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Un secret sicilien



Description ajoutée par fabias 2012-07-19T21:57:57+02:00

Résumé

Lorsqu’elle voit surgir devant elle l’homme qu’elle a follement aimé mais qu’elle a fui un an plus tôt, tant les secrets qu’il cachait lui étaient devenus douloureux et insupportables, Jillian pressent que sa vie est sur le point de basculer, une fois encore. Elle ne se trompe pas. Car si Vittorio s’est donné la peine de la retrouver, c’est parce qu’il a appris qu’elle avait eu un bébé, un enfant dont il est le père. Et, très vite, il exige que Jillian vienne vivre en Sicile avec lui. Si elle refuse, il fera tout pour obtenir la garde de leur fils…

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Classement en biblio - 20 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Underworld 2019-09-22T05:40:42+02:00

** Extrait offert par Jane Porter **

1.

Enfin en paix…

Parvenue sur une des hautes falaises qui surplombaient les eaux agitées de l’océan Pacifique, Jillian Smith prit une profonde inspiration.

Elle n’avait aperçu aucun des hommes de Vittorio depuis au moins trois mois. Si elle restait prudente, ils ne la trouveraient pas, pas dans cette petite ville tranquille située à quelques kilomètres à peine de Carmel, en Californie.

D’ailleurs, elle ne se faisait plus appeler Jillian Smith. Elle avait pris une nouvelle identité, celle d’April Holliday, abandonnant en même temps son apparence de ravissante brune pour celle d’une Californienne pur sucre, blonde et bronzée. Certes Vitt, le père de son bébé, ignorait qu’elle était de Detroit. Mais elle devait faire tout son possible pour qu’il ne puisse pas retrouver sa trace.

Il était si dangereux, représentait une telle menace pour elle, pour Joe et pour tout ce qu’elle chérissait ! Certes, elle l’avait aimé, aimé même au point de pouvoir imaginer un avenir avec lui. Mais elle avait fini par découvrir qu’il n’était ni un héros ni un chevalier en brillante armure, mais un homme comme son père. Un homme qui avait bâti sa fortune sur le crime organisé.

Consciente de la tension qui gagnait ses épaules, elle expira longuement. « Détends-toi… », s’ordonna-t-elle. Elle n’avait plus aucune raison d’avoir peur. Le danger était derrière elle, à présent. Vitt ne pouvait pas lui prendre son bébé. Elle était en sécurité. Tout allait pour le mieux.

Les premières gouttes de pluie tombèrent, et elle ramena en arrière ses longs cheveux blonds défaits par le vent. Elle était déterminée à laisser le passé derrière elle et à se concentrer sur l’avenir de Joe. Et Joe aurait un bel avenir. Elle ferait en sorte qu’il ait tout ce qu’elle n’avait jamais eu — la stabilité, la sécurité et un foyer heureux.

Elle avait trouvé une jolie maison à louer, à quelques centaines de mètres de là, dans une petite impasse. Elle avait décroché un travail comme assistante marketing au Highlands Inn, l’un des hôtels les plus réputés du nord de la côte californienne. Et surtout, elle avait trouvé une excellente nounou, de sorte qu’elle pouvait se consacrer à son nouvel emploi. D’ailleurs, Joe se trouvait avec l’adorable Hannah en ce moment même.

— Envie de sauter, Jill ? fit une profonde voix d’homme par-dessus son épaule.

Vittorio… Jillian reconnut sur-le-champ le timbre familier. Son sourire s’évanouit et son corps se raidit sous le choc. Elle n’avait pas entendu cette voix depuis des mois mais il était impossible de l’oublier. Affirmée et sereine, elle semblait dominer la vie. Vittorio Marcello Severano était une force de la nature, un être charismatique qui inspirait le respect — ou la peur — chez ceux qui le rencontraient.

— Il y a d’autres solutions, ajouta-t-il sur un ton si doux que Jillian frissonna et recula nerveusement d’un pas, se rapprochant du bord de la falaise.

