Le Silence des carillons

Une lecture très intéressante, surtout au niveau de la construction de personnages, de leurs évolutions. Le style m'a refroidi au début, mais je m'y suis habitué et j'ai fini par apprécier Ermeline, ses réflexions, sa façon de voir le monde et de se voir elle-même.

Ce livre est un peu un ovni dans le champ du Fantasy: c'est simple, je n'en ai jamais vu une pareille. Une jeune fille a passé des concours et est reçue au Beffroi de Tinkerham, où elle va apprendre son métier de magicienne, et contribuer à repousser les spectres parmi ses pairs. Ce début-là fait un peu Harry Potter sur le papier, sauf que pas du tout.

Déjà l'histoire débute d'emblée par un questionnement de l'héroïne sur son identité, questionnement qui la poursuivra tout au long du récit.

L'arrivée au Beffroi n'est pas des plus simples. Et la narration des cours, au début merveilleuse, a fini par m'ennuyer profondément. Tout comme Ermeline. C'est donc fait exprès. Il finit par y avoir un évènement dramatique et démarre un enchaînement de prises de décisions qui veulent dire beaucoup.

Au final, sont abordés la question de l'enfermement (sous plusieurs formes), des conséquences de nos actes et de comment vivre avec. Il est fait état du courage et de la lâcheté, des futurs possibles et des croyances.

C'est intéressant mais dur. Parez-vous d'un grand manteau de brume et de douleur avant de vous lancer dans cette lecture qui secoue.

Un one-short de fantasy de 350 pages qui se lit avec plaisir et en toute simplicité !

Dans un style fluide et léger, l'auteur nous emmène dans les pas d'Ermeline Mainterre, une jeune femme ambitieuse qui rêve de devenir magicienne et de laisser son nom dans l'histoire. Personnage attachant, crispant et moralement gris, cette héroïne est un peu déconcertante et atypique. Tout juste sortie de l'adolescence, elle nous balade d'une émotion à l'autre, d'une pensée à l'autre, d'un sujet à un autre : on aime ou on déteste, mais c'est ce qui fait son charme et donne ce ton si particulier à l'histoire.

Honnêtement, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman et l'univers n'est pas assez exploré à mon goût. La magie des carillons, la brume, les spectres... j'aurais tellement aimé en savoir plus ! La moitié du roman se situe dans le Beffroi, sorte d'école de magie, un peu à la dark academia, puis c'est l'apocalypse en quelque sorte et le récit change de registre. On distingue deux temps dans l'histoire et j'ai bien aimé ce chamboulement de rythme, mais je m'attendais à quelque chose de plus survivaliste une fois dehors, même si l'auteur aborde le thème de la fin qui justifie les moyens.

Globalement, tout fonctionne. L'ambiance est super, l'univers est intéressant et la narration tient la route. Malgré des faiblesses, c'est un bon roman, sans prise de tête, avec une plume originale et un scénario qui sort des sentiers battus.

Le silence des carillons - Edouard H. Blaes

Une lecture très agréable.

L’univers est simple mais efficace : une ville, entourée par la brume ; des spectres qui en émergent et qui désintègrent tout humain qu’ils touchent ; des mages qui, en faisant teinter des cloches et en chantant en chœur, les repoussent. On pourrait regretter de ne pas avoir plus d’infos, sur la magie / sur l’univers et les spectres, mais ça n’est pas vraiment le sujet / les personnages n’en savent pas beaucoup plus. Quelques trouvailles comme les « bulles d’univers » créées par les mages apportent tout de même du corps au contexte, et permettent d’aborder l’une des thématiques intéressantes du livre : le savant dans sa tour d’ivoire, devenu ici le mage dans son Beffroi, complètement coupe de la réalité du monde dans lequel il ne vit plus vraiment, tout en ayant pour vocation originelle de le défendre.

Plein d’autres thématiques sont abordées dans des réflexions intéressantes (les prophéties, la résilience, « la fin justifie les moyens », …), je ne vais pas tout détailler ici mais c’est au final assez riche.

Quant à l’intrigue, si on voit venir certaines ficelles, pas mal d’éléments m’ont surpris et m’ont maintenu dans l’expectative (même si tout n’est pas aussi bien résolu que je l’aurais voulu :p )

Les petits bémols, pour moi, sont du côté du personnage principal : sa personnalité est telle qu’il est difficile de s’y attacher, et c’est logique, mais ça rend forcément plus critique sur les quelques moments où son comportement m’a semblé peu logique - et peu de personnages viennent rattraper notre empathie en rade.

