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Storine l'orpheline des étoiles, tome 7 : Le secret des prophéties



Résumé

Sur le rocher d'Argonir, Storine rencontre une vieille dame un peu médium qui prétend être l'incarnation de la déesse Vina. Mais capturés par deux chasseurs de tête à la solde d'un cirque intergalactique, Storine et Griffo se retrouvent à bord de la station orbitale Critone, où les attend un peuple de mutants qui les acclame comme leurs sauveurs. Se souvenant des révélations de la vieille prophétesse d'Argonir, Storine accepte d'accomplir sur Critone son premier miracle, qui doit, tel qu'annoncé par les prophéties, lui apporter la gloire et la reconnaissance des peuples de l'Empire, mais aussi la haine farouche du grand chancelier Védros Cyprian. La jeune fille saur-t-elle mener ses premières missions à terme et déjouer les ruses d'Anastra, qui a lancé une phalange de Gardes Noirs à ses trousses ?

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Classement en biblio - 27 lecteurs

extrait

Les neiges rouges

Archipel spatial d’Argonir, troisième rocher.

Storine remonta le col de sa longue cape vert émeraude et grimaça en constatant que les deux hommes qui la suivaient depuis qu’elle avait franchi les remparts de la petite cité d’Argonia, étaient toujours sur ses talons. Dans les ruelles sordides, la fête battait son plein. Une foule excitée prise de boisson dansait au son de cors aigrelets en poussant des cris de joie mêlés à des sanglots de carnaval, sous une neige froide qui tombait drue sur les épaules et les visages. Storine fixa le plafond bas des nuages couleur de sang. Chaque année, au solstice d’hiver, avait lieu la fête de Cyrgulem. Par delà les toits couverts de glace, la lumière s’irisait sous les rayons du soleil rouge. En tombant, les cristaux de neige jouaient avec cette lumière écarlate et donnaient l’illusion de cette célèbre neige rouge dont les habitants d’Argonia se montraient si fiers.

«On se demande bien pourquoi !»

Storine se baissa pour prendre dans sa main une motte de neige qu’elle serra entre ses doigts jusqu’à l’écraser complètement. Pendant quelques secondes, elle laissa le froid pénétrer tout au fond de son ventre et de son cœur.

«Pour m’empêcher d’exploser…»

Puis, sans s’occuper de cette humanité livrée à la licence de la fête, elle frissonna. Les hommes qui l’avaient prise en filature étaient-ils deux ou bien quatre ? Elle n’aurait su le dire avec exactitude tant les gens se pressaient les uns contre les autres ; pour se réchauffer peut-être : peut-être pour chercher, l’espace de quelques instants furtifs, un peu de réconfort dans un geste, un sourire ou un regard. Tant de peine et de colère s’entrechoquaient dans le cœur de la jeune fille que, tout en jouant des coudes pour se frayer un passage, elle refusait même d’y penser.

Comment appelait-on les six autres rochers composant l’archipel d’Argonir ? Argolanus, Argocity (la métropole), Argolite ; quoi d’autre, encore ? Storine tenta de se rappeler le rapport holographique qu’elle avait lu à bord de sa navette spatiale, juste avant de trouver, après des heures de recherche, l’endroit idéal pour atterrir sans susciter l’attention des autorités argoniennes.

L’archipel d’Argonir. Sept immenses rochers gravitant les uns autour des autres dans l’espace, emprisonnés pour l’éternité dans une éternelle ronde autour de Belta, leur étoile rouge - «Encore une autre !» songea Storine - située à la périphérie de l’Empire d’Ésotéria. Bousculée, elle contempla quelques instants les gros flocons de neige qui tombaient, indifférents à la liesse populaire qui célébrait… quoi ? «La fin de l’hiver». Elle se rappela que l’esprit de la fête des neiges rouges de Cyrgulem était erroné, puisqu’à cause, notamment, de l’inclinaison de l’énorme rocher sur son axe et de son atmosphère artificielle, l’hiver était ici l’unique saison et ne finissait pour ainsi dire jamais.

«Pathétique !»