Son pied mal assuré fit rouler des pierres qui dévalèrent la falaise déchiquetée jusqu’à la mer.

— Aucune que je trouverai jamais acceptable, répondit-elle d’un ton sec en se tournant légèrement dans sa direction mais en prenant soin d’éviter de le regarder.

Vittorio était un magicien, un véritable charmeur de serpents. Un sourire de lui vous pliait à sa volonté. Il était beau et dangereux à la fois…

— C’est tout ce que tu as à me dire après avoir joué avec moi au chat et à la souris pendant des mois ?

La pluie se fit plus forte, imprégnant complètement le chandail de Jillian.

— Je crois n’avoir rien à te dire de plus, répliqua-t-elle, le menton levé en signe de défi, malgré ses jambes qui tremblaient.

— Moi, je pense le contraire. Tu pourrais par exemple commencer par me présenter des excuses, suggéra-t-il avec la même douceur. Ce serait un bon début.

Jillian se redressa et, s’efforçant de ne pas écouter cette voix profonde, se fit violence et baissa les yeux afin de ne pas regarder le visage de Vittorio. Sa présence l’avait toujours bouleversée. Il était le seul être capable de la troubler ainsi. Mais, vingt mois auparavant, elle n’avait pas été séduite par son seul physique. Elle l’avait aimé tout entier. Il était drôle, cultivé, brillant. C’était certainement l’homme le plus intelligent qu’elle ait jamais rencontré et elle avait trouvé un plaisir nouveau dans leur conversation. Avec elle, il avait joué la carte de la sincérité, faisant par ailleurs preuve de tendresse et de sensualité… Et elle s’était offerte à lui quelques heures à peine après l’avoir rencontré. Ce qui ne lui ressemblait guère. Bon sang, c’était à peine si elle avait déjà flirté avec un homme ! Mais quelque chose chez Vitt lui avait fait baisser sa garde. Près de lui, elle se sentait sereine, protégée.

— Si l’un de nous deux devait s’excuser, ce serait plutôt toi.

— Moi ?

— Tu m’as caché qui tu étais réellement, Vittorio…

— Jamais.

— Et tu m’as traquée comme un vulgaire animal pendant ces derniers mois, ajouta-t-elle d’une voix étouffée.

Fascinée par l’intensité des sentiments qui l’assaillaient, Jillian lutta pour recouvrer son calme. Et sa détermination. Elle ne se jetterait pas à ses pieds. Elle ne le supplierait pas. Elle se battrait jusqu’au bout.

— Tu as choisi de t’enfuir avec mon enfant, remarqua-t-il en haussant les épaules. A quoi t’attendais-tu ?

— Tu dois éprouver beaucoup de plaisir à jouer comme tu le fais avec des êtres sans défense, rétorqua-t-elle en élevant la voix pour couvrir la plainte du vent et le tumulte des vagues.

— Tu es loin d’être une femme sans défense, Jill. Tu es l’une des femmes les plus fortes et les plus rusées que j’aie jamais rencontrées. Et tu as le talent d’un escroc de haut vol.

— Je n’en suis pas un.

— Alors pourquoi prendre un nom d’emprunt ? Tu te fais appeler April Holliday, m’a-t-on dit. Comment t’y es-tu prise pour changer ainsi d’identité ? Il faut de l’argent et des relations pour disparaître comme tu as réussi à le faire, ou presque…

— Presque. C’est le mot, n’est-ce pas ?

Il haussa de nouveau les épaules.

— Ce n’est pas le propos. Tout ce que je souhaite, à l’instant présent, c’est de m’abriter de la pluie…

— Tu es libre de t’en aller.

— Je ne partirai pas sans toi. Et je n’aime pas te voir si près du bord de la falaise. Viens par là, dit-il en lui tendant la main.

