Inassouvies, nos vies
Auteur
- Fatou Diome (Écrivain)
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Classement en biblio - 18 lecteurs
extrait
“Elle, elle voulait vivre. Mais la vie lui faisait peur. Au beau milieu de ce mot, il y a le I de l'Inassouvi. Vie, trois lettres, pour les trois parts de notre existence : entre le V de vivre et le E de Exister, se dresse, impériale, la colonne, ce I, de l'Inassouvi. Cette censure, dans le mot vie, fend le coeur de l'homme et le fait vaciller, en permanence, entre le vide et le plein, entre le fuyant et le saisissable, entre le doute et l'espoir.”
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Petit, ce livre de Fatou Diome ne l'est que par le nombre de ses pages. A peine 270. Pourtant, il s'agit bien là d'une oeuvre immense. Magistrale. Admirable. Magique. Qui contient toute la vie ou presque. Une œuvre globale et totale.
Fatou Diome, par son écriture impeccable et juste, son regard accéré, mélancolique et poètique, balaie et disséque tous les aspects de nos existences inassouvies. Cela est douloureux. Car, avec ses mots ajustés au millimètre, elle ouvre des plaies oubliées, encore présentes ou futures. Elle nous remue le coeur et les tripes avec une délicate violence. Son texte, nous porte à la réflexion sans fin sur nos destinées. Pour ma part, je ne sors pas indemne de cette lecture. Elle m'accompagnera encore longtemps.
Betty la loupe, Félicité, l'aide-soignante, l'homme pudique et mystérieux, tous personnages incarnés et palpables, vous accompagneraient mes pas pour toujours désormais.
Au début de son ouvrage, Fatou Diome, nous détaille l'ambiance musicale qui l'a porté lors de la rédaction de son livre. Pouvoir retrouver cette ambiance musicale pleine de magie -la Kora- en tant que lecteur vient, je pense encore sublimer le phrasé captivant de l'écrivaine.
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J'ai été conquise par ce livre, non pas par l'histoire en elle-même, mais par les mots et les réflexions qui s'y dégagent.
En effet, l'écriture est d'une telle délicatesse et si poétique !
Beaucoup de réflexions de ce livre sont très bien transposées, analysées, si vrai ! Elles y sont décrites à travers la vie du quotidien de personnages attachants, avec ses déboires et ses joies.
Ce livre est une véritable philosophie de la vie que l'on a plaisir à lire et à découvrir !
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Date de sortie
Inassouvies, nos vies
- France : 2008-08-15 - Poche (Français)
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Editeurs
Résumé
"Betty passe son temps à observer l’immeuble d’en face. Son attention se focalise sur une vieille dame ; à son air joyeux, elle la baptise Félicité et se prend d’affection pour elle. Lorsque Félicité est envoyée contre son gré dans une maison de retraite, Betty remue ciel et terre pour la retrouver. Une véritable amitié va les lier. Une nouvelle va plonger Félicité dans le mutisme. Impuissante, Betty prend du recul et part quelques jours. À son retour, Félicité n’est plus. Betty sombre dans la mélancolie. Une rencontre la sort du spleen : l’Ami, qu’elle va aimer comme on aime un homme qu’on ne touchera jamais, car le voir suffit. Mais la vie fait ses trous de dentelle ; au vide de trop, c’est le déclic : Betty largue les amarres, disparaît, on ne sait où. Chez elle, seule la musique, la kora, répond aux questions : inassouvie, la vie, puisqu’il y a toujours un vide à combler."
"Elle s’interrogeait : qu’est-ce qui différencie ou caractérise ces cubes, ces carrés, ces rectangles, ces losanges, ces cavités, toutes ces innombrables fantaisies architecturales réunies sous le vocable habitations ? En dehors de leur forme, qu’est-ce qui en fait des demeures et non des sépultures ? Que s’y passe-t-il de si fort, de si réel, de si dynamique, de si tangible, qui ne puisse avoir lieu au cimetière et qui justifie qu’on appelât ces endroits des lieux de vie ? Vivre, ça couvre quelle superficie ? Quel sens donne-ton à ce verbe, au point de lui réserver des lieux ? Ne vit-on pas également lorsqu’on se promène en forêt, en traversant la rue ou en bandant ses muscles pour propulser sa barque sur un bras de mer lascif ? Les bureaux et les usines seraient-ils des lieux de mort ? (...) Et puis, parce que vivre c’est survivre à quelqu’un ou à quelque chose, à qui, à quoi renonçons-nous, humblement défaits ou dignement amputés, mais toujours inassouvis ? Betty avait pris sa décision : elle saurait quelles existences se cachaient derrière les fenêtres d’en face. L’obsession était née et installée en elle. Elle ne fit rien pour s’en distraire, au contraire, elle l’entretenait, comme un feu de bois par mauvais temps, minutieusement, patiemment. (…) Elle allait s’imbiber de la vie des autres, ignorant qu’elle y serait bientôt engloutie."
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