Tout à la main
Auteur
- Jean-Pierre Andrevon (Écrivain)
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extrait
Tout à la main !
Anne-Marie Bobillard
18, rue Sainte-Claire
44.29.81
Une brune plutôt forte. Grosse, quoi. Surtout depuis deux ou trois ans. Sentait facile la sueur quand elle s’agitait. Ai dû la baiser, trois-quatre fois. Cinq-six fois maxi. En 1974. Oui, septembre-octobre, par là. Qu’est-ce que j’ai pu foutre avec une gonzesse pareille ? J’ai foutu. Voilà : je l’ai foutue, point à la ligne. C’était juste après Cathy. Juste après Cathy, pour pas rester la bite vacante. Des fois, on se demande… Mais c’est l’occase. Elle était venue regarder la télé, la première fois. Je venais juste d’acheter la couleur. Je me souviens même du film : Les Contrebandiers de Moonfleet. Je pourrais essayer de fouiller la cave, retrouver mes vieux Télérama, voir la date exacte. Mais qu’est-ce que ça peut bien foutre ? Une dingue de cinoche, Anne-Marie. Une vieille combattante de ciné-club, le cul tanné par le cuir des sièges miteux des salles municipales et des amphis. Le cul, le cul. Pas mal, son cul, en fait : c’est même tout ce qu’elle a de bien. Ce qu’elle avait de bien. A, ou avait ? Anne-Marie : le genre chatte obèse (Ho baise !) (ouais, facile) qui craint la chatouille mais qui cherche la gratouille. Le genre je-me-tortille. Je déteste ça. Et tout de suite la fontaine dès qu’on y met l’index. Et pas de l’eau clairette, plutôt de l’huile. Vieille friture. Vieille peau. Va te faire.
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Résumé
Le fleuve de boue coule à une cinquantaine de mètres de chez moi. Il remplit la vallée jusqu'à la chaîne de montagnes en face. La boue est brûlante, elle a surgi en une nuit, du néant, ou du cœur en fusion de la terre.
Elle aurait pu m'engloutir pendant mon sommeil. Mais non. Elle s'est arrêtée de monter juste à temps, juste avant de submerger ma maison isolée au sommet de la colline. Il n'y a plus d'électricité, la radio est morte, j'ignore ce qui a pu se passer. Guerre atomique, Tchernobyl à l'échelle de la France, catastrophe naturelle ? Je ne sais...
Dans ma petite maison sur la colline, entre ciel et boue, je suis seul avec Lascard, mon vieux matou castré. Seul avec Françoise, Cathy, Marie-Thé, Josy, Mariangela... toutes ces femmes que j'ai connues, que j'ai aimées, et dont le souvenir aigre ou brûlant m'aide à tenir le coup. Je n'ai rien d'autre à faire qu'à penser à elles, pour le temps qu'il me reste à vivre. Pas longtemps, de toute façon. Parce que, pour autant que je puisse le supposer, je suis le dernier homme sur la Terre.
Science-fiction ou simple anticipation ? Roman érotique ou traité d'écologie ? N'obéissant aux lois d'aucun genre spécifique, ces «Carnets du Survivant » où l'auteur — avec tendresse, mais aussi avec beaucoup d'humour et de dérision — se met lui-même en scène, révélant un écrivain au ton et au style très personnels et résolument novateur. Une œuvre d'une originalité littéraire rare, le livre «hors collection » que Jean-Pierre Andrevon — l'un des maîtres de la science-fiction et du fantastique en France, avec plus de cinquante livres publiés — se devait d'écrire un jour... tout à la main.cription
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