Une femme à protéger

Les toilettes unisexes étaient situées dans un coin du sous-sol. Trevor brandit son badge sous le nez de la demi-douzaine de clients qui faisaient la queue à l’entrée. Ils s’éparpillèrent aussitôt comme une nuée de moineaux.

Après avoir frappé à la porte sans obtenir de réponse, Rain tourna la poignée et s’aperçut que le verrou n’était pas tiré. Elle ouvrit. Penchée au-dessus du lavabo, une jeune fille aux cheveux coupés en brosse s’appliquait à sniffer une ligne de poudre blanche à l’aide d’un billet de banque roulé. Ses bras étaient couverts de tatouages. Elle se frotta le nez et leva les yeux, une expression exaspérée sur son visage pâle.

- C’est occupé, marmonna-t-elle. Tu as pas vu que la porte était fermée, connasse ?

Ses yeux s’agrandirent lorsqu’elle vit Trevor apparaître derrière Rain, son badge à bout de bras.

- Cassez-vous, gronda-t-il. Sinon je vous embarque pour possession de drogue.

La fille ne se le fit pas dire deux fois. Elle se hâta de sortir, non sans les avoir bousculés au passage. A l’intérieur de la petite pièce sale et mal éclairée, il n’y avait qu’un seul W.-C. et un lavabo. Des graffitis couvraient les murs de plâtre.

- Une des filles m’a amenée ici pour me montrer ça, dit Rain en entrant.

Elle désigna du doigt le mur à côté du distributeur de serviettes en papier. Entre plusieurs inscriptions obscènes et quelques grossiers dessins presque pornographiques, on distinguait le nom de Rebecca accompagné d’un numéro de téléphone.

- Apparemment, elle a vu Rebecca griffonner ça sur le mur, il y a plusieurs jours. Si vous essayez le numéro, vous découvrirez sans doute qui est cette fille.

Trevor examina le numéro puis tourna son regard vers une rose à longue tige abandonnée sur le dessus du distributeur. Pratiquement dissimulée derrière des bouteilles de bière, la fleur avait fané, comme si elle était là depuis au moins deux jours. Trevor ne savait plus trop s’il traquait un tueur ou s’il suivait simplement une piste que Dante avait tracée pour lui.

Rain continuait à regarder le mur. Sous le nom et le numéro de téléphone de Rebecca, il y avait une autre série de lettres et de chiffres.

- Vous savez ce que c’est ? demanda-t-elle à Trevor, qui avait déjà sorti son téléphone mobile de sa poche.

- Oui, c’est mon matricule d’agent fédéral.