Le docteur Lerne

Un roman très étonnant et fantastique, sorte de Frankenstein français se déroulant dans les forêts Ardennaises (en même temps le décor s'y prête). J'ai beaucoup apprécié de suivre le récit à travers les yeux de Nicolas et les références à la littérature du genre, à commencer par Circé qui donne son nom aux expériences du docteur Lerne. J'apprécie également la progression dans les découvertes des expériences et la plume de l'auteur. Le vocabulaire est recherché et les tournures de phrases réellement agréables à lire. J'aime beaucoup le côté jusqu'au boutiste de l'auteur qui va vraiment au bout de son idée et j'ai particulièrement apprécié le passage du taureau.

Ce que j'aime : les expériences et la manière dont le récit est construit, les découvertes de Nicolas, la chute qui même si elle est attendue est bien écrite, la plume de l'auteur

Ce que j'aime moins : le personnage d'Emma que je trouve un peu fade au bout du compte

Pour résumer

Un excellent récit qui va au bout de son idée et nous propose du vrai fantastique

Ma note

7,5/10

Un livre au style lent mais qui parvient à nous distiller le suspens et la peur. Le style de Maurice Renard est décidément d'une grande élégance, comme dans son chef d'œuvre "Le péril bleu" que je recommande aussi aux lecteurs passionnés de romans d'anticipation.

Seul bémol dans "Le docteur Lerne" : le personnage féminin, Emma, est vraiment l'archétype de la femme niaise, obsédée, et aimant être maltraitée par les hommes. Les relations intimes entre elle et le héros sont dépeintes avec un accent très "animalier" qui peut plaire, mais qui à mon sens tourne à la caricature...

Par ailleurs, une fois atteint le dénouement, certains développements antécédents perdent un peu leur logique.

Malgré tout ce livre reste passionnant, je le conseille !

Un roman qui sur un rythme lent et une écriture ciselée vous inocule , gouttes à gouttes l'angoisse et la peur propre à ce type de littérature fantastique du début du vingtième siècle. Une référence pour les amateurs.

Ce récit n'est-il qu'une mystification imaginée par l'ami Cardaillac lors d'une soirée où, le temps des liqueurs passé, l'on fit tourner les tables ?

Ou a-t-il été, dans un petit hôtel de la rue Victor Hugo, réellement dactylographié sur un guéridon flottant par l'esprit de Nicolas Vermont ?

Maurice Renard, dans un préliminaire à la fois classique et malicieux, semble lui-même se poser la question.

Ce récit est offert par son auteur à Herbert Georges Wells.

Il a été écrit douze ans après "L'île du docteur Moreau" ...

"Viens seul et préviens".

Nicolas Vermont, au volant de sa 234-XY, se rend au château de Fonval où son oncle, le docteur Lerne, s'est retiré pour se consacrer à ses recherches scientifiques ...

Le visiteur, pris entre vieilles craintes superstitieuses, inquiétude des retrouvailles et sombres rêveries, commence par s'égarer dans la profonde forêt des Ardennes.

Car le château de Fonval est situé au fond d'une cuve que la légende prétend avoir été creusée par le gigantesque talon de Satan.

Le décor est planté.

"Le docteur Lerne" est avant tout un livre d'ambiance.

Son écriture lente et un peu désuète ajoute encore à cet effet.

Un des plus grands mérites de la plume de Maurice Renard est ici d'avoir coloré le récit de malaise, d'inquiétude et d'étrangeté.

Paru en 1908, ce livre est aujourd'hui devenu un classique.

Et même si son rythme assez lent lui imprime quelques longueurs, même si l'élève, ici, n'a pas dépassé le maître, c'est toujours avec beaucoup de plaisir qu'il se relit ...

Maurice Renard (1875/1939) est considéré comme le meilleur auteur Français de littérature Fantastique et de Science-Fiction du début du XXème siècle.

Outre "Le péril bleu" que j'ai commenté il y a presque trois ans, Renard a écrit "Les mains d'Orlac", "L'Homme truqué", "Le Voyage immobile" ou encore "L'Invitation à la peur".

"Le Docteur Lerne où les délires d'un sous-dieu" est très inspiré par "L'Île du docteur Moreau" de Wells mais pour moi ces deux récits sont en fait très différents.

L'approche n'est vraiment pas la même.

En effet on y retrouve les délires d'un savant fou issu de la haute bourgeoisie et créant des monstres hybrides en se jouant de la nature.

Mais le docteur a un but louable presque "bon" alors que ces adjoints Allemands veulent détourner tout cela à des fins bien moins sympathiques.

L'histoire en bref: Un dimanche de juin, Antoine, le neveu du docteur Lerne roule avec sa voiture de course vers le château de Fronval demeure de son oncle.

Antoine a en effet reçu une lettre où son parent lui écrit "Viens seul et préviens".

A la tombée de la nuit, le neveu ne reconnaît plus très bien le chemin et s'égare dans un dédale défensif qui complique réellement son arrivée.

Après pleins de péripéties il trouve enfin son oncle qu'il n'a pas vu depuis 15 ans et qui est un chirurgien remarquable.

Ce dernier l'accueille de façon bizarre et semble mal à l'aise.

A Fronval tout a changé et Antoine qui a maintenant trente et un an trouve que tout est à l'abandon tel le château de la belle au bois dormant.

Pourtant il s'aperçoit de l'existence d'une serre magnifiquement entretenue.

De surprises en surprises, Antoine va finir par découvrir l'inimaginable, des êtres monstrueux, des greffes sordides etc...

Le pire c'est que le neveu va subir ces expériences terrifiantes sur lui-même.

Ce roman d'horreur voir de SF (le mélange des genres est bien mince) est passionnant car le narrateur est Antoine lui même et les créatures du docteur Lerne n'ont rien à envier à celle du docteur Moreau.

Tel un Frankenstein, Lerne n'a qu'un seul but: Remodeler la nature.

Pour certains, le style (comme pour Jules Vernes ou H.G. Wells) peut paraître un peu vieillot, mais pour moi c'est un vrai régal de trouver une belle écriture.

Comme je vous avais conseillé "Le Péril Bleu" il y a trois ans, plongez vous sans hésitation dans ce roman de 250 pages qui vous plongera dans une atmosphère réellement angoissante et terrifiante.

Les manipulations génétiques y sont nombreuses comme des croisements entre animaux et végétaux.

Excellent.

Adanson Marco.