Le Pays enchanté

- Vous semblez lasse. Pourquoi ne pas aller vous coucher ?

Les yeux de Mike étaient d'un bleu plus sombre que de coutume ; Morgane le trouva fort séduisant. Elle se leva et se dirigea vers la porte, non sans entendre William murmurer entre ses dents :

- Je n'ai jamais laissé ma femme aller se coucher seule... Tu pourrais au moins l'embrasser...

L'alcool était-il responsable des battements accélérés du cœur de Morgane ? La main de Mike vint couvrir la sienne, déjà sur le bouton de la porte. Elle se mit à trembler. Il ouvrit pour elle et la suivit dans le hall désert, seulement éclairé par la lune.

Très doucement, il enlaça sa taille, tandis qu'elle levait son visage vers lui. La lumière dessinait autour de ses cheveux un halo d'argent, et elle semblait particulièrement délicate et fragile. Il effleura très doucement ses lèvres. Morgane s'appuya instinctivement à lui. Elle voulait sentir sa chaleur. Elle lui passa les bras autour du cou et l'attira plus encore. Toute étourdie, elle n'avait même plus conscience de respirer.

Les lèvres de Mike s'animèrent, devinrent plus exigeantes, et elle s'ouvrit à leur caresse. Morgane était cambrée comme un arc ; elle s'entendit gémir faiblement quand elle sentit les hanches de Mike bouger contre elle.

Mike releva la tête, la regarda, étonné... avec une expression que Morgane ne lui connaissait ps. Sans un mot, il l'enleva dans ses bras et la porta à leur chambre. Morgane cacha son visage dans son cou si tiède. Elle se sentait protégée, à l'abri de tout. Plus rien n'existait que Mike. Elle embrassa sa peau douce quand il ouvrit la porte de la chambre.

Il la ferma du pied et prit de nouveau les lèvres de Morgane tout en la portant sur le lit. Il s'étendit ensuite à ses côtés, caressa ses cheveux, ses épaules, trouva les boutons de sa robe qu'il défit pour embrasser sa gorge.

Mike se redressa sur un coude pour la regarder tendrement.

Lentement, il se débarrassa de sa chemise, et elle admira la toison dorée de sa poitrine. Dieu, qu'il était beau ! Il avait des muscles longs et puissants, comme ceux des pur-sang.

- Mike...

L'idée de le repousse lui semblait cruelle.

- Tais-toi, mon amour... murmura-t-il.

- Mike, arrêtez... Je vous en prie, dit-elle dans un souffle. Je vous en prie...

Elle parlait d'une voix si douce que Mike mit un certain temps avant de comprendre. Alors il sentit la colère monter en lui, et la repoussa brutalement dans les draps, la mâchoire serrée.

- Non, madame, je ne vous forcerai pas. Je ne veux pas d'une femme qui me dit non.

Il se leva et enfila rageusement sa chemise.

- Il existe un nom pour les femmes comme vous... celles qui embrassent un homme, qui l'affolent pour ensuite se refuser à lui. Vous m'avez dit non plusieurs fois, mais celle-ci sera la dernière. Je ne vous importunerai plus !

Morgane s'emporta à son tour.

- Je vous ai proposé un marché, rien de plus, et c'était clair depuis le début. Je ne voulais pas de vos avances, alors pourquoi vous mettre en colère ? J'ai respecté ma part de notre accord.

L'expression de Mike s'adoucit quelque peu, mais son regard était dur et sa voix rauque.

- C'est vrai, vous avez respecté notre accord. Jusqu'à présent, j'ai toujours cru qu'il existait seulement deux sortes de femmes, mes écervelées de sœurs et les calculatrices, comme Cynthia. J'ai pensé un moment que vous étiez différentes, mais à présent, je sais exactement où vous vous situez et je ne vous ennuierai plus, désormais.

Morgane n'avait pas bougé. Sa chevelure était dénouée, sa robe ouverte laissait voir la naissance d'un sein, et Mike quitta brusquement la pièce.

La jeune femme fixa longtemps la porte, des larmes plein les yeux.