Quand au style, s’il est majoritairement agréable voire poétique, j’ai trouvé quelques tics d’écriture légèrement agaçants (trop de points d’exclamation injustifiés, oui c’est du détail 🙈), et, plus embêtant, j’ai trouvé que la narration à la première personne, avec un style assez marqué reflétant sa façon de penser (ça c’est du positif), donnait au personnage l’impression d’être plus jeune que son âge (ça change des enfants qui se comportent comme des adultes cela dit…)

Bref, tout ça pour dire que j’ai passé un très bon moment sur ce roman, ça se lit très bien, auteur à suivre 😉

C'est une lecture que j'ai appréciée et que je recommande !

Mais c'est aussi une lecture qui m'a sortie de ma zone de confort, et je ne m'y attendais pas forcément, ce qui m'a un petit peu déroutée au début - en tant que mamie grumpy accrochée à ses habitudes

D'abord, à cause du style. Il est très particulier, et c'est un pari réussi : il donne du corps à Ermeline, la protagoniste, une profondeur supplémentaire qui lie le fond et la forme. Et passé le petit temps d'adaptation dont j'ai eu besoin, j'ai pu apprécier cette alchimie qui fonctionne super bien !

L'intrigue, aussi, m'a semblé atypique. Elle emmène l'histoire là où je ne l'y attendais pas, ce qui permet au texte d'avoir un souffle complètement nouveau sur des thèmes comme les prophéties ou les académies de magie.

Quant à l'univers, tout en subtilité, m'a beaucoup plu, et j'aimerais beaucoup avoir l'occasion d'en apprendre plus !

Donc globalement, une expérience de lecture différente des autres, mais pour le meilleur !

Découvrez d'autres chroniques sur mon blog : https://lesfantasydamanda.wordpress.com

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Nouvelle année, nouvelle pépite de l'imaginaire pour les éditions ActuSF. Et je reconnais bien volontiers que Le Silence des carillons a quelque chose de spécial - une ambiance particulière, une façon différente d'aborder le dark academia et un style fort en émotions !

Malgré ces fabuleux atouts, je ne suis pas entièrement convaincue. D'une part, parce que j'ai trouvé l'intrigue prévisible. D'autre part, parce que je n'ai ressenti aucun attachement pour l'héroïne très changeante, dont je n'ai pas compris la plupart des réactions. Dommage, mais je suis néanmoins persuadée que ce roman trouvera son public !

Avant-propos

En premier lieu, je remercie Jérôme Vincent et les Éditions ActuSF pour l’envoi de ce service de presse ! En général, j’adore les pépites de l’imaginaire (ActuSF, Mnémos), et, en plus, Édouard H. Blaes figure au sommaire de 2 anthologies chez Projets Sillex : Féro(ce)cités (qui a été primée aux Imaginales) et Les Portes de l’Envers (à paraître).

Le silence des carillons, premier roman de l’auteur, s’est révélé être un one shot de fantasy mêlant dark academia et personnages ambigus, le tout porté par une écriture originale et un scénario qui s’évade des chemins attendus.

Il sort ce 22 février !

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Mon retour

Fantasy et Spectres

Édouard H. Blaes dresse un univers de fantasy dans lequel hommes, Gigants et Miniards ne connaissent pas la lumière du soleil ni les étoiles. En effet, suite à une catastrophe antérieure, les Spectres menacent, un épais brouillard, la Brume, entoure Tinkleham et la Bordure. On ne sait pas ce que sont réellement les Spectres ni d’où ils viennent. En revanche, s’ils vous touchent, vous vous désintégrez. La seule chose qui les repousse, ce sont les chants et les carillons des magiciens, là-haut au Beffroi.

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Attirée par les lumières

Ermeline Mainterre vie avec son père dans la Bordure. Si celui-ci aimerait qu’elle reprenne son entreprise d’inventions de moteurs, Ermeline elle, rêve de devenir une grande magicienne, que son nom soit connu, car elle possède le don. En cachette de son père et de son frère, Pill, elle a passé les épreuves pour entrer au Beffroi, épreuves qu’elle réussit puisqu’elle est admise. La voilà donc en route pour Tinkleham, qu’elle a toujours contemplée de loin, perchée sur le moulin. Tinkleham éclairée de mille et une lumières. Ermeline n’en peut plus de l’obscurité, le Beffroi illuminé l’a toujours attirée comme la lumière un papillon.

