c'est le seul point positif que j'ai trouvé au livre. Pensant trouver dans ce premier tome l'entraînement et la nouvelle vie de Susylee bien développés, j'ai été déçue de voir que l'auteure a préféré resté en surface et sauter des étapes qui pour moi étaient importantes. J'aurais aimé savoir si elle en avait bavé, comment elle se débrouillait en combats, comment elle prenait sa condition de vampire au fur et à mesure. Évidemment, nous avons ses ressentis en direct, mais le fait de passer d'années en années m'a déçue. J'aurais voulu que ce soit plus approfondi de ce côté.

Plus j'avançais dans le roman, plus je trouvais les clichés de vampires revenir à la hausse : beaux à en couper le souffle, riches à ne plus savoir quoi faire de l'argent, avoir tout en claquant des doigts ou en « subjuguant » les humains. Le pire je crois a été de voir qu'en à peine quelques pages et quelques jours, du moins c'est l'impression que j'ai eu, Susylee se découvre une passion dévorante pour l'écriture, commence la rédaction de son roman et oh ! après avoir mis quelques nouvelles dans un journal, elle se fait remarquer par un éditeur et est publiée directement en plusieurs langues. Euh... non, pour moi c'est allé trop vite. Enfin bon , cette fin trop tirée par les cheveux m'a déçue.

En résumé, une histoire qui partait très bien, des personnages multiples avec chacun leur vie à eux avant de devenir vampires, une plume fluide et très facile à suivre. Malheureusement, pour moi la fin est entièrement tombée dans le cliché des vampires qu'on a l'habitude de côtoyer, et c'est vraiment dommage, car pour moi cette saga avait un bon potentiel. Je ne suis donc pas sûre de lire la suite, tant pis, je resterai sur ma faim.

Justine P.

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Diamant

A vous jeunes lecteurs de Booknode, il vous faut absolument lire ce roman. Un sujet à la mode certes et revisité maintes fois: la création, la naissance et la formation d'une jeune vampire dans l'Angleterre du siècle dernier à nos jours.Mais cette fois, il est traité avec excellence, l'addiction apparaît très vite et c'est avec regret que l'on avale les dernières pages! Ouf, le tome 2 est en préparation! vite vite vite!!!!!!

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