Jillian ignora son geste, se contentant de l’observer. Elle connaissait par cœur chacun des traits de son visage, l’angle vif formé par la mâchoire et le menton volontaire, les pommettes saillantes, la ligne sinueuse de la bouche sensuelle. Elle détourna le regard tandis que des vagues d’une chaleur intense la traversaient. Ces lèvres pleines et merveilleusement dessinées avaient couvert tout son corps, parcouru sa peau avec une délicatesse stupéfiante. Leurs caresses l’avaient conduite à son premier orgasme. Elle avait eu si honte alors d’avoir crié ! Elle n’avait jamais imaginé plaisir si intense et sensation plus forte. Avant cela, jamais elle n’avait perdu le contrôle d’elle-même…

— Et toi, tu me fais peur, répliqua-t-elle sèchement.

A dire vrai, elle n’avait pas peur de lui. Ce qu’elle craignait, c’étaient ses propres réactions quand il se trouvait près d’elle. Depuis leur première nuit passée ensemble, elle le désirait éperdument. Elle avait besoin de lui comme elle n’avait jamais eu besoin de personne auparavant.

— C’est ridicule, protesta-t-il d’un ton exaspéré. T’ai-je jamais blessée ? Ai-je jamais levé la main sur toi… mis à part pour te donner du plaisir ?

Elle ferma les yeux, sentant ses jambes se dérober. Durant la courte période qu’ils avaient passée ensemble, il n’avait fait preuve que de tendresse et de passion à son égard.

— Non.

— Pourtant, tu es partie sans une explication. Et, pire encore, tu m’as privé de mon fils, de mon unique enfant. Tu trouves ça juste ? Il ne connaît rien de sa famille, de la Sicile.

Jillian se tut, très lasse tout à coup, et déjà sous l’étrange emprise de cette voix qui battait ses défenses en brèche. Il s’était produit la même chose durant leur première rencontre, dans le hall de l’hôtel, à Istanbul. Quelques mots échangés et une invitation à dîner avaient suffi à lui faire perdre complètement la tête. Elle avait quitté son travail, emménagé dans la villa qu’il possédait près du lac de Côme, imaginé qu’elle était tombée amoureuse… Si elle le laissait de nouveau pénétrer dans sa vie, il la détruirait. Et il détruirait Joe. C’est pourquoi elle ferait tout pour qu’il ne l’approche pas. Tout pour que Joe ne devienne pas un homme comme lui.

— Il n’est pas sicilien, Vittorio. Il est américain. C’est mon fils. Et ce n’est encore qu’un bébé.

— Je t’ai octroyé l’année qui vient de s’écouler. Tu as passé tout ce temps seule avec lui. Aujourd’hui, c’est mon tour…

— Non ! s’écria-t-elle en serrant les poings, hors d’elle. Tu ne peux pas me le prendre ! Tu n’as pas le droit !

Son pied glissa sur le bord de la falaise. La pluie avait détrempé la terre, déstabilisant le terrain.

— Jill, donne-moi la main. Le bord de la falaise peut céder à tout moment.

Jillian détourna la tête. Elle refusait de prendre la main de Vittorio. Elle refusait de lui céder. Elle préférait tomber dans le vide que de confier Joe à cet homme. Au moins, Joe était en sécurité avec Hannah.

— Ça m’est égal ! Je ferai tout pour protéger mon bébé !

— Sois raisonnable, je t’en prie.

Jillian lutta contre les larmes qu’elle sentait monter. L’inquiétude que trahissait la voix de Vitt lui brisait le cœur. Il aurait été si facile de lui faire confiance, de s’appuyer sur lui ! Mais il l’avait trompée une fois, et ce serait la dernière.

