Gifted

'traduction personnelle)

Chapitre 1

Gabriel Walsh protégea ses yeux contre le soleil de fin d'après-midi et plissa les yeux vers la gargouille, qui l'observait depuis le toit de l'imposante banque.

L'un des plus anciens bâtiments de Chigago, avait dit son professeur. Ce n'était plus une banque, toutefois. Il n'y avait nul besoin d'un établissement financier si élaboré dans ce voisinage. Et il était élaboré, avec de complexes pierres sculptées, et des gouttières descendantes. Et apparemment, une gargouille.

Gabriel n'avait pas vu la gargouille avant, ce qui signifiait qu'elle n'était pas là. Sinon, il l'aurait repérée. Il était une sorte d'expert. A Cainsville, où vivait sa grande-tante Rose, il y avait l'annuel concours du 1er mai, pour voir quel enfant avait trouvé le plus de gargouilles de la ville. Gabriel avait gagné les quatre dernières années. Cette année, il était déterminé à remporter le grand prix : l'honneur d'avoir trouver toutes les gargouilles de Cainsville. Les anciens de la ville l'avaient assuré qu'il n'en avait plus qu'une à trouver.

Il fit un pas de côté pour avoir une meilleure vue de cette gargouille. Le fait qu'elle ne semblait pas avoir existé un jour avant ne représentait pas un grand choc.

Cainsville ne ferait pas une telle affaire de cette compétition si les gargouilles étaient tout le temps là, attendant d'être comptées.

Certains enfants clamaient qu'elles étaient vivantes, que quand personne ne regardait, elles écartaient leurs ailes et volaient à travers la ville et la gardaient contre tout visiteur. Ce qui était ridicule, bien sûr. La vraie explication ? Simple illusion. Un tour de passe-passe visuel. Un concept auquel Gabriel était de loin plus familier que des sculptures de pierres volantes.

"Gabe !"

Il essaya de ne pas se raidir au son de la voix. Jay Hoover, le gosse le plus dur du CM2. Aussi le plus stupide, ce qui avait rendu les jours d'école de Gabriel légèrement plus supportables. Et beaucoup plus profitables.

"Yo, Gabe !"

Il ne retourna pas. Ce n'était pas son nom. Ce que Jay savait très bien, et ce pourquoi il insistait à l'appeler ainsi.

Jay se mit face à lui. Il était grand, condition préalable pour les brutes à cet âge. Le deuxième plus grand en classe, et cela, avait décidé Gabriel, était la racine du problème.

Jay fit un pas pour être collé à Gabriel, comme il faisait avec toutes ses victimes. Pas très intelligent, et apparemment témoignant d'un manque de capacités mémorielles correctes, parce qu'il se mettait toujours juste en face de Gabriel et ensuite, levait les yeux vers lui, avant de se souvenir qui était le plus grand du CM2, et rapidement reculait d'un pas avant que quiconque ne remarque la différence de taille.

"Alors, Gabe, tu n'as pas dis à la classe ce que tu offrais à maman pour Noël."

Gabriel ne dit rien, surveilla juste le trio d'amis de Jay, qui sautillaient sur le trottoir, attendant le premier coup, plutôt ennuyés par le préambule verbal.

"J'ai quelque chose que tu peux lui donner." Jay sortit une pipe à crack de sa poche. Les autres rirent obligeamment. C'était une blague médiocre. Quiconque connaissait sa mère aurait réalisé qu'une aiguille était l'outil approprié, et , par conséquent, aurait été nettement plus drôle.

"Tu n'aimes pas ?", Jay sortit un billet de 10 de sa poche et l'agita. "Qu'est-ce que tu penses que je peux obtenir pour ça ?" Il fit un geste obscène. Deux de ses amis gloussèrent. Le troisième dit, "Nan, t'as pas besoin de ça. Tout le monde sait que la mère de Gabe n'est pas une pute. Elle fait ça gratos."

Cela déclencha plus de rires. Gabriel attendit. A nouveau, aucune allégation n'était entièrement exacte. Sa mère ne prenait pas de liquide de ses "petits-amis". Cela aurait porté le risque d'une accusation de prostitution. Elle acceptait, cependant, et exigeait des 'cadeaux' -soit des drogues, ou quelque chose qu'elle pouvait échanger contre des drogues. Toutefois, il ne semblait pas y avoir nécessité de clarifier. Donc il attendit.

"Tu m'écoutes, Gabe ?", dit Jay alors que les rires mourraient.

"Seulement pour voir si tu vas dire quelque chose d'intéressant".

Jay le frappa. Son premier coup visa l'estomac, comme toujours. Gabriel le dévia et lui en décrocha un dans la mâchoire, ce qui était le signal, comme toujours, pour les trois autres de participer.

Gabriel évita le pire des coups mais fit seulement une tentative peu enthousiaste de les retourner. Après quelques minutes, ils se fatiguèrent du jeu et partirent, se tapant dans les mains pour leur victoire.

Gabriel resta allongé sur le trottoir et regarda en l'air vers la vieille banque. Aucun signe de la gargouille. Quelque chose se posa sur son visage tuméfié. Il s'assit, leva la main, et attrapa un gros flocon de la première neige. Il le regarda fondre dans sa paume.

A ce moment-là, les autres garçons étaient partis depuis longtemps.

Il se leva et sortit de sa poche le billet de 10 de Jay, avec les deux billets de cinq et les trois dollars qu'il avait pris des poches des autres.

Un faible sourire, un dernier regard vers le perchoir de la gargouille maintenant-disparue, et Gabriel rentra à la maison.