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Le Cycle de Syffe, Tome 3 : Les Chiens et la Charrue



Description ajoutée par Fells 2022-08-17T14:07:35+02:00

Résumé

Laissé seul, désespéré et en fuite après L'Enfant de poussière et La Peste et la Vigne, on retrouve Syffe alors qu'il cherche à noyer son chagrin. Mais cette phase d'oubli sera de courte durée avant que, de rencontres en rencontres, ne reprenne le rythme effréné de sa quête initiatique. Pour la première fois de sa vie, il va prendre véritablement le contrôle de son existence, traversera d'autres contrées, retrouvera d'anciennes connaissances et découvrira de nouvelles cultures, sur le chemin de sa propre reconstruction... Récit de quête pensé comme l'oeuvre d'une vie, Le Cycle de Syffe est nourri de la passion conjuguée de Dewdney pour l'histoire et les fictions modernes. Il s'est installé dans notre firmament littéraire comme un chef-d'oeuvre d'une fantasy moderne débarrassée de tout poncif et chargée de sens et de conscience.

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Classement en biblio - 50 lecteurs

extrait

Le froid m’enveloppa entièrement, comme on enserre un vieil ami. Je me tordis par réflexe pour me retenir à la porte, mais mes doigts ripèrent sur la maçonnerie inégale. Ensuite, le premier coup tomba et je basculai en avant dans la nuit. Mes yeux restèrent grands ouverts. Mes paupières avaient à peine frémi. « Iss finne, fekkling », susurra le fantôme d’Uldrick à mon oreille. Même mort, le guerrier-var parvenait à puiser de la fierté dans ce qui restait de ses leçons. Je chutai durement dans la cour gelée, à demi anesthésié par le quart de tord-boyaux que j’avais avalé plus tôt. Je savais que la douleur viendrait, lorsque les effets de l’alcool s’estomperaient, mais ceux qui quittaient la gargote sur mes talons désiraient l’invoquer sans plus attendre. Je portais la mort en moi depuis six lunes, et pour cette raison, je ne comptais pas leur refuser quoi que ce soit.

C’était une nuit claire et immobile, figée par l’hiver. Moins d’une mille au nord, le village d’Omble baignait dans les rayons opalins d’une lune distante. Le bardage des toitures luisait comme les écailles des poissons que l’on vidait sur les quais de la manse à la belle saison. De petits amas de neige sale s’entassaient çà et là, au pied des murs et des bâtisses. Mêlées de boue et d’immondices, ces congères grisâtres avaient maintes fois gelé au cours des semaines précédentes et pourtant, les flocons n’avaient pas tenu ailleurs, dans les bois ou dans les champs. En arrière-plan, à moitié cachée par la vomissure grasse des fumoirs, trônait l’ombre austère d’une grande maison forte, vieille mais redoutable, bardée de tours et cerclée d’une muraille. Omble n’était jamais tombée entre les mains des Feuillus durant la seconde guerre de la Vigne, et ces fortifications intimidantes n’y étaient pas pour rien.

L’homme qui m’avait pris en grippe était saoul et c’était aussi le maître des lieux, un type grand et bien bâti, avec les cheveux aussi noirs que les miens et un nez cassé qu’il avait sans doute mérité. Il m’avait déjà fait comprendre que je n’étais pas le bienvenu lors de ma précédente visite, mais la veille j’avais réussi à mendier trois piécettes sur le carrefour entre Malmotte et La Vrille, et au village on refusait de me servir depuis des semaines. Sa fermette, qui se changeait en maison-à-boire une fois le soir venu, se situait à un jet de pierre des berges glacées de la Gorce. De jour, entre les arbres, on pouvait aviser son cours tumultueux. J’avais déjà passé une après-midi à regarder la rivière et les petites falaises qui bordaient la rive opposée où s’agrippaient, en cette saison, d’interminables rangées de stalactites givrées. De nuit, on n’en apercevait rien hormis une bande sombre de laquelle s’échappait une complainte glougloutante.