Les flocons s’égrenaient, épais et onctueux comme de la crème, mais ils étaient aussitôt foulés aux pieds et transformés en boue par la foule. Storine observa cette bouillie noirâtre qui lui montait jusqu’aux chevilles. Victime d’une crise subite d’agoraphobie, elle s’adossa contre un mur de pierre sale et tenta d’empêcher ses mains de trembler.

«Respire. Calme-toi. Par les cornes du Grand Centaure, ressaisis-toi !»

Mais cette expression, qui lui était jadis si familière, lui causa plus de peine que de réconfort. Car le Grand Centaure, le vaisseau mythique de Marsor le pirate, avait été détruit. À cause d’elle. De sa propre main. Et Marsor lui-même, son père, était mort par sa faute.

Un groupe de musiciens, le visage grimé ou portant des masques grotesques, passa devant elle en s’égosillant dans leurs satanés cors qui ressemblaient à d’énormes cornes de gronovore pointées vers le ciel.

Comme ses mains ne cessaient de trembler, elle se demanda si elle n’avait pas pris froid en atterrissant. Était-il possible qu’elle ait vraiment développé une phobie des foules ? Elle respira profondément, toussa, éternua puis fronça le nez en songeant à toutes les odeurs que dégageaient ces gens. Un coup d’œil de biais entre les musiciens raviva une fois encore sa colère. Les deux hommes étaient toujours là. Impassibles dans leurs grands manteaux noirs alors que les argoniens, fidèles à la tradition de Cyrgulem, étaient aujourd’hui exclusivement vêtus de tuniques, de masques et de capes rouges. Même leurs cheveux étaient teints de cette couleur !

Pour la première fois, Storine sentit l’hostilité des regards peser sur elle. «Comme je porte une cape verte, ils pensent peut-être que je me moque de leurs traditions !»

Une fillette trébucha puis roula aux pieds d’une troupe de danseurs. Un homme, sans doute son père, joua des poings pour la récupérer et pour la serrer tendrement dans ses bras. Un peu plus loin, Storine aperçut deux amoureux qui, ayant ôté leurs masques écarlates, s’embrassaient à pleine bouche en se caressant. Cette scène qui, quelques mois auparavant, l’aurait fait sourire, lui donna envie de dégainer son sabre psychique et de pourfendre ces gens frivoles qu’elle détestait et qui la détestaient. Se contrôlant, elle tourna le coin et se réfugia dans une venelle sombre et déserte.

«Griffo !»

À bout de force, elle se laissa glisser au sol et se recroquevilla dans sa longue cape.

Storine et Griffo avaient quitté le croiseur impérial du prince Solarion environ huit semaines auparavant. Tandis que la neige s’accumulait sur la capuche de sa cape et qu’un filet d’eau coulait sur sa nuque, elle se força à revivre en pensée la dernière année stellaire. D’abord, les jours heureux passés sur la planète Delax, au collège de Hauzarex, en compagnie de Solarion. Après un parcours souvent chaotique, ils s’étaient enfin retrouvés. Après quelques maladresses, ils s’étaient avoué leur amour. Ne craignant plus ni dieu ni diable, le jeune prince l’avait même suppliée d’accepter de devenir sa fiancée. Elle, Storine Fendora d’Ectaïr, l’amie des grands lions blancs, l’orpheline pourchassée, devenir une altesse impériale ! Était-ce là sa destinée ? Était-ce ce que souhaitait la déesse Vina, sa protectrice ?

Puis, à la suite d’une cabale menée contre elle par sa rivale Anastara, cousine de Solarion, elle s’était retrouvée sur la sphère fantôme d’Ébraïs. À la pensée du ciel pur et cristallin de Totonia, la cité-robot, elle renifla de chagrin. «C’est en regagnant l’espace normal que tout s’est gâté entre nous…», songea-t-elle.

«Nous», c’était Solarion et elle. Marsor, qui était accouru sur Delax dans l’espoir de la retrouver, s’était fait piéger en orbite par le commandement impérial. Storine, Griffo et Éridess avaient été pris entre l’arbre et l’écorce : entre les impériaux et la flotte pirate.

