P'tit Paul : récit
Auteur
- Paul Beck (Écrivain)
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extrait
Paris, 1942. La rafle approchait de notre immeuble et la rue Montorgueil résonnait des piétinements et des coups de sifflet. La police cernait le quartier. Elle pourchassait, traquait les Juifs clandestins et les autres, ceux qui refusaient de se déclarer et que des voisins avaient dénoncés.
Il faisait chaud dans le réduit sous les toits que nous avions aménagés en dortoir. Mon père avait décidé de l'utiliser après s'être assuré qu'il était abandonné et que le concierge en ignorait l'existence. La porte avait été murée il y a bien longtemps et on y accédait par une étroite fenêtre.
Cette nuit encore, nous hébergions des réfugiés hongrois. Ils étaient une dizaine, hommes et femmes ; il n'y avait pas d'enfants. Les hommes serraient leur chapeau entre leurs mains ; certains avaient des chemises tachées de sueur sous les bras, avec un col gris de crasse, et dans leur regard on devinait ce quelque chose qui disait que, déjà, ils n'appartenaient plus à rien ; à aucune rue, aucune maison ; aucun village ; aucune terre.
Les femmes avaient des yeux pâles et hagards, une expression de déroute crispait leurs lèvres, et elles étaient vêtues de sombre pour ne pas se faire remarquer et la couleur de leur robe faisait ressortir la teinte fanée de leur visage.
Ils avaient échoué chez nous pour quelques heures, et demain ils repartiraient et nous ne les reverrions plus. Ils étaient si fatigués qu'ils avaient dû perdre une partie de leur peur en cours de route. Harassés jour et nuit, ils passaient d'un abri à l'autre sans poser de questions. Dans leur détresse ils ne haïssaient personne ; ils tournaient en rond dans la ville avec un tout petit peu d'espoir au coeur, une ligne ténue, un fil invisible qu'ils étaient seuls à entrevoir et au bout duquel se cachait peut-être un rêve. La France, ils voulaient l'aimer malgré tout et à tout prix.
Ce n'était jamais les mêmes qui revenaient ; dormir deux nuits au même endroit était bien trop dangereux dans leur situation. Assis côte à côte dans la pénombre ils retenaient leur souffle, comme s'ils voulaient dissimuler leur présence.
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Histoire en partie biographique ce qui donne beaucoup d'intensité à ce livre.
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Résumé
Dans la France occupée de 1942, Daniel, un jeune Juif de dix ans, trouve refuge chez trois soeurs, dans un petit village de la Loire. Chez elles vit aussi Lucie la sauvageonne, orpheline de quinze ans. Lorsque les SS prennent possession du village, les membres d'un réseau de résistance dirigé par l'une des soeurs sont un à un capturés et exécutés. Quand les Allemands s'en vont, ayant achevé leur triste besogne, Paul découvre le corps de Lucie, exécutée d'une balle dans la tête. C'est elle que la rumeur accuse de trahison.
Quinze ans plus tard, Paul revient au village pour rétablir une vérité qui tourmente sa conscience. Les langues se délient. Et le jour se fait progressivement sur la véritable identité du meurtrier de Lucie et le traître du réseau, ravivant des plaies que chacun avait cru refermer à jamais dans ce si joli village...
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