Le propriétaire ne me laissa pas le temps de rassembler quoi que ce soit de mes esprits et se servit de l’élan qu’il avait pris en sautant derrière moi pour me cueillir sur la pointe de sa botte. Un comparse l’avait accompagné. Celui-là était plus imposant encore, censément pour faire régner l’ordre, mais il traînait en arrière, habitué à ce que la colère du maître des lieux œuvre à sa place. Je roulai maladroitement pour amortir les frappes, parce que j’avais déjà failli régurgiter le tord-boyaux, et que je ne voulais pas l’avoir payé pour rien. Les malandrins qui buvaient ce soir-là quittaient la gargote les uns après les autres pour profiter du spectacle. Leurs silhouettes s’alignaient dans l’ombre, sous le porche ou plus bas, près des murs. J’aurais sans doute préféré des rires et des railleries au silence grotesque qui les drapait. Je ne distinguais rien d’eux, hormis leurs yeux rendus diaphanes par la lune et les éruptions blanches qui accompagnaient leurs souffles. Je les crus, par moments, remplacés par une assemblée de juges graves, des spectres familiers venus assister au redressement de vieux torts.

Celui qui me frappait visait le ventre, et il cognait vite et fort. Je n’avais pas de compagnon ou de famille, personne pour venir lui demander des comptes ou lui faire des ennuis s’il me fêlait les côtes, et il le savait. Je n’étais personne. Au pire, s’il s’emportait de trop, la rivière n’était pas loin. Qu’il me casse la tête contre les pierres de sa grange, ce n’était pas les hommes qui buvaient sa gnôle amère qui trouveraient à y redire. Le tambour du cuir humide claquait contre ma chair, rythmé par les grognements sourds du bourreau, une musique tordue qui résonnait dans la cour tout entière. Je finis par me retrouver acculé contre la carcasse croulante du grenier qui faisait face à la maison. Je manquais d’espace pour épouser le va-et-vient de la botte, mais l’homme s’était épuisé à me pousser jusque-là, et la correction avait perdu l’essentiel de sa violence.

« Ne reviens plus », gronda le tenancier après un dernier coup faiblard qui le fit trébucher. « Je t’ai dit que je me répéterais pas. La prochaine fois ça sera le gourdin. » Je ne répondis rien, occupé que j’étais à reprendre mon souffle. Le cogneur haletait encore davantage que moi, son visage cramoisi, sa rage mourante. « Et vous autres », lança-t-il, en me tournant le dos. « Que j’attrape personne à faire affaire avec ce traîne-bissac sous mon toit. Il a le mauvais œil et une disposition pour la boisson qui n’a rien de naturel. Je veux pas le voir à rôder par chez moi. Ça vaut pour toi aussi, l’ancien. » Il apostrophait ainsi le vieillard malingre qui tentait de s’éclipser par l’entrée de la bâtisse, et qui avait échangé mes piécettes contre deux timbales de tord-boyaux un peu plus tôt dans la soirée.

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Commentaires récents

Diamant

Incroyable. J'adore toujours autant cette saga et son personnage principal !

L'écriture immersive me saisit à chaque fois et il devient impossible de m'arrêter.

L'intrigue est parfaite, j'ai encore tellement de questions et choses à comprendre. J'attends la suite avec une impatience énorme, surtout après cette fin !

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Diamant

Syffe, au cœur de cendre et de lumière.

Patrick K. Dewdney est un des seuls écrivains dont certaines phrases restent gravées dans ma mémoire, aussi profondément que les poèmes d’Aragon ou d’Apollinaire ; “Le vent s’engouffrait dans la geôle en miaulant comme un félin fantomatique“, “brûlant quelque part au fond de moi, une ténacité naissante faisait barrière aux larmes“. On a envie de lancer “débrouillez-vous avec ça !”, devant une maestria si farouchement naturelle. Dans le flot ininterrompu de livres dispensables et de romans approximatifs que la machine dégueule en permanence, tout en posant leurs auteurs sur de factices piédestaux à usage marketing, ce joyau attire l’œil… et on sait déjà que son destin sera sans pareil. Parce qu’à la fin du jour, comme disent joliment les anglophones, ne reste que l’or dans le tamis, tandis que la boue est retournée au fleuve.