La neige transformée en eau n’était pas seule à couler sur ses joues. La jeune fille sentait bien qu’évoquer encore et encore ses retrouvailles douloureuses avec Solarion lui brisait le cœur. Mais à quoi cela servait-il de pleurer et de chercher à oublier ? Oublier l’humiliation quand Anastara l’avait exhibée clouée en croix sur un chevalet, presque nue, tel un animal blessé, devant tout l’état-major impérial. Oublier que Solarion n’avait pas levé le petit doigt pour venir à son aide. Oublier qu’il était venu la retrouver dans sa cellule et que, là, dans cette pièce sordide, ils avaient fait l’amour avec passion, avec rage, en sachant bien que leur union était plus que jamais menacée. Oublier la réaction du prince impérial quand il avait appris que Storine était en vérité la fille de Marsor, le pirate ; Marsor, l’ennemi juré. Oublier enfin que ce même Solarion l’avait ensuite rejetée dans l’espace comme une vieille chaussette.

Elle ! Storine ! L’Élue des dieux !

La jeune fille essuya ses larmes blanches d’un revers de la main et sourit, car ses doigts ne tremblaient plus. L’impasse dans laquelle elle avait trouvé refuge sentait les ordures et le moisi mais, au moins, les murs hauts et noirs étaient solides. Elle songea qu’ainsi recroquevillée elle offrait une proie facile aux deux hommes qui la suivaient. Qu’importe ! S’ils faisaient mine d’approcher, aussi vrai qu’elle était la fille de Marsor le pirate, elle leur trancherait la tête d’un coup de sabre.

Elle fit le vide dans son esprit et appela son fidèle lion blanc par télépathie. Après quelques instants de flottement, elle perçut dans ses oreilles le battement de cœur du fauve. Elle sentit la chaleur de son poitrail et celle, vivifiante, du sang qui courait dans ses veines.

«Griffo ! Ne t’inquiète pas, mon bébé. Je vais bien.» Elle frissonna puis toussa. Depuis le matin, la gorge sèche elle avait froid et chaud en même temps.

Le lion, qui restait aux aguets autour de leur navette spatiale, sourit. Storine imagina ses longs yeux rouges effilés. Elle crut même entendre sa réponse : «Je t’aime, ma petite maîtresse ! Prends soin de toi et n’hésite pas à m’appeler. Je serai toujours près de toi.»

La jeune fille se détendit. Oui, Griffo l’aimait. Depuis toujours. «Voilà ma seule certitude dans la vie», se dit-elle en se laissant aller contre le mur glacé.

«N’oublie pas la raison de ta présence ici.»

Elle se redressa d’un bond. Qui avait prononcé ces mots dans sa tête ? Griffo ? Non, la voix était douce, suave et forte.

«Vina !» murmura Storine, émue, en se rappelant que durant son long voyage dans l’espace elle avait pu, au cours d’une transe, entrer en contact avec une prétresse de la déesse.

Cette servante l’attendait ici même, quelque part dans la vieille ville d’Argonia, pour lui faire des révélations sur sa «mission». Storine se rappela le signe de reconnaissance convenu lors de la transe. Satisfaite et remise de ses émotions, elle décida d’affronter la foule et de trouver l’endroit du rendez-vous.

Elle s’apprêtait à sortir de la venelle quand une demi-douzaine de jeunes gens lui barra le passage. L’un d’eux, un garçon vêtu d’un justeaucorps de cuir rouge («il se prend pour un Brave de Marsor !») portait ses cheveux dressés sur son crâne comme des lames de rasoir. Il la poussa violemment contre l’angle du mur. Déséquilibrée, elle s’effondra dans la neige froide.

En silence, le groupe de voyous se referma sur elle…

- Clameks !

Storine ouvrit de grands yeux ronds. Penché si près de son visage qu’elle pouvait presque sentir l’haleine du garçon sur ses joues, elle ne comprenait pas le geste qu’il venait de lui faire.

- T’as du clameks !

À son ton de voix menaçant, à ses pupilles si blanches qu’on aurait pu le croire aveugle, on voyait que le garçon ne plaisantait pas. Il refit le geste et, cette fois, comme son pouce frottait contre son index et son majeur, elle comprit ce qu’il entendait par ce mot inconnu sans doute issu du dialecte local.

Elle secoua la tête.

