Rosalie Blum (Intégrale)

Encore une fois une superbe BD de Camille Jourdy !

J'ai bien aimé ma lecture de cette BD, que j'ai trouvé rafraichissante, tendre, douce-amère et parfois un peu triste. Les dessins ont su me charmer, j'aime beaucoup le coup de crayon presque enfantin, les incroyables détails de chaque vignette, leur subtilité. Les personnages sont très intrigants, extrêmes parfois dans leur personnalité, leur comportement mais en tous cas ils participent à créer cette ambiance particulière tout au long de l'histoire. Des filatures, des rencontres, des questionnements... ça interpelle, ça c'est sûr! Une BD pleine de charme, qui donne le sourire, mais qui rend aussi un peu mélancolique. Une jolie réussite.

Je voyais cette BD un peu partout sur les réseaux sociaux et je ne comprenais pas vraiment l’engouement. Pour être franche: je ne suis pas fan du graphisme. Mais, un jour calme où j’étais au poste des retours à la bibliothèque, elle s’est retrouvée entre mes mains et j’ai commencé à la feuilleter, juste pour voir.

Cette BD opère un charme étrange. Je l’ai déjà dit: ce n’est pas grâce aux dessins que je l’ai lu et les personnages non plus n’étaient pas partis pour me plaire. Trop passifs, subissant leur vie ou tyranniques, tout ce que je n’aime pas. C’est, en fait, l’ambiance qui a retenu mon attention: le mystère autours de Rosalie Blum mais aussi autours des motivations de Vincent. L’atmosphère chargée de secrets, traversée de non-dits qui donnent des psychologies subtiles aux personnages et les rendent finalement attachants.

Et j’ai compris que les graphismes participaient à cet effet: ils retranscrivent la vie de tous les jours dans ce qu’elle a de juste et d’imparfait. Ce sont les détails comme le canapé du cousin de Vincent ou la forme des tasses dans lesquelles Rosalie et ses amis boivent du chocolat chaud mais aussi les corps flous, presque déformés qui m’ont interpellé. J’avais déjà vu ces objets et ces personnes dans la vraie vie. Un peu vieillots, pas très beaux, irréguliers, un peu fanés, dépassés mais toujours là et vrais. Ils s’accordent très bien avec les personnages et leur vie, un peu fanée et cassée, comme arrêtés dans le temps, mais très crédibles. J’ai trouvé que c’était finement joué de la part de l’auteure.

Sans en être tombée amoureuse, cette BD est une bonne surprise pour moi, j’ai passé un bon moment avec elle.

Dans cette intégrale rassemblant les trois tomes d’origine, publiés respectivement en 2007, 2008 et 2009, Camille Jourdy nous emmène rencontrer Vincent Machot, trentenaire, coiffeur dans une petite ville tranquille, avec une mère très envahissante. Très solitaire, homme d’habitudes, il croise un jour Rosalie Blum. Sans trop savoir pourquoi, il va la suivre, essayer de découvrir qui elle est au travers de son quotidien, marchant derrière elle, se laissant guider, dans la ville et dans la vie. Car Rosalie est seule, mais elle va faire appel à sa nièce Aude, pour suivre son suiveur et essayer de comprendre, elle aussi.

Cette bande-dessinée est avant tout une vignette. Un moment de vie, des gens banals pétris d’habitudes, qui se laissent transporter sans trop chercher à voir ailleurs. Vincent est bloqué dans un cocon qui le rebute mais dont il ne sait comment sortir et Rosalie est hantée par son passé, ruminant dans l’alcool, tandis qu’Aude n’a aucun but et fuit sa famille, trouvant en sa tante une ancre de compréhension.

Trois tomes, trois personnages, trois points de vue. Le dessin de Camille Joudry est simple, comme son histoire, mais ses pages sans cases déstructurent son histoire, permettent au lecteur de mieux suivre ses héros, de mieux les comprendre et surtout de vouloir les suivre.

L’intégrale est certes lourde, mais elle se lit vite, se relit même, car les personnages sont attachants, banals et tellement humains ! On s’y reconnaît, et on voudrait nous aussi faire une rencontre qui changera notre vie.

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