Tout cela aurait pu être évité si elle avait su qui était réellement Vitt lorsqu’il l’avait invitée à dîner, vingt mois auparavant. Si seulement elle avait pu prévoir les conséquences d’un tel rendez-vous…

Pendant quelques merveilleuses semaines, elle avait cru être amoureuse de lui. Elle avait imaginé qu’ils pourraient vivre ensemble pour toujours, construire un foyer. Certes, Vittorio s’absentait à certains moments pour répondre au téléphone à des heures inhabituelles, mais elle n’y avait pas prêté beaucoup d’attention, mettant cela sur le compte d’une surcharge de travail. Le P.-D.G. d’une importante entreprise devait certainement se rendre joignable en permanence.

Mais un jour, l’une des jeunes domestiques de Vitt avait balayé ses folles illusions.

— Vous n’avez pas peur du mafioso ? avait-elle murmuré.

Mafioso… Le mot lui avait instantanément glacé le sang.

— Peur de qui ? avait-elle répondu sur un ton qui se voulait naturel.

La domestique avait alors jeté un regard furtif en direction de la salle de bains où Vittorio se douchait. Elle était venue apporter une pile de serviettes propres mais, apparemment, sa curiosité avait pris le dessus.

— Votre ami, avait-elle précisé en posant les serviettes. Signore Severano.

— Ce n’est pas un…

— Si. Tout le monde le sait ici.

Puis la domestique avait quitté la chambre, telle une souris apeurée, et les pièces du puzzle s’étaient soudainement mises en place. Tout coïncidait. Comment ne l’avait-elle pas remarqué plus tôt ? Cette fortune colossale, ce train de vie luxueux, ces étranges coups de téléphone nocturnes…

Elle avait été tentée de chasser ces révélations de son esprit. Mais pendant que Vittorio s’habillait, elle avait sorti son téléphone portable de son sac et effectué sur internet une recherche rapide qui avait suffi à afficher des pages et des pages de liens, de témoignages et de photos. La domestique avait raison. Vittorio Severano, de la ville de Catane en Sicile, était un homme célèbre. Mais sa notoriété n’était pas due à des œuvres de bienfaisance.

Jillian s’était enfuie le jour même, n’emportant avec elle que son passeport et son sac à main. Elle avait tout abandonné. Elle s’était évanouie dans la nature, comme si elle n’avait jamais existé. Elle ne savait que trop comment il fallait procéder. Elle l’avait appris dès l’âge de douze ans, quand sa famille avait été prise en charge par un programme gouvernemental de protection des témoins. Dès lors, elle avait perdu son nom au profit d’identités fictives.

— Tu devais bien te douter que je te trouverais tôt ou tard, reprit-il avec douceur. Tu devais bien savoir que je finirais par gagner.

Trempée jusqu’aux os, Jillian frissonnait sous les bourrasques de pluie et de vent glacial. Vitt, lui, affichait toujours la même prestance et la même sérénité.

— Mais tu n’as pas gagné, objecta-t-elle sans pouvoir empêcher ses lèvres de trembler. Parce que tu ne sais pas où il est. Et tu pourrais me torturer ou me faire subir tout ce que tu as l’habitude de faire aux autres, je ne te révélerais jamais où il se trouve…

— Pourquoi voudrais-je te faire du mal ? Tu es la mère de mon fils, de mon unique enfant ! Tu comptes énormément pour moi.

— Je sais ce que je représente à tes yeux. Quelqu’un d’encombrant ! Tu me l’as très bien fait comprendre en envoyant tes malfrats à mes trousses, il y a des mois.

— Mes hommes ne sont en rien des malfrats et tu as toi-même fait de moi ton ennemi, cara, en me privant de mon fils, objecta-t-il sur un ton qui se fit plus dur.

La mâchoire de Vittorio se contracta un instant puis son visage sembla se détendre.

— Mais je souhaite que nous mettions nos différends de côté dans l’intérêt de notre fils, ajouta-t-il. Alors, s’il te plaît, viens par là. Je n’aime pas te savoir si proche du vide sur cette corniche. Tu n’y es pas en sécurité.

— Et avec toi, je le suis ?

Le regard sombre de Vittorio passa rapidement du bord escarpé de la falaise au visage ruisselant de pluie de Jillian.

