Veiller sur elle

Quelle émotion dans ce récit! Quelles vies chez ces personnages! et quel talent chez cet auteur!

Un prix Goncourt ô combien mérité.

Pour moi ce fut un coup de cœur assurément.

Heureux ceux qui n'ont pas encore lu ce livre; le meilleur est à venir.

Dans ce roman Jean-Baptiste Andrea nous plonge dans l'Italie de l'entre-deux guerres, marquée par la montée du fascisme, pays dont sa famille est originaire.

C'est l'histoire de Mimo et Viola, nés en 1904, deux êtres qui n'auraient jamais dû se rencontrer lorsqu'ils avaient treize ans : lui est né dans une grande pauvreté, presque illettré, orphelin de père et confié en apprentissage dans l'atelier d'un oncle sculpteur de pierre sans talent, jaloux des capacités de son élève, et alcoolique ; elle, intelligente, cultivée, aventureuse et héritière d'un famille riche et puissante. Deux opposés enfermés dans leur corps, elle dans son corps de femme alors qu'elle rêve de liberté, d'indépendance et qui rejette les codes sociaux ; lui de très petite taille alors qu'il entend maitriser les blocs de marbre pour devenir sculpteur. Ils n'ont rien en commun mais au premier regard, ils se reconnaissent et promettent de ne jamais se quitter. Pourtant ils ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps éloignés l'un de l'autre.

Le roman commence en 1986. Mimo, sur le point de rendre son dernier souffle dans un monastère où il vit reclus depuis une quarantaine d'années, se remémore le fil de sa vie, sa relation singulière avec Viola et l'histoire de sa dernière oeuvre : une mystérieuse statue enfuie dans les sous-sols de ce monastère parce que le Vatican tient à la maintenir cachée du public.

Sur près de 600 pages Jean-Baptiste Andrea retrace les destins de Viola et Mimo, comment ils s'aiment platoniquement, se confient, se querellent, se séparent, se réconcilient, mus par un attachement sans faille et finissent toujours par se retrouver : « Nous sommes une symphonie. Et même la musique a besoin de silences. » C'est cet attachement, cet amour platonique nous rappelant l'amour courtois du moyen âge, qui va donner naissance à la mystérieuse statue.

Le livre repose sur cette amitié forte qui va les suivre tout au long de leur vie alors que tout les oppose. C'est magnifiquement écrit, Jean-Baptiste Andrea a un grand talent pour nous inviter à un voyage. La peinture, la sculpture et la musique l'influencent beaucoup car le spectacle du beau est pour lui une grande source d'inspiration. Sa transposition ensuite dans un livre est purement émotionnelle, « Il était important pour moi de passer par le biais de l'art pour raconter cette histoire car toute forme d'art a une influence sur mon écriture ».

Un roman est dans son essence même le support qui laisse le champ totalement libre à son auteur. C'est précisément le cas de ''Veiller sur elle''. J'ai aimé le contexte historique de l'Italie de l'entre-deux-guerres, moins cette amité entre un nain et une fille de la noblesse (tous deux dotés d'une intelligence hors du commun) qui me paraît peu vraissembable et s'étire souvent en longueur. Bel exercise littéraire dans son ensemble

L’histoire des personnages nous happent très rapidement.

J'ai adoré l'histoire et les personnages qui ne sont pas ordinaires. Un livre que l'on ne peut pas lâcher.

[Coup de cœur] Cette lecture a vraiment été un excellent moment partagé avec cet écrivain dont j’ai découvert le style. Son prix Goncourt est largement mérité tant dans la forme que dans le fond. En effet, Jean-Baptiste Andrea s’attache à faire vivre des personnages étonnants dans une période troublée, autour du thème de la création artistique. Il modèle ses héros tel le sculpteur, il joue avec leur destin jusqu’à atteindre souvent les points de non-retour. Pourtant, chacun accueille sa destinée comme une délivrance et non une souffrance. Quant à l’écriture, elle sublime cette histoire par son insoutenable légèreté. Un véritable plaisir.

Mimo, un vieil homme qui se souvient de son passé. Il évoque sa jeunesse alors qu’il est envoyé dans le village de Pietra d’Alba pour apprendre le métier de sculpteur auprès de son « oncle ». Très petit et pauvre, il n’a aucune chance d’intéresser Viola, la fille d’une famille d’aristocrates, les Orsini. Pourtant, une amitié nait entre Mimo et cette jeune fille au caractère affirmé. Ils se jurent de ne jamais se quitter, pourtant leurs destins vont s’entrechoquer entre les ambitions destructrices d’une jeune fille, le génie de sculpteur de Mimo et la montée du fascisme.

