Level 26

Alors 2 choses sur ce livre:

- L'histoire tout d'abord est drôlement convenue, et mis à part quelques scènes bien rendues (comprenez qui font frissonner), je n'ai pas trouvé de quoi m’enthousiasmer (et surtout pas sur les personnages qui n'ont aucun charisme). Reste que le tout est assez bien conduit pour donner envie d'aller jusqu'au bout, ce qui est déjà pas mal.

- L'ajout de video sur le net: voilà ce qui m'a décidé à lire ce livre. Prolonger l'expérience de lecture sur internet je me disais que ça pouvait être génial. Mais le résultat est très décevant: en fait les vidéos, en plus de n'être pas très bien jouées, n'apportent rien de plus que si elles avaient été des scènes "normales" écrites directement dans le roman. Je pensais que poursuivre l'expérience sur le net allait apporter plein de choses à l'ambiance, au background, donner des indices sur l'enquête, développer des personnages (voire des intrigues) secondaires. Mais non, ce sont juste des scènes qui auraient pu (du?) figurer au sein même du roman.

Bref, je suis très déçu tant par l'histoire que par cette promesse de nouvelle expérience de lecture.

Level 26 est un thriller qui se veut choquant et glauque. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas car le récit est construit de la même manière qu’un polar classique. Je pensais que le narrateur serait Sqweegel, que le lecteur serait immergé dans son univers, son esprit dément,… Non, l’histoire se présente comme un simple épisode des experts, où nous faisons la connaissance de Rigging et Dark. Nous sommes plongés dans leur vie quotidienne, leurs tourments, et leurs problèmes avec leur hiérarchie. Je m’en serais bien passée, surtout qu’on apprend rien sur le passé de Sqweegel. En clair, le personnage le plus intéressant n’est en fin de compte pas vraiment développé. Il n’est question que de son parcours criminel.

Parcours criminel pas original. Ça manque clairement de cruauté, de perversité et d’ingéniosité. Je n’ai pas ressenti le même frisson qu’avec le « Silence des Agneaux », qui reste le thriller en haut de mon classement. Le lecteur sent que l’auteur s’est focalisé sur le fait de ne pas laisser de preuves matérielles mais pas sur la cruauté de son personnage.

Par contre, c’est un des premiers livres comportant des liens interactifs. Ce qui est plutôt innovant et agréable. Néanmoins, je n’ai pas trouvé que les vidéos apportaient réellement quelque chose au récit. De plus, il manque la première vidéo dont le lien et mort, ce qui prouve que le site n’est pas régulièrement mis à jour. Encore une fois, j’aurais préféré que des vidéos de Sqweegel et des plans en caméra épaule pour donner plus de réalisme. Les acteurs manquent cruellement de charisme, et j’essayais de ne pas transposer l’image de Dark dans mon esprit car je l’imaginais plus comme Hugh Dancy (Will Graham dans la série « Hannibal »).

Les illustrations présentes dans le roman sont superbes. C’est plutôt rare que les auteurs s’en donnent la peine. Surtout lorsqu’il s’agit d’un roman pour adulte.

En conclusion, ce roman ne remplit pas entièrement nos attentes. Il n’y a pas assez de meurtres et beaucoup trop de procédures judiciaires. C’est certainement dû au manque d’introspection de Sqweegel. Les enquêteurs sont caricaturaux. Nous avons droit au mec torturé qui refuse de prendre l’enquête tant il est traumatisé par une précédente affaire. Il est marié avec une femme parfaite, qui ne râle jamais même quand il la laisse seule pendant des heures alors qu’elle est enceinte. Elle est limite sans personnalité et d’humeur toujours égal. Et puis le vieux loup solitaire, marié au moins quatre fois, dont les enfants ne le regardent plus, et qui écument les bars. Et nous, lecteurs, on est sensé avoir de l’empathie pour eux et tout gober.