— Tout dépend du sens que tu prêtes à ce mot. Mais je n’ai pas envie de faire de la sémantique en ce moment. Il est temps de se mettre à l’abri.

Jillian le vit faire un pas déterminé dans sa direction et tendre le bras pour saisir sa main. Mais elle ne voulait pas qu’il la touche. Plus maintenant, plus jamais ! Emportée par cette seule idée, elle fit un pas de côté sans toutefois parvenir à maîtriser son élan. Le sol se déroba sous son pied et elle cria tandis qu’elle basculait dans le vide…

Pendant une fraction de seconde, elle sentit ses jambes se balancer dans les airs, au-dessus de la plage et du fracas des vagues. Puis elle agrippa le poignet de Vitt et s’y accrocha de toutes ses forces tandis qu’il la hissait jusqu’à la terre ferme avant de l’aider à se relever. Il la tenait à présent dans ses bras et elle frissonna au contact de son corps. Il semblait plus grand, plus solide et plus irrésistible que jamais. Elle se blottit contre lui. Elle avait besoin de chaleur et de sécurité, elle en avait terriblement besoin…

Les bras de Vitt l’enlacèrent. Il sentait bon. Son corps était si chaud, si réel ! Un instant, elle se dit qu’il ressentait encore quelque chose pour elle, qu’ils trouveraient une façon d’élever Joe ensemble. Puis la réalité s’abattit sur elle comme une chape de plomb.

Etait-elle folle ? Avait-elle définitivement perdu tout bon sens ? Il était impossible qu’ils renouent le fil de leur histoire, impossible qu’ils élèvent Joe comme un couple ordinaire. Elle ne permettrait pas que son enfant soit plongé dans leur milieu. C’était pourtant ce que les Severano envisageraient pour lui, ce qu’ils attendraient de Vitt. Le cœur saisi d’effroi, elle sentit une vague d’angoisse la submerger.

— Je ne peux pas faire ça, Vitt, dit-elle, la voix entrecoupée comme il lui passait un bras autour de la taille, la serrant plus étroitement. Je ne ferai pas partie de ta vie. Je ne peux pas.

Il caressa légèrement sa joue du bout des doigts et repoussa quelques mèches humides. Sa main était chaude, si chaude. Un frisson la parcourut.

— Qu’y a-t-il donc de si déplaisant chez moi ?

Elle soupira, trop troublée pour réfléchir.

Les caresses de Vitt faisaient naître de délicieux picotements sur sa joue et enflammaient tout son corps.

— Tu le sais bien, murmura-t-elle.

Elle songea de nouveau à son père, à ses liens avec la mafia de Detroit et à leurs terribles conséquences sur leurs vies. Personne ne l’avait payé plus chèrement que sa sœur.

— Explique-moi…

— Je ne peux pas.

Lovée contre lui, elle tremblait de tout son être. Elle sentait chaque partie du corps de Vitt épouser les courbes de son propre corps.

— Pourquoi pas ? insista-t-il en passant ses mains dans les cheveux ruisselants de Jillian pour les écarter de son visage.

Bouleversée par des émotions contraires, elle se dégagea légèrement de son étreinte et plongea ses yeux dans les siens. Aussitôt, elle sentit son cœur s’emporter. Jamais elle n’avait autant aimé un homme. Il était si beau, si séduisant !

— Je sais qui tu es, Vitt. Je sais ce que tu as fait.

Un sourire fugitif et discret passa sur les lèvres sensuelles de Vittorio. D’une main caressante, il fit glisser une mèche rebelle derrière son oreille, ses doigts s’attardant un instant derrière le lobe délicieusement sensible.

— Il semblerait que tu m’aies jugé et condamné sans m’avoir donné l’opportunité de prouver mon innocence. Parce que je suis innocent, cara. Je ne suis pas l’homme que tu imagines.

— Tu nies être Vittorio Severano ? Tu nies être à la tête de la célèbre famille Severano ?

