Dans la peau de Luka Magnotta - Histoire d'un web-killer

Le plus marrant, c’est qu’après Régina la body-buildeuse, les excités de Rescue Ink ont essayé de convaincre le repoussant Ron Jeremy, le hardeur hétéro aux 300 films – une de mes icônes –, de me tendre un piège ! Faut dire que Ron, sorte de sanglier grassouillet aux yeux de biche, milite lui aussi pour la défense des droits des animaux. Dans son cas, c’est de l’auto-défense, quoi ! Il se flatte même d’avoir été porte-parole du groupe People for the Ethical Treatment of Animals… Rescue Ink lui a demandé, par l’entremise des sœurs Barbi, deux vieilles saletés issues du Playboy des 80’s, de me contacter… Il m’aurait proposé un tournage porno à Hollywood, et là, les petits connards m’auraient alpagué et livré aux flics !

Ron a réfléchi, et a refusé. T’as bien fait, Ron… Il paraît que d’abord, comme t’es hétéro et que tu ne tournes que des pornos straight, tu leur as dit qu’en tant que pédé ça ne m’intéresserait pas… C’est mal me connaître, soit dit en passant. Puis t’as dit que s’ils me chopaient, ils allaient certes me foutre un moment en taule, mais que, le jour où je ressortirais (meurtre de chatons, ça va pas chercher loin…), je te retrouverais et te… mangerais ! J’adore l’idée, Ron !

Alors, en désespoir de cause, les sœurs Barbi, Rescue Ink et Last Chance for Animals sont allés parler aux flics, ils ont tiré partout des sonnettes d’alarme, aux States et à Scotland Yard, pour les convaincre que j’étais un danger public, obtenir d’eux qu’ils interviennent. Les keufs, tu parles, ils n’ont pas bougé une oreille. « Aucune grande organisation internationale de défense des animaux ne vous soutient ? Alors, circulez : vos conneries d’Internet n’intéressent personne, et nous, on a du travail… »

N’empêche que là, ça devenait vraiment craignos, et je me suis tiré à New York pour échapper à toute cette pression, à ces crétins de défenseurs d’animaux. C’était en hiver, fin 2010, début 2011. Je suis allé voir maître Roméo Salta, un avocat qu’on m’avait recommandé, pour qu’il me protège. Je recevais tellement de menaces de mort, je pensais que les flics allaient m’arrêter du jour au lendemain, j’étais en pleine parano, quoi. J’ai bombardé Salta de mails :

« Salut Romeo,

Je voulais simplement te prévenir que les investigateurs savent qui je suis, maintenant, mais je ne suis pas inquiet et je reste calme. Peut-être que si les choses empirent, je devrai réfléchir à me rendre, mais seulement s’ils découvrent que je suis à New York, car, pour l’instant, ils l’ignorent.

Je pensais aussi que, comme toutes les organisations qui en ont après moi sont basées ici, à New York (Rescue Ink, Peta, etc.), j’aimerais que la police me place en détention préventive, pas à Rikers Island, mais dans n’importe quel autre établissement où ils pourraient me caser.

Bien sûr, comme je te l’ai dit précédemment, pour l’instant tout va bien, mais si les choses dégénèrent, je crois que ma seule option serait d’aller me constituer prisonnier à la police en leur expliquant tout ce qui m’est arrivé ; je suis sûr qu’une fois qu’ils sauront que j’ai été violé, battu et menacé de mort, ils comprendront mes raisons.

Ah oui, j’oubliais : toutes ces histoires sur un mec nommé “Jamsey” qui serait en fait moi, c’est juste des blagues. Ils racontent que “Jamsey” est mon alias, et que je serais impliqué dans “le mauvais traitement d’enfants” : c’est totalement ridicule, je ne sais rien de ce type ni de ce que racontent ces gens.

Merci et bonne soirée !

Luka. »