Les Sœurs Chance, Tome 1 : Abigail

Londres, 1805

— Je regrette, milord, mais il ne reste plus rien.

Milord. Max Davenham n’était toujours pas habitué à ce qu’on l’appelle ainsi. Pour lui, lord Davenham demeurait son oncle, un homme imposant et cordial. Ce dernier étant décédé, Max avait hérité du titre.

Peu à peu, il commençait à assimiler la teneur des propos d’Harcourt et de Denton, le notaire et l’avocat du défunt.

— Comment cela, rien ?

Chacun savait que feu lord Davenham avait été un homme riche.

— Rien, confirma Harcourt en écartant les bras d’un air désolé.

— Moins que rien, corrigea Denton. Votre oncle a vendu tout ce qui pouvait l’être, hypothéqué le reste et emprunté de fortes sommes de surcroît.

Max était perplexe. Le décès remontait à un peu plus d’une semaine, lors d’une partie de chasse, un regrettable accident. À en juger par le train de vie de son oncle, nul n’aurait pu soupçonner le moindre problème financier. Au moment de sa mort, il recevait même de nombreux invités avec faste.

— Il est mort endetté ?

Ce n’était pas vraiment une question. Dès la nouvelle du décès, Max, qui était en dernière année d’études, avait été assailli par un défilé incessant d’artisans lui présentant leurs factures d’un montant parfois considérable.

— Il était criblé de dettes, confirma le notaire.

Max se passa une main nerveuse dans les cheveux.

— Je me retrouve dans un sacré pétrin, nom de Dieu !