— Il est évident que je ne renie pas ma famille ou mon héritage. J’aime ma famille et j’en ai la responsabilité. Mais en quoi est-ce un crime d’être un Severano ?

Elle soutint son regard.

— La famille Severano remplit des pages et des pages de livres d’histoire. Chantage, extorsion, racket… pour ne parler que des petits délits.

— Toute famille a un cadavre dans son placard.

— La tienne en a plus d’une centaine !

Une lueur passa dans les yeux pailletés d’or du Sicilien.

— Ne dénigre pas ma famille. Je n’ai que du respect pour elle. C’est normal que nous ayons une longue histoire. Nous sommes une très vieille famille sicilienne, dont les origines remontent à plus de mille ans. Je ne pense pas que tu puisses en dire autant de la tienne, Jill Smith !

A la façon dont il prononça son nom, elle se sentit soudain banale, insignifiante. Mais n’était-ce pas ce qu’il voulait suggérer ? Qu’il était Vittorio Severano et qu’elle n’était personne ? Il avait raison, bien sûr. Elle n’était rien et n’avait personne vers qui se tourner, personne d’assez fort et d’assez puissant pour la protéger. Qui affronterait la mafia pour elle ? Qui se dresserait contre Vittorio quand même les gouvernements américain et italien n’avaient pas eu raison de lui ?

Cependant, même si elle n’avait pas la moindre chance, elle devait se battre. Que pouvait-elle faire d’autre ? Laisser Vittorio lui prendre Joe ? Jamais de la vie ! Mais alors que faisait-elle dans ses bras ? C’était de la folie, rien de moins. Il fallait à tout prix qu’elle se ressaisisse.

Elle se débattit et lâcha d’un ton grinçant :

— Et alors ? Qu’en ai-je à faire ? Nous sommes en Amérique, pas en Sicile ! Et nous ne sommes pas mariés, alors laisse-moi partir.

Il desserra son étreinte et Jillian fit un pas sur le côté, puis un autre avant de s’éloigner sous l’averse. Elle ne savait pas où elle allait. Tout ce qu’elle désirait, c’était entraîner Vittorio le plus loin possible de Joe. Elle ne le conduirait jamais à lui, jamais !

— Où vas-tu ?

— Je continue ma marche. J’ai besoin de faire de l’exercice.

— Je t’accompagne.

— Non, laisse-moi. Je préfère être seule…

Il la suivit tout de même, mais à quelque distance.

L’esprit en émoi, le cœur agité, elle marchait au hasard sans se soucier des flaques d’eau. Il fallait absolument qu’elle trouve un moyen de semer Vitt, un moyen de l’empêcher de trouver Joe, se disait-elle.

— Jusqu’où comptes-tu aller comme ça, Jill ? finit-il par demander tandis qu’ils approchaient des zones habitées.

Ils avaient atteint un embranchement au niveau duquel le sentier avait été aménagé en trottoir.

— Jusqu’à ce que je tombe d’épuisement, déclara-t-elle.

Elle regardait autour d’elle, cherchant toujours un moyen de lui échapper, lorsqu’elle se figea, saisie d’effroi : elle venait d’apercevoir la limousine de Vitt, arrêtée au feu, quelques mètres plus loin. Le véhicule démarra pour s’arrêter sur le passage piéton vers lequel elle se dirigeait. Elle vit alors les portières de la voiture s’ouvrir brusquement et deux hommes en costume sombre en sortir.

Les gardes du corps la toisaient avec un intérêt tout professionnel. Manifestement, ils attendaient un signal de Vitt, un signal qu’il ne tarderait pas à donner.

— Dis-leur de dégager la voie, dit-elle en se retournant pour faire face à Vittorio.

— Je viens juste de leur demander de s’arrêter, au contraire.

— D’accord, mais je ne peux pas traverser la rue avec cette voiture au milieu du passage.

