Le livre Incomplet

Elle rêvait qu’elle nageait dans de l’eau pure et transparente comme l’air survolant les villes, s’arrêtant plusieurs fois comme un train avant de se remettre en marche.

Elle se retrouva l’année de ses huit ans, en 9e

, en cours de sport. Ouf ! que c’est fatiguant. Oui ouf, car même avec une gentille éducatrice d’épreuves sportives qui s’intéressait à elle, elle avait trouvé

moyen de faire regretter à cette dernière toute vocation d’enseignement, ce qui ne lui avait pas rendu les séances sportives plus faciles.

Éloge de la paresse ! Qu’il est bon de se prélasser sur un matelas, de répondre avec joie « je ne fais rien » avachie sur un matelas, de passer des heures

à contempler le blanc du plafond (ou le rouge, ou le bleu, ça dépend de la couleur des pièces où

vous savourez ces moments d’exquise oisiveté).

Les gens disent que l’on a toute la mort pour se reposer. Mais pourquoi remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui ? N’est-ce pas l’adage qui le dit ? ! Hmm…

Place au sourire diabolique

Mais ces doux moments consacrés au dur labeur d’inaction, ne semblaient pas lui être destinés…

La vie foisonnante d’activité était à ses trousses…

L’école, support fervent de scoutisme et guidisme, distribuait des circulaires pour recruter de futures personnes qui rêvent de campement sauvage, de rationnement alimentaire, de convivialité

à la Robinson Crusoé.

Sarah et sa cousine, loin de renier à jamais les matelas d’une plage dédiée à la sieste à durée indéterminée, décidèrent de relever ensemble le défi d’un nouveau monde, de nouvelles mœurs.

Sarah intégra alors le mouvement et commença en tant que « Jeannette ». Ce fut un tourbillon qui la ramena à l’âge des camps et des souvenirs enfouis dans les forêts et les tentes ; maintenant encore, résonne dans sa tête ce monologue d’il y a 8 ans…[…] Ma cousine n’était pas dans la même ronde que moi ! Hélas car, en fait, il y avait deux rondes :

les « fleurettes » et les « bleuettes ». Moi, j’étais dans les « fleurettes », et ma cousine dans les « bleuettes ».

Débutante que j’étais, je faisais attention à tout et absorbais la moindre information.

C’était meilleur qu’à l’école : l’apprentissage en

équipe donne des résultats parfois plus rapides et plus profonds que plusieurs heures de cours et d’explications rigides.

Mais le tourbillon ne s’arrêtait pas au scoutisme.

Sarah se retrouvait emportée dans une multitude de loisirs, et voilà que dans sa tête remontaient ces pensées…Je faisais aussi du ballet. J’étais dotée d’une personnalité

multiple : ballet, flûte, mouvement social ;

mon caractère se performait et j’allais de l’avant.

Ceci m’aidait à me sentir mieux dans ma peau, vu les évènements négatifs relégués bien au fond de ma mémoire et que je me forçais à dépasser. Grâce aux guides, l’école devint un lieu de rencontre et d’amitié, non seulement une source d’embêtement.

Je fis aussi plusieurs camps de jeannettes. C’est ce que j’aimais le plus. Car même si le guidisme ne pourra jamais remplacer ma famille, avec les répercussions des problèmes sur ma personne, je mélangeais école et maison. Mon malaise englobait ma vie scolaire et familiale. Cela me permettait quand même d’avoir une deuxième famille « à mes mesures » et suivant mes besoins. Je pouvais me confier à des amies et à des cheftaines.

Revenons à nos moutons. Autant de paroles déversées sur l’école. Elle qui sympathisait très modérément avec cette institution ! Certes, il s’agissait d’une deuxième famille, mais ce n’était rien comparé à la première. Et quelle famille ! Des flots de souvenirs submergèrent les méninges de la jeune ado. Et de nouveau le « je » d’il y a longtemps reprit la parole.