Enchaînée, Tome 3 : Brisons nos chaînes

Céline

Le silence lourd du loft sortit Céline de sa torpeur. Le peignoir avait glissé sur ses épaules et dénudait sa peau frémissante. Elle se souleva sur le coude, observa autour d’elle à la recherche de ce qui l’avait réveillé.

L’absence de chaleur sur ses jambes où Gribouille se nichait toujours pendant la nuit, le silence pesant de l’appartement, l’angoisse du lendemain, tout concourait à son malaise.

Elle se redressa, frotta ses yeux gonflés par ses crises de larmes à répétition.

Peu à peu, son esprit s’éclaircit et lui permit de faire le point sur les derniers événements.

Alexandre avait raison. Sa faiblesse représentait un danger. Pour elle, mais aussi pour lui.

« Je ne suis pas un bourreau », avait-il déclaré d’un ton coupant où elle avait perçu la profonde déception.

Par son attitude, elle l’insultait, le cataloguait dans la catégorie des pervers contre qui il prenait soin de la mettre en garde grâce à ses conseils, ses questions ou cette visite à l’Aphrodite.

Céline comprenait plus clairement le jeu de Ruby.

La jeune femme aimait Alexandre et elle défendait son territoire avec les armes à sa disposition. Un comportement normal dans l’anormalité de leur situation.

Sur Internet, Céline avait découvert, outre les couples adultères, les couples D/s pratiquant une polygamie consentie par les soumises à l’égard de leur Maître ou ce que l’on dénommait le polyamour. Cependant, Ruby redoutait qu’une autre s’immisce entre elle et son Dominant, prenne sa place ou lui ôte l’exclusivité qu’elle semblait en droit d’attendre de la part d’Alexandre.

Le seul fait que la novice Alice soit autorisée à appeler Alexandre « Maître » représentait un risque pour Ruby ou une égratignure dans les conventions établies entre eux. N’importe qui jalouserait cet écart de conduite dont — Céline le pressentait — Alexandre n’était pas coutumier.

Elle se leva, chamboulée par ce constat, indécise sur la marche à suivre.

Renoncer à poursuivre cette expérience qui lui permettait — malgré ses angoisses — de remonter la pente lui parut impossible. La pensée qu’Alexandre avait le pouvoir de l’aider ne la quittait plus, s’ancrait comme un cancer dans son esprit.

Convaincre son Maître de la garder jusqu’à la fin de leur contrat devenait impératif.