Birdy

Ouaf quel roman ! Envoûtant, obsédant. Al, blessé de guerre et hospitalisé pour chirurgie esthétique, est sollicité pour rendre visite à son ami d’enfance, enfermé en psychiatrie. Le présent se passe dans la chambre de Birdy qui ne parle pas et a un comportement d’oiseau, tandis que Al, le visage bandé, tente de le sortir de sa léthargie. Pour ce faire, il lui remémore les scènes de leur adolescence. On a les pensées des deux amis, en italique quand c’est Birdy qui narre. Comme son prénom l’indique, il est passionné par les oiseaux et est obsédé par une chose : un jour il volera. Son histoire ressemble à celle de Nikola Tesla, grand ingénieur et inventeur, amoureux d’une pigeonne comme décrit dans Des éclairs de Jean Echenoz. L’histoire va crescendo et elle habite le lecteur pour un bon moment. Intéressant et inoubliable !

Il est noté, en postface, que l’écrivain a pris un pseudo pour protéger sa vie privée. Albert du Aime, de son vrai nom, était peintre et vivait sur une péniche à l’ouest de Paris. A la sortie de Birdy en 1978, la rumeur courait que c’était le pseudo de Salinger.

J'ai vite été happée par l'histoire, vis à vis des deux protagonistes. Je me suis prise d'affection pour Birdy qui tente désespérément de voler comme un oiseau comme si sa condition naturelle d'être humain ne lui convenait pas. L'histoire entre lui et son canari Birdie m'a non seulement touchée parce que les animaux ont une place dans mon cœur personnellement mais en plus parce que j'en ai appris beaucoup plus sur eux. Se plonger dans leur tête, comprendre leurs vies a été fort enrichissant. Dès le début je me suis dit cette lecture va être un coup de cœur, on approche aussi de la folie c'est assez rare pour que ce soit passionnant d'une certaine façon. Puis la douche froide avec le passage sur les chiens de fourrière que je n'ai pas du tout apprécié. Et puis lentement le redécollage affectif avec Al cette fois. Ce livre est une vraie montagne russe émotionnelle, on vous ballotte entre mille sentiments différents, de l'incompréhension, la compassion, le rire et les larmes. Vraiment bouleversant. Quand Birdy sombre dans la folie parce qu'il ne sait plus qui il est et que sa personnalité se dissocie entre garçon et oiseau m'a troublé. Quand on suit Al dans les tranchées cela m'a bouleversée. J'ai eu une grande empathie pour Alfonso sans comprendre pourquoi je l'aimais autant. Et puis la fin, à la fois magistrale et perturbante. Je l'ai deviné dès les premières pages de l'épilogue, c'est comme si je savais depuis le début. Et la claque ne vient pas tant du livre que de ma propension à m'amouracher de Al, quand on l'apprend que ce livre est en partie réalité et fiction. Ce dialogue apparemment schizophrénique qui nous apprend l'horreur alors, la guerre était réelle elle aussi, apportant la folie des hommes. Le destin du vrai Alfonso, ami de Wharton est plus qu'émouvant, il vous retourne les tripes et ce n'est pas souvent que je pense quelque chose d'aussi fort. Poignant.