— Où veux-tu donc aller ? Nous n’allons pas marcher toute la journée. Nous devons parler de nombreuses choses et prendre des décisions.

— De quoi parles-tu ?

— Nous devons décider, par exemple, comment nous allons nous organiser pour la garde de notre fils…

— Il n’y a rien à décider, coupa-t-elle, tremblante d’indignation. C’est mon fils !

— Et convenir du pays dans lequel nous le scolariserons.

— Les Etats-Unis. Il est américain.

— Et sicilien, tout autant ! Il est de mon sang pour moitié, je te le rappelle. Légalement, tu n’as pas le droit de me tenir à l’écart.

— Pas plus que tu ne peux me l’enlever.

— Ce que je ne souhaite pas, assura-t-il. Fort heureusement, j’ai un très bon conseiller juridique et j’ai passé les derniers mois à travailler avec les meilleurs avocats d’Amérique et de Sicile. Tout a déjà été arrangé. Je me suis occupé des papiers. Le dossier est là. Tu l’as eu la première année de sa vie, j’ai par conséquent droit à la deuxième.

— Que dis-tu ?

Il hocha la tête.

— Nous allons nous le partager équitablement ou, cara, tu risquerais de le perdre complètement.

— C’est impossible !

— Pas du tout. Si tu t’avises une nouvelle fois de fuir avec lui, tu passeras pour une mère instable. Et tu ne voudrais pas t’attirer le mépris des juges, n’est-ce pas ? Cela compromettrait sérieusement tes chances de récupérer ton fils.

Elle le regarda avec horreur.

— Tu mens !

— Non, je ne te mens pas. Je ne l’ai jamais fait. Montons dans la voiture, tu auras tout le loisir de consulter ces papiers, une fois à l’abri.

— Je ne te crois pas, lui dit-elle d’une voix étouffée par l’émotion.

— C’est là tout le problème.

— Ne te moque pas de moi.

— Ce n’est pas mon intention. C’est ton manque de confiance en moi qui est la cause de tous ces problèmes.

Elle détourna la tête et se mordit la lèvre.

— Je veux voir ces papiers mais je refuse de monter dans ta voiture, déclara-t-elle en s’efforçant de maîtriser les émotions qui la submergeaient. N’essaie pas de m’y contraindre.

Vittorio, qui n’était plus qu’à quelques pas, glissa les mains dans les poches de sa veste noire.

— Je ne voulais pas qu’on en arrive là, cara. Je voulais éviter de te faire du mal.

A bout de nerfs, Jillian trembla lorsqu’il arriva à sa hauteur. Il passa près d’elle, impassible, et continua jusqu’à la limousine.

— Mais si tu insistes, ajouta-t-il en haussant les épaules, j’y serai contraint. Nous réglerons le problème d’une autre manière.

Incrédule, elle le vit baisser la tête, monter dans la voiture aux vitres teintées et s’installer confortablement sur la banquette arrière. Les gardes du corps le suivirent l’un après l’autre. Elle aurait dû se sentir soulagée mais une peur irrépressible la saisit à la gorge.

Tout cela était mauvais signe, très mauvais signe. Vittorio, elle le savait, n’abandonnerait jamais comme ça, ce qui signifiait qu’il partait et ne la laissait s’en aller que parce qu’il avait déjà gagné. Il avait Joe. Oui, il avait trouvé son bébé ! Elle sentit subitement la nausée la gagner. Elle se précipita vers la voiture et se jeta sur la portière de peur de la voir se refermer.

Le plafonnier éclairait l’intérieur du véhicule d’une lumière jaune pâle qui projetait des ombres dures sur le visage de Vitt. Son regard paraissait plus sombre, son expression farouche.

— Qu’as-tu fait ?

— Ce que tu voulais.

— Ce que je veux, c’est garder mon bébé, et rien d’autre !