J’ai déraisonnablement aimé l’enfant Syffe du premier tome, ce petit bout d’homme transparent qui ne pouvait se résigner à s’arracher le cœur, à se cuirasser de haine, alors que tout lui hurlait qu’il n’aurait droit à aucun pardon, fût-ce pour son innocence. L’adolescent du second volume poursuivait ses chimères bien trop altruistes, se résolvant difficilement à la violence que le monde lui imposait, tandis que d’étranges phénomènes secouaient les fondations même de son être, faisant soupçonner que quelque chose en lui tenait du héros mythique plus que du va-nu-pied qu’il semblait être. Et si on revient là, en sourdine, vers des thèmes fantasy classiques, on se doute qu’ils ne seront pas traités de manière prévisible.

Je dois dire que la fin de ce tome II m’avait laissée sur le sable pendant plusieurs jours, les cartes ayant été sournoisement rebattues… je n’y voyais plus très clair, en réalité. Mais je ne pouvais, après un si long voyage, me défaire de la confiance que j’avais placée en l’auteur, et c’est pourquoi j’ai mis mon mouchoir dessus, attendant la suite (et je gage qu’il en sera encore de même pendant quelques années, puisque le ‘Cycle de Syffe’ devrait être une heptalogie).

Ce troisième tome m’a pourtant fait un peu peur, dans les premières pages. J’ai cru pendant un instant que Patrick K. Dewdney s’était laissé emporter par la 'maladie de la virtuosité', cette affection insidieuse qui ruine l’écriture de certains romanciers, au moment précis où ils arrivent au sommet de leur art. Ils se mettent brusquement à produire des textes qui ne sont plus qu’effets flamboyants, en forme d’autocélébration, ne cédant plus la moindre place au lecteur, aucun espace pour respirer, négligeant les contrastes qui permettent d’apprécier les notations fulgurantes – ou touchantes, ce qui revient au même (car oui, nous aussi, nous sommes venus 'pour aimer').

Mais non, tout est très vite rentré dans l’ordre. La langue a repris son cours miroitant, eurythmique. Syffe s’est endurci, bien obligé, mais par instants surnage cette escarbille de candeur, qui nous force à le chérir toujours, malgré ses capitulations. À ne pas le lâcher, au long des chemins ingrats qu’une vie passée “à courtiser les désastres” le contraint à parcourir. La voix de Syffe le vieillard chuchote à notre oreille, depuis un futur encore informulé, nous incitant à l’espoir. Sous la surface, on entend déjà gronder le tonnerre d’un ciel englouti, né d’un secret si profondément enfoui qu’il se dérobe à notre héros lui-même. Et on parvient à la dernière phrase, au coup de théâtre ultime. Pourtant, il y a fort à parier que l’évidence, encore une fois, n’est qu’un faux-semblant… tant l’auteur se trouve rarement là où on l’attend. Tant le voyage en sa compagnie réserve de rencontres mémorables et de surprises magnifiques.

Il nous faut donc quitter Syffe une nouvelle fois. Mais pour ma part, pas encore, pas tout à fait… je viens de reprendre le premier tome, de plonger dans la relecture… de retrouver l’enfant. Car oui, il s’agit d’un de ces livres précieux qu’on lit, et qu’on relit, ces œuvres qui reviennent sans cesse entre vos mains… parce qu’en fin de compte, il reste impossible de percer leur mystère.

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Dates de sortie

Le Cycle de Syffe, Tome 3 : Les Chiens et la Charrue

  • France : 2021-09-09 (Français)
  • France : 2023-05-04 - Poche (Français)

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