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La meilleure ?

Elle débarque avec son rêve plein la poitrine, elle a soif d’apprendre et de découvrir. Sur place toutefois, Ermeline est très vite confrontée à la pauvreté parmi la foule. Et lorsqu’enfin elle intègre le Beffroi, passé l’émerveillement de la découverte de ce lieu empli de magie et de lumière, Ermeline va s’ennuyer. Pire, elle va constater qu’elle n’est pas la meilleure, et même si elle excelle au chant, elle est une soliste. Or, si elle ne parvient pas à chanter à l’unisson des autres, comment pourra-t-elle intégrer le Chœur, tout en haut du Beffroi ?

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Quatuor

Alors que sa soif de comprendre n’est pas du tout étanchée, faisant sourdre la colère, Ermeline est entourée de trois amis. La belle Justine, qu’elle aimerait n’avoir qu’à elle, Mickral, le garçon au menton trop long qui fait battre le cœur de Justine, et Archie, le très peu loquace devin. Habitée par son ambition, Ermeline en veut à Justine d’être meilleure qu’elle et de le lui faire remarquer, de même qu’elle lui en veut d’être amoureuse de Mickral. Quant à celui-ci, Ermeline le déteste de lui avoir volé un baiser, comme si elle lui avait donné la permission ! Il s’était servi du prétexte de la guider jusqu’à la plate-forme, pour voir le Chœur. Et enfin, Archie. Il ne parle pas beaucoup car voyant le futur, s’il formule à haute voix une prophétie, celle-ci ne pourra que se réaliser dans tout son fatalisme. Sombre malédiction que d’être devin.

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L’engrenage est lancé

Ermeline est un personnage ambigu, elle est gouvernée par son ambition, devenir l’une des meilleures magiciennes, est sans cesse en colère, même contre ses amis. Le fait qu’elle ne soit pas la meilleure est inconcevable pour elle, cela la ronge et assombrit son caractère. En parallèle, elle veut comprendre. Que sont réellement les Spectres ? Comment sont-ils arrivés ? Aucun magister n’est en mesure de fournir de réponse là-dessus. Puis entre en scène l’Archantre, le directeur du Beffroi. Son regard transperçant cloue sur place Ermeline. Pourquoi la dévisage-t-il avec dégoût ? Il y a autre chose dans ses yeux, mais elle ne sait l’identifier. Lorsqu’Ermeline découvre un corps, l’engrenage est lancé.

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La Brume se déchire

Est-ce un Spectre qui est à l’œuvre ? Comment un Spectre a-t-il pu pénétrer le Beffroi et tuer un élève ? Et si ce n’était pas un Spectre, mais autre chose ? Ermeline, assistée de Justine, Mickral et Archie mène l’enquête. Lorsqu’Ermeline remonte à l’origine, c’est la fin. Car les carillons se sont tus, de même que le Chœur. Ermeline est au sommet du Beffroi lorsque les dames d’airain tombent, que la Brume se déchire, que le soleil revient à Tinkleham. Que les Spectres sont libres de s’attaquer aux gens.

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Survivre

Au monde magique et lumineux du Beffroi, succèdent les ténèbres, car maintenant il faut survivre, se cacher des Spectres. Dans ce monde où Ermeline veut briller, aucune de ses attentes ne se concrétise, à moins que… La survie doit-elle rimer avec immobilisme ? Les survivants ne vont-ils plus (sur)vivre qu’en se terrant ? L’appel des lumières a toujours été le plus fort pour Ermeline ; reste-t-il un espoir de reconstruire Tinkleham ? Mais si oui, à quel prix ? Quelles actions, quels sacrifices pour retrouver la lumière ? La colère, la tristesse, le dégoût, la peur, l’espoir… tous ces puissants sentiments sont convoqués. La réalité n’est pas ce qu’imaginait Ermeline, et pourtant, elle devient la fille au carillon, l’espoir des survivants. Un rôle plus que lourd pour ses jeunes épaules qui viennent d’avoir 19 ans. Elle a toujours vu sa route tracée, et aujourd’hui plus que jamais, elle a la conviction que les prophéties, malgré leur nature, ne peuvent réellement écrire le destin. Son destin à elle, elle l’a en main, et avec lui, la volonté de repousser les Spectres, de regagner le Beffroi et faire sonner les cloches et résonner un nouveau Chœur.