— C’est faux. Je t’ai offert cette opportunité et tu l’as refusée. Tu as dit que tu voulais que je te laisse seule, c’est ce que je fais…

Profondément ébranlée, Jillian regarda autour d’elle. Elle n’avait pas le souvenir d’être montée dans la voiture qui, à présent, roulait. Pourtant, elle se trouvait bel et bien assise près de Vitt, sur la banquette en cuir noir, face à ses hommes de main !

— Calme-toi, dit-il. Joseph va bien. Il est sous ma protection. Le tribunal m’a autorisé à l’emmener à Paterno avec moi ce soir.

Sous le choc, elle vacilla, tout en s’accrochant désespérément au regard de Vitt dans l’espoir d’y trouver une autre vérité.

— Tu bluffes.

— Non, cara, je ne bluffe pas. Je l’ai fait déjeuner tout à l’heure. C’est un petit garçon surprenant, plein de charme et d’intelligence. Toutefois, je tiens à te dire que le jaune est une couleur qui ne lui sied pas.

C’était donc vrai ! Pendant un instant, elle ne put plus respirer ni penser à quoi que ce soit. Quelque chose se brisa en elle. Ce matin, elle avait habillé Joe avec un T-shirt jaune et un petit jean adorable.

— Où est-il ? Qu’as-tu fait avec lui ?

— Tu veux dire, hormis lui avoir donné un déjeuner équilibré et avoir demandé à ce qu’on lui fasse faire la sieste ? Rien, pourquoi ? J’aurais dû ?

— Vittorio, supplia-t-elle d’une voix étranglée par l’angoisse. Ce n’est pas un jeu.

— Tu en as pourtant inventé les règles, Jillian. Tu ne peux en vouloir qu’à toi-même.

— Et Hannah ? Est-elle avec lui ?

— Oui, mais tu n’auras plus besoin de ses services. Nous trouverons une nourrice appropriée en Sicile, quelqu’un qui parlera à Joseph sa langue maternelle.

— Mais j’apprécie beaucoup Hannah…

— Moi aussi. Elle a été une très bonne employée. Elle a fait tout ce que j’attendais d’elle.

Jillian sentit un frisson glacé la parcourir. D’une main tremblante, elle chassa les dernières gouttes d’eau qui mouillaient encore ses paupières.

— Qu’est-ce que tu veux dire par : tout ce que j’attendais d’elle ?

Un sourire fendit son visage, le rendant plus dur et plus féroce encore.

— Elle travaillait pour moi, en réalité. Mais, évidemment, il était exclu que tu viennes à l’apprendre.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par jessyka 2015-04-10T18:55:55+02:00
Argent

J'ai trouver ce livre bien... Au départ je n'aimais vraiment pas le personnage de Vitt. Je le trouvais extrême, dur, méchant (preuve que l'auteur a bien amener son personnage ) mais apres avec l'histoire tout change et j'adore le petit couple que forme le duo ... Vitt est parfais pour Jill et j'aime meme au contraire son côté protecteur pour elle...

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Commentaire ajouté par Jessicaelle09 2013-08-23T17:16:58+02:00
Argent

On ne peut pas mieux tomber, ce livre est juste extraordinaire. Tout au long de l'histoire Jillian ne pense pourvoir compter que sur elle même sans ce douter une seconde que d'autres sont prêts à se battre pour elle.

A force de fuir elle ne sait même plus ce qu'est l'affrontement, à force de trahison elle ne sait plus ce qu'est la confiance. Mais entre les bras de Vittorio, cela a-t-il une quelconque importance ?

Ensemble ils se retrouveront eux même.

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Dates de sortie

Un secret sicilien

  • France : 2012-04-01 - Poche (Français)
  • USA : 2011-07-26 - Poche (English)

Activité récente

Titres alternatifs

  • A Dark Sicilian Secret - Anglais
  • Segredo siciliano - Portugais
  • Secreto siciliano - Espagnol
  • Siciliaanse passie - Néerlandais
  • Σκοτεινό, Σικελικό Μυστικό - Grec

Les chiffres

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