Sin City, Tome 4 : Cet enfant de salaud

L'épisode le plus intéressant depuis le premier. Hartigan est sans conteste plus attachant que l'énervant Dwight (qui parvient même à être agaçant dans les courtes apparitions qu'il fait dans ce tome-ci...) Bon, après, il ne faut pas s'attendre à du vraisemblable. Tout est excessif, comme dans un bon Miller. Le dessin est toujours à la hauteur et Miller s'est encore plus lâché sur Nancy que d'habitude (logiquement.) L'apparition de la couleur (quelques taches de jaune, hein, n'allez pas vous imaginer des choses !) rajoute une note intrigante bien vue. Spoiler(cliquez pour révéler)Bon, évidemment, on ne retrouvera pas Hartigan, vu le final. Comme si pour faire un bon Sin City, il fallait absolument que le personnage central meurt à la fin

Un des comics préféré d'un ami qui me l'a gentiment prêté, et comme je n'arrive pas à mettre la main sur le premier tome, je vais me contenter de celui-ci.

Première remarque : c'est beau. Graphiquement, Miller fait un boulot vraiment génial. J'ai parfois l'impression qu'il dessine en blanc sur du noir, parfois l'impression qu'il encre seulement... je me demande vraiment quelle technique il utilise. En attendant ça rend bien. L'utilisation de la couleur jaune ici est vraiment réussit, et j'aime beaucoup les albums utilisant une unique couleur, c'est un procédé simple mais qui marche terriblement bien pour créer une réaction émotionnelle.

Le monde de Sin City, on me l'avais déjà décrit en long et en large (avec un pote fan, on peut échapper aux spoilers, mais pas aux commentaires du fan-boy) et il est vraiment plaisant : une ville où Mille expose à son paroxysme tout ce qu'il déteste en l'homme. Face à ces injustices, à cette justice corrompue et laxiste, se pose alors un héro intègre attachée à des valeurs conservatrices et à l'honneur. Du classique Miller quoi, mais très bien réalisé avec une façon d'écrire très prenante.

Sin City c'est donc très bon, mais... ça reste du Miller, et c'est là que j'ai du mal.

Frank Miller est un très bon scénariste, et il vient de me prouver qu'il est un très bon dessinateur. Mais lorsque je le lis, j'ai toujours l'impression de voir Miller tirer à boulet rouge sur ce qu'il "dénonce" de notre société et prôner ses valeurs à lui. En bref : j'aime l'écriture de Miller, mais je déteste ses thématiques et sa façon manichéenne de les aborder. Le combat du vieux flic contre le laxisme et la corruption du pouvoir, le sexe qui corrompt la société, les femmes qui ne sont que des êtres de séduction tentatrices, etc. Alors, vous êtes bien gentil, Miller a beau être très bon dans ce qu'il fait, il n'empêche que j'ai perpétuellement l'impression de lire un comics signé Eric Zemmour... et ça ça me dérange assez sensiblement pour que Sin City se retrouve dans ma liste Argent au lieu d'Or.

On suit cette fois un personnage plus humain encore que les autres fois. C'est plein d'une souffrance poétique toujours magnifiquement mis en image - avec une superbe utilisation du jaune. Terriblement bien raconté, on a envie de soutenir Hartigan, on hait le fils de riche, on est à fond dedans.

Le texte est riche, profond, intéressant ; les personnages secondaires moins nombreux que dans le précédent tome et plus simples à cerner et à suivre...

C'est bien raconté, c'est tendre, c'est violent, c'est émouvant, c'est excellent.

Depuis le temps que j'attendais le tome sur Nancy. Elle était toujours là, dans un coin, et je suis donc très contente de voir enfin un volume se consacrer à son histoire. D'ailleurs, pour l'instant, avec le premier tome, c'est celui où les personnages m'ont le plus plu. Pour le reste, c'est toujours la même chose. Une intrigue bien ficelée et captivante dans un univers plein de violence et de corruption. J'adhère complètement.