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Qui sont les véritables monstres ?

La plume originale et percutante d’Édouard H. Blaes nous confronte à toute l’ambiguïté de son héroïne, ambiguïté qui se ressent dans l’univers en général, avec des personnages non manichéens aux émotions complexes, d’autant plus face aux événements tragiques qu’ils traversent, la survie, les deuils, la peur. Les Spectres sont-ils les véritables monstres ? Tinkleham se gargarise de ses lumières, pourtant tant de zones d’ombre ont occulté le passé, comme l’origine des Spectres, le monde d’avant. En-dehors de Tinkleham et de le Bordure, on ne sait même pas s’il existe d’autres villes, d’autres villages. Les Spectres et la Brume sont-ils une punition ? Tinkleham n’existe plus que pour elle-même, elle est étanche à l’extérieur, et presque autant à la Bordure. Quant au Beffroi, c’est encore pire, c’est tout un monde en-dehors de Tinkleham, un monde créé de toutes pièces, par la magie. Lorsque les cloches tombent, la magie se dissipe, et ne reste que l’ossature d’un passé oublié, devenu étranger. Qui sont les véritables monstres ?

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Ambition et espoir

Si j’ai pensé à Harry Potter au cours de ma lecture (les Spectres n’ont-ils pas des allures de Détraqueurs et les chants et carillons la puissance d’un Patronus ? Et le Magister Lambre m’a fait penser au Professeur Lupin), Édouard H. Blaes s’éloigne des pistes du genre attendu. D’une part en ne brossant aucunement des personnages manichéens, les antagonistes ne sont pas les « grands méchants », mais également en proposant une intrigue plus mature en s’éloignant de la dark academia pour proposer un scénario plus viscéral qui rime avec obscurantisme et survie dans ce qu’elle a de plus primaire. Les Spectres symbolisent ici autant la peur de la mort qu’un écho morbide du passé, un passé oublié dont les actions pèsent aujourd’hui encore. Si le poids des prophéties impacte le monde sous la Brume, l’ambition et l’espoir de tracer son chemin seront-ils des armes suffisantes pour repousser une nouvelle fois les Spectres ?

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En bref : Édouard H. Blaes, remarqué par sa nouvelle Ventreille dans l’anthologie Féro(ce)cités chez Projets Sillex, propose son premier roman, Pépite de l’Imaginaire 2023 aux Éditions ActuSF, un one shot percutant. Entre fantasy et dark academia, Le Silence des carillons nous entraîne dans un univers ambigu à l’image de son héroïne à l’ambition débordante. Si les chants du Chœurs des magiciens et les cloches du Beffroi tiennent à distance les Spectres et la Brume, on ne sait rien de ces derniers, de même qu’on ne se souvient plus du monde d’avant, du soleil et des étoiles, ni de l’extérieur, au-delà de Tinkleham et de la Bordure.

Alors qu’Ermeline intègre le Beffroi dans l’objectif de devenir l’une des meilleures magiciennes, un engrenage se met en route, jusqu’à faire cesser le Chœur et les carillons. Le monde s’écroule, humains, Gigants, Miniards et magiciens doivent survivre, se terrer pour échapper aux Spectres. Entre prophéties, survie, espoir, deuils et volonté de reconquérir le Beffroi pour repousser à nouveau les Spectres, qui sont les réels monstres ?

Cette lecture m'a laissé vide pendant quelques jours. Enfin un roman qui laisse une trace !

Le réalisme qui prend racine dans un univers fantastique insolite m'a pincé le cœur. Les émotions sont amenées avec justesse et aucune n'est épargnée. Avec une plume très juste, l'auteur nous met face à la colère qui brûle tout sur son passage, à la haine, l'envie et partout l'amour, l'amitié, l'espoir.

Si le roman démarre doucement pour nous permettre de nous familiariser avec l'ambiance de cette ville isolée du reste du monde, les scènes s'enchaînent et nous tiennent en haleine jusqu'à la dernière page.

Ce que me restera longtemps en mémoire, c'est surtout la façon toujours très juste de transcrire les pires émotions humaines dans un langage qui nous prend aux tripes.

Merci Monsieur l'auteur 🤝