Pour ma part, le prix Goncourt est justifié pour ce roman touchant et magnifiquement écrit par Jean-Baptiste Andrea. Il s’en dégage une poésie et une force qui captent dès les premières lignes. La sculpture est un univers que je ne connaissais pas bien, et Andrea m’a fait saisir toutes les sensibilités nécessaires pour réaliser une œuvre et tirer toutes les nuances d’un bloc de marbre. Je ne vais pas voir les sculpture de la même façon désormais. Merci pour ce beau roman en hommage à la beauté, l’art et la force de la volonté.

❓Un conseil pour d’autres romans liés à l’art ?

Re-bonjour

Petit complément

En plus d'une histoire d'amour-amitié, d'une vie avec ses hauts et ses bas, ses chemins droits et de travers, je pense que ce livre plaira aux personnes qui aiment apprendre l'histoire tout en parcourant un ouvrage intéressant: en effet, c'est la vie d'un sculpteur italien qui décrit le processus particulier d'approche qu'il a avec son métier: l'amour de l'art et du marbre en sa splendeur; très intéressant

Un très bon livre, un très long livre !

Celui-ci se dévore comme le film Forrest Gump : ici on suit la vie de Mimo avec la même aisance, c'est un homme qui a vécu une longue partie de sa vie en abbaye et qui est sur le point de mourir. C'est à ce moment qu'il décide de raconter son histoire.

J'avoue avoir eu du mal à tout comprendre à certains moments simplement parce qu'on nous parle de plusieurs personnages à plusieurs siècles et à plusieurs endroits différents !

Pour autant, l'écriture était très belle, réussie, et nous pousse toujours à continuer pour savoir ce qu'il advient de Mimo et comment il s'est retrouvé dans une abbaye, par contre pour ma part, j'aurais aimer une Viola plus présente et plus détaillée !

J'ai aimé les relations entre les personnages, les voyages et les amis éphémères, cela m'a fait penser au film d'animation "La Traversée"

Une bonne découverte qui mérite aisément son titre.

J'ai vraiment apprécié l'histoire de Mimo. De ces débuts difficiles à la gloire et la reconnaissance en temps que sculpteur.

Sa rencontre avec Viola et les Orsini.

Sa vie à travers l'histoire de l'Italie de Mussolini, sa passion et sa violence.

Je me suis laissée emporter durant 581 pages.

« Veiller sur elle » c’est ce que fait Mimo, né pauvre en France , orphelin de son père italien, abandonnée par sa mère française.

« Elle » c’est Viola Orsini, héritière d’une famille riche de Gênes.

Au premier regard, alors qu’ils ont l’un et l’autre 13 ans, ils jurent de ne jamais se séparer. Viola lui apprend à se cultiver par les livres, espérant qu’il apprendra à penser par lui-même, comme elle et croire en ses rêves fous, comme elle,. Mimo tient de son père l’art de sculpter à l’image des génies de la Renaissance. Elle , elle essaie de s’émanciper de cette famille qui la musèle, car, elle a un rang à tenir : celui de la femme d'une famille riche. On pense qu’on va lire une histoire d’amour impossible…pas vraiment.

Leur histoire est une suite de ruptures et de séparations d’une histoire d’amitié sincère et compliquée. Elle traverse les affres des temps troubles : la première guerre mondiale, la montée du fascisme en Italie, la seconde guerre mondiale et l’après guerre. Elle montre la compromission avec ce régime raciste soit par arrangement comme les frères de Viola : Stefano qui deviendra carabinier et petites mains du pouvoir, Francesco, ecclésiastique qui deviendra un proche du pape , soit par l’indifférence de Mimo, qui deviendra ce sculpteur renommé bien aidé par les Orsini et les proches des pouvoirs . Même Viola bien qu’elle soit farouchement opposée à toutes ses manigances, aidera Mimo à croire en lui et à devenir ce qu’il est.

A la mort de Viola, Mimo veillera sur elle : cette sculpture pour le Vatican qui heurte bien des consciences car il fait la part belle à Viola, à la femme alors que le Christ et ses apôtres sont des hommes et que la seule femme c’est Marie, celle qui donne naissance le christ, car c’est bien le seul sort promis aux femmes : enfanter. ..Contrairement à Viola.

Mimo, mourant, raconte sa vie alors qu’il est entouré des frères dans une abbaye dans laquelle il a choisi de finir les quarante ans de sa vie et de veiller sur elle : "la Pietra" qu’il a sculptée avec Viola dans son cœur, dans son âme, dans son corps, dans sa tête.

Un livre, écrit avec subtilité, entrelaçant l’histoire et l’Histoire, qui a quelques longueurs et dont je sors un peu déçu : c’est quand même le prix Goncourt.