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« Le jeune homme que fait parler Koltès, jeune frère de Rimbaud et de Genet, tente de retenir, en usant de tous les mots dont il dispose, un inconnu qu'il a abordé dans la rue un soir où il était seul, seul à en mourir. Il parle, il parle aussi frénétiquement qu'il ferait l'amour, il crie son univers : ces banlieues où l'on traîne sans travailler et où pourtant l'usine guette, ces rues où l'on cherche un être ou une chambre pour une nuit, ou un fragment de nuit, où l'on se cogne à des loubards partant à la chasse aux ratons, aux pédés, un univers nocturne où il est l'étranger, l'orphelin, et qu'il fuit en se cognant partout dans sa difficulté d'être et sa fureur de vivre. C'est admirable : un texte superbe, sans littérature... »
"[...] forcé de parler de la mode, de la politique et de la bouffe, de salaire et de bouffe, tous ces cons de Français avec leurs mêmes gueules et leurs mêmes soucis, parlant de bouffe jusque sous la pluie, tournant le dos au vent et parlant toujours de bouffe, et moi qui approuvais, pour être libre tout à l'heure de courir, courir, courir, moi qui ne mange pas, moi qui ne mange rien, qui devient de jour en jour plus léger, qui ne m'alourdis pas pour pouvoir en cachette chercher ce que je cherche, au-delà des bouffeurs stationnés tout en cercle, dehors, dans les cafés, j'approuvais, je m'enivrais de la bouffe dont ils parlent, sentant que le vent dans mon dos me faisait vaciller, m'aurait soulevé si je ne m'étais pas accroché discrètement aux bouffeurs alourdis et à leur connerie de plomb, il m'aurait emporté tant je devient léger, comme les courants d'air te faisaient disparaître aux coins des rues, lorsque je t'ai aperçu, une fois [...]"
Ce grand monologue, soliloque, qu'importe, cette grande respiration âpre et rythmée est un appel au secours. Une bouée de mots jetée dans l'océan de solitude, d'errance et de désillusion du personnage central de ce texte.
A l'instar de Patrice Chéreau, la première fois que j'ai lu Koltes, je n'ai rien compris, aussi bien le sens, que la forme. Cela m'a découragée car je sentais dans cette écriture une richesse et une palpitation unique. Donc, j'ai respiré un grand coup et je m'y suis remise. Épouser le rythme, les mots, sans forcément vouloir absolument comprendre, juste ressentir. Se laisser envahir par le mystère de cette langue et en même temps l'éblouissante clarté du propos. Une gemme brute qui se doit d'être sertie telle quelle.
Dans cette pièce (mais aussi les autres ?) la rage présente ne peut s'allier qu'à la désespérance et à la sublimation des mots.
Ce jeune homme, anonyme parmi les anonymes, veut retenir pour un instant, une nuit, quelques heures, la silhouette accostée dans une rue. Il parle, parle… Il déverse sur cet inconnu des mots, des idées, des défaites, des espoirs. Qu'importe ce qu'il dit, entrechoqué d'émotion il ne veut pas être seul dans cette nuit pluvieuse et sordide ou les hommes se moquent, s'agressent, se frappent, s'oppressent. Ou l'amour n'a plus sa place, lui qui le réclame tant. Il s'agite, s'emporte, réclame la pitance de l'attention pour retarder la venue du vide. le néant de sa vie, dans cette ville hostile, étrangère et pourtant sienne où on veut l'asservir. Lui, l'esclave, lui l'homme démuni et bafoué. C'est une révolte amère, presque stérile, mais qu'importe. Un bras d'honneur à la vie et son miroir sans tain.
J'ai assisté à une représentation de ce texte Koltès, c'était plutôt pas mal, mais le décors m'a empêché de pleinement me concentrer sur le texte. Cependant la performance de l'acteur était bonne.
Koltès a su percer les inquiétudes et les questions qui se confrontaient à son temps, et qui, malheureusement sont toujours d'actualité. Cette pièce déroutante fait le tour de sujets sur lesquels nous fermons trop souvent les yeux. Le langage cru ne retire pas l'attachement au personnage, il ne fait que nous ouvrir les yeux à travers un monologue touchant, une réflexion brillante et le génie d'un auteur à la plume sublime.
Résumé
« Le jeune homme que fait parler Koltès, jeune frère de Rimbaud et de Genet, tente de retenir, en usant de tous les mots dont il dispose, un inconnu qu'il a abordé dans la rue un soir où il était seul, seul à en mourir. Il parle, il parle aussi frénétiquement qu'il ferait l'amour, il crie son univers : ces banlieues où l'on traîne sans travailler et où pourtant l'usine guette, ces rues où l'on cherche un être ou une chambre pour une nuit, ou un fragment de nuit, où l'on se cogne à des loubards partant à la chasse aux ratons, aux pédés, un univers nocturne où il est l'étranger, l'orphelin, et qu'il fuit en se cognant partout dans sa difficulté d'être et sa fureur de vivre. C'est admirable : un texte superbe, sans littérature... »
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