Hadès, tome 3 : Fall

Elle ouvrit la porte moustiquaire et le chien s’approcha d’elle en trottinant puis jeta un coup d’œil à Hadès derrière lui, les oreilles dressées, les yeux écarquillés et les babines frémissantes.

– Tout va bien, lui assura Hadès.

Aussitôt, l’expression de l’animal changea. Un large sourire penaud étrécit ses yeux, et il se laissa tomber par terre près du fauteuil d’Hadès avec un grognement reconnaissant.

– Quelqu’un l’a battu, commenta Eden en s’asseyant face au vieil homme, qui gratta le crâne osseux de l’animal.

– Je n’en serais pas surpris.

– Fais attention à ce qu’il ne se retourne pas contre toi. Les rescapés ont parfois du mal à faire la différence entre leurs bourreaux et leurs sauveurs.

– Ça n’a jamais été ton cas.

– Non. (Eden eut un petit sourire et baissa les yeux vers le chien.) Tu lui as donné un nom ?

– Oui. Jim. (Eden dévisagea Hadès.) Slim Jim1, précisa-t-il.

– Évidemment. (Elle posa un calepin sur la table avec un soupir.) Bon, ben il n’y a plus rien à faire. Tu lui as donné un nom. C’est signé.

– C’est un chien, pas un contrat de mariage.

– Quand même.

Eden baissa les yeux vers son carnet. Hadès le désigna du menton.

– Alors, je commence par quoi ?

– Taille ?

– Elle était petite, répondit le vieil homme. (Il jeta un coup d’œil aux débris de la tasse sur le comptoir de la cuisine, au bord blanc des triangles de céramique vert vif. Tenta d’imaginer la femme qui l’avait attaqué assise à la place d’Eden, avec son corps agile et ses yeux agrandis par les verres de ses lunettes.) Et mince. Le genre à faire du sport.

– Habillée comment ?

– Assez classique. Je ne me souviens pas exactement. Escarpins. Lunettes. Verres teintés épais qui cachaient ses yeux. Tout est allé très vite. On est entrés tout de suite dans le vif du sujet. Elle a dû passer moins de trois minutes ici.

– Elle sentait quelque chose ?

– Comme une nana.