- Je n’ai pas d’orex impérial.

Sceptiques, les jeunes se rapprochèrent encore et commencèrent à fouiller dans les plis de sa cape. Elle se rebiffa d’un geste vif. Aussitôt, le garçon aux cheveux en lames de rasoir la prit à la gorge et la souleva de terre.

- Clameks ! Clameks !

En une fraction de seconde, elle jaugea la situation. Malgré les apparences, elle n’était pas vraiment en danger, elle n’éprouvait aucune peur. Derrière le groupe de jeunes elle entrevit, entre les fêtards déambulant à l’extrémité de la ruelle, les deux hommes qui la suivaient. Allaient-ils intervenir ? D’un même regard, elle repéra une des filles du groupe, la plus frêle, celle qui se tenait légèrement en retrait de ses camarades.

Sans même tenter de dégainer son sabre psychique caché dans une des poches de sa cape, elle foudroya le premier garçon des yeux et lui envoya mentalement, dans le cerveau, une infime décharge de glortex - juste assez, en somme, pour lui causer une belle peur. Dans le même instant, le voyou oscilla sur ses jambes. Puis, relâchant sa prise, il se mit à trembler. Une fois encore, la force psychique des fauves, que Storine parvenait à contrôler de mieux en mieux, faisait des miracles.

Elle dévisagea deux autres garçons qui s’apprêtaient à lui sauter dessus : l’un d’eux se mit à saigner du nez, l’autre eut l’impression qu’une main invisible l’étouffait.

- Clameks !

La fille n’avait fait que murmurer. Storine fixa ses pupilles fiévreuses cernées de noir. Elle aussi tremblait, mais cela n’avait rien à voir avec le glortex. Son visage était exsangue, sa peau, presque translucide. Storine apercut avec horreur le fin réseau de veines bleuâtres qui courait autour de ses yeux.

«La drogue, se dit-elle en repensant à Ekal Doum et à son trafic de stupéfiants. Le désespoir est présent sur toutes les planètes.»

Remplie de compassion pour l’infortunée jeune fille, elle ôta sa capuche, détacha les lacets de sa cape et, à bout de bras, lui offrit son vêtement. Lorsqu’elle vit la lourde chevelure orange de Storine relevée sur sa tête par un magnifique diadème ainsi que son visage brillant de santé, la jeune droguée se crispa et gémit doucement.

Surprise par cette réaction de peur mêlée de jalousie, Storine haussa les épaules et rattacha sa cape sur ses épaules.

- Clameks !

S’habituant à l’intonation de ce mot, elle eut le réflexe de se retourner pour demander à son ami Éridess d’ausculter la malheureuse : «Éri peut la soigner avec son toucher thérapeutique.»

Mais elle réalisa que le jeune Phobien, pour la première fois depuis des années, n’était pas présent à ses côtés.

«À cause de moi !»

- Ta couronne ! Donne-nous ta couronne ! répéta le chef des voyous qui, vexé comme un cochon cornu de Phobia d’avoir éprouvé un malaise, fit mine de la menacer de nouveau.

Storine souffla sur ses mèches rebelles et le dévisagea sans aménité.

- Tu ne saurais pas quoi en faire ! répondit-elle en se concentrant sur cette couronne de lévitation que lui avait offerte son amie Lâane sur la planète Delax.

Agacée par le mur d’incompréhension qui les séparait, et ressentant une certaine appréhension à l’idée de rencontrer la servante de la déesse Vina, elle leur fit signe de s’écarter.

Puis, devant le groupe médusé, mue par le pouvoir de sa couronne de lévitation, elle s’éleva au-dessus du sol et disparut dans le ciel, dans les tourbillons de neige et les ballons rouges échappés des mains des fêtards.

Lorsque, de l’extrémité de l’impasse, les deux hommes en noir virent que leur proie leur échappait, ils se regardèrent, ébahis, avant de sortir de leur manteau un communicateur en forme d’étoile. L’un d’eux parla tandis que l’autre écoutait gravement les ordres transmis par leur supérieur.

«Poursuivez votre filature et, à la première occasion, tuez-la. Brûlez son corps. Qu’il n’en reste rien.»

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