Veux-tu dîner avec moi?

La capitale. Nice et ses alentours. Une prise d'otages. Onze personnes ont été droguées et enlevées, et se réveillent à bord d'un bus. Onze personnes aux destins liés, toutes cachant un lourd secret. Parmi elles, Maxence Verlomme, ancien flic, veuf depuis peu et n'ayant comme les autres plus aucun souvenir de ce qu'il s'est passé avant le kidnapping. Au fil des pages on découvre ce personnage en quête de vérité qui va sonder les victimes du bus pour tenter de découvrir la vérité, les origines de cet enlèvement, les raisons de leur perte de mémoire. Chaque arrêt est synonyme de liberté, chaque arrêt est destiné à une victime en particulier que les kidnappeurs laissent devant leur domicile. Et chaque arrêt se transforme en torture. Pourquoi ? C'est ce que va tenter de découvrir le personnage principal du roman, Maxence.

Tout au long des chapitres, le lecteur l'accompagne dans son enquête, partage ses doutes, le suit dans le sondage de son passé et dans l'analyse de son environnement. Des bribes d'informations nous parviennent de la même façon que les souvenirs reviennent à l'esprit de Maxence : les causes du décès et l'enterrement de sa femme, son boulot de flic, ses enquêtes notamment celle de la vague d'enfants sauvagement assassinés par celui que la presse a surnommé "Le Marchand de Sable". Jusqu'au moment où vient son tour, où vient le moment de vérité, où Maxence Verlomme arrive à destination. Dès lors, la question se pose : qui est-il vraiment ?Le roman est divisé en trois partie qui délimitent parfaitement les étapes de la prise d'otages et de l'introspection du "héro" : l'oubli de soi, la connaissance de l'autre et le réveil des pulsions. Chacune de ces parties est efficacement accompagnées d'une citation respectivement de Nietzsche, Sartre et Churchill.

Une sensation étrange m'a envahie lors de la lecture de ce thriller. Je suis partagée entre la curiosité et l'asphyxie. le rythme des phrases est assez rapide, accusant un peu trop de gradations. J'ai parfois eu la sensation de ne pas réussir à reprendre mon souffle. Serait-ce un moyen pour l'auteur de faire partager la sensation de huis clos ressentie par son personnage principal ? le vocabulaire utilisé par l'auteur est relativement riche et recherché, ce qui rend l'écriture profonde. Cependant quelques longueurs dans les descriptions environnementales rendent le récit un peu ennuyeux, mon esprit a parfois eu quelques difficultés à rester concentré.

L'histoire en elle-même est assez surprenante, globalement bien construite et on ne peut nier que l'auteur, Maxime Morin, a réussi à user du suspens. Il se sert de l'actualité et des nouvelles technologies pour construire le fond de son récit et nous pose la question de la légitimité des implants cérébraux qui ont pour but de contrôler une partie de la population, une particularité du récit qui m'a donnée envie d'approfondir le sujet. Et je pense que l'auteur aurait gagné en efficacité s'il avait davantage développé cette partie-là, plutôt controversée dans la société actuelle. Au fil de la lecture, les pièces du puzzle s'imbriquent, on est surpris de la tournure des évènements et on découvre avec curiosité ce projet "Nouvelle vie" instaurée par les technocrates.

En conclusion, ce polar possède une bonne histoire, bien pensée bien que je trouve que les personnages manquent d'un petit quelque chose, peut-être de profondeur ou de personnalité. le final est inattendu, et je pense que la troisième partie est la plus élaborée narrativement parlant, comparée aux deux premières qui sont un peu trop longues en descriptions. Au niveau de l'écriture, j'avoue pour l'instant ne pas avoir beaucoup accroché avec la plume de Maxime Morin bien que son imagination narrative possède bien une originalité.

L'avis d'Esméralda :

Halloween approche, alors, pourquoi pas s’offrir un moment lecture adéquat à l’atmosphère voulue ? Et bien j’ai pour toi un thriller décapant et étonnamment effroyable.

A première vue, le résumé qui m’a tout de suite fait penser à un certain film (Speed, 1994), ne laisse absolument rien présager à ce qui se cache parmi ces pages.

Et je ne peux m’exclamer : Aaaaa l’abordage !

Maxence Verlomme est un flic bon sous tout rapport, peu apprécié par ses pairs, mais les résultats sont là. Il reste malgré tout un loup solitaire. Sa femme, Marion, est son seul et unique rayon de soleil. Gravement malade depuis des années, il tend à lui rendre la vie plus facile et agréable. La maladie emporte Mario et c’est alors que le monde de Maxence vrille.

Quelques heures après l’enterrement de sa femme, il se retrouve pris en otage avec 8 autres personnages dans un bus. Deux personnes cagoulées font régner la terreur dans ce bus bringuebalant vers une destination qui se précise au fil des heures. Maxence a pris sa retraite anticipé de flics il y a trois mois de cela. Mais quand t ‘es flic un jour, t’es flic pour toujours. Par la force et la volonté (amen !), Maxence reprend « du service ». Les méninges s’activent, les hypothèses fusionnent : Que fait-il ici ? Quels liens les unis tous ? Pourquoi ses souvenirs sont-il vagues ? Que va t-il m’arriver ?

Tout autant de questions pertinentes pour une urgence vitale : la survie.

Road trip macabre, huit clos effrayant : un duo sans équivoque qui a eu le mérite de me faire vivre des heures de lectures addictives. Pendue aux mots, la recherche de la vérité tient en haleine. Les péripéties de Maxence, ses flash back, ses souvenirs, ses questions, ses doutes, sa peur, sa colère, son désarroi m’ont assaillie d’une force surprenante. Au fil des pages le personnage de Maxence s’affirme et se révèle.

Et il arrive le moment où tout dérape et l’histoire prend une nouvelle dimension hallucinante et inattendue ! Et la c’est le OH MON DIEU !, le OH PURÉE ! le NOOOOOON !, le C’EST PAS POSSIBLE ! …. qui résonnent dans les limbes de ton cerveau. Scotchée, tu deviens !

VEUX-TU DINER AVEC TOI ? est incommensurablement un page turner de tonnerre ! Un clifhanger de malade qui a eu le don de m’épater. Le seul petit bémol, mais qui en soi n’est pas forcément dramatique, est le fait que bien des questions restent sans réponses. Rien ne t’empêche toi, lecteur, de fomenter tout un plan pour combler cette petite lacune. Et j’avoue l’exercice est plutôt sympathique.

Mystère, rage, colère, énigme, sang, horreur, amour, drame, manipulation, suspense deviendront pendant cette lecture tes meilleurs amis.

Les mordus du genre s’en mordront les doigts et seront charmés par l’atmosphère glaçante à la Stephen King (pour donner une image … n’est ce pas … !!).

A découvrir … sans aucun doute !

Waouh !!! Il me faut reprendre mes esprits après cette lecture totalement déstabilisante, j’aime être bousculée, j’ai été renversée, être menée en bateau, là pour le coup c’était en bus. Je n’ai rien vu venir, toutes mes impressions étaient erronées. Et cerise sur le gâteau une écriture irréprochable, un vocabulaire riche. Le thriller de l’année pour ce premier livre d’un canadien prometteur. A réserver aux amateurs du genre.